Bonjour ,
En tant qu’agriculteur et utilisateur de produits phytosanitaires , j’ai été aussi inquiété par ce documentaire.
Pour résumer, plusieurs problèmes apparaissent qu’ils faut régler très rapidement notamment autour des zones à fort épandages : Vignobles , Vergers et Zone maraîchères.Pour les zones céréalières la réglementation en vigueur très restrictive et le contexte économique défavorable obligent les agriculteurs à optimiser l’application de ces produits.Toutefois pour ces derniers qui sont les premiers en danger c’est à eux de faire attention à leur propre santé ( Accident de Paul François ,l’agriculteur qui a gagné contre Monsanto) en respectant les procédures d’utilisations.
Pour les zones à fort épandage il convient de protéger les zones habitées et pourquoi pas créer des zones d’agricultures biologiques en périphérie des habitations(comme l’a fait Paul François)…Vaste programme !
Les produits les plus dangereux ne sont plus utilisés en agriculture en France ;toutefois certains font exceptions dans l’environnement humain comme par exemple le puissant insecticide organochloré lindane encore utilisé en pharmaceutique pour traiter les poux sur nos chers enfants et les tiques sur nos animaux !C’est pourquoi je reproche à Elise Lucet de ne pas avoir abordé le problème de l’utilisation exagérée des médicaments en France qui pour moi est aussi inquiétant que l’impact de la pétrochimie en agriculture.
Stéphane Le Foll veut orienter l’agriculture vers un système plus raisonnable et respectueux de l’environnement.Le plan éco phyto 2 avec une baisse de 20% des phyto d’ici 5 ans est ambitieux , et la finalité en 2025 à - 50 % parait utopique.En tant qu’agriculteur je pense que l’idée d’utiliser moins de pesticides est bonne à condition que cela ne remette pas en cause la compétitivité de nos entreprises vis à vis de nos voisins européens qui profitent déjà d’un règlement durci en France .Ainsi la filière pomme de terre en France est menacée de disparaître à cause du retrait récent de l’insecticide qui permettait de lutter efficacement contre les doryphores .Les français sont-ils prêts à acheter des pommes de terre “minées” , des pommes tachées , des cerises avec des vers…Ayant fréquenté de nombreuses années les marchés locaux , je peux vous dire que NON !Dans le documentaire de cash investigation ce problème a été abordé également mais sans conclusion…
Sur ma petite ferme je cultive différemment depuis 3 ans avec une approche plus durable en introduisant l’agriculture de conservation : ce nouveau système de culture est basé sur trois principes:
-le non-retournement des sols.
-l’allongement des rotations.
-l’implantation de couverts entre chaque culture.
L’objectif est d’avoir un système durable économiquement et écologiquement.Je suis sur la bonne voie mais ce système révolutionne l’approche sécurisante de l’agriculture conventionnelle : je supprime certains problèmes pour en trouver d’autres ( limaces , rongeurs).Mes collègues m’observent et me jugent certainement…Mais avec ce changement de pratique je me suis réconcilié avec mon métier d’agriculteur et je n’exploite plus mes champs je les CULTIVE.
Voilà mon point de vue et mes pratiques.