chronique d'une boite

Chronique d’une boite

Début d’aprèm ce samedi 15 juin 2013 déco de la Forclaz il fait chaud sous le casque et le blouson.
Les suspentes lovées dans les mains gantées la voile en bouchon j’attends mon tour.
Il y a du monde et les conditions sont difficile peu de vent avec petite rafale de travers.
Le dos voile énergique s’impose un pilote de mon groupe part en bi et je m’impatiente intérieurement, pressé de sentir le vent frais une fois en l’air et de suivre mon collègue parti devant.
Je me trouve dans la situation du motard à l’arrêt au soleil équipé empressé de redémarrer.
Mon tour approche et le pilote devant moi me cède sa place, en considèrent les conditions par un « j’le sent pas ».
Et moi, bien sur je le sent, je le sent tellement bien que pressé et cuisant je part dos voile, elle monte de travers, je recentre mal, je loupe le point de non retour me voila parti dans le trou la voile derrière et de travers, je freine ressource puis abatée et effet pendulaire je tape le pied sur un rocher.
La sellette touche le sol la voile se dégonfle tombe à coté de moi et une douleur monte du pied droit.
Me voila étalé au bas du tremplin delta à la limite de la cassure du big trou.
Les témoins du sketch arrivent s’inquiètent je suis sur le coté vissé dans ma sellette le régulateur (encore merci) gère, contacte les secours et la douleur se fait de plus en plus vive car ce que ne sais pas encore, la triple fracture de la cheville me fait payer sans délais ma crétinerie.
Je passe les détails mais l’hélico arrive une heure après mais repart sans moi car il y à une intervention plus urgente.
Quand ça veut pas ça veut pas.
Que du bonheur.
Les énergique pompier aidé par des témoins me monte en brancard jusqu’au parking et descente au urgence d’Annecy en camions soit trois heures après impact.
Les blouses blanches enfin me libèrent de la douleur par la chimie.
Ouf
Opéré le lendemain par un super chirurgien.

Ca fait un an.
Deux mois allongé, quatre moi d’arrêt, trois opérations dont la dernière il y a quinze jours pour retirer la dernière broche toujours du kiné et je n’ai pas retrouvé le « comme avant ».
Mais bon je suis debout ça va !

Quand j’y repense !
J’étais en vol avants de décoller pollué par la précipitation.
Vanné par une bonne semaine
Peu ou pas d’analyse
Le pilote précèdent qui n’avait pas l’air de sortir du nid ne le sentait pas !
Et moi OUI ???
Le décollage était largement possible mais avec la concentration appropriée, une manœuvre de déco dos voile parfaite, tempo, appui ventral et prise de décision final au cordeau.
Bref je n’y étais pas et je suis passé à coté de tout.
Le cerveau était dans la sellette.
Et aussi cette espèce de niveau intermédiaire dangereux ou on se sent plus un débutant mais pas encore un ….
Et c’est pas fini
Pas de circonstance atténuante.
J’ai la chance d’être dans un super club avec un BE, des compétiteurs et des pilotes de tout niveaux de bon conseille et pédagogue, et une des meilleur pente école de la région et sur un site technique mais confortable.
Depuis je bosse…
Dans mes début, ma première sortie club hors du bocal, nous étions à st Vincent les forts, je me préparais religieusement.
Impressionné par le monde et la nouveauté je m’installe en attendant le feu vert des fusibles du club. Une bande de spectateur arrive s’assoit sur les rondins du déco commence par un « on va s’asseoir la et on va bien ce marrer » et démarre une série de commentaire bruyant et lourd sur les décollages suivants.
C’était des volants il y avait le chefs avec un chapeau en toile beige et sa cour.
Cette brochette de voyeurs était dérangeante et quand j’en parle avec des oisillons de mon niveau cet avis est partagé.
Depuis un an je monte souvent au déco, sauf que j’attends que le dernier ai décollé et je descend la navette.
J’ai eu le temps d’observer les attitudes et comportement et j’ai évidement changé mon regard.
Je dois avoir fait 140 vols et pas un est identique, le monde du vol libre doit être comme le pilotage dans une masse d’air changeante, écoute et adaptation.
Ça m’a fait du bien d’en parler
Merci :coucou:

Salut Foxy83

Merci pour ton retour d’expérience et la description de l’état mental lors de ton déco dans lequel il est facile de tomber. karma+

Et pour les spectateurs dérangeants au déco, je partage à 100%, c’est typiquement le genre de chose qui perturbe la bulle, voire qui fait douter de soi (en tout cas de moi).
D’autant que j’ai l’impression, je me suis plusieurs fois fait la réflexion, d’être plus “vulnérable” aux éléments extérieurs lors du déco. Surement parce que j’essaie d’être un peu en tension, au max à l’écoute de l’environnement…

Bon courage sur la voie du “comme avant”

Bonjour Foxy83,

Cela fait du bien à entendre aussi. Cela me rappel mon poignet il y a 11 mois, c’était moins grave mais très embêtant quand même.

