Allez, j’y vais de ma petite anecdote…
Je ne pensais pas nécessairement la raconter, mais puisqu’on est entre nous et que le sujet est à l’ordre du jour, j’me lance.
Ce jour-là, un beau dimanche de l’été dernier, ma chérie avait décidé pour la première fois de m’accompagner au déco, histoire de profiter de la vue, la Gruyère est si belle sous le soleil.
Comme les voiles étaient nombreuses, on se pose une quinzaine de minutes dans l’herbe pour regarder tout le monde décoller. J’en profite pour checker mon secours, tout est bien en place, ok ça c’est fait ; )
Je déploie mon aile, démêle mes suspentes, tralala etc…
Quelques instants plus tard, mon cher ange me hèle, m’offrant gracieusement de m’apporter la sellette laissée à ses côtés, la soulevant même un peu pour me faire part visuellement de ses bonnes intentions.
Moi, fort et galant (voire fort galant) lui signale que non c’est gentil mais je viendrai la chercher moi-même, et profiterai de l’occasion pour cueillir sur ses lèvres le baiser du héros prêt à s’élancer dans l’azur infini.
Je récupère la sellette (préalablement estampillée “tout nickel” lors de ma vérification d’il y a 25 minutes), dépose le dit bisou à l’emplacement idoine, et file m’accrocher à mes élévateurs, le regard concentré du commandant de bord de A380 vissé aux mirettes, me chantant la musique de Top Gun dans la tête, bref : la maîtrise totaaaale. Lol !
Je fais ma prévol, sans revenir sur la fixation du secours qui est je le rappelle « tout nickel », et, après les au-revoir d’usage, fais deux pas en avant pour monter ma voile, encore sur la partie plate du déco. Tout se passe bien, je débute ma course d’élan… et là, aux deux derniers pas avant de partir en glisse au-dessus de la cassure de pente, je sens des bouts de ficelles venir me chatouiller les mollets. Aglaglaaaaa !! Mon secours se barre !!
Trop tard pour interrompre… ou disons plutôt que j’ai manqué de réflexe. A mon grand regret, prisonnier des automatismes.
J’ai remarqué rétrospectivement (on est toujours plus malin après) que lorsqu’on a en tête le déroulement du déco, il est loin d’être évident d’interrompre cette dynamique, sauf si la voile part aux fraises et que là de toute évidence on ne vole plus… Lesson learned ! La prévol se fait intégralement juste avant de, quoi déjà ? Ouiiii : de voler, tout juste !
Coup de bol, le pod était encore plié et pas complètement sorti de son emplacement dans la sellette. Du coup je me suis fait un vol balistique, les mollets repliés sous les fesses, tenant mon destin entre les talons. Inutile de vous dire que toute tentative de replacer manuellement le pod dans la sellette fut inopérante.
Je me pose sans avoir vraiment eu le temps d’avoir peur, car trop concentré sur le maintien fermé de mon secours pendouillant. Sitôt le sol atteint, l’ensemble se déploie comme l’a prévu le concepteur et traînasse derrière moi comme une grosse hémorragie textile sous le regard mi-amusé mi-effaré des pilotes présents à l’atterro.
Ma chérie arrive peu après, elle a pris une cabine pour redescendre, et me demande toute inquiète ce qui s’est passé. Je lui explique les détails de mes huit minutes de bonheur… et c’est là qu’elle a ce courage admirable que je ne suis pas persuadé d’avoir eu à sa place, et me dit :
«Euh… c’est possible que j’aie un peu soulevé ton siège par la grosse poignée rouge tout à l’heure… ».
Moralité : inscrivez-vous à des cours de yoga-zen, on ne sait jamais quand on en aura besoin ; )