Le carton de la NOVA Prion 3 est arrivé au Menez
Nous avons demandé à Loïc Ollivier* de nous faire un article sur une aile d’école qu’il pratique avec ses élèves. Et surtout de garder son style narratif. Il nous a proposé de parler de la NOVA Prion 3 qu’il vient de recevoir…
Le carton
La NOVA Prion 3 m’arrive par transporteur et non par la Poste ce qui est étonnant car le carton est petit comme il se doit chez Nova.
L’avantage d’un envoi par la Poste est que, en cas d’absence, il est conservé au bureau de poste au lieu d’être déposé dans un point relais ou retourné au dépôt du transporteur voire à l’expéditeur. On peut obtenir le matos en août alors qu’on l’attendait en juin. Si si ! Le carton est intact, c’est lié aux dimensions et à la manipulation facile. Comme je conserve les jolis emballages de chez Nova, je l’ouvre délicatement au couteau de cuisine version découpage de la viande. C’est bien rangé. On ne trouve plus le carton qui contenait manche à air, documentation, barreau, rip stop. Il y a un petit sac qui contient ce qui est léger. Le barreau est au fond du carton.
La voile
La voile couleur cassis est pliée usine. Le bord d’attaque est moderne avec ses joncs. Je remballe de suite, à ma façon, façon qui sera celle utilisée par les élèves car j’ai autre chose à faire qu’à jouer avec la voile et ça fait longtemps qu’ouvrir des cartons même après une longue soirée et un repas roboratif ne m’émoustille plus.
De toute façon, les élèves ne savent pas plier, donc les joncs, c’est bon, et j’ai acheté des sacs vrac pour qu’ils ne perdent pas de temps à fêter leurs vols en pente école.
Les poignées
Très gros point négatif en ce qui concerne les poignées de frein, réglables, certes, mais dont la boucle plastique à l’intérieur de la poignée peut irriter une peau fragile. Je distribuerai des gants (EPI) pour ne pas m’attirer les foudres de l’administration de tutelle. Je prendrai des gants de chez Brico dépôt car c’est solide et pas cher, et il n’y a pas encore de norme pour les gants. Ça m’évitera aussi un procès si un élève se blesse avec la poignée.
Il pleut
Le lendemain, comme il pleut, au lieu de remplir ma déclaration d’impôts, je surfe, on the web, bien que j’habite tout près de la plage. Je vais sur le vario qui chante, rubrique matos. Je trouve de très bonnes contributions, avec des records de fautes d’orthographes et des bêtises. Du coup, pour vérifier certaines allégations, je vais voir sur les sites des marques. J’en connais certains alors je vais là où je ne vais pas d’ordinaire pas. Je lis d’autres fôtes d’aurtôgraves et certaines bêtises comme celle relative au noyautage du thermique sans incliner la voile. La compétence des concepteurs laisse rêveur. Ça me fait penser aux documents pédagogiques estampillés FFVL. Je n’achèterai pas chez eux !
3 lignes
J’ouvre à nouveau le sac car il semble d’après les contributeurs que la Prion 3 est une 3 lignes. Eh oui, j’achète les yeux fermés. Je ne connais rien de la Prion, alors que la page ouèbe de chez Nova dit tout. Les descriptions minimalistes des sites ouèbe ne m’incitent pas à acheter, et quand c’est trop long, je ne lis pas. Ni viouke, ni conuke ! C’est à décourager les webmasters. Quant aux marques qui copient, ou qui s’égarent en faisant des trous dans les voiles avant les élèves en prétendant que ça ira mieux, c’est pareil. Mon chien en profite pour jouer. Il me mord en traître mais respecte le matériel. Il est maintenant habitué à voir des parapentes mais la technique n’est pas son fort. Eh oui, il n’y a pas beaucoup de suspentes et il manque une ligne. Il ne reste que le nez de requin pour avoir une voile U-tech.