J’ai la chance de voler dans une région où la mentalité n’est pas la même, pas de râleur ni de c.n au décollage. Seulement des gens passionnés qui partagent sans compter, c’est vraiment différent et agréable.

Courage pour la suite et très bon vol.
Jean-Nono

Note : le poignet n’est plus aussi fort qu’avant, tant pis, je fais avec.

Salut Foxy,

A ta décharge, le déco de Montmin est particulièrement délicat à aborder. Malgré une belle moquette avec cette vue magique sur le lac, tout n’est pas beau et facile.
C’est souvent blindé de monde, et pas toujours du beau monde. Entre les stressés du travail à la chaîne, les maladroits, les voyeurs, les gens qui parlent fort pour ne rien dire, les badauds, les prêts à voler qui occupent le terrain sans décoller, les sans-gêne qui s’installent devant toi alors que tu es fin prêt à t’élancer, ça pimente l’affaire !
Pas facile de rester dans sa bulle, mais c’est un bon exercice de gestion de l’attente. A ce moment-là j’essaie de tirer profit de ces comportements particuliers. A la vue d’un déco foiré ou aléatoire, j’essaie d’analyser ce qui manque à l’envol parfait, qui va me mettre, dès les premiers pas, dans de bonnes conditions de vol. J’observe les changements d’orientation et les cycles de face, les zones plus propices, les pompes de sorties. Et plus j’observe ces éléments, moins j’entends ce brouhaha perturbateur, et quand je suis prêt, je n’hésite plus, je récite mes gammes comme tu le fais, sans pollution aucune, et vole !

C’est assurément un des plus beaux sites d’envol et aussi un des mieux aménagé, le prix à payer en est la fréquentation. Mais ça vaut vraiment le coup d’y travailler pour décoller serein, les vols y sont magnifiques !
Essaie encore !

Franck

Un gros karma+ à foxy83.

T’as tres bien analysé la situation… Et bien tiré les conclusions.
Merci du partage, si ca t a fait du bien d’en parler, ça fait aussi du bien à nous de le lire ! :pouce:

Bons prochains vols pour toi,

Norbert

d’abord bravo pour ne pas lacher l’affaire, et bon retablissement, c est pas rare que ca prenne 18 ou 24 mois pour le “comme avant” … voire meme mieux qu’avant :slight_smile:

sinon, je ne suis pas sûr de bien comprendre la séquence :

en freinant une voile derriere, ca doit pas voler vraiment … ?
c’est un saut dans l’elan de ta course, avec rappel par la voile de travers?
tu finis sous le tremplin delta, donc c’est un retour au relief coté gauche, et c’est le pied droit qui casse? tu impactes face au relief? en vrille? :grat:

et pour le contexte … c’est avec une mentor 1 que tu fais ce sketch ?
sur ta centaine de vols, combien de deco dos voile? combien dans la saison 2013?
:coucou:

ps.
je ne suis pas sûr que " Techniques de base du pilotage" soit la section la plus pertinente :wink:

Merci pour ton récit et j’espère que tout redeviendra un jour comme avant ! Quant à l’attente à La Forclaz sous le soleil, horrible… On a envie de partir le plus vite possible pour échapper à la fournaise et au monde. Faire comme si rien n’existe autour, rester dans sa bulle…pas évident mais nécessaire. Bon courage !

Après, la ou il y a des spectateurs, il y a aussi souvent des matuvus. Il y a foison de sites ayant pour seuls spectateurs les papillons, scarabées, pioupious ou que sais-je…et je vous assure, ça vole bien aussi sur ceux là.

Salut Foxy

ton carton me rappelle le mien…en motocross, il y a quelques annees … double fracture de la cheville, deplacement osseux de la maleole inerne, 2 broches, 7 semaines de platre a se faire chier devant la console, plusieurs semaines de reeducation, re operation 1 an apres pour enlever les broches…

la suite, qui devrait sans doute etre similaire dans ton cas, des genes pendant quelques annees, difficultes a se trouver a l’aise dans des bottes moto, chaussures de ski, et meme chaussures de randonnees montantes…de genes egalement au changement de temps…j’ai jamais recupere la mobilite a 100%, donc je t’invite a bien insister sur ce point car c’est quand meme important

