----- Message d’origine -----De : Xavier Bestel
Les petites tailles sont toujours désavantagées: il y a des réalités
physiques qui font qu’on ne peut pas réaliser des voiles identiques par
simple changement de taille.
C’est à cause des Reynolds !
Les Reynolds sont de petites bêtes malfaisantes qui s’accrochentà la surface de tout corps solide en mouvement dans un fluide.A ne pas confondre avec les Watermans qui ne s’attachent qu’à la surface des corps immobiles et plongés dans un fluide.Ce sont eux qui pagayent de haut en bas pour pousser le corps solide vers le haut. Archimède n’avait donc rien compris et la poussée archi-merdique est bien mal nommée.
Bref, les Reynolds sont à l’aéronautique, ce que les Watermanssont à l’aérostation. Nous étudierons les Pilots et les Aérobics plus tard.
Les Reynolds donc, sont des animaux microscopiques pourvus de pattes à ventouses et d’ailes insignifiantes bien incapables de leur permettre de voler. Contrairement à une idée couramment répandue, les Reynolds ne savent pas mieux voler, que les Watermans ne savent nager. Ils vivent généralement dans l’herbe des décollages ou entre les cailloux quand il n’y a pas d’herbe. Des études statistiques ont permis de montrer que le nombre de Reynolds (eh, eh, nous y voilà), le nombre de Reynolds au centimètre carré de surface de déco est remarquablement constant en tout point du globe, mais décroit avec l’altitude suivant une courbe remarquable appelée courbe OACI.
Lorsque vous dépliez votre aile sur l’herbe, les Reynolds la regardent tout d’abord du coin de l’oeil en feignant l’indifférence. Lorsque vous enfilez la sellette, un frémissement se fait sentir sous la voile.Lorsque vous êtes en position de décollage, suspentes tendues, et concentré pour décoller, tous les Reynolds présents sous la voile étalée ont déjà sauté sous l’extrados auquel ils s’accrochent fermement grâce à leurs pattes à ventouses et se tiennent prêts à battre des ailes au premier mouvement de la voile. Vous ne vous imaginiez quand même pas que c’était par la seule traction sur les suspentes que vous faisiez monter tout seul 30 m2 de tissu au dessus de votre tête, non ? Vous comprenez aussi maintenant, l’importance de l’enduction ! Comment voulez-vous que ces pauvres bêtes s’accrochent avec leurs ventouses sur du tissu poreux ?!! Porosité, morosité !
Dès que votre bord d’attaque frémit, les Reynolds se mettent à battre des ailes frénétiquement mais pas n’importe comment, non-plus-hein. Depuis les dinosaures, ils ont été génétiquement programmés pour attrapper les molécules d’air, une par une, et les jeter à l’un de leurs congénères voisins. Mais lequel, me direz-vous ? N’importe lequel bien sûr, mais on peut dire que, la paresse aidant, une majorité de Reynolds lance ses molécules dans le sens opposé au sens général dedéplacement du fluide. Faudrait être con pour faire le contraire. Il y a des Reynolds cons, mais ils s’excusent en général assez vite de leur connerie en disant que cela ne demande pas d’explication de texte plus approfondie et ils se remettent aussitôt à ramer dans le bon sens.
On voit donc bien que les Reynolds se trouvant exclusivement surl’extrados, les molécules d’air vont plus vite sur l’extrados que sur l’intrados. De plus, comme les Reynolds attrapent même les molécules qui auraient naturellement tendance, à cause de la farce centrifuge à s’arracher du tissu, et les tirent vers le bas,cela crée la fameuse dépression d’extrados qui nous tient tous si bien en l’air.
C’est bien sûr, parce que les Reynolds balancent l’air vers l’arrière, fainéants et pas cons qu’ils sont que, par réaction nos ailes avancent vers l’avant, ce qui est bien normal, car si c’était le contraire, l’arrière s’appellerait l’avant et ça reviendrait exactement au même.
Mais tout cela ne nous dit pas, chers Xavier, Isabelle et autres Jean-Claude, pourquoi vos Reynolds à vous pédalent moins vite.
Eh bien non, ils ne pédalent pas moins vite mais comme je le disais plus haut, ils sont moins nombreux. Or une population moins nombreuse se reproduit moins vite. Ah oui, je ne vous ai pas dit que la durée de vie d’un Reynolds est extrêmement brève. De l’ordre de 3 à 4 secondes,pas plus ! Ils sont donc condamnés à se reproduire en vol afin de renouveler la population. Les Reynolds morts sont évacués par les autres comme les molécules, jusqu’au bord de fuite et contribuent à l’effet de réaction. Comme quoi rien ne se perd et tout contribue à la finesse dans ce monde de brutes (ah, je suis assez content de celle-là ! ;-)).Donc, sur les petites ailes, moins de surface, donc moins de Reynolds globalement, moins d’empressement à se reproduire et donc une population qui a tendance à diminuer et un rendement plus faible.Les concepteurs d’ailes tentent de remédier à ce manque d’engouement à la copulation Reynoldsienne en augmentant la dimension de l’aile dans le sens de l’écoulement (corde) afin de tenter de tromper les Reynolds et leur faire croire qu’ils sont sur une aile plus grande. C’est sans compter avec les Reynolds marginaux, beaucoup plus brouillons et désorganisés que les autres et qui sont, de par leur tendances anarchiques, à l’origine des fameux toubillons marginaux, sortes de zones de non-droit où la police de l’air ne s’aventure plus guère, préférant le confort des zones laminaires.Or l’augmentation de la corde s’accompagne forcément d’une réductionde l’envergure, donc de l’allongement, et ces zones de non-droit prennent alors, en valeur relative, une importance accrue, on n’est plus en sécurité nulle-part ma bonne dame, avec l’augmentation de la recrudescence !
Voilà donc pourquoi les petites voiles sont plus petites que les grandes et moins alongées aussi et pourquoi il fallait bien leur consacre run site rien que pour elles :
http://perso.wanadoo.fr/ppv
De rien Isabelle, ça faisait trop longtemps que j’en avais pas parlé.
Bisous*
André
*Saaaaalut pour Lézôtre©
P.S. La prochaine conférence sera consacrée à deux cas particuliers :
- Pourquoi y a-t-il des Reynolds sur l’extrados des planeurs alorsqu’on ne les pose pas à l’envers dans l’herbe ?
- Et quand ça ferme ? Film d’horreur.