Bon voilà un nouveau post avec un thème très ouvert histoire de pouvoir explorer pas mal de directions.
Alors c’est parti, Michel (Chevalet), la formation, comment ça marche ?
On peut apprendre beaucoup, cours, stages, livres, échanges, mais on évolue pas tous au même rythme. Quels sont les bons indicateurs de progression, quels sont les grands paliers à franchir pour devenir un bon pilote, quels sont les facteurs limitant (appréhension, compréhension, physique…)
Comment ne pas se sur-évaluer ou se sous évaluer, pour ne pas se mettre en danger, ni se priver de vols accéssibles…
La confiance est-elle un vecteur de risque ou de progression ?
J’en oublie, je pense que ça va venir au fil de la discussion.
Excellentes questions.
Je me les pose à mon niveau de petit (joueur) débutant…
Entre les lectures sur le net, les DVD de parapente, les avis des volatiles de différents niveaux, les échanges avec les gars des clubs et ceux des écoles, j’avoue m’interroger souvent et même ne plus trop savoir quel type de progression adopter.
C’est effectivement un excellent sujet: indicateurs de progression, paliers, etc,
Pour ce qui me concerne, avec 1300 vols, il me semble que ça fait un bout de temps que je stagne. Parfois de l’inhibition, parfois une manque de constance, parfois de la froussse, parfois une mauvaise analyse ou pas d’analyse du tout. Sans compter que nous ne sommes pas tous égaux dans la vitesse de progression ni dans les niveaux que nous pouvons atteindre. A la base, je ne suis certainement pas très doué, j’ai commencé le parapente sur le tard, en pure citadin qui a le vertige au 3ème étage de son logement. Bref, c’était mal parti. SIV, cours de perfectionnement, lectures et discussion, j’ai fini par atteindre ce que je pense être mon plafond personnel … un peu bas
Finalement on peut très bien voler en étant bas du plafond ou avec des plafonds bas… !
Au cours de ma carrière de pilote j’en ai vu plein voler au-dessus de leur plafond pour finir par arrêter soit sur crash, soit sur charge émotionnelle trop importante et insupportable.
L’autre truc c’est que si on est infecté par le virus, il faudra un minimum adapter son existence au vol libre. Car de toute manière le vol libre ne s’adaptera pas à toi. Donc, il faut être capable de s’organiser en fonction du vol, c’est comme ça.
Enfin, il ne faut pas se comparer au champion du monde !
Pour ceux qui commencent une existence de pilote, j’aurais intitulé ça “Je plains les débutants !”.
Quand moi j’ai débuté, ce qui comptait c’était de se mettre le cul en l’air… 3, 4, 5 fois de suite. Et tout le début de la pratique était dévolu à ça, on ne pensait à rien d’autre, on variait juste les sites, il fallait les avoir tous faits. C’était à la portée de n’importe qui…
Celui qui restait dans un thermique, qui “tenait”, c’était déjà un cador. Le gars qui passait au-dessus du décollage il avait fait l’exploit de la journée ; une transition où tu raccrochais et tu étais champion du monde !
Combler le retard avec les meilleurs ne nous semblait pas insurmontable (en fait ils ont continué à progresser et le retard est toujours là…).
Bref, il en fallait très peu pour être valorisé par la communauté.
Si je débutais aujourd’hui, je serais abattu par tant de technicité ! Sur le moindre site où il y a des pratiquants réguliers, on ne parle que de cross et la plus petite distance fait 50 kilomètres. On y reste 6 heures en l’air les bonnes journées… ! Les pilotes expérimentés se trimballent avec des ailes à 7 d’allongement et grimpent rapidement dans ce qui pour les débutants n’est que de la turbulence et disparaissent du ciel. Inutile d’essayer de les suivre, tu les as bien vite perdus de vue.
Il faut à tout prix orienter ses pensées de manière positive pour ne pas être submergé par l’ampleur de la tache à accomplir, plutôt se dire “C’est merveilleux, j’ai un univers immense à découvrir !”.
Encore faut-il arriver à ne pas s’y perdre.
Je comprends les doutes de ceux qui ne sont pas doués : je ne le suis pas.
Une solution est de cesser de regarder ceux qui font les choses avec facilité. Puis de se fixer des objectifs très bas et de les consolider. Aller pas loin et lentement.
Les trois quart des gens que je côtoyais il y a 15 ans ont arrêté de voler. Je suis toujours là. De ceux qui restent, qui sont des pilotes acharnés, presque aucun n’a eu une progression fulgurante. Et si j’exclue deux ou trois cadors, on est tous quasiment au même honnête niveau.
C’est donc un message d’espoir sur le long terme pour les débutants.
je pense que tu aurais pu ouvrir autant de fils que de questions …
moi j’ai envie de répondre à (mais du coup je passe à coté du fil de surfair où je voudrais répondre, mais j’ai pas le temps maintenant et je risque de zapper plus tard)
les 2 mon capitaine :!:
en fait … je me représente la progression selon un certain nombre d’étapes.
1/ l’inconscience … inconscient donc forcément confiant puisqu’il n’y a aucun sujet d’inquiétude.
Je dirais que dans cette phase, on découvre les joies du parapente … c’est là qu’on voudrait convertir l’univers entier avec des “mais non, le parapente ce n’est pas dangereux” …
Le “pilote” est en grand danger … puisqu’il ne voit pas les risques. d’un autre coté, comme il ne les voit pas, il ne va pas déclencher la mauvaise action… ce qui sauve l’ensemble c’est le matos qui est plutot du genre idiotproof
2/ la prise de conscience … peu après les doutes … alors là tu as les 2 phénomènes.
a la fois tu as conscience … donc tu vole un peu plus en sécurité (tu arrives à deviner que là bas tu va te prendre des rouleaux donc tu n’y va pas) … mais d’un autre coté quand tu est dans la tabasse, tu analyse la tabasse, tu mesure les risques … et tu te met à battre des mains, enfonçant les commandes et provoquant ce qu’il ne faut pas.
après… tu (enfin JE) rentres dans un cycle itératif :
3/ le perfectionnement … tes geste deviennent plus précis … donc dans la tabasse tu gère mieux moins de gestes parasites … tu voles plus en sécurité … enfin ça dépend de ton carafon … paske moi (par exemple) j’en profite pour aller chercher le thermique sous le vent qui me permettra de monter vite … même si je prends le risque des rouleaux
4/ le doute … tu va un poil moins loin … donc tu prends moins de risque … mais d’un autre coté, tes gestes parasites peuvent reprendre le dessus :?
et après comme je disais cycle 3/ 4/ 3/ 4/ au fur et à mesure que tu changes d’aile (ou de pratique ou …) puis que tu progresse avec ton aile (ou ta nouvelle pratique ou …)
ah oui … c’est à peu près au niveau du 3/ que tu prends véritablement conscience (peut être pas au 1er cycle ? peut être plus vraisemblablement au 4/) que le parapente EST un sport dangereux (dangereux et non pas risqué, c’est à dire que tu peut t’en mettre une bonne et te faire [i]très [/i]mal si tu ne respecte pas les “consignes” de sécurité)
Y’a de quoi lire.
J’aime beaucoup ta décompo des cycles Piwaille, j’y reviens après.
Ca j’aime aussi, c’est même un vrai débat de société, avec l’essor de la com. on en prend plein les yeux du coup les références sont planétaire, c’est pareil dans beaucoup de domaines et pas que sportifs. Et en effet à se comparer à la crème de la crème on ne peut en retirer que de la frustration, sauf à être soi-même champion du monde.
Si je fais une synthèse des deux réponse j’arrive à un profil que tu n’as pas évoqué Piwaille, celui du rêveur pathologique, qui en plus de sa discipline chasse la chimère. A chaque palier franchi, il vise déjà les dix suivants. Bon je m’éloigne, encore que pas tant que ça.
Je n’aime pas particulièrement parler de mon cas personnel, mais c’est malheureusement le cas le plus simple à laquelle je puisse me référer. Dans ma courte expérience (stage init. en 2004) j’ai fais pas mal de boulettes par excès de confiance, surtout au début, puis je me suis comme assagi à partir des premiers vrais grands vols (gros gains, repose au déco…) Alors je sais qu’on ne peut pas dire ça mais je ne regrette pas mes sketches, je les ai tous débriefés, dont un avec un moniteur BE qui m’a vu, et je dois dire que cette pédagogie essai-erreur m’a apporté bien plus que des dizaines de vols sans histoires, la preuve ça existe même sous l’appellation SMIV. Bien entendu je ne le conseille à personne ça peut parfois mal tourner, ou alors à faire bien encadré dans un milieu sécurisé. Disons quand même que grâce à ça j’ai pu démystifier certains trucs (fermetures, turbulences…) ce qui m’a aidé à étendre mon domaine de vol. Je vois des pilotes avec nettement plus de vols qui restent dans une pratique super aseptisée, que c’en est à se demander s’ils aiment voler.
Ou d’autres qui continuent de plouffer en école au bout de dix ans (vécu, le gars ne voulait même pas faire une manœuvre en lâchant les commandes) est-ce encore de la formation ?
Du coup j’ai un peu mis de coté les stages en école après une vingtaine de vols, pour rejoindre un club où j’ai fais de magnifiques rencontres (non pas de filles même pas ) des volatiles qui m’ont pris sous leurs ailes sans préjugés et avec une infinie patiente et pédagogie (enfin à mon avis)
Sans être un casse-cou, loin de là je suis plutôt du genre poltron même, après m’être bien préparé, guide du vol-libre, conseils de costauds, j’ai appris, monter, enrouler, gratter, descendre, un peu, oreilles, beaucoup, 3’6 (-16,4 pour le moment)
Bon un peu trop nombriliste ce post, beaucoup de première personne (beurk), tout ça pour demander si on peut être un peu autodidacte dans le vol.
Je remarque aussi qu’un certain nombre de pilotes, sans connaissances théoriques préalables buttent sur des concepts physiques du vol (est-ce un frein pour la progression).
Supair tu dois savoir tout ça très finement, j’ai cru deviner que tu es moniteur.
Allez faut que j’bosse un peu, faudrait pas non plus que le virus ne me coûte mon job !
autodidacte oui, mais par contre perméable (et critique) aux manuels de mécanique du vol, de pilotage, de météo et d’aérologie.
Ensuite le matos. Là ça n’est pas évident du tout ! Combien ont arrêté suite à un mauvais choix. Comme toi, je n’aime pas trop parler de moi-même, mais bon, là il s’agit d’illustrer une connerie.
Bref, j’ai “appris” avec une Epsilon 2, très bonne voile pourtant pas idiotproof. J’ai bien évolué, déco face à la voile bien maîtrisé, jolis gains, plafonds souvent atteints, longs vols (en temps). Puis Sigma 4 … berk. Excellente voile, mais pas pour ma pomme. Surpiloltage ou absence de pilotage, j’avais intérêt à chopper de bonnes pompes pour compenser ce que je perdais en fermant 20x/vol. J’ai insisté, m’initiant ainsi au pilotage actif pendant 3ans. Finalement, je me suis dit que j’allais voler plus cool et me suis acheter une Epsilon 4. Voile très moyenne trop dure aux commandes. Bref, j’ai patienté. Adepte d’Advance (désolé pour ceux qui n’aiment pas), j’ai testé la Sigma 5 que j’ai d’emblée trouvée camion, et finalement c’est la Sigma 6 qui m’a comblé.
Finalement, nouvelle surestimation de ma petite personne en achetant la Sigma 7, vaguement plus perfo que la 6, mais avec une sensation de poutre sur la tête, ce que je déteste au plus haut point. Je l’ai gardée un mois pour 40-50 heures de vol. Vols assez longs qui ont révélé quelques imperfections,de cette aile (que je n’avais pas détectées en vol test) : point dur au déco face à la voile lorsque le zef est un peu faible, virage moyen dans le petit temps exigeant d’insister un peu trop sur la commande.
Là ça a été le gros doute, j’avais l’impression d’être une vraie merde. Cogitations : Epsilon 6 (ach Advance) ? Non. Pas terrible cette voile. Tout sauf jouissif.
En m’intéressant à des voiles plus joueuses, j’essaie la Faïal: je découvre alors que je ne savais pas que des voiles ludiques et faciles existaient. Je reprends goût et m’intéresse de plus près à du matos simple, ludique, léger. Finalement la course à la perf, à évoluer comme tout le monde (sans m’en rendre compte) m’a conduit sur une mauvaise voie. Là, je me réjouis du printemps qui va venir. D’autres objectifs, moins de challenges mais plus de plaisir. Et un peu de rando.
Bref, tout ça pour illustrer le piège du matos.
Et choisir une aile, reste un élément clef et difficile. En fait, il faudrait régulièrement essayer les voiles de copains pour avoir des points de comparaison. Et surtout : acheter ce qui nous plait et non pas suivre la tendance des pilotes de notre site favori.
Avais pas pensé au couple voile/formation, mais à te lire Bradpitre, je me dis que t’as vache de vache de raison ! Encore une fois cas perso (désolé) j’ai commencé avec un char (en vente sur le site d’ailleurs) mais je me dis que je dois énormément à cette voile, elle s’appelle BodyGuard et elle ne vole pas son nom ! Pour progresser rien de tel qu’une voile hypersécurite, bon ça se paye en terme de perfo, mais bon la vie est déjà assez courte comme ça. Et puis quand ça monte bien aucune importance, on va au plaf comme tout le monde (et même au dessus). Du coup sans s’en rendre compte on augmente son domaine de vol.
Bien vu !
[quote]Pour progresser rien de tel qu’une voile hypersécurite, bon ça se paye en terme de perfo,
[/quote]
Bon ca depend ce que tu entends par hypersecurit mais la encore ca depend enormement des gens. Pour certains, une voile qui amorti trop la masse d’air va les empecher de la “sentir” et bloquer leur progression. Je sais que j’ai toujours prefere les voiles plus ludiques et vivantes. J’ai debute mes vols solos avec une dragon2 et j’ai adore. J’ai essaye au meme moment une Xact d’un pote et j’ai pas du tout apprecie.
