Notre jour de gloire...

Bonjour,

On ne va pas passer du temps à échanger particulièrement sur ce vol.

1/ La voile était entièrement gonflée, mais pas encore en pression car la pente de décollage était de l’ordre de finesse 4 seulement, ce qui empêchait tout décollage avant la cassure (qui se trouvait peut-être à 5 m au lieu de 3 m comme je l’ai écrit ?) ; je me souviens que c’était vraiment très, très court.
Elle a juste fini de se mettre en pression dans la seconde qui a suivi la cassure.

2/ Il est clair que ce vol est de loin le plus “engagé” que j’ai vécu dans ma vie, mais j’étais bien pris en charge sur le plan de l’assistance et de la sécurité au déco.

3/ Il y a bien eu des photos prises par un ami, mais nous n’avions pas d’appareil numérique à l’époque (c’était en juin 2000, il y a donc plus de 15 ans), alors pour retrouver les négatifs ? :grat:

Bon je crois que l’on peut arrêter de parler de ce vol.
Ce fut effectivement un grand moment et une émotion très particulière dans ma vie de pilote :pouce:

:trinq:

Marc

Ah ouais, d’accord. Vraiment petit joueur le Marc :wink:
Même avec un tel encadrement, je pense que je me ch… dessus :banane:
En tout cas, la course pour elle-même ou le vol pour lui-même, me font rêver.
Allez, n’en parlons plus :mrgreen:

Pour répondre à ta question j’avoue que j’étais impressionné par un ami, deltiste confirmé, qui faisait Aspres Briançon quand les conditions étaient propices. Mais un parapente n’est pas un delta et la force de la brise m’a fait vite renoncer à ce projet et poser avant de me retrouver en situation délicate. Il eut été plus habile d’aller vers Dormillouse et de continuer vers le sud si cela était possible. J’ai revolé au Colombis mais je n’ai jamais refait un tel gain là-bas… Sacré journée.

Allez je me lance ,ca fera vivre le fil et me refera vivre un vol sympath!

Plus qu’un jour de gloire :UN SUPER COUP DE BOL
Le 19 août 2003 Journée mémorable partout dans les Alpes.
Décidons avec un copain de décoller des Plagnes à Allevard (2100 m) vers 15h
Prévision météo locale par tel à cette époque: très léger Nord et forte instabilité au dessus de l’inversion, thermiques bleus ,Isotherme 5000 m :Journée atomique en vue!
Objectif essayer cheminer vers Chamrousse et pourquoi pas en rêvant un peu revenir!
Un peu travers droit au déco et bien alimenté .Thermique généreux dès la sortie de déco ,2700 m à l’aplomb du grand charnier 15 minutes plus tard avec un léger nord ouest à cette altitude .
Tout va bien,cap sur les Sept laux .Et là je perd tout le gaz gagné et me prépare déjà à trouver un atterro vers Fond de France. J’ai un peu les boules, j’ai même pas vu mon pote décoller .
J’ai repéré où atterrir, mais comme j’ai pas mal de marge en hauteur je décide de pousser un peu en fond de vallée car le sens de la brise soutenue à mon altitude et la topographie laissent présager du dynamique.Et là Bingo je suis catapulté à 3300 m au dessus des lacs des sept Laux. Je continue au dessus des sommets vers Chamrousse que je dépasse en me décalant avec un Thermique qui me hisse pour la 1ere fois de ma vie à 3500 m.
J’ai déjà dépassé mes espérances et je sais que j’ai un peu de gaz pour un début de retour mais je ne vole que depuis 1h 40 et j’ai envie de prolonger le plus ce vol .
Je n’ai jamais été aussi haut ,jamais rencontré des thermiques aussi larges et fréquents . Sur le début du retour je fais un plaf à 3600 m au dessus de ce que je sais être maintenant( je ne le savais pas à l’époque)le Gd pic de Belledonne.
J’aperçois devant moi au loin les aiguilles d’Arves et sur ma droite vers le sud les Ecrins tout proches .
Je me dis que c’est l’occasion et je file vers le sud ,survolant l’ Alpe d’Huez , les Deux alpes , avec des points« bas» hallucinants 2700m! plusieurs plafs à plus de 4000 ! le max à 4150 ( alti non étalonné ).Vers la fin un point bas à 1800m que je n’ai jamais réussi à localiser .2 h30 plus tard j’aperçois enfin un grand lac que je reconnais sans oser y croire:Serre-Ponçon .Je suis encore à 1800 m à l’aplomb du lac
Ca fait plus de 4 heures 30 que je vole .Je traverse le lac une première fois en observant les voiliers et le sens du vent.Ca me donne le temps de choisir mon attérro sur la rive nord à un endroit bien axé par rapport au vent établit sur le lac (plusieurs possibilités de finale) .
J’atterris à 19 h45 Baie st Michel . C’est le barman de la buvette qui me l’indiquera et me prêtera une carte car je visualise assez mal le trajet exact que j’ai fait, mais environ 120 bornes à la louche car pas de GPS .J’ai explosé mon record qui était de 80 bornes et mon plaf(Jamais monté aussi haut depuis)
J’ai des messages de mon pote qui a été moins chanceux que moi mais qui a récupéré sa bagnole a Super Collet,qui est déjà vers Chamrousse et qui attend de mes nouvelles.
Je le joins et nous convenons de converger ,l’un vers l’autre .
Deux bières plus tard je tends le pouce en direction de Gap .Et comme c’est la journée ,au bout d’une minute une camionnette s’arrête avec 4 joyeux Rastas(dont une jolie rastate )qui me proposent de m’amener jusqu’à Gap avec un petit stop «baignade rivière» sur le chemin et « calumet de la paix» included !
Je retrouve mon pote descendu jusqu’à Gap, content pour moi, mais un peu frustré.
Il sera récompensé rapidement car il fera quasiment le même vol le lendemain même,en plongeant plus tôt au sud(vers les sept Laux) avec à peu près les mêmes conditions .Il atterrira près d’Embrun et c’est moi qui ferai la navette).
Ces deux jours là 19 et 20 août 2003 une bonne dizaine de pilotes atterriront au Mont Blanc , plein d’autres exploseront aussi leurs records. Fallait juste être là au bon moment au bon endroit!
Ma voile était une sport 1 EN B Finesse 8 , celle de mon pote une Aspen 1 je crois EN C Finesse 8,5.

Mes plus beaux cross ont souvent été d’heureux concours de circonstances plus que de savants calculs car je suis Parisien, et donc pas tjs sur place au bon moment.Je suis un peu jaloux quand je lis les traces des crosseurs furieux de mon club «Les indiens de Montlambert» mais je sais qu’il y aura d’autres opportunités à saisir !

Sûrement l’incendie du Néron (qui a brûlé pratiquement tout le mois d’août 2003 au-dessus de Grenoble) qui t’a fait un effet montgolfier :wink:

[quote] …
Deux bières plus tard je tends le pouce en direction de Gap .Et comme c’est la journée ,au bout d’une minute une camionnette s’arrête avec 4 joyeux Rastas(dont une jolie rastate )qui me proposent de m’amener jusqu’à Gap avec un petit stop «baignade rivière» sur le chemin et « calumet de la paix» included !

[/quote]
Ah c’était vraiment la totale :bravo:
Bravo en tout cas :slight_smile:

Encore, encore des récits qui font rêver :ppte:

C’est le but!!!
mais mon salaud tu as mis la barre (ou le plafond!) très haut!

les autres ne vous censurez pas si vous n’avez pas atteint ces sommets …
sinon il ne nous restera que les veinards qui ont posé au Mt Blanc

Allez, je me lance : j’ai la crève, çà fait une semaine que j’ai pas volé et vos récits m’ont fait du bien !
Petite précision d’abord : j’ai décidé de me mettre au parapente un jour où, déboulant au sommet du Mont Blanc, j’ai vu un gars décoller sous mes yeux ahuris ; tout au long de l’interminable descente, je me suis juré de ne plus jamais redescendre à pieds !
En septembre 2011, cela fait 3 ans que je vole et j’ai déjà décollé de quelques beaux sommets des Ecrins. A l’affut en ce bel automne, je guette les créneaux de vent faible à 5000 : en début de semaine, il me semble que quelque-chose est possible pour le WE suivant. Petit hic, je n’ai pas été en montagne depuis quelque temps et ne suis pas sûr d’être encore assez acclimaté pour être à l’aise et lucide à presque 5000m ; autre soucis, même si j’ai la chance de ne pas bosser le lundi, je ne suis pas dispo le dimanche.
La prévision se confirmant, je décide de régler le premier hic en montant me tester au Pelvoux le samedi. Je débauche mon ami Pierrick, et tard le vendredi soir, nous rejoignons le refuge désert à cette époque. La montée par le Coolidge le lendemain et le vol au dessus du glacier des Violettes sont de première classe, sauf pour Pierrick qui a oublié sa sellette et à qui je bricole un semblant de harnais avec son baudrier et quelques sangles… “c’est toujours mieux que de redescendre à pieds” est le seul argument que je peux lui présenter pour supporter cette solution désagréable.
