Mouarff…Je vais me forger instantanément une réputation de fou dangereux, m’enfin, certaines mauvaises expériences valent le coup d’être partagées.
Bon c’est un premier récit, je m’applique…
C’était le 7/7/2007 au dessus de la Vendée et de l’inversion vers 20H35 dans une tempête de ciel bleu…J’étais en vol avec un copain dans un Zenair 601XL, les réservoirs étaient pleins.
Sur le tableau de bord juste au dessus du G-mètre il y avait une étiquette qui indiquait “+6g -4G max”. J’avais par ailleurs vérifié sur le site du constructeur (Heinz) qui indiquait “+6G -6G”…autant dire qu’il y avait de la marge si on considère que le maximum que j’ai pris en voltige dans le CAP 10 c’est 5.5G ! …et que c’est un facteur de charge qu’on commence en sentir passer.
J’avais déjà fait de renversement en “appui” avec le 601 en faisant toujours attention de ne pas dépasser 3G ce qui me tenait très loin des limites annoncées de l’appareil.
Et puis ce soir là…je prends une ressource à à peine 3G, comme expliqué plus haut on est 2, les réservoirs sont pleins et brutalement j’entends une énorme détonation alors qu’une gerbe d’étincelles sort du planché sous mes pieds…et qu’en vision périphérique, à gauche, je vois une masse rouge et blanche arriver très très vite sur moi. Instinctivement je lève le bras pour me protéger au moment ou l’aile gauche traverse la verrière et fait “casse noix” sur le cockpit. Elle me percute et m’envoie mettre un énorme coup de boule à mon passager.
Sur le coup, je suis un peu choqué, et je me souviens avoir prononcé un tout petit “merde” très euphémique…
Pendant ce temps là, ce qui reste de l’avion engage du coté de l’aile manquante et on passe proprement sur le dos. Le moteur s’est coupé, c’est donc avec la vision tête en bas de la planète qui se rapproche que je sens le vent et que j’entends son sifflement pour une première approche un peu virile de la chute libre.
Alors comment on s’en sort ? -tintintin- <- Ambiance
Dans le Zenair en question il y avait un parachute pyrotechnique. Donc, j’avais une mission, trouver la poignée du parachute et tirer dessus. Seulement l’aile en traversant le cockpit avait aussi ravagé le tableau de bord et la poignée était passée dessous. Coup de bol on est vite repassé en vrille a plat sur le ventre. (la plus belle vrille a plat que j’ai jamais faite. On devait passer le tour complet en 2 sec). Le gros avantage de cette configuration c’est qu’elle est très stable (c’est aussi pour ca que la procédure de sortie est compliquée). Du coup, moyennant un petit effort abdominal ca devenait faisable d’aller chercher la poignée sous le tableau de bord. Je trouve donc la dite poignée, je tire dessus…et là…il ne se passe rien.
Comble du suspens…
En fait je ne vois rien se produire et c’est ce moment en particulier qui a été dur. J’en parle souvent que le seul vrai moment de désespoir de toute ma vie. Je savais qu’à part tirer la poignée, je n’avais rien d’autre à tenter pour nous sortir de là et que dans 10 sec ca allait picoter définitivement. En fait la roquette était bien partie sans que je la vois et le slider qui ralenti l’ouverture du parachute pour limiter le facteur de charge la diffère de 4 à 6 sec. Et c’est déjà très long qu’en on sait qu’on va mourir. Finalement, donc, la jolie coupole rouge s’est déployé dans le ciel bleu…malheureusement mon appareil photo n’était plus là pour que je prenne la photo. On a recommencé à communiquer mon passager et moi. C’était pas une situation très sympa, parce qu’on subissait complètement.
On est passé au-dessus de l’autoroute, au-dessus des marais, à 2m d’une ligne haute tension et on s’est “écrasé en douceur” -comme dirait le journaliste- dans un pré à vache. Des gens avaient suivi notre périple depuis l’explosion de la roquette du parachute et sont arrivés quasiment en même temps que nous dans le champ. Les pompiers ont suivi de peu. Nous n’étions pas très amochés mais ils ont insisté pour nous mettre dans leur espèce de $*%!#! de sarcophage. C’est surement un des passages les plus dangereux d’ailleurs parce que nous nous sommes retrouvés coincés façon saucisse de hot dog sur un lit a roulette juste tenu d’une main par un des pompiers dans le camion…J’imagine bien ce qui se passe s’il freine brusquement.
A l’hosto aussi ca a été très bizarre. Je me suis fait recoudre un doigt debout avec la main posé a 20cm sous le nez de mon passager qui était couché dans un lit avec un gros oeuf sur le crâne…Lui n’a eu droit à aucun examen alors qu’il avait eu des troubles visuels après le crash.
Bref…2 jours plus tard j’ai eu droit à 8h d’audition à la brigade de gendarmerie de l’air avec un enquêteur du BEA. Ni l’un ni l’autre ne connaissait bien l’aéronautique.
Ils m’ont présenté la fiche d’identification de l’appareil qui le donnait à “+4G -2G à 450Kg”…contre “+6G -6G à 520Kg” chez le constructeur gassp. (ca s’est ma faute j’aurais du lire la fiche d’identification). En fait la manufacture Tchèque qui distribuait l’appareil en Europe avait fait des modifications structurelles pour le faire passer aux normes françaises…en réduisant sa résistance au passage. Sachant que nous étions au max de la charge administrative (légèrement supérieur à 450 Kg avec un parachute)…la manoeuvre à 3G devenait nettement plus limite…Ce qui me posait encore problème c’est que je savais que je volais sous la VNA (vitesse de manoeuvre à laquelle on ne peut théoriquement pas endommager l’avion par une action au manche). Seulement ni le gendarme ni l’enquêteur n’ont compris ce que je voulais dire… :fume:
Epilogue
Ils ont conclus que j’étais sorti du domaine de vol ce qui avait entrainé la rupture du longeron à l’emplanture gauche. Seulement, après moi, il y a eu 7 accidents un peu partout dans le monde avec cet appareil jusqu’au début d’année 2009 ou au Pays Bas le bureau d’enquête à conclus que la rupture du longeron était intervenue alors que l’avion était dans son domaine de vol ce qui a changé la position de la BEA en France. Une note d’information de la DGAC lui interdit aujourd’hui de voler au dessus de 180 km/h alors que ca VNE est de 290 KM/h ! Entre temps Heinz (le concepteur de l’appareil) a retiré sa licence à l’entreprise Tchèque…