CULTURE ET VOL LIBRE = ANATOMIE D'UN CHAOS...

Le surf a sa culture - Le parapente en a-t-il une ?

Ou bien, à la manière d’un écobuage anarchique, se satisfait-il du recueil de quelques nouvelles pousses vertes à chaque saison pour apaiser son estomac, sans mémoire de celles qui sont parties en fumées ?

Celui qui a écrit l’édito reproduit ci-dessous (paru dans Vol Libre en 2004) était à l’époque très amer, aigris de n’avoir pas su trouvé le moyen d’éviter que des copains ne se blessent ou ne se tuent par erreur de jugement -souvent- , par bravade -parfois- , mais surtout par ignorance : de connaissances connues par certains, oubliées par d’autres, de valeurs partagées par trop peu ou ignorées, par manque de conscience de leur importance pour d’autres, que ces derniers -famille, proches, amis, relations- dépendent ou non d’eux.

PS : depuis, il a retrouvé sa vérité perso dans l’héritage des pyrénéistes et du vol bivouac qu’il décline gentiment en vol rando bien accompagné chaque fois que c’est possible, parce que ce qui n’est pas partagé n’a pas de valeur

http://www.parapentiste.info/forum/competition/des-reines-dechues-des-balles-de-guerre-aujourdhui-enterrees-t33387.0.html;msg432027#msg432027

Votre avis ?

=> DE QUELLE CULTURE VOUS SENTIRIEZ-VOUS LE PLUS PROCHE ?


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Je te rejoint dans ton approche “philosophique” de notre activité/passion même si je ne suis pas certain d’avoir tout compris.
Blague à part, oui la sécurité dans notre sport passe nécessairement par le partage de nos connaissances et expériences. Que ce soit en formations formelles (école) ou informelles (sortie club par ex. mais aussi échanges au déco par ex.)
Encore faut-il pour partager être au minimum deux à le vouloir…
Pour ce qui est du vol-rando, c’est beau MAIS pas une pratique forcément plus sûre. Un membre d’un club ami a réussi à se blesser sérieusement dernièrement au déco d’un vol-rando pas spécialement difficile mais néanmoins trop pour lui ce jour là.
On peut se sur-engagé dans n’importe quelle type de pratique. De même qu’on peut respecter sa vie en pratiquant toutes les discipline.
C’est toujours nous, l’Humain, qui avons le choix.

Fin de mon 1/4 d’hier philosophique.

Bonne nuit,

Envoyé de mon Galaxy Nexus en utilisant Tapatalk

…pourquoi chercher une “culture”…?.. c’est souvent dans les cultures que je retrouvais les parapentistes (vols de plaine) perso quand une chose m’attire je l’essaye…si ça meva j’y vais et je passe par les écoles…comme pour le parachutisme , pilotage de planeurs et autres …puis je me prend pas la tête avec la philosophie…bon c’est sur je ne suis pas un intelo…Bons vols à toutes et tous . Pierrot capt . Ps : continu Paul , j’aime bien ce que tu imprimes… :trinq:

J’ai coché culture de la consommation car en mondialisant ce sport, en concentrant horizontalement et verticalement, les fabricants sont devenus des industriels au même titre que Samsung, Audi ou Nestlé.
Leur communication (active ou passive) nous incite à acheter des produits dont on a pas forcement besoin, avec des technologies pas forcement matures ou éprouvées.

:coucou: Paul

de quelle culture je me sent le plus proche ou de quelle culture je constate que le vol libre se rapproche ?
#1# => favre sans conteste aucune
#2# => le surf avec les espèces de salut avec 2 doigts, les lunettes de marque, le culte du tshirt de marque etc …

    Je me demande bien comment ici, avec le nombre de contributeurs, de posts, et de sujets, on peut se demander si une culture du parapente existe... Surtout de ta part, Paul, dont le fil sur les ailes anciennes soulève moults souvenirs!

Pour moi elle semble évidente, du moins pour celui qui s’intéresse un peu à la chose, ici, sur les décos, attéros, dans les clubs et écoles. Il n’en reste pas moins que l’on peut aussi prendre cette activité en électron libre et ne pas prendre part à cette culture, ce qui n’est ni original ni surprenant.

Apres, la culture qui s’en rapproche le plus, je suis bien incapable de le dire.
Dans beaucoup de points je trouve que la pratique s’apparente à celle du ski (version un peu engagé quand même), mais l’analogie est très partielle.

Sur l’article affiché, c’est typiquement le genre d’article qui ne me sert à rien et qui me hérisse le poil.
Je passe sur les clichés sociologiques anciens vs nouveaux, sur les ailes de plus en plus sécurisantes qui infantilisent et sur le verbiage incompréhensible (juste pour rire, lisez le paragraphe “conscience influente”), pour ne retenir que les pistes de réflexion sur la formation des pilotes. J’imagine bien que l’auteur a une expérience 1000 fois supérieure à la mienne, il aura donc la sagesse de pardonner mes propos.

Et pour ajouter ma très modeste pierre à l’édifice, je ne sais pas comment est animée la qualité d’enseignement des écoles par la fédé, mais je pense qu’il peut aussi y avoir des progrès à faire dans l’accompagnement des enseignants. Je dis ça parce que je pense qu’il y a beaucoup de stages qui sont à peine plus qu’une mise en l’air des élèves, alors que pour beaucoup de pilotes, ce passage en école est le seul moment où ils pourraient prendre goût à la culture parapente…

Bons vols à tous

j’ai mis surf mais en vrai ce n’est pas pour la culture mais la philosophie arrivé sur la plage on passait toujours un peu de temps à observer la vague assis paisible, un moment imprégnation que je retrouve sur les décos où l’on observe les conditions du jours, les créneaux (vagues d’air), les oiseaux et autres pilotes .

coté sécu cela me rappel l’escalade où j’effectue une prégrimpe de l’assureur et de l’assuré

le cross quand a lui me fait penser au voiliers mais en vrai je n’ai jamais naviguer

l’accro c’est plus le coté skate avec des runs assez courts où on donne tout ce qu’on a

voilà c’était ma petite contribution

n’est ce pas à cause de la “qualité” même de ces posts ?
et du manque criant de modérateurs/modération ?

:+1:
ca serait interessant de voir dans les archives comment est traité le sujet … ?

celle que je percois trop souvent : la culture de l’approximation oiseuse (avec des finesses à virgule, une accidentologie un peu opaque, …) et de la consommation (avec la course au dernier modele qui brille forcement plus que le précédent)

celle que je souhaiterais percevoir plus souvent : une culture proche de l’alpinisme ou de la voile, à base d’expérience partagée, d’efforts bien placés et d’humilité face aux éléments et au progrès technique (et aussi à la compétition, meme si cette partie m’interesse moins).
et puisqu’on parle de “contributeurs” ici, je remercie M Lassalle pour la justesse de ses interventions, qui me semblent refleter cette “culture”; et L Van Hille aussi pour sa volonté de rester constructif et positif en toute circonstance :slight_smile:

Salut

Moi je trouve dommage que l’auteur n’ai pas pris un “prosac” avant d’écrire ou tout au moins de relire son Edito. Imaginez le gars qui veut faire du parapente, mais qui avant ça s’achète le journal. Vous croyez que ça lui donne envie ? vous trouvez que ça reflète la réalité ? Même en 2004.

Un autre fil de discussion nous fait revivre l’histoire du matériel. Certes, des erreurs ont été faites (ex : les coques rigides), mais ce dont je suis certain, c’est que cet auteur n’a pas ou peu enseigné. J’ai commencé en 1993 et je suis bien content que les ailes écoles, sortie écoles, … aient évoluer en sécurité. J’ai des cheveux blancs, mais ils datent de bien avant 2004. Avoir du matériel plus sûr et de plus en plus sûr n’est pas l’élément qui est à l’origine du manque de formation des pilotes et des enseignants. Le manque de formation, il est partout. Souvent il provient d’un truc qui s’appel “la flemme”. Par ailleurs, je trouve (mais ça l’auteur ne pouvait pas le savoir en 2004) qu’aujourd’hui les pilotes se forment de mieux en mieux et de plus en plus loin…souvent grâce aux clubs. Voilà pour le côté matériel !

Je porterai aussi votre attention sur ce paragraphe : “L’émergence de tendances comme la voltige ou l’allègement à outrance sont d’autres expressions culturelles qui manquent encore de fondements technique et de maturité” (dernière page, colonne de droite). En 2004, L’Etna de Nervures (entre 3 et 4 kgs) avait 5 ans. Peut-on parler de manque de maturité ? Pour rester chez Nervures, les premiers protos de Swoop volent déjà (avec Val Montant, petit clin d’œil). Les sellettes jambes séparées (radical de sup’air) voient le jour… Nombre d’entre elles existent encore.
2004, c’est aussi le premier Redbull Vertigo si je ne me trompe pas ? Que dire aujourd’hui de ce que nous a apporté l’accro en termes de matériel et surtout de pilotage ?

Prendre ces deux exemples (voltige et light) ça me fait un peu rire. La voltige est certainement une des activité qui a été le plus rapidement et le mieux organisé et cadré. Quand au light, il a donné à notre activité ce qu’elle attendait depuis ses débuts… Une valorisation sportive. C’est grâce au light qu’il existe des événements comme la X-Alps, puis plus accessible l’Air Tour, … Si deux disciplines ont bien donné un sens à notre activité aux yeux du grand public, ce sont bien ces deux là

Oui je trouve ce texte bien pessimiste. Même pour un texte de 2004.

Allé j’en remets une petite couche sur l’enseignement. En 2004, le SIV existe et par conséquent les unités de compétences fédérales (pour les moniteurs), les stages cross aussi, … L’enseignement et les enseignants sont justement en plein renouveau, en pleine évolution. Soit j’ai rien compris, soit il n’a rien observé. Mais l’un de nous s’est ou se trompe.

Pour la culture, (revenons au sondage) je pense que le vol libre a sa propre culture. Voilà 40 ans que le vol libre existe. Comment résumer une culture si vaste (vol sur site, rando-vol, paralpinisme, cross, voltige, … Sans oublier la diversité d’engins). C’est ça la culture du vol libre. La possibilité de pratiquer toutes ces disciplines avec aussi peu de contraintes.
Alors je dis AUTRE.

A+
L

On a notre culture, c’est clair!!! Pour ceux qui en doutent, je leur recommande d’aller discuter avec les gens qui bordent nos décos et nous regardent avec des yeux ronds. Vous vous rendrez compte que pour vous faire comprendre, vous allez devoir faire un (parfois gros) effort pour ne pas employer nos expressions favorites et pour pouvoir être compris par des gens qui ne connaissent pas notre culture de parapenteux.

Nous sommes une petite communauté, unie par la même passion, ayant les mêmes références (lieux mythiques, phénomènes marquants, et au fond les mêmes trouilles aussi), une langue commune hermétique au profane, etc… On partage une culture commune, quoi!

Ce qui m’a fait bien prendre conscience de cette culture à part, c’est le jour où j’ai passé l’Intégrale du Kratair Club à ma famille. Là où je hurlais de rire, je les ais vus juste doucement sourire. Puis arrivé page 59, ma mère me dit: “Celle-là, elle est excellente!”… Ben oui ,on n’a pas les mêmes références… Une petite prise de conscience.

Je vote “autre”.

Dans mes discussions avec des pratiquants d’autres disciplines, j’ai trouvé que j’avais :

  • la plus grande proximité “philosophique” avec les plongeurs sous-marins,
  • la plus grande proximité “technique” avec les voileux.

Bonjour à tous

Merci d’abord de toutes ces contributions, à ce fil comme à celui des Reines déchues
http://www.parapentiste.info/forum/competition/des-reines-dechues-des-balles-de-guerre-aujourdhui-enterrees-t33387.0.html

Et pour ne pas laisser dire du mal d’autrui, je connais bien l’auteur… c’est moi ROTFL (ch’uis étonné que personne n’ai trouvé, vu mon passif :slight_smile: )

Je ne suis heureusement plus d’accord avec tout ce que j’écrivais dans cet édito :boude: et je réclame le droit d’avoir pris une bonne “biture de pensées négatives”, un weekend un peu sombre, ou j’avais du mal à positiver… :bang: Mais aussi content maintenant de voir que cela vous fournit une bonne motivation pour parler de ce que nous AIMONS dans le parapente! :mdr:

[i]PS : je n’utilise pas de Prozac - comme beaucoup d’entre nous -je crois- je prends mes chaussures et mets le cap vers la montagne jusqu’à ce qu’un peu de bleu resurgisse dans ma caboche… après, je fais un coup de VTT ou de bécane - Bien plus tard, je repars voler car d’expérience (on en a déjà parlé sur le fofo), la règle N°1 c’est :

:prof: “Jamais de vol quand tu es dans les emmerdes!”
[/i]

Je suis venue au parapente par l’alpinisme et j’ai à la base une culture d’alpiniste.
Citadine au départ, parisienne sans l’avoir choisi, mon milieu c’est la Montagne et ma passion c’est la haute montagne.
(Observez la majuscule, vous savez que je n’écris pas n’importe comment)
J’ai aussi la culture du rugby (je jouais 3/4 aile), la culture de la moto (40ans de pratique dont 10 saisons de circuit et 6 comme commissaire de piste), la culture des Chasseurs Alpins (6ème BCA contingent 73/08) et la culture des rosiers mais là je m’égare un tout petit peu.
Ma culture politique c’est l’anarchisme, tendance Hara-Kiri et humaniste à la manière de Brassens.
(mes lecteurs le devinent à un style assez particulier).
Ma culture philosophique va du stoïcisme grec d’Epicure au taoïsme chinois de Lao Tseu et Sun Tzu. C’est toujours aussi moderne.
Ma culture informatique - vous l’auriez deviné - c’est Linux.
Ma culture musicale va de JS Bach à Arnold Schönberg en passant par Liszt, et en intégrant le jazz et le rockabilly.
(Pour moi, le rock cela doit me donner envie de danser, sinon ce n’est que du son)
Pour la chanson, c’est Brassens, Brel, Ferré et Barbara. Ils étaient si immenses que TOUS les autres sont des Lilliputiens.
Pour la peinture elle va de Caravage et Vermeer à Goya puis à Franz Marc, Dali et Magritte, le surréalisme et feu mon ami Pec, immense artiste méconnu pour lequel j’ai construit un site web, promesse que je lui fis sur son lit de mort.
(Une promesse faite à un ami mourant est encore plus sacrée que toute autre)
On peut ajouter la culture des enseignants (la plupart étant hélas épouvantablement incultes) et depuis 2007 la culture du parapente.
Chaque “culture” a son vocabulaire, ses petites spécificités et le permanent besoin de communiquer avec les “autres” pour sinon la leur communiquer du moins tenter de la leur faire appréhender.
Qui dit “culture” dit communication. L’humour terrifiant de Baldur von Schirach, qui disait sortir son revolver en entendant ce mot, n’est pas dans ma culture.
Je ne suis pas persuadée que le parapente ait une culture spécifique, tant ceux qui volent ont des pratiques différentes et viennent d’horizons différents. C’est une activité addictive, c’est certain, et elle engendre une grande convivialité, une sorte de fraternité comme celle qu’on trouvait jadis dans la moto et qu’on trouve toujours dans les Alpins, la Légion et le rugby.
C’est un peu une confrérie de “guerriers” mais en aucun cas elle n’engendre de pratiques sectaires et nous nous tutoyons tous, cela me gêna au début et je m’y suis habituée. Du temps que j’étais prof (et cela dura 36 ans) je ne tutoyais pas mes collègues ni mes élèves.
(Je n’ai tutoyé dans ma vie que 3 collègues de travail, celles avec qui j’ai couché, et ce fut seulement “après”) :canape:
:trinq: La bière a aussi sa culture… :sors:

c’est marrant ce que tu dis car je suis souvent interpellé sur les décos par les gens autour… c’est quasi systématique sur tous les décos où je suis passé et (même si j’ai pas volé beaucoup, j’ai par contre volé sur beaucoup de sites… j’ai pris au contre pied l’adage de la formation qui dit qu’il faut être autonome sur site connu avant d’aller voler ailleurs. j’ai multiplié les sites et les conditions et le thermique avant de savoir descendre, mais je reste prudent car conscient des risques)… et sur les sites, je suis souvent interpellé, car je ne suis pas habillé comme un parapentiste, mais comme un randonneur lambda avec un pantalon de toile et un polaire basique. quand il fait froid je met ma sous combi de spéléo (un babygro de grand siglé PETZL !) et ca ne se voit, je reste normal dans ma tenue. j’ai pas de lunettes de soleil, mais mes lunettes de vue photosensible du coup mes yeux restent visible et ca facilite le contact et le dialogue.

Ben je me doutait un peu sur le style. Mais alors sur le contenu, je suis bluffé. Tellement que du coup ça m’a paru impossible. J’ai alors cherché du côté de Noël B, le rédac chef, mais c’est pas son style. Par contre le contenu aurait pu… Genre gros coup de gueule comme il a parfois su bien le faire.
Ben ça change rien à ce que j’ai écrit par rapport à ton texte de 2004…

A+
L

Oui, c’est clair: les gens n’osent pas trop venir nous voir quand on est harnachés. Par peur de troubler notre concentration au moment du “saut”? Du coup j’essaie d’aller les voir et de taper un peu la discut’ avant de décoller. Ne pas être en tenus de parapentiste facilite parfois le contact.

C’est rigolos de leur expliquer nos engins, et assez utile (tu n’arriveras à expliquer clairement quelque chose que si cette chose est déjà claire dans ta tête). Mais inutile d’employer nos termes techniques: ils n’y comprennent rien, ou alors de travers. Faut se rappeler que ce sont des gens qui n’ont aucune connaissance en méca vol, en météo et encore moins en aérologie. Du coup faut arriver à être clair tout en restant simple et basique.

Ouaip… c’est ce que fait toute la saison “la bonne fée de Planfait”, alias Mme POB, avec les gens qui passent beaucoup de temps au déco à observer et admirer.
Souvent, ils me demandent pourquoi personne ne décolle, je leur montre alors les biroutes et je leur explique pourquoi on ne peut pas décoller par vent arrière.
Je ne dis pas “vent de cul”.
Souvent ils me disent “qu’ils auraient le vertige”. Je leur explique alors ce qu’est le vertige et j’ajoute qu’on n’a jamais le vertige quand on est assis, juste une appréhension au début avant de décoller, qui laisse rapidement la place à un PIED gigantesque.
Souvent ils me demandent si c’est dangereux. Je leur réponds alors que ce n’est dangereux que quand on fait n’importe quoi dans n’importe quelles conditions, comme sur la route, ou quand on commence à se sentir très fort sans avoir réellement acquis le bagage technique et la maturité nécessaires.
Comme sur la route.

Presque toujours ils me demandent s’il est facile d’apprendre, et je leur dis OUI… du moins pour les gens qui ont une bonne maturité physique et une bonne coordination, sinon il y a les vols biplaces avec des professionnels, qui sont une bonne façon de découvrir le parapente en toute sécurité.
Ils me demandent alors plein de renseignements, je les leur donne et je les dirige vers les Grands Espaces et les Passagers du Vent, nos deux écoles de Talloires.

Les enfants me demandent aussi très souvent s’ils pourraient voler eux aussi. “Oui, bien sûr, à partir de 5 ans en biplace et à partir de 14 ans pour apprendre à voler en solo”. Ils me disent souvent qu’ils auraient peur, alors je leur réponds que c’est normal, qu’un jour ils auront envie et que cela se fera tout naturellement.

Aux personnes handicapées je dis qu’ils peuvent voler eux aussi, que les écoles d’en bas sont équipées de chariots spéciaux et que mon club - les Chamois Volants - organise chaque mois une journée de handi-bi, avec des pilotes biplaceurs qui ont reçu une formation spéciale et des bénévoles (dont je suis) pour aider au décollage et à l’atterrissage. Le plus souvent, ces personnes handicapées sont accompagnées de gens qui savent et qui les ont amenées là pour leur donner une idée du parapente.

Il y a souvent à l’atterro, attablés sous le noyer à côté de ma caravane, des gens qui observent le ballet des voiles et qui me disent avoir envie d’essayer. Je ne peux que leur donner des informations et les envoyer de l’autre côté de la route pour réserver un vol… qui se fait parfois tout de suite quand un moniteur est disponible.

Tout ça c’est de la communication ordinaire et naturelle entre gens sociables, et les “touristes” savent bien - s’ils ne le savaient pas ils sont vite convaincus - que nous sommes tous des passionnés, des vrais parce que nous informons sans faire de prosélytisme.
Et le fait que je sois une personne “pas comme les autres”, ils s’en foutent complètement.
:trinq: Salut et fraternité*

je suis persuadé que l’on a une culture, le simple fait de faire une certaine distance, pour passer pas mal de temps a attendre le bon créneau météo, pour parfois quelques minutes de vol, tout en étant capable d’avoir des étincelles dans le regard pour l’exprimer en est une preuve en soi.
comme exprimé plus haut le parapente a son langage, ses codes, ses travers aussi, qui peuvent être déroutant pour l’observateur,
c’est aussi une famille, en général on est toujours bien accueilli :trinq: quand on va découvrir un site nouveau, et comme dans toute famille il y a des “querelles sur des points de détail”
je pense qu’un des meilleurs endroits pour s’apercevoir du fait de la culture vol libre c’est la coupe icare avec la différence d’ambiance entre le plateau et lumbin.
mais c’est aussi une culture ouverte dans le sens ou peu importe ton palmarès, ni même depuis quand tu vole, car un pilote est un pilote

Allez Laurent, encore un petit verre de la cuvée 2000 - encore une piquette - :bu: avant de reprendre la discussion - Parce que -paradoxalement- je suis totalement fana de voltige !

Ce qui ne m’empêchait pas d’être critique…

[i]De l’acro au potentiel structure = Réflexion sur la situation de la voltige parapente en 2000

C’est un dimanche comme les autres à l’atterrissage d’un site fréquenté : quelques dizaines de pilotes, leur entourage et autant de curieux célèbrent une journée ensoleillée.

Dans le ciel virevoltent les orbes élégantes d’une aile blanche. Elles font place peu à peu à un bolide tournoyant. Alternant renversements et virages engagés, le pilote d’un biplace chargé de sa passagère semble préparer un atterrissage en 360° au milieu des gens dispersés sur la prairie. Mais l’aile se redresse à moins d’une dizaine de mètres du sol, part en ressource pour finir par poser un peu durement son équipage à moins de vingt mètres de la foule…un ange passe. Les regards, brièvement attirés, se détournent et les conversations reprennent : scène ordinaire d’un après midi d’automne.

Sur l’accident qui n’a pas eu lieu, il n’y aura pas de colonnes dans les pages régionales du lundi : pas de questions sur ses raisons, les conditions de vol ce dimanche sur ce site, le niveau de qualification du pilote, les règlements libéraux, l’information succincte, la législation mollement appliquée, le rôle de la police, « imaginez, ma brave dame, cela aurait pu être votre fille ! », etc. Chacun pourra conclure d’une réflexion sur la fatalité et s’interroger sur cette minorité d’individus qui passent leur temps libre à jouer avec leur peau.

Mais de fatalité, il n’y a avait point. C’était simplement un acte dangereux. : il a mis en péril des individus sans qu’il y ait la possibilité de mettre en œuvre une quelconque mesure de sauvegarde en cas de problème.

Ce peut être le mode de pratique d’un base-jumper expert qui saute en sachant qu’il n’a pas le temps de déployer sa réserve. Il s’en remet à sa concentration au pliage, lors de la préparation de son saut et à la stabilité de tous les paramètres qu’il a pu analyser. Il sait malgré tout qu’il peut impacter pour un détail, car cela est arrivé aux meilleurs, comme Patrick de Gayardon à Hawaii. C’est un choix délibéré, libre et respectable dans son engagement individuel. Mais quand cet acte hypothèque la santé d’une tierce personne, passager ou spectateur, la tolérance n’est plus de mise.

Et pourtant, celui qui écrit ces lignes fait partie des mordus du dépassement des limites, de la sortie du domaine de vol, de la tête en bas et des pieds au ciel, de ces fractions de seconde d’apesanteur où la terre entière semble être le reflet de soi ! Alors, pourquoi ?

Ce n’est pas en quelques mots que l’on peut aborder le problème posé par la prise délibérée d’un risque. Notre comportement y révèle des aspects de notre inconscient et de notre perception de nous-mêmes.

Dans une société sécurisée à outrance, la définition même du risque est floue. Le risque individuel est occulté (tabac, alcool). Le risque collectif est dramatisé (problèmes de santé publique, cancer, sida, insécurité). Dans tous les cas, l’individu est déresponsabilisé. Sa sauvegarde est la mission de la société. Elle est perçue comme un dû. L’être social doit concentrer son énergie à plagier les modèles que la société lui propose comme symboles de réussite. Argent, pouvoir, esthétique renvoient à l’individu une image rassurante de lui-même au travers du regard envieux des autres. Mais ses propres limites restent floues. Il les identifie à la maladie, aux revers de fortune, aux revers affectifs, à la malchance, aux fléaux communs. Tout va très vite, dans les succès comme dans les échecs. Il vit à l’image des automobilistes fonçant dans le brouillard. Ils foncent parce qu’ils sont sur une autoroute, et que ceux qui les entourent foncent aussi. Ils foncent parce qu’ils paient pour avoir le droit de rouler plus vite, pour rejoindre plus rapidement leur lieu de travail ou leur famille. Ils foncent pour gagner du temps sur celui qu’ils ont perdu à adapter leur rythme de vie à celui que leur impose la société.