D’où la politique des petits pas en matière de changement d’ailes. De l’Epsilon 2 à la Sigma 4, c’était vraiment un pas de grand con :shock:
J’en connais un qui a fait également le même pas, il a fini dans un arbre après une cascade d’incidents mémorable. Aile bousillée, parachute dans l’arbre et airbag explosé. Témoins de loin, nous avons appelé l’hélico. Ils n’ont pas trouvé le pilote. Normal, il revenait à pied chercher son scooter. La leçon ne lui a pas suivi, il a acheté une Ventus et s’est spécialisé dans la vrille :affraid: Il est toujours en vie, ne s’est même pas abimé un ongle, mais vole quand même sous du B. OK, le mec est spécial: en pente école, il n’a pas vu le bus-navette en courant comme un dingue: il a démoli la porte du bus. Lui n’avait rien évidemment.
Ceci dit, c’est vrai que les voiles qui ne transmettent absolument rien, ne vont pas aider à progresser. La X-Act, une Nova sauf erreur, j’ai aussi essayée et détestée.
Non, ce n’est pas de la formation, c’est de l’encadrement.
Et c’est une partie très importante du boulot pour les écoles de vol libre.
Il y a des gens qui réalisent très vite qu’ils ne pourront pas mettre dans le parapente l’engagement de disponibilité que ça nécessite. Ou l’engagement intellectuel (il faut apprendre des domaines variés et lire tout ce qui passe sur le sujet). Ou encore l’engagement psychologique (activité en milieu naturel confrontée aux éléments).
Mais ils aiment ça quand même. Alors ils se payent une ou deux semaines de stage par an.
Ils n’ont pas d’investissement en matériel à faire et les moniteurs sont là pour assurer la sécurité et leur faire faire les plus beaux vols qu’ils sont capables de faire. En toute décontraction et dans une ambiance souvent sympa.
Attitude réaliste et fort honorable.
Je suis toujours étonné d’entendre dénigrer le matériel qui ne transmets pas assez.
Pour moi les ailes qui ne transmettent pas assez transmettent encore trop !
A mes yeux c’est incroyable, il y a tout une catégorie de la population qui est anesthésiée ou quoi ? Vous allez faire mentir Piwaille sur la supérieure expertise sexuelle des parapentistes pour cause de sensibilité fine et exacerbée !
Même avec la plus ouatée des ailes école on sent bien ce qui se passe en l’air, non ?
Le parapente, question immersion dans les mouvements aérologiques c’est quand même ce qu’il y a de plus brut de décoffrage…
Tous les pilotes de delta ou de planeur le disent : si tu veux te faire secouer, fais du parapente !
Je suis d’accord avec tout le reste, mais pas avec ça. J’ai volé quelques fois avec une Alpha 2, je ne sentais pas le thermique. Ni en bout d’aile, ni quand je rentrais de face. Bon, c’était peut-être parce que je suis pas très à l’écoute.
Je relis ton message initial, il y a trop de choses, faut y aller petit à petit.
Par exemple là, tu sous-entend qu’il y a des paliers à franchir. De quel ordre par exemple, qu’est-ce que tu appelles des paliers ?
Et surtout, c’est quoi un bon pilote ? Et quel genre de pilote veux-tu devenir ?
Pour moi ça c’est hallucinant… Avec n’importe quelle aile lorsque tu entres dans une ascendance la voile change de trajectoire et le pilote par son énergie cinétique tend à rester sur la sienne. Donc mouvement pendulaire.
A ce moment là, tu sens bien que tu es freiné et que ça bouge en tangage… non ? C’est impossible à éliminer comme sensation même lorsqu’on donne l’amortissement maximum possible à une aile ! C’est comme si tu me disais qu’en barque tu ne sens pas les vagues…
Quand tu es dans une voiture qui roule et que le conducteur simplement lève le pied de l’accélérateur, tu sens bien que ça t’expédie en avant.
Alors comme ça, vite fait, trois pistes qui me viennent à l’esprit :
masse d’air globalement trop turbulente pour arriver à discriminer les sensations ; ça bouge dans tous les sens et au bout du compte on ne sent rien ; mauvaise aérologie pour apprendre le thermique.
vol trop lent, trop sur les freins, très basses vitesses qui gomment les changements de régimes de vol, les effets pendulaires faibles et qui ne laissent plus la place qu’aux mouvements verticaux puissants ; annihilation de la perception fine.
maturation psychologique nécessaire pas encore atteinte ; le pilote est trop impressionné par l’environnement, par le fait d’être en l’air, par les mouvements aérologiques ; trop de sensations trop tôt, donc je déconnecte et je relève mon seuil de perception pour ne pas être submergé.