Mon opinion est que les constructeurs ont optimisé la matériel en fonction de la résistance de ses divers éléments, avec bien entendu un coefficient de sécurité de 3, c’est à dire qu’on multiplie par 3 la résistance maximale mesurée de chacun.
Innover dans ce domaine, pour grappiller éventuellement quelques grammes, me semble une mauvaise idée.

[i]Ancienne alpiniste, et d’un niveau plutôt élevé, j’ai toujours utilisé le matériel sans trop me demander si sa résistance ne diminuait pas avec le temps. Les cordes étaient remplacées systématiquement tous les 5 ans, ou après avoir encaissé un grand vol, mais la quincaillerie semblait éternelle.
Je n’ai jamais “volé” en tête de cordée (ni d’ailleurs en second), juste une seule fois en solo sur auto-assurance, avec du matériel déjà utilisé depuis pas mal de temps. Pas de bobo, j’avais fini la voie après cet incident.
A mon époque, on s’assurait sur des paires de mousquetons et quand il y avait risque de tirage sur la corde on utilisait une sangle ou un anneau de corde, idem quand on s’assurait sur un becquet ou une pierre coincée dans une fissure. Les dégaines toutes préparées n’arrivèrent que bien plus tard. Nous grimpions déjà le plus possible “en jaune” comme disaient les Belges.
Les coinceurs n’étaient pas inventés et poser un piton allait à peu près bien à Chamonix, c’était beaucoup plus compliqué dans les Dolomites.
Une autre époque.
Je n’ai retenu qu’une seule fois un grand “vol” en montagne, à l’Aiguille Verte tout en haut du couloir Mummery : une cordée que nous rattrapions avait déclenché une chute de pierres et l’une d’elle cassa net la jambe de mon collègue, qui dégringola dans le couloir tout en glace. Il était 20m au-dessus de moi et il arriva 25m au-dessous, j’avais fait un excellent relais et j’assurais à l’épaule…
Je n’ai jamais douté de la tenue de la corde ni de ma tenue, ni du relais, mais du noeud (de pêcheur double, dit “noeud Chouinard”) qui fermait l’anneau de corde (de 9mm) passé sur un énorme becquet.
Cet anneau avait été confectionné avec un bout d’une corde réformée et il aurait peut-être cassé si j’avais assuré directement dessus, cela se serait terminé par deux jeunes alpinistes de 26ans en miettes dans une rimaye du glacier de la Charpoua. En assurant à l’épaule et en laissant filer 5m de corde pour amortir le choc, c’est mon corps qui encaissa - je ne raconte pas comme ce fut violent - et je fus arrachée du relais mais retenue par l’anneau. Le relais avait tenu, la corde avait tenu et j’avais tenu, nous étions abîmés mais vivants.
Ouf !
La corde fut mise au rebut (elle avait 4ans et c’était son 1er vol) mais pas l’anneau, qui me servit ensuite - et me sert toujours 45ans après - pour amarrer divers chargements sur ma remorque et il servit récemment pour tirer une voiture enlisée dans la boue. Je n’ai jamais pu défaire le noeud.
Après cet accident, j’ai toujours fait extrêmement attention au matériel et notamment aux anneaux de corde ou de sangle. En reprenant la direction de mon club, j’innovai par rapport à mes prédécesseurs en organisant durant l’hiver et le printemps plusieurs soirées consacrées à l’apprentissage des divers noeuds utilisés en alpinisme. C’est un domaine important qu’il ne faut surtout pas négliger et l’exemple du vol monstrueux que j’avais retenu aida les jeunes à se persuader du bien-fondé de cet enseignement.
L’expérience de l’alpinisme et mon expertise en matière de noeuds servent bien mon activité actuelle de parapentiste : il n’y a JAMAIS d’emmêlement dans mes suspentes, je remets très vite en ordre un embrouillamini de suspentes après avoir récupéré une voile dans les kékés. Je suis très consciente de la durée de vie limitée de nos suspentes et des élévateurs en tresse Dyneema et mes voiles sont régulièrement contrôlées. Corollaire de ma méfiance pathologique : je n’ai pas confiance dans les connects et je préfère a priori un maillon en acier avec vis à un maillon automatique en Zicral.
Et cela bien que nos maillons n’aient pas à encaisser de surcharges brutales comme les mousquetons d’alpinisme… mais tant les suspentes que les maillons encaissent quand même des surcharges en vol thermique, brèves et peu importantes mais très nombreuses, ce qui fatigue quand même le matériel.[/i]
merci :ange: