Nous n’avons pas les bons outils pour mesurer notre empreinte écologique, pour mesurer notre impact sur le milieu dans lequel nous ne sommes qu’une composante, c’est un peu fou quand on mesure à quel point nous sommes dépendants de ce milieu pour (sur)vivre. Cela semble de plus en plus nécessaire avec la croissance de la population mondiale.
Ce qui me gêne c’est le “diktat” du CO2, on ne parle plus que de cela. On en profite pour pointer du doigt la chine pour ses émissions de CO2 alors que nous n’avons pas trop de leçon à leur donner en raison de notre (pays développés) empreinte écologique (alimentation carnée, habitat dispersé, usage intensif de véhicules individuels,…).
Le CO2 n’est qu’une composante de notre empreinte écologique. Le mettre en exergue revient à faire passer au second plan un indicateur global pour ne se focaliser que sur un des éléments de cette empreinte, certes très important par ces effets, mais notre empreinte écologique est directement liée à notre mode de vie, ce dernier déterminant également notre “empreinte CO2”.
Notre mode de vie est devenu de plus en plus basé sur des (flux tendus) d’échanges internationaux, les problèmes surviennent lorsque l’on ne peut continuer à développer et/ou maintenir le même niveau d’échanges. Là, il vaut mieux s’être organisé pour vivre dans une certaines autarcie (locale ou nationale).
Notre nucléaire est directement dépendant de certains de ces flux (reposant sur divers facteurs), s’ils viennent à diminuer pour diverses raisons, nous irons au casse-pipe, voila pourquoi je maintiens (peut être à tort) que le nucléaire ne peut être qu’une des solutions de transitions parmi d’autres. Laissez les politiques organiser le financement de nouvelles centrales si cela les chante, par contre sur le plan individuel, nous avons peut être intérêt à prévoir d’autres sources d’approvisionnement d’énergies (bois, panneaux solaires, groupe électrogène (avec réserve de combustible dédiée)) si vous voulez faire face à des pénuries momentanées (coupures dues à des pics de surconsommation, problèmes d’acheminement (augmentation des tempêtes (coupant les lignes) et de leur violence avec changement climatique), etc). Pareil pour la nourriture, savoir faire pousser des légumes et élever des poules pourraient bien s’avérer utile si ce n’est vital.
Bref, puisqu’on est sur le fil des energies alternatives, je reste intimement persuadé que ceux qui cherchent, s’organisent autour d’alternatives disponibles (pas seulement les énergies) seront mieux préparés que ceux qui en discutent et/ou attendent qu’elles “surviennent” (initiatives politiques, nouvelles découvertes technologiques (1), etc).
J’ai essayé de faire court mais je ne pense pas que l’on puisse faire court concernant ces questions. Il y a pas mal de données en jeu sans compter les réticences que l’on peut avoir.
Chercher à s’installer ailleurs. Pour qu’elle raison ?
Parce que “l’Homme cherche toujours à conquérir de nouveau espace” ? “C’est dans ses gênes” ?
Mouais, je n’en sais trop rien. Cela est peut être vrai pour certains et pas pour d’autres qui ne demandent pas mieux qu’à de rester là où ils ont trouvé leur “bonheur” en apprenant à gérer (et peut être partager) les ressources dont ils disposent.
Certains sont plus aventureux que d’autres, plus nomades aussi, mais peupler d’autres planètes vient peut être aussi du fait que nous cherchions une porte de sortie à un monde fini.
(1)
letemps.ch
[i]Energie mardi24 novembre 2009
De l’électricité en osmose avec la nature
Par Olivier Dessibourg, Tofte (Norvège)
Aujourd’hui est inaugurée à Tofte, en Norvège, la première centrale au monde qui produira du courant électrique en tirant profit du mariage entre l’eau salée et l’eau douce, selon le principe de l’osmose. Reportage sur les rives de l’Oslofjord, et détails sur cette nouvelle source d’énergie renouvelable et 100% propre pour l’environnement
Tirant profit de la nature, l’homme a déjà domestiqué la lumière et la chaleur du soleil, ainsi que la force du vent, des cours d’eau et des marées pour produire de l’électricité. Une nouvelle source d’énergie renouvelable s’ajoute à cette liste: l’osmose. Aujourd’hui à Tofte, hameau de l’Oslofjord situé à 58 km de la capitale norvégienne, la princesse Mette-Marti inaugure la première centrale électrique au monde tirant profit de ce phénomène ubiquitaire sur la Terre, dans les plantes comme dans nos corps.
Le principe de l’osmose est simple: lorsque deux réservoirs, l’un rempli d’eau salée, l’autre d’eau douce, sont mis en contact par le biais d’une membrane poreuse, les deux volumes tentent spontanément de se mélanger pour équilibrer leur taux de salinité. La membrane ne laissant passer que les molécules d’eau, et non de sel, c’est l’eau de mer qui attire dans son bassin l’eau douce. Il s’y crée alors une surpression. Qui peut être subtilement utilisée: l’eau est expulsée par un conduit pour faire tourner une turbine électrique.
C’est le même principe d’osmose impliquant une membrane semi-perméable qui permet aux plantes d’absorber la rosée à travers les feuilles, et aux cellules humaines de puiser leurs nutriments dans le liquide extérieur. Exploitée «à l’envers», l’osmose sert aussi à produire de l’eau douce à partir d’eau salée.