Bon tout ca c’est du physique, on arrive a faire avec…derriere tout ca, le plus important c’est de reprendre la confiance, et pour ca, dans ton cas, c’est faicile a dire, mais il faudrait que tu arrives, lors de ta prevol, a te retrouver dans une bulle hermitique, qui ne laisse pas entrer les remarques de sinistres personnages qui n’ont rien de mieux a faire que de trainer au deco, comme des vautours guetant la charogne…je suppose que ce sont les memes qui ralentissent aux abords d’un accident, histoire de voir si ils pourraient pas se delecter d’un peu de sang sur la chaussee…le mieux est de leur offrir ton ignorance, et les meilleurs de tes decos…et si tu te rates, ca arrive a tout le monde, ne focalise pas sur eux mais sur toi

bon courage et merci pour le partage

Pour revenir sur les spectateurs dérangeants, oui, ca derange !
Surtout quand les locaux professionnels sur un site comme St André les Alpes attendent de te voir arraché par les rafales venant de travers, en esperant rigoler un peu, plutot que de venir te voir pour te dire que les conditions sont delicates pour telle et telle raison. Quel que soit le niveau du pilote, ce comportement (de groupe) est scandaleux !
-1 aux pro qui se reconnaitront !
Soyez constructifs bord… !
Bye !

Que des badauds viennent au “spectacle” soit mais des pros ça m’interloque…

C’est marrant cette propension à accuser les autres (les spectateurs ou les autres pilotes) plutôt que de se remettre en question soi-même en se disant qu’on n’est pas forcément au niveau si on n’arrive pas à décoller proprement avec un environnement humain réprobateur, voire hostile…

Lors de ma formation biplace à Barcelo, un moniteur (de Quillac pour ceux qui connaissent) s’est pointé sur le déco pour faire un bi et il a systématiquement vanné et pourri tous les élèves dont c’était quasiment le premier bi. Lors du débrief, le formateur nous a fortement pointé la nécessité de faire abstraction de ce genre de comportement, et de se concentrer uniquement sur ce qui fait la sécurité d’un déco. Ça a été une de mes plus belles leçons de parapente, bien que je n’ai jamais su si notre formateur avait demandé à de Quillac de venir nous mettre la pression, ou si c’est tombé par hasard.

La dernière fois que ça m’est arrivé, c’est à Piedrahita où un pilote de la PWC en cours commençait à râler bruyamment derrière moi, ce qui ne m’a pas empêché de choisir exactement mon créneau.

Souvenez-vous que vous ne changerez jamais les autres, et encore moins quand ils sont entrainés dans un comportement de groupe. Par contre, votre attitude et votre comportement à vous, vous pouvez les changer.

:+1:

c’est un gros travail sur soi, mais il FAUT être capable de fermer sa bulle complètement. Sans toute fois perdre de vue ce qu’il se passe autour.

je pense aux athlètes pendant les exhibitions qui sont au milieu d’un bordel indescriptible ou aux boxeurs…

Même remarque que Gilles.
C’est toi qui est le pilote, c’est donc à toi qu’il appartient de faire le choix de voler ou non…
Personnellement je me mets souvent en l’air dans des conditions “trop” fortes pour du parapente mais avec des voiles adaptées et ça m’agace quand on vient de demander si j’ai vu que c’était fort… Et si tu as des doutes, tu peux aussi faire la démarche d’aller demander l’avis des autres pilotes. Mais se plaindre que personne ne t’empêche de faire un mauvais choix… C’est clair que tu te mets en danger !

D’accord avec Gilles, AileF et Frigo…ne rien attendre des autres et etre maitre de ses decisions, c’est un des prerequis pour faire un bon pilote…

ca n’empeche pas que je ne comprend toujours pas le plaisir que prennent certains a attendre au deco pour assister a des boites…voire a les esperer…
ce cote morbide m’attriste et j’attend plus du genre humain…sans doute suis-je trop naif ou exigeant envers mes congeneres :?

Peut-être que ça t’agace, mais dis-toi bien qu’il vaut mieux un gars qui va venir te voir pour te prévenir, plutôt qu’un autre qui va rigoler en te voyant sur le caillou en pensant “je savais bien que c’était trop fort”.

En tout cas, le jour où ça m’est arrivé, j’étais bien content d’être allé voir le gars avant pour le prévenir que les conditions étaient moisies. Il a eu une info de plus, et ça a été son choix de décoller.

“mieux vaut passer pour un vieux con frileux qui se mêle de tout que passer pour un héro en ramassant les morceaux”

j’en ai fait l’expérience. j’aurais mieux fait de décider à sa place et luis dire de pas y aller, plutôt que passer 3h dans le prés en dessous à aider les pompiers.

C’est ce que tu te dis les premières fois puis quand ça revient des dizaines de fois, c’est quand même lassant. Mais j’imagine bien que ça part d’un bon principe.

:roll: “l’enfer est pavé de bonnes intentions”

les cimetières sont remplis de “si j’avais su” et de “ha ben j’y avais pas pensé”. :frowning:

ça marche aussi avec la prison.
:stuck_out_tongue: