C'est de plus en plus dur de renoncer

En répondant à un autre post, je me suis rendu compte que je donnais un conseil que j’ai de plus en plus de mal à suivre

Au fur et à mesure des années, j’arrive de moins en moins à me convaincre que je ne devrais pas voler au regard des conditions (analyse météo difficile, nuages grossissant, vent “limite” ou un poil mal orienté, etc…) ou du mental (fatigue, pas la patate, etc) .

Hier encore en fin d’après midi, le ciel était de plus en plus menaçant mais pas de Cunimb et les balises aux alentours étaient ok. C’était à priori encore volable. 2 ailes en l’air (un bi et une aile perf) continuent de nous faire gamberger.
On se tâte pour y aller, au fonds de moi je me disais “ça va vite se détériorer " et ça faisait 15 min que mon petit ange me disait “laisse tomber va boire une bière” et que mon démon disait " regardes, ça le fait, en plus avec ces nuages ça va bien pomper !”.

C’est contradictoire car avec plus d’expérience je devrais avoir rapidement de “mauvais souvenirs” qui me ramène à la raison mais en même temps ça m’amène à voler dans des configurations de plus en plus limites.

Hier, finalement, un gars à l’attéro (copain du biplaceur qui a finalement posé) vient nous voir et dit “dites les gars, vous comptez pas voler, hein?, c’est mort là”…et c’était emballé… nous sommes partis boire une bière (ou deux hein) avec des pistaches au poivre. On était déçus mais les bières ont vite aidé !!

Alors la question (ah enfin !) : A par les bières, c’est quoi votre truc pour renoncer sans vous mordre les doigts dans la voiture en rentrant à la maison ? Le seul truc qui m’aide vraiment c’est la peur mais elle est pas toujours au rendez vous…

Le sujet est intéressant ! On est tous confrontés à ce dilemme.

Je pense qu’une fois l’analyse complète faite, qu’on décide de ne pas voler, que les prévisions n’augurent rien de bon, il faut mettre la voile dans le coffre ET SE BARRER !
L’attente sur site altère la décision, et on retiendra toujours les éléments positifs pour y aller, oubliant au passage ceux négatifs qui nous on fait renoncer.
Parce qu’en plus, toujours, le petit démon vient te titiller :

" - C’est pas pire !

  • les autres y sont, c’est que ça le fait !
  • Les prévis disent que ça s’arrange !
  • Regarde ya du bleu !
  • etc…etc…"

Ce n’est que mon avis…

Vaut mieux être au sol et avoir envie de voler, que d’être en l’air et d’avoir envie d’être au sol… ce que m’a appris mon prof !!!

Pis pour la réponse, a part la bière y’a la serveuse des fois :wink: qui donne envie de rester au bar :bisous:

C’est le fonds du problème, et on le sait, le démon n’a pas toujours tort
Combien de fois les prévis sont quand même mitigées, sur place on hésite et finalement ç’est bon !? Après tout l’erreur de jugement va dans les 2 sens, on pense que c’est pas bon et on a tort.

Je trouve aussi la question sensée. Merci de lancer le sujet Nicolas.
Je vois plusieurs façons de voir les choses:
Pour devenir un vieux parapentiste, on peut soit compter sur la peur de se mettre en l’air (peur de se faire mal, peur de mourir),
soit se poser la question dans l’autre sens: “quel plaisir vais-je tirer de ce vol? Est-ce que ce plaisir est sain?”

