commencer à voler dans des conditions "turbulentes" ?

Nouvelle question de l’oisillon:

Condition laminaire 25 kmh constant, trés rares rafales à 30. Vol qui est plus du soaring qu’autre chose. La colline ayant un faible rendement on gagne 2O à 3O m max par rapport au déco. Le seul ascenseur est créé par un talweg et des sapins qui encaissent le vent

on retrouve souvent ce style de topo sur les sites de vol type soaring:

Question:
Ma voile est plutot lente , j’avance pas vite main haute et le premier barreau de l’accélérateur est le bienvenu. Je veux prendre plus d’altitude et je me dirige vers le talweg. Entrée dans les turbulences (des vrais ! ) puis dans “l’ascendance” qui elle est calme.

il vaut mieux entrer dans les turbulences vite style accéléré et contrer a la sellette ou je laisse faire et je pilote le temps qu’il faut pour atteindre la zone ascendante?
merci.

sinon quand on dessert a fond la ventrale et sangles au épaules et qu’on se penche en arrière , ça agit comment sur la voile?

merci

hello le benj,

Tu as bcp de questions normales et en lien avec ton expérience de vol actuelle. je te conseille vivement u stage de perfectionnement dans une école;
Tu vas apprendre bcp; le vol en aérologie turbulente n’est pas inné.
le but étant d’atteindre une autonomie générale de manière progressive et adaptée à toi.

On peut rester en l’air sans être obligé de voler dans du trop fort .
les thèmes théoriques et pratiques abordés en perfectionnement:
-changement de sites
-position et réglages sellette
-pilotage sellette
-pilotage en aérologie turbulente: savoir tenir ses commandes, maintien de cap, maintien de la tension dans les commandes,placer son regard,anticiper les incidents, zone de cisaillement
-gestion des incidents (fermetures asy et frontale)
-exploitation des ascendances dynamiques et thermiques
-pilotage en air calme(tangage, wing over, 360°)
-gestion du stress (en lair et au sol, respiration, état mental,…).
-analyse des conditions en fonction de son niveau technique, théorique , état mental du moment;

Un support à quelques euros intéressant pour savoir où tu en es techniquement et réellement en ce moment:
passeport de vol libre édité par la ffvl (tu peux l’avir sur le net).
Ca te donne une idée précise de des thèmes à aborder puis à maitriser pour aller à l’autonomie générale.

Tout ton questionnement est normal

Bons vols et bon aprentissage
bigbud69

Salut Le benj,

Pour te donner un élément de réponse sur le vol en conditions turbulentes, je pense qu’il est toujours bon de bien prendre en considération la force du vent au moment où tu voles. Ceci pour la bonne raison qu’un turbulence sous un vent de 30 km/h risque bien d’être 9x plus forte que sous un vent de 10 km/h.

Lors de mon école en mars-avril de cette année, les multiples blocs oméga anticycloniques se succédaient et il n’y avait en général pas ou peu de vent sur le site (Sonchaux, en-dessus de Villeneuve en Suisse) hormis une légère brise de vallée qu’on sentait surtout à l’atterro. Fin mars, 30ème vol: environ 50 minutes de pur bonheur dans le thermique du déco. Le thermique est une turbulence en soi, mais dans un air calme, à partir du moment où tu sais garder ton aile au-dessus de ta tête et que tu es prêt à te faire secouer un peu lorsque, faute de timing, tu te fais éjecter ou en tout cas balloter, c’est là que tu peux aller essayer de te frotter aux bubulles.

Mi-août, 152ème vol, un vent de SO assez soutenu souffle sur le Léman: Au déco des Pléiades, ça ventile beaucoup par rapport à d’habitude, mais c’est bien orienté. Un bon 20 km/h au déco voire un chouia de plus de temps à autre. Je décole et une fois en l’air je trouve les conditions “calmes” malgré le vent. Je me rends vite compte que c’est en dynamique que ça monte (ce qui est assez inhabituel, les Pléiades n’ayant pas une forme optimale pour cela), et qu’une fois en-haut, il ne faut que très peu de frein pour faire du vol stationnaire. C’est donc plutôt 30-35 km/h que 20 km/h de vent… Tout se passe super bien, nous sommes deux à jouer dans cette ascendance pendant une heure. A un moment donné, ma voile se cabre assez fortement et je fais un bond dans le ciel, je viens de trouver heurter une bulle, ou c’est plutôt elle qui m’a heurté. Ca a bien secoué, mais je suis toujours tout sourire et étonné qu’une bulle soit arrivée si haut dans tout ce vent. Soudain, après encore un aller-retour sur la crête, je suis à nouveau fort secoué et m’aperçois que je suis en train de tomber! Je lève un oeil et vois ma voile toute enroulée sur elle-même, puis je regarde le sol et vois que je ne suis pas très haut. J’ai eu très peur à ce moment-là, car je n’avais jamais eu à essuyer de frontale jusque là et celle-ci était vraiment massive. J’applique la marche à suivre, c’est-à-dire ne rien faire et 3 secondes plus tard je revolais normalement après avoir freiné l’abattée. La cause doit être que je me suis retrouvé derrière une bulle et vu la force du vent, la turbulence qui s’en est suivie a été plus costaude que d’habitude.

Pour résumer, plus le soleil tape fort, plus le gradient est élevé et plus il y a de vent, plus tu risques d’incidents de vol (de la petite assym’ à la grosse frontale). Gère bien ces trois facteurs en évitant de les réunir les trois en même temps et tu diminueras beaucoup ta probabilité de te retrouver dans de désagréables aérologies.

Pour l’accélo, je serais d’avis à ne pas l’utiliser lorsque ça remue: il diminue ton incidence et donc augmente les risques de fermetures. Lorsque ça bouillonne, je tiens ma voile aux freins de telle manière que je puisse freiner une abattée ou au contraire la laisser accélérer lorsque elle butte contre une rafale. Le but étant de se faire balloter le moins possible et garder sa voile sur sa tête le plus possible.

Bons vols et heureux atterros =)