Les avantages de cette technique, pour la production d’énergie renouvelable? Elle ne fait appel qu’à deux ressources de base – eau douce et eau salée –, ne dépend pas des conditions météo (ensoleillement, vent, etc.) et se veut 100% neutre pour l’environnement. Elle serait ainsi applicable pratiquement partout là où un cours d’eau rejoint la mer. Les ingénieurs de Statkraft, l’entreprise étatique norvégienne qui mène ce projet, ont calculé que le potentiel de production d’électricité par osmose dans le monde se monterait à 1700 térawattheures (TWh) par an, ce qui équivaut à 50% de la production électrique totale de l’Europe. Rien que sur le Vieux Continent, 200 TWh pourraient être générés.
L’idée, donc, est triviale – vers 1970 déjà, Sidney Loeb, à l’Université de Californie, s’y penche le premier. Mais sa concrétisation en est loin. Le problème? Les membranes. Sur lesquelles l’Américain, avec la technologie de l’époque, bute. Pour que l’osmose soit très efficace, celles-ci doivent stopper les molécules de sel, mais aussi être assez minces pour garantir le flux de diffusion et rester assez solides pour résister à la pression qui se crée. Le tout sans voir leurs pores se boucher à tout bout de champ. Pour les caractériser, les chercheurs déterminent le nombre de watts électriques qu’elles pourraient produire par mètre carré (W/m2) de «tissu». Les membranes de Sidney Loeb affichaient 0,1 W/m2. Peccadille. Il abandonne.
«Vu les avancées technologiques dans les années 1990, réexaminer la question valait la peine», confie Stein Erik Skilhagen. Avec les matériaux actuels (acétate de cellulose, polymères de synthèse), le chef de la section Osmosis Power chez Statkraft et ses collègues ont fabriqué des membranes performante de 2 ou 3 W/m2. C’est bien mieux. Mais pas encore satisfaisant. «La barre des 6 W/m2 est charnière, analyse Gérald Pourcelly, directeur de l’Institut européen des membranes, dans la revue Science & Vie. On passerait d’une expérience de laboratoire à une technologie qui a des chances d’être compétitive.» Qu’importe, les ingénieurs norvégiens ont décidé de construire une station de démonstration.
A Tofte, l’ensemble tient dans le volume d’un gros appartement, bien humide. Au premier étage, les deux accès d’eau, salée et douce, en provenance celle-là d’un lac voisin. Les membranes, minces comme du papier, sont enroulées par découpes de 30 m2 dans ce qui ressemble à des bonbonnes de gaz, une soixantaine, appelées modules. «Au total, nous avons 2000 m2 de membrane», dit Stein Erik Skilhagen. Les deux types d’eau entrent dans les modules distinctement, subissent le processus osmotique, et font augmenter le volume à la sortie d’eau salée. Le surplus de liquide ainsi «transvasé» est alors expulsé dans une petite turbine tournant derrière une vitre. «Avec elle, nous produirons 2 à 3 kWh d’électricité. De quoi faire fonctionner… une machine à café.» Mais l’important est moins dans la quantité que dans la faisabilité.
«Personne, à ce jour, n’a réussi à générer de l’électricité en conditions réelles avec cette méthode. Aujourd’hui, la pression est grande», confie Stein Erik Skilhagen sans jeu de mot. «Il y a dix ans, Statkraft a pris des risques avec ce projet devisé à 20-25 millions d’euros». D’autant plus que «Tofte est l’un des pires endroits de la Norvège; ici, l’eau douce contient d’infimes particules organiques provenant de l’agriculture. Mais si l’idée fonctionne ici, elle sera applicable partout». Ces particules ont une taille de l’ordre du micron. Les techniciens ont donc dû installer un système de filtres primaires, afin d’éviter qu’elles n’obstruent les pores des membranes. «Nous devons tout de même purger celles-ci une fois par jour, avec du chlore parfois, mais sans dommage pour la nature.»
Les ingénieurs de Statkraft voient déjà plus loin. D’ici à 2015, ils envisagent de mettre au point une «station pilote» de 25 mégawatts (MW) cette fois, soit 1000 fois plus qu’à Tofte, ce qui reste peu en comparaison avec une centrale à charbon (1000 MW). Pour ce faire, l’utilisation de 5 millions de m2 de membrane serait nécessaire. Des membranes que Stein Erik Skilhagen travaille à optimiser: «Nous sentons que nous avons tous les éléments en main. Mais, comme un puzzle, il faut trouver la bonne combinaison de paramètres de fabrication. Surtout concernant les flux de diffusion».
Les chercheurs testent aussi de nouveaux matériaux, comme des couches de nanotubes de carbone imprégnées dans un polymère. D’après Stein Erik Skilhagen, la communauté scientifique est de plus en plus active dans ce domaine, notamment aux Etats-Unis, où la société Oasys progresse vite. «Nous serons très observés aujourd’hui. Notre démonstration risque d’être un événement déclencheur dans le monde entier, jusqu’au Japon, où la technologie est aussi éprouvée.»
Restera alors l’étape la plus difficile: passer des laboratoires à la fabrication en série. «Tout est nouveau, nous n’avons pas de références. Mais nous allons réussir, estime Stein Erik Skilhagen. J’espère juste qu’ensuite les choses iront plus vite qu’avec les autres énergies renouvelables…» Un aspect crucial pourrait jouer en faveur des chercheurs norvégiens: «A terme, avec la centrale-pilote, nous prévoyons un coût de production de 50 à 100 euros par MWh». De quoi être alors concurrentiel avec les prix moyens dans l’UE, 45 euros par MWh actuellement, mais qui sont probablement amenés à grimper vu les demandes croissantes en énergie.[/i]