Quelques observations pour informer ceux qui ne savent peut-être pas.
Quand le TMB fut construit, l’idée était d’imiter le Jungfraubahn, c’est à dire de faire monter un train au Mont Blanc, en partie en surface et en partie en tunnel.
Les Suisses ont creusé sous l’Eiger et installé des stations intermédiaires (Eismeer et Eigerwand par exemple) pour permettre aux trains de se croiser. Partir de la station Eismeer pour faire une ascension n’a pas grand avenir vu l’état des glaciers et la pourriture abominable du rocher dans ce secteur.
Le rocher est différent au Mont Blanc mais tout aussi pourri dans le secteur du Goûter et de Bionnassay.
Au Jungfraujoch, les Suisses ont installé une gare, terminus de la voie, autour c’est tout du glacier.
Au Mont Blanc, construire une gare près du sommet n’aurait pas eu de sens, le glacier l’aurait vite emportée.
(Quand j’étais jeune, le refuge du Goûter n’était pas à l’emplacement du vieux refuge actuel, il était plus à gauche et chaque été il y avait un chantier pour découper une tranchée dans la glace entre le refuge et la couverture glaciaire parce que le glacier poussait le refuge dans l’Aiguille, bref il fallut le démolir et en construire un autre)
Le TMB s’est donc arrêté au Nid d’Aigle, avec des tas de problèmes pour entretenir la voie. Le faire monter à Tête Rousse était envisagé mais la guerre empêcha cette folie, de même qu’elle arrêta la construction du téléphérique des glaciers, qui devait monter les pimpins au col du Midi, puis de là au Mont Blanc (je me demande comment où ils auraient pu installer des pylones et une gare d’arrivée).
Bref les accès mécaniques au Mont Blanc sont depuis longtemps ce que nous connaissons.
Dans ma jeunesse, le couloir du Goûter était déjà dangereux mais beaucoup moins qu’actuellement parce qu’il était toujours en neige. Ses accès étaient aussi enneigés et le petit ressaut au départ était recouvert. On mettait les crampons avant de traverser, les éventuels cailloux qui descendaient glissaient sur la neige et c’est surtout dans la goulotte centrale qu’il y avait du danger. A cette époque, des caravanes entières passaient à la queue leu-leu et on gardait les crampons dans toute la montée, en rochers enneigés faciles avec un peu de glace.
Les lieux ont bien changé avec le réchauffement et le retrait glaciaire.
Le couloir est devenu réellement très dangereux, les pierres ne glissent plus mais tombent, ricochent, c’est devenu une réplique de Gravelotte. Mummery disait que les pierres ne visent pas les grimpeurs, je l’ai souvent vérifié, mais beaucoup d’alpinistes dont plusieurs copains de jeunesse ont été tués par des pierres, la théorie de Mummery n’est donc pas valide.
J’ai traversé ce couloir 4 fois depuis qu’il est sec, avec la trouille au ventre. La dernière fois, nous avons été cloués sur place juste après la traversée par un éboulement dans l’Aiguille, qui balaya les “rochers faciles” devenus un sentier, c’était terrifiant et nous nous étions plaqués contre un petit ressaut pour minimiser l’exposition… tout en restant exposés à ce qui aurait pu tomber et ricocher dans le couloir.
C’était en septembre (je ne vais au Mont Blanc que pour faire le vol) et il faisait froid, je pense que ce doit être bien pire en juillet quand il fait chaud.
On ne résoudra pas le problème en imposant d’engager des guides.
On pourrait construire un poste de contrôle au départ de la traversée du couloir pour refouler ceux qui ont du matériel de camping, ceux qui n’ont pas de réservation au refuge, ceux qui sont mal équipés, puis construire un tunnel à péage permettant de traverser en sécurité.
L’éducation de alpinistes se fait au fil du temps et de l’expérience qu’ils acquièrent. A mon époque, nous nous nourrissions des écrits des alpinistes du passé. Qui les lit encore à notre époque ?.. où on consomme les vidéos MountainTV sur YouTube, qui montrent certes de belles images mais qui n’éduquent pas bézef, laissant souvent penser que l’ascension est toute facile, ce qui est faux.
En tout cas ce n’est pas un gugusse comme le maire de St Gervais qui pourra apporter une solution intelligente et pérenne à un déjà très ancien problème qui le dépasse complètement.

La lecture du sanscrit n’est pas plus compliquée qu’une autre, il suffit d’avoir le code et de connaître la langue ainsi exprimée.