Le tissu
Je replie. Le tissu est très agréable. On se demande d’ailleurs pourquoi il n’y a pas plus de femmes à voler. Ma blonde, assise, ne s’intéresse pas vraiment à la voile, mais a tout de même noté la jolie couleur, cassis. Les élévateurs minimalistes (une sangle de moins) plongent dans la housse de protection rouge. Ce n’est pas très original. Cette housse pourrait être aux couleurs de la voile, mais bon … Je note au passage le système de mouflage de l’accélérateur. Ça doit être très efficace, très doux. Je vois une poulie protégée par sa gaine néoprène, mais je ne perds pas de temps à vérifier si elles le sont toutes.
Le sac de rangement
Hop, je roule le tout et attrape le sac de rangement. Ça rentre sans trop d’effort. Le sac se ferme d’un coup avec sa cordelette noire. La réouverture devrait être facile et progressive en moins de quatre secondes. Le sac de portage est assez grand pour gober une voile, la sellette et le reste sans pour autant être immense. Si on doit l’utiliser (il y a les sellettes réversibles!), on appréciera le dos renforcé. Il n’attire pas l’attention avec ses couleurs sobres. Les puristes me diront que le noir n’est pas une couleur. Le monde est plein de contradictions…
Enfin des conditions volables pour un élève
Je confie la Prion à un élève qui ne connaît rien. C’est normal de ne rien connaître quand on n’a jamais vu une voile. Je lui apprends l’essentiel : la prise des suspentes, les brasses, le rangement en boule, la daisy chain, l’utilisation du sac vrac, et le portage du tout. Je lui conseille de ne pas se promener avec le casque qui n’est pas aéré, de le jeter dans le sac. La sellette disparaît aussi.
Le gonflage
Il n’est pas vraiment utile depuis quelques années d’enseigner le gonflage dos lorsque le vent est faible. Et même, j’ai remarqué qu’en faisant le moins possible, on avait de bons résultats. Il suffit de regarder devant, de marcher plus ou moins vite, de résister un peu, et la voile se retrouve miraculeusement au dessus de la tête. Pour faire durer la formation, je lui conseille pour autant de prendre en main les commandes et les élévateurs.
La Prion est docile et jolie
La Prion est docile et jolie. L’élève fait quelques pas, je le suis de près, de très près même pour qu’il ne s’arrête pas. Avec ce joli vent sur notre pente nord, il se retrouve en l’air avant d’avoir compris.
Vite, je prends ma fiche pour savoir son nom. A la radio, je lui dis de ne rien faire. Isaac Newton est de la partie. Archimède n’est pas encore là. Il descend doucement vers l’atterro.
Ce n’est pas que la Prion possède un taux de chute à faire pâlir la concurrence, mais le petit dynamique fait durer le plaisir.
Mon élève arrive au sol en freinant légèrement comme demandé à la radio. Étonnamment, la voile reste au dessus de lui un instant. C’est là la difficulté à cette phase de la progression. C’est comme mon chien quand je le laisse partir : il ne veut pas revenir. La voile tombe enfin, sur le côté, car mon élève a regardé ce qui se passait, et donc…
Le bord d’attaque tombe sur les joncs et les ajoncs
Le bord d’attaque tombe sur les joncs et les ajoncs. J’ai tondu le terrain, mais ça pousse en silence, sournoisement.
C’est un bon élève, il a trouvé le sac vrac dans la poche dorsale. Il fourre tout consciencieusement dans la poche d’autant que je ne suis pas là pour vérifier. La remontée est rapide. Il me gratifie d’un grand sourire. C’est que le sac est léger.
On a gagné quelques kilos
En quelques années, on a gagné quelques kilos … Enfin, peut-on gagner des kilos? C’est comme manger moins de calories. Moi, je n’en mange jamais. Ce n’est pas que je n’aime pas, mais je ne peux pas. Eh oui, kilo n’est rien, tandis que la calorie est une unité. Donc, on a gagné quelques kg. Bing, on a gagné des unités ! On peut être parapentiste et ne pas avoir un cerveau de psittacidé. Oui, ce n’est pas classique, et pas seulement chez les parapentistes … Bref, le matos a perdu du poids. Pour profiter d’une autre remontée, mon élève ouvre le sac. Je vais l’aider. Un jour, je lui montrerai comment disposer sa voile…
Loïc Ollivier, de l’école parapente et delta Vol Libre du Menez Hom