A 10h30, posés au camping d’Ailefroide, on savoure notre bon coup, mais j’ai déjà la tête ailleurs : comment profiter du beau créneau qui semble se dessiner lundi matin, en sachant que je suis retenu jusqu’à 17h dans les Hautes Alpes le dimanche ? La seule réponse qui me vient à l’esprit et que je considère au premier abord comme complètement farfelue, fait finalement son chemin pour doucement s’installer comme un joli coup à tenter : marcher toute la nuit pour être au sommet au petit jour et essayer de décoller, en me laissant la journée pour redescendre si cela ne le fait pas. Seule véritable question, mais de taille, suis-je capable de supporter les 4000m de D+ que sous-entendent cette belle idée ? J’ai déjà au maximum fait 2400m, mais en montée descente, et je supporte assez bien les efforts longs en montagne, donc, çà devrait être possible ; de toute façon, les décos intermédiaires ne manquent pas !
Le dimanche 25 septembre en fin d’après-midi, après une dernière vérif’ de la météo, je quitte les Hautes Alpes à 17h. A 20h45, je suis à pieds d’œuvre à la gare de Saint Gervais, mon sac sur le dos avec dedans une petite sellette, ma spiruline 18, une paire de crampons, des habits et des vivres solides et liquides. Avec ma frontale et mes bâtons de marche, je me sens bien petit quand je commence à marcher le long des rails à 800m d’altitude, et que j’imagine tout ce qui m’attend ! Pour ne pas désespérer sur ce long chemin, je décompose en petits tronçons connus et prends mon mal en patience…
22h45 : Col de la Voza (1650m), 23h45 : Col du Mont Lachat (2050m), 0h15 : Nid d’Aigle (2370m) où j’avale mon premier sandwich, 2h : Tête Rousse (3100m), 4h : petite pause au refuge du Goûter (3800m) pour me sustenter et m‘habiller, 6h Dôme du Goûter (4300m).
A 8h30, je suis au sommet, seul en cette journée magnifique. Comme prévu, il y a un léger Nord-Est : tout est si parfait que je peine à croire que je ne suis pas en train de rêver ! A 9h, après un premier déco raté, je m’envole définitivement vers la vallée pour poser au Fayet une demi-heure plus tard en ayant eu tout loisir de contempler les efforts de ma longue nuit.
Un peu plus tard, au café de la Gare de Saint Gervais, juste un peu plus de 12h après mon départ, j’ai encore du mal à réaliser la magie de ce qui vient de se passer : merci infiniment la Vie pour nous permettre de tels bonheurs en montagne.

4000 m D+ de nuit, et un beau vol au matin pour s’épargner les 4000 m D-… la classe :pouce:

Alors là :bravo:

Un truc de dingue! 4000m d’un coup, seul, de nuit! ya pas de mots… :bravo: :bravo: :bravo:
Moi aussi j’ai décidé de passer au parapente (en 89, après arrêt du delta) médusé de voir décoller sans pb du Mt Blanc un gars sympa qui me disait que c’était pas difficile. Je m’étais aussi promis de faire ce “vol des vols” ! et c’est pas fait… et probablement enterré à jamais, comme tant de rêves…
(en tout cas jamais comme toi pour l’ascension, très très très loin du niveau nécessaire -même au meilleur de ma forme d’antan)

Les autres, futurs contributeurs, faites nous aussi rêver avec des aventures moins héroïques, qu’on puisse imaginer vivre nous mêmes

Merci pour vos messages ; et pour ceux qui aiment ce genre de balades, je vous renvoie ici :
http://mytrip.expemag.com/carnet/55ec7b99e4b0e77a20240300/0/du-triglav-a-la-mer-3500-bornes-sans-carbone-ni-nucleaire-1
55 jours de balades dans les Alpes pour découvrir de nouvelles montagnes d’où voler.
Bonne lecture

Déjà vu. Magnifique voyage :bravo: