S’il a une phase du vol qui en dit long sur les pilotes que nous sommes, et qui est facile à observer, c’est bien le décollage, et ce dès que la voile est sortie du sac et jusqu’à ce que l’équipage ait mis une bonne centaine de mètres d’air sous sa quille.
Angoisse du pilote encore novice -ou pas- qui craint de rater son gonflage et de devoir remonter la pente sous les regards goguenards, scène de spectacle pour l’extraverti, source inépuisable de plaisir pour la majorité, etc.
Toutes les variantes sont présentes et s’expriment à longueur de matinées sur les décollages dominicaux fréquentés.
Et toutes les erreurs aussi…
Il est pour moi une erreur que l’on retrouve trop souvent à des niveaux très différents : la banalisation du geste.
Le décollage est la phase la plus critique du vol avec l’atterrissage.
Et pourtant…
Que de décollages en sous-vitesse, après quelques pas nonchalants, suivi d’une installation précoce dans le harnais, en lâchant parfois les commandes, ou en farfouillant dans le cocon à la recherche d’un instrument ou d’une sangle mal positionnées, etc.
Que de voiles abattant mollement pour reprendre de la vitesse - le pilote ? absent ou c’est tout comme- à des vitesse où les commandes sont molles, faiblement opérantes, où le décrochage peut survenir au moindre cisaillement ou rouleau, l’incidence est transitoirement élevée…
Des situations de sursis, de danger immédiat !
Parce que le sol est là, à quelques mètres, juste assez haut pour finir dans un fauteuil roulant ou se tuer si retour à la pente… et pas assez parfois, malheureusement, pour “ça passe” une fois de plus.
Parce que de telles attitudes nonchalantes, sensées refléter pour certains le calme et la sérénité que donne l’expérience -et la maîtrise qui devrait leur être associée, quelle erreur- sont en fait un déni de perte de compétence.
L’expression d’une inconscience jamais dénoncée.
Pilotes, savez-vous évaluer votre implication au décollage ?
Sans parler de sophrologie ou de conditionnement psychologique, je vous propose l’expérience suivante qui vous permettra de l’évaluer :
-
trouvez-vous un enregistreur cardio (copain cycliste ou autre jogger)
-
faites-vous filmer en produisant un clap de synchro entre la vidéo et le cardio (en filmant la mise en marche de l’enregistreur)
Et voyez par vous même où vous en êtes :
- pendant la préparation de la voile,
- dans les secondes qui précédent la mise en tension des avants,
- quelques dizaines de secondes après le décollage, une fois éloigné du sol.
Vous en apprendrez beaucoup sur la façon dont vous abordez et vivez le vol.
EXEMPLE : sujet N°1 / 56 ans / citadin /condition physique moyenne / 1 100 vols environ soit 8 à 900 heures maxi car peu de dispo et pas mal de km en cross dans les Pyrénées mais aussi des valises de “ploufs” comme nous les aimons en montagne / je vole de moins en moins
-
au repos 72 à 75 puls/sec
-
préparation de la voile 90 puls/sec
-
attente les bras en croix de l’instant favorable au décollage 170 puls / sec !
Oui, vous avez bien lu - 170 sans que je ne bouge d’un pas! - mais comment pourrait-il en être autrement quand on se conditionne à produire en quelques la vitesse de course maximale dont on est capable… du moins c’est comme cela que je vois les choses… et que l’on va affronter les instants les plus risqués et aléatoires du vol)
-
course d’élan = peu ou pas de variation 170 env
-
en enroulant le premier thermique devant le déco 140 à 150
-
transitions “tranquille” 90 à 100 puls/sec
-
en thermique comme en approche du sol 120 à 140 puls/sec
Nota :
1- mon régime d’effort soutenu (1/2 à 3/4 d’heure de montée de col à vélo) est sensiblement de 180
2- je n’ai pas encore mesuré mes variations de rythme cardiaque quand je me prépare à un rouler-bouler - mais sûr que ça remonte pas mal : la confiance et le relâchement musculaire n’empêche pas le stress
)
INTERPRÉTATION
Pour moi qui suis un pilote de tempérament anxieux,c’est le reflet de l’implication TOTALE qui m’est nécessaire pour décoller.
C’est à dire pour mobiliser toutes mes facultés psychiques et physiques (capacités d’autant plus nécessaires quand celles-ci baissent plutôt avec l’âge) et affronter des conditions que je sais à minima établies (thermiques et/ou dynamiques) et/ou dans un environnement de moyenne ou parfois haute montagne en “back country” comme ils disent, là où il est vivement déconseillé de se faire mal, à fortiori quand on y vole seul.
Et vous ne serez alors sans doute pas étonné si je vous avoue que je déteste faire des sauts de puce en pente école -exercice que je considère comme dangereux quand on pilote une voile performante- alors que j’ai apprécié et pratiqué des dizaines d’heures de vol… au sol -car c’est du vol aussi!
Fin du 1er témoignage
Et vous, à quel régime “tournez-vous” sur ces phases ?
Observez et revenez nous raconter votre vécu en regard des valeurs que vous aurez mesurées… et du pilote que vous pensez être.
Il est possible qu’il y ait quelques surprises 

re les samaritains et rerehop et…merdalors ça commence à m’innerver :grrr2: etc… au total j’ai dû louper au moins 6 ou 8 gonflages. Côté fierté, j’ai pris une bonne claque. En plus pour une fois il y avait plein de monde sur mon déco
. Je me senti tout penaud avec mon expérience et mon beau gun en plastock pas foutu de le mettre en vol. J’ai même fini par me demander si je ne devenais pas débile. Mais le plus important est de sortir du déco propre et sûr n’est ce pas? alors des fois la fierté faut se la remballer et faire sans. J’ai fini par faire un beau gonflage départ cobra (ouf!)
