Un extrait d’une retranscription écrite d’une partie d’une interview de Lordon…donc un petit bout pour ne pas embêter ceux qui s’en foute (c’est bien dommage) et pour inciter ceux que ça intéressent.
[i]Question : sur le plan financier, économique ?
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Le malheur est que nous sommes loin d’en être sortis. Pour plusieurs raisons. Ca a commencé avec la crise des subprimes, la dette immobilière des ménages les moins solvables, les plus fragiles. Mais il y a toute une série d’autres dettes qui vont arriver par convoi et se fracasser dans le bilan des banques, à partir de 2010, 2011.
(…)
Je m’en tiens à cette idée simple et assez rudimentaire que le système bancaire n’en a pas fini avec les dettes pourries, et comme c’est ça la raison première de la crise financière et économique, on n’en est pas débarrassé.
Mon anticipation, c’est qu’au lieu d’une reprise triomphale comme on l’annonce, nous allons certes sortir de la récession, c’est-à-dire des taux de croissance négatif, mais pour nous trainer probablement dans un régime de croissance tout à fait mollassonne, avec par conséquent un chômage haut, voué à rester à un niveau élevé très longtemps. C’est-à-dire une phase de croissance médiocre et d’emploi très dégradé pendant plusieurs années.
Question : L’OCDE annonce 25 millions de chômeurs pour les pays de l’OCDE pour 2010.
Ce sont des prévisionnistes assermentés. Cela vaut peut-être le coup de les écouter.
Une dernière chose. Il faut bien voir l’alternative exécrable à laquelle nous sommes confrontés. Je disais que derrière la crise financière il y avait une grosse crise économique, une crise structurelle, de la configuration du capitalisme. C’est une crise de sous consommation chronique. La stagnation salariale est l’effet permanent de cette configuration du capitalisme. Cette sous consommation, c’est un peu embêtant…
Au début, le capital pousse des cris de joie, on peut le comprendre, parce que des coûts salariaux qui baissent, ce sont des profits en hausse. Mais au bout d’un moment, le capital s’aperçoit qu’il lui faut écouler sa marchandise, et pour l’écouler, il faut qu’il y ait en face une demande solvable.
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(Frédéric Lordon : une crise due à un excès d’endettement généralisé)
L’interview audio complète:
Le bon côté du doigt (1/2)
Le bon côté du doigt (2/2)
Frédéric Lordon est économiste, directeur de recherche au CNRS et chercheur au Centre de sociologie européenne (CSE).