14 personnes disparues sans compter les accidents... depuis janvier 2017 c'est

En étant plus récent dans l’activité, 5 ans, lire le forum fait peur à lire tous ces accidents, ces tentatives pour décortiquer les incidents et tenter de rationaliser en fouillant la faille qui permet de se rassurer. Comme le dit flying koala, difficile d’estimer auparavant le risque de la journée. Quand on commence à vouloir crosser et partir au début de la journée thermique, c’est aussi si les conditions sont jugées trop fortes, aller se poser sur des terrains qui déclenchent sans brise… Difficile dans sa progression de ne pas être happé par les “exploits”. Même nos compétiteurs moniteurs se plaisent parfois à décrire des conditions dantesques sous orages, à gratter, bourriner full barreau (voir l’interview de notre champion du Monde Français), voler de nuit, banaliser la X-Alps… Cette émulation où on cherche la vidéo du nouveau truc toujours plus fou qui finit par banaliser les vidéos précédentes déjà engagées est une fausse vitrine. Je trouve le collectif plus nocif, il n’y a qu’à voir le nombre de voiles en ce moment à Annecy quand il y a du Foehn ou des couvertures nuageuses qui masquent des congestus ou très rafaleuses. Le collectif aide rarement à se donner une bonne estimation de son niveau, notre passion est trop égoïste et individuelle.
Comme le dit 777, c’est le cycle permanent des initiés qui arrêtent de suite, de ceux qui se brûleront les ailes et de ceux qui persévèrent, sûrement avec de fréquentes remises en question, surtout en lisant le forum. Cette lecture me fait souvent peur et pourtant je continue, jusqu’à quand ? La sagesse m’incite à être moins bouffeur de vols et d’heures, faire comme un membre le disait, des cross en partant après 16h ou des vols rando. Ou prendre des marges et éviter les jours où il faut gratter. Mais pas simple cette passion !
Fly Safe…

OULA! bof…
Le niveau de pilotage c’est surtout la capacité à empêcher les incidents de vol. La gestion aussi (une fois en vrac), mais ça vient en second plan… non?

Beaucoup de remarques intéressantes.
Pour l’adaptation de la pratique de vol, j’ai un peu l’impression qu’elle doit être constante, avec des palier plus ou moins net, c’est ce que d’autres appèleraient l’experience non ?
De mon coté, j’ai aussi bien changé ma façon de voler après une cartouche il y a quelques années, heureusement sans bobos, mais qui m’a tristement rappeler mes folles années ski et mes cartons. Les rafistolages des os avec de la ferraille ne sont jamais souhaitable et si je pouvais en éviter d’autres…

Question prévention, j’ai 2 ou 3 exemples de pratiques pour lesquelles je n’ai pas reçu (ou le message n’est pas arrivé jusqu’à mon cerveau) assez d’avertissement :

  • La repose au sommet. J’ai pris ma gamelle en reposant au sommet et c’est incroyable autour de chez nous le nombre de cartons dans cette phase. Je suis certain aujourd’hui que les messages d’alerte que j’ai reçu des écoles et des autres pilotes autour de moi ne sont pas à la hauteur du risque encouru. Sauf exception et site bien particulier, je ne repose plus en haut…
  • Le sauvetage de point bas. Ya pas longtemps je discute avec un bon pote jeune papa qui me disait “je fais vachement plus gaffe”, en cross à moins de 50m sol je vais poser, je cherche plus à monter. En y repensent un peu, je me rends compte que je fais la meme chose et de plus en plus…

Enfin, ce que je trouve de plus pervers c’est l’émulation général vers la perf. C’est pervers car c’est grisant et on a tous tendance à se prendre au jeu. Nous avons, comme beaucoup je penses notre “coupe locale de distance” et c’est incroyable comment ce mini challenge local, sans rien à gagner peu pousser à partir en cross dans des conditions fortes, sauver un point bas pour gagner 2/3 points de plus, reposer au déco pour attendre le “bon” cycle suivant etc…
Ca c’est le constat…Sur ce point, je n’ai pas trop de propositions…Limiter l’accès à cette coupe locale en fonction du niveau ?? La supprimer complètement ?? Aucune n’est acceptable à mon sens…

Oui effectivement et le discours de nos élites n’aide pas , “tant que tu ne touches pas le pied au sol tu es encore en l’air” , cela a pour conséquence que des pilotes débutants en cross fassent leur choix et prise de terrain à moins de 50m/sol :affraid: . Je n’ai trouvé aucun discours à leur opposer efficace, pour ces personnes qui recherchent la performance seul l’avis d’un très bon est valable ( ce que je ne suis pas).

Pourtant quand on regarde les traces de ces mêmes élites ont voit souvent de belle prise de terrain et posé près d’un carrefour en fin de parcours.

ça dépend aussi de ce qui est en dessous :wink:
mais en général, on parle pas assez de cône de sécurité

la “perversité” s’arretera net quand on aura la liste claire des accidents associés.
tout le monde sera face au constat simple que “le jeu n’en vaut pas la chandelle”.
on n’en est pas encore là, et on ne peut pas dire que l’elite donne le bon exemple : http://www.parapentiste.info/forum/competition/pwc-coupe-du-monde-coeur-de-savoie-du-20-au-27-mai-2017-t46693.0.html;msg598968#msg598968 :frowning:

mais ca arrive progressivement.
et pour mesurer deja le chemin parcouru, faut voir par exemple, où on en était y a 5 ans : http://www.parapentiste.info/forum/incidents-accidents-de-parapente/compil-daccidents-mortels-t26223.0.html
biroute

Oui Wowo, je suis ambigu, nous sommes ambigus car comme tu le résumes parfaitement, il y a ce que l’on sait (le parapente comporte certains risques), il y a ce que l’on apprend (le parapente peut être dangereux), il y a ce que l’on dit (la plupart des sources d’accidents viennent d’une erreur humaine au départ, dont l’analyse aérologique) et ce que l’on fait (les conseils sont pour les autres, je suis prudent) et enfin ce que l’on en conclut (ce n’est pas ma faute, c’est la météo, le matériel, la malchance).
On a ces 4 attitudes ambiguës (enfin il y a peut-être plus de schémas) qui fait qu’un pilote confirmé avec des heures d’expérience va au carton (ce que disent les statistiques). C’est rarement un débutant qui va plutôt se faire une cheville ou un genou, parce qu’à un moment donné on a glissé de l’appréhension (notre premier grand vol) à, une habitude croissante du danger et de la réduction des marges de sécurité.
Comme tu le dis, j’en suis peut-être l’exemple le plus frappant (mais nombre de parapentistes m’ont dit qu’ils avaient fait pire / vécu pire mais qu’ils ne le disaient jamais, encore moins sur un forum - personnellement, cela m’a aidé à me (dé)construire et reconstruire, vous m’avez aidé à me montrer mes limites; si je n’en n’avais pas parlé, je serais resté dans mon coin et aurait cru que cela faisait partie de l’apprentissage normal et je serais peut-être dans une boîte en sapin comme on me l’avait prédit - je ferme la parenthèse).
En regardant ces statistiques effarantes, en sachant que certains amis se sont fait très mal (j’ai encore cité l’exemple de Thomas B hier soir à des plus jeunes parapentistes; Thomas B représente l’archétype du parapentiste prudent qui y va pas à pas, du talent qu’il travaille avec précaution et discernement, qui arrive à un fort honnête niveau de compétences d’analyse et de pilotage et qu’un dust à Saint André mettra à terre. :coucou: Thomas si tu me lis, mais oui, c’est toi qui a commencé à déclencher en moi ce travail interne de réflexion sur ma pratique., sur les marges, sur la préciosité de la vie par rapport à une activité que l’on peut rendre dangereuse. Puis les accidents de Sébastien, de Jean-Paul, de Galopin, bref, autant d’éléments négatifs qui ont continué à ancrer en moi cette peur bénéfique pour la réflexion (pas pour le pilotage…) et les disparitions au Criou de deux parapentistes. Tout cela a fini de me mettre du plomb dans la tête au point que j’analyse plus, je renonce plus souvent, je réfléchis plus, je gamberge plus aussi. Tout ce que j’avais vécu auparavant et dont j’avais témoigné sur le forum, n’étaient pas des faits d’armes, n’étaient pas des histoires pour me transformer en zéro / héros, non je pense qu’inconsciemment j’avais besoin d’en parler pour apprendre que je n’étais rien et encore moins invincible. Mais bizarrement, ce n’est pas ma douleur personnelle qui m’a changé c’est ce qui est arrivé à des personnes proches sur des lieux familiers qui font que je suis devenu plus raisonnable.
Il y a aussi cette soif (Wowo disait boulimie) de vols qui ne m’a pas quitté mais qui est devenue plus saine, car je sais désormais ce qu’est un très beau vol et un vol qui peut très mal finir. Maintenant je sais dire “non, ça ne vaut pas le coup” ou “je vais poser, c’est bon, je n’ai rien à (me) prouver” (je viens de la moto).
Si l’on en revient à cette accidentologie et ces disparitions de pilotes plus confirmés que débutants, il me semble à travers le prisme de mes expériences, que l’on acquiert de l’expérience, on vole dans plein d’endroits différents et on change de voile pour des performances plus élevées. Pour plusieurs raisons ps toujours avouées du débutant qui sort d’école au quidam qui veut se faire plaisir.
Hélas on le sait, l’aérologie est essentielle et le placement dans la masse d’air primordiale. J’en discutais également hier soir avec un pote, Jean d’une cinquantaine d’années qui a fait une frontale vers Dormillouse avec son Artik 4 dans une combe où il cherchait un thermique, était passé 10 fois sans rien trouver et à la 11ème, il n’a rien vu venir, c’est l’arbre qui lui a sauvé la vie, sinon c’était la paroi. :affraid:
On est tous victimes de notre comportement et de notre croyance en la chance ou bonne étoile, talent ou capacités; pour repousser nos limites. Mais à un moment donné les SIV, les conseils, les heureux sketches, les nombreuses heures peuvent ne plus suffire et ça tombe au mauvais endroit, au mauvais moment. Alors on parle de malchance sachant que l’on a pu rehausser inconsciemment la prise de risque et glisser, Paul dit “dériver” vers un comportement accidentogène.
Un débutant s’il se prend un cisaillement sur une A va se faire peur, mais une fois au sol, et une fois qu’on lui aura expliqué va parler de cet “exploit”. Un peu plus tard, ce même jeune pilote va passer à une B, va peut-être faire un SIV (ou pas) croyant qu’il aura les réflexes adéquats. Une fermeture, un petit sketch, résorbés et hop, il continue à croire que son talent y est pour quelque chose dans ses sauvetages, puis il passe en C, fait des cross respectables, a des sketches ou pas d’ailleurs et finalement se construit cette affirmation de soi comme “bon pilote” jusqu’au jour où. Si on ajoute à cela Fraclo et Rangifer, à savoir les avertissements sans frais ou les vidéos internet et la cfd et l’inconscience collective, on peut par dérive effectivement arriver au drame irrémédiable. A nous de savoir décoder ces avertissements, ne pas les reproduire mais voler dans ce que l’on aurait accepté. Savoir qui l’on est vraiment et pourquoi on vole.
On a tous en tête ce jeune piou-piou de 30 vols qui a posé au Mont Blanc en août 2012, en compagnie de 150 autres PILOTES, on a tous en tête ces merveilleuses vidéos de Stéphane Boulenger décortiquant le tour du Mont Blanc ou de Chrigel Maurer décollant à la X-Pyr en 2015 en reculant twisté etc etc…
Cette proximité d’exploits retentissants nous rend plus sûrs de nous-mêmes. Le cerveau plus notre imaginaire fabrique cette capacité à vouloir reproduire / imiter et à rendre banal ces hauts faits. Si en plus on en rêve…
Quand en plus les essais magazines, les déclarations commerciales des marques nous vendent LA voile encore plus sûre et encore plus performante,assorties de “notre pilote a fait 250 km avec une B”, comment ne pas céder à la tentation collective, à l’imaginaire délirant de croire que oui NOUS en sommes capables. Sur la papier, car reste la grande inconnue : l’aérologie. Face à notre “niveau” (celui qu’on croit avoir).
Je reviens sur l’accident du jeune crosseur au Criou, oui il a bouclé avec 4 de ses potes sur 7, les 3 autres ayant vaché. Euphorie, croyance d’avoir passé une étape un “level” (nous l’avons tous eu cette croyance en bouclant notre premier cross, seul ou pas). Il meurt car il a oublié l’essentiel ce qu’il savait (ne pas se mettre sous le vent). Pourquoi oublié ? Parce qu’il me semble qu’à un moment donné quand on franchit des étapes, quand on franchit des distances de plus en plus grandes, ce n’est pas que grâce à notre talent, ou notre bonne voile, c’est grâce à la conjonction de facteurs favorables comme une aérologie saine, des conditions et placement optimum trouvées par le moniteur (dans ce cas précis) il n’y a qu’à suivre. Mais si en fin de journée, les thermiques sont plus faibles ou la masse d’air moins généreuse et si on veut absolument boucler, passer ce col pour le glide final, aller à sa voiture, on prend des risques inutiles que l’on croit calculés, on réduit les marges et on en vient à faire des choses qu’il ne faut pas faire par manque d’analyse, de lucidité.
Je suppose que dans tous les accidents mortels il y a à un moment donné une erreur d’appréciation fatale mais qui est la conséquence de tout ce dont on croit être capable; parce que c’est passé 10 fois, parce que quelqu’un y est passé 10 secondes avant, parce qu’on a déjà vécu ce genre de possibilités. On essaie de donner à cette masse d’air invisible, à cette voile des caractéristiques humaines (elle est saine, douce, elle est gentille…) sur une statistique personnelle. Or en statistique, il y a toujours le 1% qu’on ne pourra jamais maîtriser.
Ainsi, notre infortuné pilote (voyez on parle de fortune / infortune, chance/ malchance) ne survivra pas car il a une image globale presque exacte de son pilotage, capacités, sachant qu’il y a toujours une part extrême d’incertitude sur ce que la masse d’air ignore. On essaie de transformer l’aléatoire en donné domptée.
Les acrobates le savent bien; ils peuvent passer 9 tumblings, il vont foirer le dixième sauf qu’ils sont haut au-dessus du relief. les crosseurs eux vont s’en approcher de ce foutu relief et de ce sol dur dont parle Laurent, pour des raisons qui leur appartiennent mais qui un jour leur seront fatales.
Je ne crois pas que le matériel puisse nous garantir quoi que ce soit. Certes les progrès sauveront des vies mais en perdront car on se sentir plus invulnérables et on se mettra dans des situations encore plus moisies (“mon aile ne ferme jamais” ou mieux “je n’ai jamais fermé une seule fois”. Finalement, vaut mieux fermer de temps en temps pour se remettre dans le bon état d’esprit… celle de l’humilité face à la nature imprévisible).
Personne ne peut prévoir la nature et ses phénomènes sinon on serait quoi, des aigles ? et encore une récente vidéo a montré qu’un aigle pouvait aussi subir des petites fermetures…
Oui la devise d’un forumiste est devenu mienne “voler n’est pas anodin” et j’ajouterais qu’ “un bon pilote doit se préparer à l’imprévisible”

