Julien, Pascal, j’ai beaucoup pensé à vous
pendant mon 1er test ce week-end… Joli bivouac, pas de vol, beaucoup de marche… et de poids !!!
Comme évoqué dans ma citation en signature, la pratique a expliqué à la théorie en quoi vous aviez raison…
Cela a été très instructif pour moi. J’étais un peu bercé par l’illusion que la discipline consistait à enchaîner des cross avec occasionnellement quelques pas à faire. Ce week-end m’a remis les pieds sur terre (c’est le cas de le dire).
En gros j’ai fait involontairement le tour du mont Lachat du Grand Bornand (dans le sens des aiguilles d’une montre) un peu par le haut et par le bas sans jamais réussir à voler. Par contre j’ai bien endolori mes épaules, mes cuisses et mes orteils.
Samedi fin d’après-midi, je suis parti du Chinaillon (NO du Lachat) vers l’Est en passant donc par le nord du massif. Arrivé à 1774m aux Terres Rouges, endroit idéal pour le bivouac. Petit terre-plein herbeux plat avec vue imprenable sur les Aravis. Nuit parfaite. 12° au plus bas vers 5h donc tente tarp et duvet largement suffisant. J’étais jambes nues avec juste une polaire fine très confortable.
Dimanche, au petit matin, je me rends compte que mes plans de vols faits sur des cartes et google earth étaient foireux.
Plan A, décoller sur la face Est à mes pieds. Juste pas vu que c’est une longue falaise et que le surplomb est en pente négative, ce qui veut dire décollage très risqué.
Plan B, chercher un sentier sur la face Nord du Lachat. D’où est-ce que je l’ai rêvé celui-là? C’est très pentu, rocailleux et avec un sac de 13, non 15, non 17 kilos (mais qu’est-ce qui m’a pris de bourrer les poches d’inutilités à la dernière minute?), ça va être même dangereux.
Plan C, voler par dessus la vallée où je suis monté. Ben non, ça va pas passer en finesse et c’est tout à l’ombre.
Je décide donc de montrer la crête vers le sud pour voir si je trouve soit un moyen de passer la falaise pour décoller en face Est soit de remonter vers le Lachat. Un chamois m’indique un passage et je me trouve en face Est sur une pente quand même assez marquée alors que le vent passe sud. Autrement dit, je devrais décoller en mettant la voile en travers dans une végétation peu plate. Pas trop tenté. Je décide de chercher un chemin pour rejoindre le sommet du Lachat et décoller sur sa face sud que je connais déjà. J’aperçois 2-3 voiles faire une boucle confirmant que ça vole sur cette face.
C’est une ascension assez raide, avec passage de barres d’1-2 mètres, prises de main et je glisse un peu sur les herbes. Grâce aux bâtons, j’assure assez bien mais je me fatigue. Il reste 150m à parcourir quand des bonnes rafales de sud entrent violemment (nettement plus que 30km/h). Je marque une pause. Plus personne ne semble voler là-haut. Est-ce raisonable d’insister et de se retaper la descente en face sud?
Je fais demi-tour et redescends cette pente assez raide. C’est un moment assez pénible avec tout ce poids, mes orteils butent de plus en plus et les ravines qui se succèdent me font régulièrement glisser et tomber. Arrivé enfin à la route 500m plus bas, je savoure de ne plus être en pente. le vent reste fort, plus personne ne volera de la journée. Il ne me reste plus qu’une option, suivre la route qui contourne le massif par le Sud pour rejoindre ma voiture.
Leçons à en tirer:
- [avoir une vrai démarche “light”]. Cette phrase a pris sons sens gramme par gramme. Je me suis encombré d’au moins 1.5kg de choses inutiles, par souci de manquer de quelquechose, j’ai oublié l’essentiel : la légèreté!
- Avoir un plan de marche/vol modeste et réaliste. J’ai trop basé l’itinéraire sur le bivouac, et laissé la porte ouverte à l’incertitude de l’aventure. Du coup j’ai été servi…
- Tenir compte du cumul de fatigue. Porter son sac de 10kg pour une montée de week-end c’est une chose. Rajouter 5-7kg et remettre ça sur des épaules déjà endolories le lendemain, c’est une autre histoire.
- Pascal, ça m’intéresse la marque de ton VRAI sac à dos, histoire d’étudier ça …
Pour revenir à l’eau, point de départ de ce post, j’ai fait fondre de la neige sur un névé proche du bivouac et ai trouvé une source en amont d’abreuvoir à vaches quand j’ai rejoint la route plus bas. J’étais parti avec un camelback de 1.5L + 1 bouteille d’1 litre. Vu la chaleur et ma fatigue, j’en ai consommé énormément.
Souvent les questions qu’on se pose en théorie sont fondées sur un modèle qui ne colle pas en réalité. Trouver de l’eau est effectivement plus difficile en altitude, mais ça ne deviendrait vraiment un problème que si on n’en descendait jamais. Et là je viens de comprendre que c’est purement de l’illusion !
Un grand merci pour vos contributions 
A suivre …
Bons vols à tous,
Michel