Alors, dans sa bulle de confort sur roulettes, l’automobiliste a depuis longtemps perdu la conscience de ce qu’est la vitesse. Il a oublié la masse de ce qu’il commande, occulté l’énergie qui peut déchirer la matière qui l’entoure et broyer ses propres chairs. Mais dès que les feux de la voiture qui les précède s’estompent, la peur le gagne. Sans points de repère, il va naturellement se rapprocher des glissières, ces limites qu’on lui propose comme celles de sa sécurité, sans plus aucun souvenir de leurs justifications. Il va s’écraser aux pieds de celles-ci, témoignages rassurant de l’ordre établi, communiant d’une incompréhension totale avec ses semblables dans un enchevêtrement de tôles froissées.

Quel contraste avec l’homme volant ! Baignant dans un bien être aussi esthétique que narcissique, émerveillé par sa vision du monde, il témoigne d’un plaisir intense à confronter ses aptitudes à un environnement complexe : le ciel. Il progresse dans la maîtrise de lui-même en exerçant sa vigilance au contact d’un risque identifié et borné.

Mais si le risque est l’étalon, pour certains le danger est seul juge de leurs aptitudes. Cette motivation est peut être la plus fondamentale et la plus difficile à cerner et à gérer. Elle est présente en chacun de nous. Elle relève de l’attirance de l’homme pour l’inconnu, cet instinct qui en a fait un si redoutable parasite colonisateur pour notre planète. La prise de risque est l’expression de sa curiosité. Ce mode d’apprentissage est le contre poids efficace de l’instinct de survie. Ces deux aspects de la nature humaine constituent le moteur à deux temps du progrès : un temps qui avance, un temps qui pérennise les conditions d’un nouveau pas vers l’inconnu. Alors, quoi de plus naturel que de vouloir naviguer dans le ciel et d’explorer les limites mêmes de notre façon d’y voler ?

La mise en situation de dépassement du domaine de vol est devenue, en un peu plus d’un demi-siècle, indissociable de l’enseignement aéronautique. L’acrobatie est devenue la voltige sous l’impulsion des militaires qui ont constaté, les braves gens, que l’espérance de vie d’un pilote formé à cette école était meilleure que celle d’un pilote sortant d’un enseignement banalisé. L’équation nombre de pilotes perdus rapporté au coût de la formation a vite fait pencher la balance du côté de la voltige, malgré l’hostilité démontrée de beaucoup de théoriciens de l’époque.

Mais ce que l’enseignement de la voltige a mis le plus de temps à maîtriser a été le potentiel des structures des aéronefs. Faute de moyens de calcul adaptés et du manque de retour sur expérience, ce sont quatre générations de pilotes d’essai qui sont montés au front de l’exploration du domaine de vol de chaque appareil qui est sorti que quelque usine que ce soit pendant près d’un siècle. A l’issu de chaque guerre, des pilotes démobilisés les y ont rejoint. Ils ont gagné passionnément leur vie en accomplissant des prouesses aériennes avec les avions de réforme, payant un lourd tribu aux dieux du cirque : le salaire de leur marginalité revendiquée, orphelins de l’excitation de la guerre.

Ces manifestations aériennes ont aussi fait émerger la notion de plancher de sécurité, en dessous duquel il y a danger de ne pas avoir le temps de s’extraire de l’avion devenu incontrôlable, par erreur de pilotage ou rupture structurale par phénomène de fatigue, pour ouvrir un parachute.

Le vol libre en est encore là. Un peu partout dans le monde touché par ce sport, des besogneux ou des enthousiastes continuent à sortir les tripes de leurs engins, au risque de tomber du ciel, sous un parachute ou bien sous rien du tout, parce qu’ils ne voient pas plus belle façon de vivre que de vivre leur passion !

Aussi est-il temps de cesser la politique de l’autruche. Fédérations et constructeurs travaillent activement à faire avancer la connaissance des comportements structuraux. Ils doivent mieux communiquer sur leurs résultats. Il est temps que l’on parle d’enseignement de la voltige en définissant des niveaux et des objectifs aux pilotes qui sont désireux de progresser dans la connaissance de leur sport.

Les motivations des pilotes qui participent à un stage de résolution d’incidents de vol en sont un parfait exemple. La probabilité de tels incidents n’est pas négligeable pour ceux qui participent à ces stages. Des situations dangereuses, préalablement identifiées, sont décrites, analysées et commentées. Pour représenter celles ci, il est proposé des situations provoquées qui simulent les causes réelles. Les stagiaires peuvent alors s’exercer à leur résolution dans un cadre sécurisé. L’apprentissage y est facilité par la sécurité, relative, recherchée dans le choix du site, qui favorise la décontraction de l’élève, et l’encadrement qui apporte une analyse externe, compétente et synthétique, de son comportement et de celui de son matériel.

Aussi est il temps d’émettre un autre son de cloche face à la langue de bois des constructeurs qui revendiquent des résultats édifiants aux tests d’homologation tout en mettant en garde les utilisateurs contre toute velléité d’exploration du domaine de vol. Car il n’est plus temps de leur jeter la pierre : ils sont happés par le droit anglo-saxon et ses dérives juridiques (la responsabilité sans faute !). Leur seul recours, comme le nôtre, est d’affirmer haut et fort que nous acceptons en parfaite connaissance de cause de pratiquer un sport à risques. Nous l’aimons parce qu’il est comme tel et que cela correspond à un aspect de la vie que nous identifions à la liberté, comme l’expression même d’un comportement qui a fait progresser l’humanité !

Si nous continuons dans la voie du vol aseptisé, avec des voiles qui ne communiquent plus sur ce quelles font, nous allons former une génération de pilotes à l’école des préservatifs, élevés dans le dogme de la sécurité absolue, de l’aile standard et de la protection dorsale miracle, volant le nez sur leur console de jeux embarquée, avant de renoncer à voler tout court. Ces pilotes peuvent tuer le vol libre, dans l’esprit qu’encore suffisamment d’entre nous avons connu, prêts à auto mutiler leurs libertés par crainte de l’inconnu et de l’ingérence du politique.

Enseignants et fédérations, attelez-vous à une tâche visionnaire : forgez les outils d’un enseignement de haut niveau et communiquez sur celui ci. La demande est forte. Elle peut générer un marché supérieur au cadre strict des stages de résolution d’incidents de vol, bien plus sain pour l’avenir que celui de la multiplication des ailes biplaces utilisées hors enseignement. Les constructeurs suivront et nous proposeront enfin des ailes adaptées à la voltige. Il nous faudra alors apprendre à les gérer comme de véritables aéronefs, avec des aptitudes, des niveaux de pratique et un potentiel structure…Et réinventer encore une fois l’aéronautique !

C’est un quitte ou double. Le vol libre explose sur un carcan normalisateur calqué sur le législateur ou il se ressource en jetant les fondements d’une culture aéronautique qui ne demande qu’à s’écrire !

La prise de risque est l’expression d’une liberté qui a la chance de pouvoir exister. Trop de gens meurent sans avoir vécu. Certains ignorent même que l’homme a des ailes. D’autres naissent condamnés à vivre enchaînés, attendant patiemment la fin d’une existence qui les fera renaître dans une vie meilleure, dans la croyance assénée et rabâchée que tel est l’ordre des choses. Alors, amis voltigeurs soyez prudents et conscients de votre chance, pour faire durer le plaisir de bien belles années de vol encore libre…pour quelques temps !
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Mon agenda depuis 2004

  • 2004 = “Vol libre et culture… anatomie d’un chaos” & création du Challenge CLEY

  • 2005 = 1ère édition du Challenge CLEY & Coupe Icare où les conclusions de nos premières discussions avec Raul sont que l’on sait… que l’on ne sait rien de ce qui se passe dans les ailes en voltige : les seuls enseignements du développement des premiers modèles d’ailes dédiées sont qu’il faut les renforcer quand… elles cassent! Mais il y en a qui disent déjà qu’ils ont tout compris… Raul non… Alors rendez-vous est pris pour la Coupe 2006

[list][li]2006 - Printemps = Essais des premières chaîne d’acquisition des mesures d’accélération en 3D dédié au vol libre

  • 2006 - Automne = Premières campagnes de mesure lors de la Coupe ICARE avec Migoo TV

http://vimeo.com/40584262

Accessoirement : définition du premier protocole de mise en évidence de l’instabilité spirale en parapente en août de la même année… mais ce n’est pas de la voltige, c’est seulement dangereux!

http://vimeo.com/40467538

[list][li]2007 = Campagne d’essais MEMO DELTA 1 & MEMO DELTA 2 à Annecy (et article de mise en garde de Raymond CAUX dans Vol Libre)
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Étonnant -non?- pour un mec qui a “pas tout suivi” de ce qui s’est passé :wink:


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PS : vous les reconnaissez ? (pas le gros en chemisette rouge… les champions)[/list]