Mmmouais…
Un vol rando en moyenne montagne peut s’improviser quand on se lève et que le ciel est engageant. Il n’y a que du sentier et marquer un but reste toujours possible mais c’est assez rare, et quand on met un but la descente à pied sur sentier est débonnaire.
Un vol en haute montagne, c’est très différent.
Quand il y a une remontée mécanique, le but est seulement onéreux. Quand c’est du paralpinisme, on se retrouve simplement dans les conditions de jadis, avant l’invention du parapente, et on fait comme les alpinistes lambda.
Voler en haute montagne est un plus bien agréable après une course, cela évite les longues descentes parfois dangereuses.
J’étais seule à l’Aiguille du Midi en septembre dernier. Le 1er vol avec montée par la 2ème benne avait été un vrai régal, il n’y avait pas un pet de vent et j’avais décollé en sud en dos voile, dans une toute petite brise de rien du tout. Quand je suis remontée pour faire un 2ème vol, il n’était que 10h30 et je pouvais être optimiste, mais… il n’y avait pas d’autre parapentiste dans la benne, personne sur l’arête, très raide avec des marches taillées dans la glace, personne au déco, et en descendant j’ai senti qu’un petit vent du nord s’était levé, juste assez fort pour générer des doutes.
Décoller en sud est relativement simple, même quand il y a de l’air, mais en nord c’est très engagé, avec un “trou” de 1300m dès qu’on a quitté le sol, et on n’a que 5 pas pour décoller. C’est simple avec 15km/h de vent mais avec 25 - voire un peu plus - cela invite à réfléchir.
J’ai attendu 1/2h et le vent ne fit que se renforcer. Il n’y avait pas une seule voile en l’air à Planpraz, de l’autre côté de la vallée, et j’ai quand même fait un petit calcul mental pour déterminer l’équivalence entre 25km/h à 3700m et ce que cela ferait aux Frêtes à 1600m.
Bof…
M’est alors revenu en mémoire un matin d’octobre 2007 sur la Tournette. J’étais seule et encore débutante, j’avais pris le risque d’y aller et cela avait fini dans l’EC145 de la Sécurité Civile, avec un genou en miettes. Prendre un risque sur un déco en herbe est une chose, le prendre en haute montagne sur un déco court en est une autre.
S’il y avait eu d’autres pilotes au déco, cela aurait été différent pour le mental mais pas en ce qui concerne la suite de l’aventure.
Le but était marqué.
Ce fut une remontée à l’Aiguille, j’ai peiné sur l’arête tant les marches étaient hautes et je suis descendue au Plan, pour voir si je pouvais décoller.
Le déco du Plan de l’Aiguille est dans un venturi, il y avait un sacré zef et toujours personne en l’air, le 2ème but était marqué.
Retour à Chamonix puis à Planfait. J’ai volé l’après-midi pour sécher ma voile, mouillée le matin par la rosée à l’atterro de Chamonix.
Si j’avais pu faire une préparation météo la veille, j’aurais su que le vent allait se lever dans la matinée et je serais allée aux Frêtes, mais sans accès au web depuis ma caravane j’avais tenté le coup, rendue optimiste par un ciel bien étoilé à 5h avant le lever du jour.
4 autres pilotes - des locaux dont un biplaceur - étaient là lors du 1er vol, eux savaient sans doute que voler ne serait plus possible plus tard.
Râââhhh… vivement le printemps !