Pour savoir vraiment ce qu’il y a en dessous il faut faire une prise de terrain et une cheville cassée au milieu de nul part n’aura pas les mêmes conséquences qu’au bord d’une route.
Je ne suis pas d’accord avec le discours “en plaine en s’en fout de la prise de terrain on peut poser partout”.
Il suffirait de mettre du verre dans les sellettes des apprentis crosseurs pour constater qu’il y a souvent un problème avec le posé.

Pourquoi évacuiez-vous le problème MTO ?
Si il y a une chose que tous les pilotes s’accordent à dire c’est que cette année est différente des autres … et vraiment pourrie.

Pourquoi ne pas imaginer une corrélation ?

Certaines années sont particulièrement fortes aérologiquement. Cette année si la météo y est pour quelque chose, c’est parce que par manque de vols, les pilotes forcent les créneaux volables. Mais on ne peut pas dire que c’est une année puissante.
A+
L

surement parce que tous les ans on sait bien que … “tous les pilotes s’accordent” elle est differente :wink:
et que meme “pas pourrie” elle génère son lot de drame …
http://www.parapentiste.info/forum/incidents-accidents-de-parapente/accidentologie-2016-t43668.0.html
http://www.parapentiste.info/forum/incidents-accidents-de-parapente/sans-nouvelle-mont-blanc-1er-juillet-t40515.0.html;msg514025#msg514025
etc …

pour eviter de tourner en rond, toujours la meme adressse, les fichiers excel sont en bas de la page :
http://federation.ffvl.fr/pages/d-clarations-d-accidents
biroute

C’est peut-être tout simplement là qu’il faut chercher.
Plus que de vouloir faire du record, les gars veulent juste voler à tout prix. Même si le créneau est limite.

Laurent, ta remarque est intéressante… En poussant un peu plus loin, je pense que le principal frein pour intégrer une partie de l’expérience des autres est la trahison du langage!

On nous dit : garde des marges au relief par exemple. Eh bien, nous sommes tous intimement persuadés de la faire!

Cela dit, sur le même site et dans la même situation aérologique, deux pilotes avec la même sentiment de sécurité voleront l’un à 5m de la falaise et l’autre à 30m… Ils auront intégré la même consigne avec leur référentiel propre d’expériences, d’appréhension et de confiance…

Pour harmoniser notre référentiel du risque et s’approcher d’un conscensus, peut-être serait-il intéressant de débriefer et d’échanger sur des vols vécus en formation serrée ou en biplace? Type OK pour ton option de franchissement de cette crête mais à mon avis vu l’orientation du vent aujourd’hui, tu étais trop bas d’une vingtaine de mètres pour telle ou telle raison…

Ne penses-tu pas que ce type de démarche permettrait de limiter les écarts d’interprétation des discours que nous recevons tous et que nous pensons sincèrement avoir intégrés?

FK

Complètement d’accord avec ça
Il est aussi la le fond du problème : Le parapente est une activité très addictive et comme toutes les addictions peut mener au pire par manque de discernement.

On constate en fait les mêmes choses l’hiver à ski. Plus les années sont pourries, plus il y’a des accidents mortels dans les quelques périodes où il y’a un peu de poudre. Le déficit de neige et les températures trop élevées en début d’hiver rendent instables le manteau neigeux toute la saison. Mais les skieurs sont morts de faim et dès qu’il y a une chute de 50cm de neige, malgré les conseils de prudence de tous les professionnels du milieu, c’est une succession de cartons.
On retrouve la même chose sur des saisons moisies en parapente, où les mecs tentent de crosser malgré des flux de vent important, des conditions préorageuses…

Il y’a beaucoup de messages intéressant sur le fil.

Pour revenir sur le profil des pilotes. Cela fait maintenant depuis 2009 que je vole. Les premières années je dirais que j’ai vu finalement peu de cartons autour de moi ou alors lointain. Au début en fait, ceux qui cartonnent en sortie d’initiation, sont malheureusement souvent des gens qui n’ont rien à faire en parapente. Soit car ils pilotent avec leurs pieds, soit parce qu’ils sont clairement inconscient du milieu dans lequel ils évoluent. C’est un peu comme le pote qui passe le permis et plante une bagnole par mois (j’en ai connu un comme ça…).
En général la gravité rattrape vite ces gens là et ils abandonnent après quelques stages, vols et accidents plus ou moins grave. On les revoit plus jamais sous un parapente. Ce sont ces gens qu’on croise et qui te racontent qu’ils ont fait du parapente, se sont cassé la jambe et on décidé que c’était pas pour eux !

Puis j’ai commencé à rencontrer des vrais copains de parapente, dans les clubs. Des mecs qui volent depuis plusieurs années, certains depuis des lustres avec un niveau régulier, d’autres depuis 2/3 ans, mais très acharnés et très bons pilotes, avec un touché de voile impressionnant et une capacité d’engagement assez forte.

Si je regarde un peu autour de moi, j’ai peut être un réseau de 100 parapentistes proches, avec qui j’ai volé, je vole encore ou que j’ai croisé à un moment. Il faudrait que je fasse une liste précise.

Sur ce lot je dirais que au moins 2 sont morts, au moins 5 se sont blessés très gravement (polytraumatisé avec coma), plus d’une trentaine ont eu des pepins plus ou moins sérieux (os cassé au moins). Sur la moitié restante, il y’a ceux qui ont une pratique très contemplative, vol rando, avec de l’expérience, qui n’ont jamais rien eu et ceux qui ont eux des sketchs avec un coup de bol énorme et s’en sortent avec aucune blessures.
Bref un monde en sursis. Et chaque année ma liste d’ecloppés augmente. J’ai moi-même été rattrapé par la statistique en 2014 avec un poignet pété et une entorse à la cheville sur une degueulante sous le vent du thermique en cross.

