Un retour d’expérience.
J’ai tellement observé les écoles du bassin d’Annecy que, sans avoir l’outrecuidance débile et prétentieuse d’émettre un classement, je peux bien dire qu’il y a des moniteurs fabuleux et d’autres qui le sont moins, mais je n’ai pas encore observé de vrais mauvais qui ne savent pas guider les élèves.
J’ai vu par contre des nullités pas possibles, hollandais ou anglais, qui sont peut-être bons pour enseigner en bord de mer ou en plaine au treuil mais totalement incompétents en montagne.
Voir leurs élèves décoller me fait froid dans le dos.
Le gros problème des moniteurs qui font de l’enseignement c’est l’obligation de faire voler les stagiaires, même ceux qui sont si mauvais que c’est dangereux. J’en connais qui ne font plus que du biplace parce qu’ils ne supportaient plus le stress permanent généré par les stagiaires qui ne comprennent rien et font n’importe quoi, incapables de gérer leurs corps.
Certains moniteurs sont capables de corriger la trajectoire de décollage de leurs stagiaires en saisissant telle ou telle suspente pendant la course d’élan, d’autres se contentent de gueuler “STOP” quand il y a le moindre risque pour le stagiaire, et pour faire bonne mesure ils affalent eux-mêmes les voiles avec une drisse de frein.
Je connais aussi une école qui emmène voler ensemble des gens en sortie d’init et des gens déjà plus expérimentés, ce qui a priori nivelle par le bas… mais qui se gardent bien d’envoyer les novices dans des aérologies trop fortes pour eux. A la limite ce n’est pas une politique aussi aberrante qu’il y paraîtrait de prime abord et les stagiaires aiment bien cette façon de faire… mais certains moniteurs n’aiment pas trop, parce que se déplacer implique terminer tard, souvent à la nuit tombée.
Entre une école qui fait faire 3 ploufs de 5 minutes juste au-dessus et qui “termine” à 17h, et une autre qui fait faire des vols de 10min à 1h là où cela vole bien, quitte à aller loin et rentrer à 21h, il y a des différences pour les stagiaires.
Certaines écoles font de la pédagogie pour apprendre des manoeuvres de pilotage aux stagiaires, d’autres privilégient le temps de vol quitte à faire quand même un peu de pédagogie quand le vol sera un plouf.
Pour les biplaces, il y a les officines qui font du rendement - certains (jaloux ?) disent même de l’abattage - avec 8 vols par jour voire plus, mais des vols très courts. Les clients vivent un moment formidable et ils ont payé pour ça. Il y a les écoles, qui prennent une heure par rotation, dont au moins 20-25min de vol, avec le souci de donner envie aux clients de revenir pour apprendre à voler. C’est une autre politique commerciale.
Le moniteur qui ne fait que des bi à haute dose s’en met plein les poches et il volera pour lui en inter-saison, mais il n’y a pas de véritable contact humain avec les passagers, aussi vite oubliés que connus. Celui qui fait de l’enseignement encadre ses stagiaires pendant un certain temps, une relation humaine se met en place et c’est une autre façon de pratiquer, moins lucrative sans aucun doute mais en transmettant sa passion.
Cela dit, Mme POB n’a jamais volé en biplace, ce ne sont là qu’observations au fil des années, au fil des stages côtoyés, des dizaines d’heures passées sur les décollages à faire de la régulation… en attendant que les conditions soient devenues douces pour le copain hyper-pas doué que j’emmenais voler, en me chiant dessus. Il a enfin fait des progrès et il atteint l’autonomie (plus de 300vols quand même !), je suis un peu moins stressée maintenant.
Bons vols à tous*