La peur est une notion délicate: on se méfie de la peur, comme tu le dis, elle fait parfois rester par terre quand ca vole et a contrario elle n’est pas toujours là pour nous préserver d’un mauvais choix, du coup, on ne sait jamais sur quel pied danser.
La notion de plaisir me semble moins délicate à gérer, après avoir analysé les conditions extérieures (météo, densité de parapentistes au m², “toulépotenlair”, etc.) et intérieures (fatigue, stress, motivation, etc.), on se fait une assez bonne idée du plaisir que l’on va ressentir en l’air, et la décision est plus facile à prendre. Avec en prime la satisfaction d’avoir obéit à son plaisir. :slight_smile:

Joker … si on prends un gars qui à 30 vols dans les chaussettes … le 19/08/2012 il est comme par hasard a Planpraz … quel plaisir peut il espérer à tenter de poser au sommet du Mont Blanc ?
Nada ou d’avoir sans doute fait l’un des plus beau vol de sa futur vie de paraglutiste … qu’est ce qui peu l’arrêter, la peur de se gaufrer ou l’insuffisance de plaisir qu’il va en tirer :bang:

c’est vrai. :trinq: cette façon de voir les choses suppose d’être conscient des risques qui nous attendent, ce qui n’est pas forcément le cas de l’oisillon que tu prend en exemple. De toute façon la décision de se mettre/rester en l’air obéit au rapport peur/plaisir. Ces deux notions sont rarement dissociable en fin de compte.

Depuis mon vrac, je renonce à me rendre sur un site si les conditions sont limite. En effet, sur le site, c’est très difficile de ne pas voler. Émulation etc, quand tu nous tiens. Bref, je profite des prévisions détaillées pour 1) décider d’aller voler et 2) sur quel site. Mais le risque zéro n’existe pas.

J’aime beaucoup cette notion de plaisir. “Vais-je en tirer du plaisir” c’est ce à quoi j’essaye de réfléchir.
Avant le vol, la peur ne rentre en compte à mon avis que dans certains cas de figure : vent fort (peur de se faire arracher ou de ne pas avancer) ou déco un peu olé.

Le plus dur en fait c’est de résister à cette énorme envie de voler ! Cette force venant de nulle part qui nous pousse justement à dépasser la peur ou la raison…

J’espère être un vieux parapentiste justement.

Brad Pitre, je pense que ne pas se rendre sur le site si les conditions sont limites est une bonne chose mais c’est pas facile !!

Entièrement d’accord avec Flaille, c’est ce que je me dis à chaque fois que je me pose des questions : “Est ce que ça va me plaire ?” Et bien que ne faisant pas partie des top guns, j’ai une notion assez exacte de ce que j’aime ou non . Reste l’exactitude de l’analyse qui peut quand même donner des surprises dans les deux sens .

Le plaisir n’est pas prédictif de la situation aérologique.

[quote]Le plus dur en fait c’est de résister à cette énorme envie de voler ! Cette force venant de nulle part qui nous pousse justement à dépasser la peur ou la raison…
[/quote]
A ce niveau la, il faut déjà se demander pourquoi on a une telle frustration à ne pas voler.

On fait pas parapente depuis la naissance et donc on a eu une vie de terrien avant le parapente… En gros, y’a parfois mieux à faire que voler…

Il y a clairement des situations, ou voler n’est pas franchement un plaisir. Moi j’ai peu d’expérience, mais je commence à savoir ce que je veux et ce que j’aime ou j’aime pas en parapente.

Typiquement, pour moi c’est le genre de journée, avec un vent météo assez fort, ou renforcement prévu, ou tu sais que tu vas te faire branler en thermique, et que tu vas même pas réussir à sortir des basses couches.
La je vais faire du VTT à la place.

Ou quand tu sais qu’il y a du sud à la con pourtant annoncé faible mais que dans tous les cas tu aurais des rafales qui vont être la, juste pour t’empêcher de voler. La je reste couché aussi.

Une fois sur le site, une manche à air complétement désordonnée avec des rentrées de vent qui la font passer cul ou travers, t’as beau avoir des pilotes en l’air qui ont osé décoller au bon moment, moi perso, je sors pas la voile…

Globalement, c’est assez rare que j’ai eu à renoncer à voler. Cette année, c’est arrivé 4 ou 5 fois. Un coup à la dent de crolles, S déjà trop fort (pourtant annoncé faible à la météo et aux balises). Une fois à Millau (ça tournait à l’orage, et ça a craint pour les derniers qui ont posé en marche arrière). 2 fois au Grand Ratz, à cause de conditions mauvaises au déco, soit pas assez, soit trop ou mal alimenté.

Je n’en ai à chaque fois pas ressenti de frustration de pas voler, malgré des pilotes en l’air. Je savais qu’en volant je me serais fait peur.

Au pire, j’ai vu les copains, j’ai discuté parapente, j’ai passé la journée. C’est pas bien méchant. On est tjs mieux sur un site de parapente qu’au taf.

Je pense qu’une des clefs de la longévité dans cette activité est de savoir ce qu’on veux, ce qu’on recherche et c’est qu’on est capable de faire. Sans être influencé par Pierre, Paul ou Jacques au déco.

Après je rejoint d’autres commentaires, on commet parfois de belle erreurs d’analyse, dans le bon comme le mauvais sens. Mais je préfère avoir raté des supers vols, que d’avoir vécu des grosses merdes à cause d’une mauvais analyse.

Bien vu !

:+1: excellent sujet

à contrario, quand j’ai décidé de voler et qu’un pisse-vinaigre arrive, je me dépêche de décoller avant qu’il ait fini la litanie des accidents possibles, des morts récents, des conditions pourries de cette année, du dernier vrac du dernier inconscient qui s’est mis en l’air dans des conditions comparables …

bref, je me fais mon analyse à moi tant pour le “go” que pour le “no go”.

voir la notion de composante verticale … :canape:

:sors:

oui j’ai appris de mes erreurs :stuck_out_tongue: furent-elles trigonométrique :clown:
j’ai eu la chance de ne jamais me faire (trop) mal, j’ai eu la chance de ne jamais me dégouter …
d’un autre coté j’ai eu la (malchance ?) de progresser donc de me permettre de titiller des conditions limites desquelles j’espérais pouvoir me tirer

j’estime que mes plus gros loupés sot ceux où j’ai suivi l’ambiance globale (que ce soit à la surmotivation ou à la démotivation) … c’est mon témoignage dans ce fil : rester maitre de son analyse (y compris de ces doutes) et ne pas se laisser influencer.

je ne pense pas que l’on soit tous égaux tant au niveau de la peur ou du plaisir anticipé, mais il est vrai que le rapport peur/plaisir est souvent un bon indicateur pour décider d’un départ,
je pense qu’il y a aussi d’autres éléments qui viennent se greffer la dessus, tel que le temps passé depuis le dernier vol, le temps passé en trajet pour arriver sur le site “minimum syndical”, le besoin de laisser certains tracas de coté le temps d’un vol, …
il y a d’autre notions telles que, le fait de partir le matin “pour voler” va plus inciter a prendre des risques, que de partir “au parapente” qui lui prend en compte une notion de parapotes et de parawaiting
par chez moi ou l’instant de décollage a énormément d’importance, une tendance qui se vérifie souvent c’est plus on attend avant de décoller plus il est dur de ce décider de partir “plus nos critères de sécurité sont restrictifs”
paradoxalement, il est parfois utile de faire du parawaiting en attendant des conditions plus adéquates

en gros, ne pas considérer que l’activité parapente ne correspond qu’au fait de voler, peut permettre de modérer ses ardeurs et de réconcilier le démon et l’ange qui es en chaque parapentiste

en mode parawaiting, j’ai remarqué que je m’habituais à la vitesse du vent et que me prise de décision avait besoin d’être objectivée (balise, arbre couché, marmotte qui décolle…).

Certes, mais c’est un outil d’aide à la décision, justement quand les conditions sont reconnues un peu “limites” par le pilote par rapport à ses capacités (sous-entendu, il est capable d’analyser le risque), un outil qui peut aider à relativiser le fait de louper “un vol”. Comme le dit JulienF, il y a bien d’autres activités à faire quand les conditions sont limites :slight_smile:

Suite à mon vrac sans conséquence, j’en déduis que nous consultons très mal les observations objectives pour le vol libre (RASP et autres prévisions crédibles pour le parapente).