l'enseignement aujourd'hui

merci pour vos avis :trinq:

j’ajoute un peu d’eau au moulin, je sors à l’instant d’un entretien/visite que j’ai pris avec un gars enseignant chercheur en micro-électronique.
quand il m’a parlé de passer une thèse et de venir le rejoindre dans son taf, j’étais plutot sur mes gardes…
mais apparement, maintenant, le niveau de sélection est assez faible (en tout cas, dans la micro-élec). Ils ne demandent plus de faire un M2 avant de rentrer. :shock:
Il a chaque année des budgets de thèse, et “3 pecnos qui comprennent rien à rien” (sic) qui s’y présentent; et comme il veut pas se faire sauter le budget, il prend le moins mauvais.

je ne sais pas si c’est une bonne nouvelle (un taf super interessant, et manifestement de bonnes possibilités d’y rentrer sans repasser un M2 derrière)
ou bien si c’est une mauvaise nouvelle pour le secteur de la recherche…

peut-être les deux après tout…

[quote]Je sais pas si vous avez suivi le projet de réforme des IUFM, mais apparemment il est question d’y supprimer l’enseignement pédagogique. En gros, on demanderait aux profs d’être calés dans leur matière, mais pas de savoir l’enseigner. Ce qui revient à partir du principe que l’enseignement ne s’adresse qu’à des jeunes intéressés, motivés, contents d’apprendre et naturellement brillants. C’est beau ça, non?
[/quote]
c’est une problématique qui fait référence à une facon de penser, ou bien elle est élitiste ou bien égalitariste
quoi qu’il en soit, difficile de trouver un compromis. :?
quand on y pense; il y aura toujours des jeunes plus ou moins doués que d’autres, plus ou moins calmes que d’autres.

dés lors que ces différences existent,
-soit on continue ce que l’on fait: le nivellement par la moyenne, les meilleurs ne sont pas au maximum de leurs possibilités, et les moins bons ont un peu de mal à suivre, mais dans l’ensemble, l’enseignement est adapté.
-soit on les ignore, et on prend comme niveau de référence celui des doués, et les autres n’ont qu’à bosser plus, sans quoi ils seront completement paumés et dégoutés des études.
-soit on nivelle par le bas, et les programmes n’avancent pas, d’une année à l’autre, chaque programme est reprit, remâché, répété et légèrement plus poussé
-soit on fait plusieurs niveau de groupes, en adaptant l’enseignement à l’auditoire.

à peu près toutes ces solutions présentent des problèmes d’éthique selon les sensibilités.

j’essaierai quand je serai à mon premier entretien d’embauche, en attendant, je multiplie depuis un bout de temps les contacts avec différents types de métier et à l’issue de mes entretiens, je ressens toujours ce décalage, et même en discutant avec mes potes de centrale paris, eux aussi ne savent pas toujours quoi en penser…
mais bon, qui vivra verra :wink:

Voyons voir. Une thèse ? Quelle bonne idée :mrgreen:
Quand tu as de la chance, t’es payé plus de 1300€ par mois (pas mal avec un bac+5). Les conditions sont souvent… merdiques :coucou: Tu as la bourse ministérielle, tu gagnes alors 1300€, et tu fais derrière du monitorat (cours à la fac) pour gagner ~300€ de plus. Souvent, t’as des moyens assez minables, c’est vite pas très agréable (je connais hélas autour de moi plus de gens que ça gonfle ces cours que l’inverse…pourtant, ils étaient motivés à la base!). Donc, tu fais ta thèse, cool. Et après ? Ah, t’es motivé pour continuer à faire de l’enseignement ? Très bien, tu fais “Maitre de Conf”. Pour une paye à peine plus élevée, tu vas devoir galérer pour avoir un poste:

  • dossiers chiants à faire
  • une procédure en plusieurs étapes bien chiantes
  • un système qui marche pas mal au piston (ça aide)
  • des oraux aux 4 coins de la france, aux dates pas flexibles
  • un choix de poste assez restreint

Donc, tu galères pendant ta thèse. Tu sors bac+8, tu galères 1 année en post-doc (ou autre) pour peut être te trouver un poste. T’as ton poste dans une ville qui te plait pas forcément et des possibilités de mobilité réduite, une paye qui n’a rien à voir avec ce que tu peux espérer avoir avec un bac+5 en entreprise.