Quelques uns se foutent gentiment de ma gueule quand je leur parle désormais de ma vision du vol libre (bien modifiée après mon accident) et que je tente de leur expliquer pourquoi à cet instant T je ne vole pas (vent fort, conditions inadapté à mon nombre d’heures de vol sur l’année, évolution météo défavorable…)
Je sais pertinemment que ces collègues cartonneront d’ici quelques temps malheureusement et ça m’attriste, car ce sera pas faute d’avoir essayé faire un peu prosélytisme de mon côté pour inciter les copains à la prudence.
Il arrivera un jour où 100% des copains se seront fait mal.

C’est quand même un drôle de sport.

:pouce: d’ou la possible corrélation ?

comme Choucas et Julien, j’ai baissé d’un cran
Je n’ai pas eu besoin d’un accident pour revoler en B, juste de constater ceux de mon entourage.
Mon addiction insatiable s’est transformée en amour plus calme et mieux maîtrisé.
Je sais renoncer, car je reste modeste dans mon regard sur moi-pilote.
Je sais qu’un jour je serai peut-être là ou je n’aurai pas du être. Je l’accepte, mais j’utilise au mieux mon expérience pour l’éviter.

Je ne serai jamais un bon, je souhaite juste devenir un vieux pilote (et si possible pas bionique)

EDIT: je vais fêter mes dix ans et mes 1000 vols fin août (si je peux faire 5 vols d’ici la fin du mois :mrgreen: )

intéressant ton post ! après 8 ans de pratique très régulière et 2 ans d’acro je vole toujours avec autant de marges, j’ai une B low, je rase pas le cailloux, j’évite les conditions trop fortes, j’écoute les plus expérimentés … j’ai une personne très proche en chaise roulante suite à un accident de parapente et même si ça ne m’empêche pas d’être très passionné, j’ai besoin de rester très largement dans ma zone de confort pour apprécier mon vol.

et à chaque fois vis à vis des autres pilotes je me sens (mais c’est idiot !) obligé de me justifier. (ex : oui j’ai une voile tranquille mais c’est parce qu’elle passe bien les hélicos c’est pas parce que je suis une mauviette :canape: )
J’ai l’impression que dans l’inconscient collectif le “bon” pilote vole avec un cocon et une aile de cross. (ou acro 3 et aile d’acro !)
mais combien de pilote ai-je vu incapable de s’installer correctement dans leur cocon ou en stress permanent à enchainer les vracs sous une voile trop exigeante pour eux ?

beaucoup de pilotes montent en catégorie de voile sans raison apparente (ex : pour faire des cross de 20 / 30 km à quoi bon passer en C ?) alors qu’il pourrait utiliser leur progression simplement pour augmenter leurs marges de sécurité sur leur voiles actuelles.

Je ne sais pas comment nous pourrions changer cette mentalité, comment mieux définir le concept de “bon pilote”

Après c’est mon analyse peut être que je ne vois pas le choses sous le bon angle.

La question de Matthieu « est-ce que cette accidentologie, qu’elle vous touche de près ou de loin (proche ou inconnu) modifie votre relation au parapente et pourquoi ? est pertinente, la preuve tout le monde y répond… de près ou de loin.
Il me semble qu’elle nous touche de près quand on est concerné de près ( carton d’un ami proche ou de soi même), de loin quand on lit les stats d’accidents ou qu’on regarde des vidéos flippantes, mais qu’au final on enterre tout ça (plus ou moins efficacement…) pour continuer à voler, même avec un gros bout de ferraille dans le dos, et on en parle sur le forum par ce que ça délivre un peu du mal…. Mais la modification de la relation au parapente est mineure …

Je ne crois pas que ce soit un phénomène exclusivement lié aux apprentis crosseurs. On connait tous* un vieux crosseur aguerri qui décolle et atterri régulièrement comme un cochon.

Je ne sais pas si je l’ai fantasmé ou si je l’ai lu (je ne retrouve pas la source), mais à la Gruyère Fly (compétition de marche et vol en mode course d’orientation avec quelques bonus rigolos), ils te donnent une meringue au départ et tu gagnes des points si elle est toujours entière à l’arrivée.