Putain, ça fait trop envie non ? Franchement, m’étonne pas que le gars il n’ai que “3 pecnos”. Surtout quand tu vois la différence qui existe avec d’autres pays.

Marc, qui est repassé rapidos et qui repart par la même porte :coucou:

mais t’as un taf interessant! :wink:
et tant qu’à signer jusqu’à mes 70 ans, je suis plus dans l’optique d’avoir un taf qui me plait. tant qu’à faire, autant ne pas trainer les pieds chaque matin pour y aller.
en plus, ce travail permet une certaine flexibilité des horaires.

ca permet d’y réfléchir quelques secondes, non? :trinq:

secteurs qui embauchent :
hotellerie/restauration (cuistot,…)
BTP (conducteur d’engins,…)
plomberie / installateur sanitaire : là en plus tu te mets à ton compte et hop, j’en connais 2, bac -5, croulent sous le boulot et se portent bien mieux que le bac + 12 option philo qui va faire de l’intérim au Mac Quick.

'tain t’as vu comme j’ai été constructif lä (claquement de bretelles !) ROTFL

:mrgreen: le problème n’est pas tellement celui d’être embauché, mais de trouver une adéquation entre les méthodes de formation et les tafs :wink:

C’est quand même naturel d’avoir des doutes avant un premier emploi, quelle que soit la qualité de ta formation… et la meilleure formation du monde ne te donnera pas l’expérience, un jour ou l’autre il faut se jeter à l’eau et apprendre à nager. Ca serait quand même un comble d’arriver en sortie d’études avec des certitudes grosses comme une maison…

Trop fort, le discours prémâché sur le nivellement par le bas… Surtout dans un pays comme la France, très axé sur les élites, qui traite les filières d’apprentissage comme de la merde, etc. Pour moi, cette histoire de nivellement cache là encore une remise en question du principe de solidarité majoritairement accepté jusqu’ici. Comme dans tous les domaines (hormis la police bien sûr), l’intervention de l’Etat est remise en question, ce qui est fort logique pour un gouvernement revendiqué libéral.

On finance le privé, on réduit les moyens du publics, on renonce à toute mixité sociale… Bref, on abandonne toute une partie de la population au motif qu’elle n’arrive pas à se démerder toute seule. Il est où le nivellement? C’est le contraire, c’est un fossé qui se creuse.

P.-S. J’ai pas suivi… Marc a aussi viré son compte ou quoi? :grat:

non :mrgreen: mais marc il est faible et il a rien trouvé d’autre que d’enterrer ses identifiant pour pas venir trop sur LCDV. Et ça marche! … pas :canape:
Mais Marc il fini sa thèse justement (pour ça qu’il faut plus venir ici), c’est pour ça qu’il n’a pas pu s’empêcher de rebondir sur les propos de makumba. Et tu sera servi makumba pour les horaires, parce que malgré la casquette glandeur qu’un certain Nicolas donne aux chercheurs français (rappel, qui montre à quel point c’est valorisé en France :canape:), j’ai vu personne compter ses heures autour de moi. 17h, c’est le milieu d’après-midi, à 23h je croise encore des gens. Et encore, j’ai de la chance, mon labo ferme entre 0h00 et 7h00 (mais pas le weekend, ouf). Mais de l’autre côté de l’isère, y’a l’inria qui est ouvert 24/7, et c’est peuplé la nuit :clown: Et pour te récompenser de ces efforts, t’es payé… pareil :clown: Tout ça pour faire de la recherche et de l’enseignement (compte 2 boulot à temps plein, par personne).

Je noirci, mais c’est un peu l’image que j’ai en cotoyant le milieu universitaire depuis un moment et en voyant autour de moi les personnes qui font les démarches pour continuer, ou les gens qui se démotivent…

Bon courage :coucou:

[quote]Trop fort, le discours prémâché sur le nivellement par le bas…
[/quote]
attention à ne pas me faire dire des choses que je ne pense pas :wink:
je n’ai fais qu’essayer de recenser les différents moyens de gérer l’hétérogénéité au sein d’une classe avec son lot d’élèves doués, moyens ou en difficulté, sans jugement de valeur et sans parler des problèmes d’inégalité entre les différentes structures d’enseignement (c’est un autre débat).

pas de grosses incertitudes, mais tu serais curieux de savoir le nombre de futurs diplomés qui ont du mal à se décider… (en même temps, il y a tellement de types de métier d’ingénieur, tous très différents les uns des autres, et beaucoup de secteurs d’activité aussi!)
ce qu’il faut, c’est pas se planter sur le stage, très souvent c’est lui qui ouvre les portes!

:trinq:
je me fais pas trop d’illusions sur les horaires, c’est la possibilité de les aménager qui m’intéresse le plus. le gars que j’ai rencontré aujourd’hui, il tourne entre 40 et 45.

en tout cas, merci pour les renseignements

PS: tu regrettes d’avoir fais une thèse si c’est pas indiscret ou ton boulot t’intéresse quand même?

il y en a une qui se généralise dangereusement en ce moment c’est l’exigeance démesurée en salaire des jeunes diplômés. car comme tu le dis rien ne remplace l’expérience.

il y a un fossé trop énorme entre des enseignants chercheurs payés au lance pierre c’est vrai (m’enfin quand tu atteins les 2000€par mois assez rapidement avec les différents travaux dirigés rémunérés que tu peux encadrer, est on à plaindre ?) et les jeunes diplômés d’école de commerce ou d’ingé qui sans aucune expérience te demandent des salaires proches de gars avec 10 ans d’expérience.

puisque :

et un bon plombier il gagne plus que marc (je te prends comme symbole de l’enseignant chercheur, pas en tant que personne physique hein :mrgreen: ) … mais il n’a pas la fierté de servir la science et c’est sa joie, mais il gagne plus.

on a fait le tour… amener plus de 80% d’une génération au bac c’est stupide. on n’a pas besoin d’autant de postes “qualifiés” avec tous les problèmes d’orientation et d’employabilité / non employabilité que ca pose par la suite. par contre on a besoin de bons artisans, qui commenceront à travailler plus jeune et qui cotiseront plus tôt et travaillerons plus longtemps.

Les regrets, ça pu><.
Effectivement, les horaires ça s’amménage bien. Mais à partir d’un moment, ben tu peux tourner le truc dans tous les sens que tu veux, ça rentrera pas, surtout vers la fin. Je serais toi, je me ferais pas trop d’illusions sur le temps que va te laisser ta thèse. Certains s’en sortent très bien, mais c’est pas la majorité (autour de moi, c’était pas le cas). Je suis pas non plus à plaindre, mais bon, cette année, je crois que j’ai même pas dépenser 1 carte de funiculaire pour moi, et 40/45h, c’était les petites semaines (celle où tu t’autorises à pas bosser les weekends). Loin de moi l’idée de me plaindre, je pouvais abandonné quand je voulais, mais le cliché du thésard qui se la coule douce, je l’ai pas souvent croisé :mrgreen:

[quote]il y a un fossé trop énorme entre des enseignants chercheurs payés au lance pierre c’est vrai (m’enfin quand tu atteins les 2000€par mois assez rapidement avec les différents travaux dirigés rémunérés que tu peux encadrer, est on à plaindre ?)
[/quote]
En plus, ils sont fonctionnaires! Une honte !

c’est ca le plus important! pas gagner plus, mais aimer son taf.
Il y en a qui adorent les sciences, d’autres qui adorent les travaux manuels, et c’est tant mieux!
après si en plus, on peut aligner un bon salaire à faire ce que l’on aime tant mieux! :slight_smile:

[quote]on a fait le tour… amener plus de 80% d’une génération au bac c’est stupide. on n’a pas besoin d’autant de postes “qualifiés” avec tous les problèmes d’orientation et d’employabilité / non employabilité que ca pose par la suite. par contre on a besoin de bons artisans, qui commenceront à travailler plus jeune et qui cotiseront plus tôt et travaillerons plus longtemps.
[/quote]
il y a comme tu le dis le pb du BAC mais aussi et surtout le problème de l’accessibilité à certaines filières universitaires (staps, psycho, etc…), qui sont de véritables camps de réfugiés (et pan le point godwin! :mrgreen: )

de manière générale, les rencontres avec de bonnes personnes dans les CIO sont souvent très instructives et permettent de savoir ce qui nous conviendrait le plus, lorsque faire ce que l’on croit aimer le plus n’est pas “raisonnablement possible”

:mdr: :mdr: :mdr:

j’en pleure (c’est bon de rire)

Oops, j’ai pas vérifié. :oops:

Ca forme quel genre de profs les IUFM, dans l’enseignement primaire ou secondaire ? Si c’est des profs de l’enseignement secondaire ça ne me choque pas plus que ça, à partir du moment où l’école n’est plus obligatoire c’est assez cohérent de demander aux jeunes d’être intéressés, motivés et contents. Pour ce qui est de naturellement brillant, je ne crois pas que ce soit requis ou que ce soit de nos jours sauf peut-être les très grandes écoles élitistes genre Centrale, Ecole des Mines, Polytechnique et ENS. Partout ailleurs (dans les écoles d’ingénieurs généralistes et scientifiques en tout cas, les milieux littéraires, juridiques et économiques je ne les connais pas) tous les bosseurs motivés s’en sortent convenablement.

Même si le débat reste ouvert sur le secondaire, l’IUFM forme aussi les instituteurs. Donc demain, si t’as des gamins, ils se retrouveront vraisemblablement face à un(e) instit hyper calé(e) dans telle ou telle matière, sans avoir jamais été formé(e) sur la pédagogie :mrgreen:

[quote]Pour ce qui est de naturellement brillant, je ne crois pas que ce soit requis ou que ce soit de nos jours sauf peut-être les très grandes écoles élitistes genre Centrale, Ecole des Mines, Polytechnique et ENS. Partout ailleurs (dans les écoles d’ingénieurs généralistes et scientifiques en tout cas, les milieux littéraires, juridiques et économiques je ne les connais pas) tous les bosseurs motivés s’en sortent convenablement.
[/quote]
C’est parfaitement naturel de voir en premier lieu ton exemple personnel, mais les problèmes soulevés ici ne concernent pas vraiment les écoles d’ingénieurs, qu’ils soient généralistes ou spécialisés dans l’enfilage mécanique de diptères :wink: Je parle pas ici d’être meilleur que le voisin ou d’avoir un CV en béton, mais tout simplement de s’en sortir. Ou plus simplement d’avoir une chance, à la seule force de ses efforts, d’évoluer socialement. Et ça, ça se joue pas dans les écoles d’ingénieur mais bien bien plus tôt. Là où on a abandonné toute ambition.

En bref, j’ai rien contre ces écoles d’ingé où tous les bosseurs réussissent grâce à notre belle méritocratie “à la Française”, j’en ai contre le système qui fait que toute une frange de la population n’en arrivera jamais à ces écoles, et surtout qu’on en fait de moins en moins pour les y amener, au prétexte que seul le mérite serait source de réussite.

Pour avoir à la fois côtoyé des copains en grosse galère et donné des cours à des petits Neuilléens hyper-privilégiés, je peux dire qu’il y a pas plus gros mensonge.