:jump:

*je n’arrivais pas à caser “on sait bien que”, désolé

C’est peut-être assez logique en fait, car bien souvent les enseignements qu’on reçoit sont a visée autonomie et il me semble que ce type de cas et l’expérience qui va avec, ne s’acquiert qu’une fois largement autonome et qu’à travers sa propre pratique.

Est ce que cette vision ne serait pas déformée par le fait qu’au début de la pratique on connait assez peu de monde et qu’au fur et a mesure son réseau s’étend de plus en plus et on fini toujours par connaître quelqu’un qui a cartonné? Sans compter que au bout de quelques années on rajoute aussi quelques années de vols de ces mêmes connaissances et par conséquent on augmente forcément le nombre de cartons potentiels?

Pour ma part, depuis le début de ma pratique, à travers la fréquentation de ce forum et à travers la fréquentation de mon site favori lui même assez fréquenté, j’ai plutôt l’impression que le nombre de cartons/d’hélico dont j’entends parler est plutôt constant au cours des années (p’tet pas cette année qui est assez meurtrière, même si le nombre de secours en hélico que j’ai vu cette année est pour le moment plutôt en régression). C’est certain qu’a force de pratiquer, je vois de plus en plus d’hélicos venir chercher des pilotes, j’ai participé directement à aider un pilote qui avait cartonné, j’ai perdu un pote de vol, et j’ai vu quelques cartons en direct, c’est les années qui s’accumulent, mais j’ai pas l’impression qu’il y en a plus par mois ou par ans maintenant.

Par contre, même si je suis un mordu de cross, même si je ne pense qu’a sortir du bocal et que je ne me lasse pas de faire mon pauvre 30 km syndical, même quand les conditions sont moisies, je viens de refuser la logique de progression vers les ailes perfo. Après avoir essayé une C, j’ai préféré garder le confort de ma B+ (et oui malgré ce que certains peuvent dire, il y a une vraie différence entre ces deux catégories d’ailes), par ce que, à l’heure d’aujourd’hui, je préfère garder la sécurité de mon aile que je connais bien et avec elle l’éventualité d’aller me foutre dans des coins moisis (pour un low save ou quelques km de plus afin de récupérer ma voiture), plutôt que la performance qui me fera “aller plus loin, plus vite, plus facilement”** en passant sur une aile de catégorie supérieure, mais avec toujours ce risque d’être en retard au moment où il ne le faudrait pas. Pourtant je fais du cross, avec plus de 100h/an de vol et avec les 200 bornes en point de mire…

Pourquoi je raconte ma life? Juste pour dire que le diable n’est pas dans la pratique (le cross en l’occurrence), le diable est dans la façon de pratiquer… Il faut savoir rester humble face aux conditions, être conscient de ses capacités réelles, être clairvoyant sur les risques encourus, savoir se remettre en question et surtout se dire qu’on est pas infaillible, le jour ou on se sera trompé, le jour ou on sera moins allerte, le jour où on sera allé au mauvais endroit, le jour où… ce jour arrivera forcément et ce jour là, la différence entre la boîte en sapin et la simple frayeur se fera peut-être grâce à l’adéquation entre l’aile et le pilote. La performance oui, mais la performance raisonnée.

**ceci est bien sûr une caricature, puisque sans adéquation aile / pilote c’est souvent l’inverse qui se produit.

C’est clair !
Mais je pense que si j’avais reçu des messages chocs du type (volontairement fort pour faire réfléchir à l’engagement correspondant) :

  • A moins de 50m/sol en conditions thermiques ou thermodynamiques vous êtes en danger de mort (Message donné par Vincent et qui m’a bien fait réfléchir…)
  • La repose au sommet c’est réservé aux très bon pilotes, n’y pensez même pas avant 200 vols et un niveau compète !

Je les aurais mis dans un coin de ma tête ! Et à force de rabâcher ce genre de message à tous les stagiaires, l’intelligence collective se l’approprie et le porte sur les décos et dans les bistrots (comme une procédure de prévol par exemple…).

En synthèse, il me semble que le message éducatif pourrait se renforcer de messages d’alertes de ce type sur tout un tas de domaines.