L’agent OSS 404 (comme la Peugeot du même chiffre), précédemment affecté à la BAC Nord de Marseille, que des bruits infondés et délétères de malversations et autres rackets ont malencontreusement contraint à quitter le service pour la sous-direction du renseignement extérieur, au ministère de l’intérieur. Il a été missionné pour enquêter secrètement sur des méfaits qui seraient commis par des ressortissants nationaux ressortis à l’international et des rentrants internationaux rentrés sur le territoire national par inadvertance.
Le rapport de l’enquête menée sur le terrain du 26/03 au 03/04 2013 :
Sur la fois de dénonciations calomnieuses d'une indic, que nous ne nommerons pas pour d'évidentes raisons de sécurité, on a appris de la bouche même de Florence que des délits de vols seraient régulièrement perpétrés par des citoyens de la républiques en terre monarchique maghrébine. Sur la foi d'informations aussi concomitantes que franchement concordantes réunies par diverses sources officielles et officieuses, toutes aussi sures et reconnues d'utilité publique que peuvent l'être celles Vichy Célestin et Volvic, je suis parti mener l'enquête sur place pour le compte du ministre lui même, sur ce que l'on nomme déjà le scandale de la filière marocaine. J'y ai infiltré un con génitaux le milieu de la fine fleur du grand banditisme européen en villégiature en pays berbère. Ces derniers seraient hébergés par un dénommé Damien : Un français ex-peintre trié sur le volet , et probablement interdit de six jours en mettre aux pôles, nord et sud, mais pas en France, et ci-devant installé à gauche en entrant dans Mirleft, et à droite en venant dans l'autre sens de Mirright. Nous avons obtenues prestement, grâce nos contacts dans cette monarchie amie, les autorisations officielles afin de pouvoir enquêter sur place, l'expérience ayant démontré qu'opéré, même sous couverture et draps de bain, en terre étrangère sans l'assentiment des autorités locales pouvait parfois se révéler très risqué, et lourd en déconvenues.
Afin de ne pas éveiller de soupçon, je suis parti avec mon assistante, histoire d'avoir tout l'air d'un caïd en fuite avec sa maîtresse. Nous avons pris un avion en classe économiquement défavorisée en semaine à destination de Marrakech et non d'Agadir, et le tout sur une compagnie aussi britannique qu'anglaise, pour mieux brouiller les pistes. C'est dire mon professionnalisme. Une fois sur place, pas pour nous fondre dans le paysage, nous avons jeté plus judicieusement notre dévolu, ainsi que nos valises et nos deux séants dans une superbe Logan immaculée et immatriculé localement tout en chiffres arabes et en vermicelle. C'est bien plus discret. Surtout dans les grandes montées. C'est ma pulpeuse assistante qui va me servir de pilote pour l'ensemble des filatures et courses poursuite, et les autres courses dans les souk et les marchés à venir.
Afin de passer inaperçu au milieu des parrains et mafieux internationaux que l'on m'a dit être dans la région, j'ai revêtu un somptueux costume blanc à fines rayures, un borsalino et des godasses vernies bicolores. Sitôt débarqué en ville, et malgré ce classieux déguisement, je fut aussitôt interpellé par mon prénom : tout le monde semblait avoir été prévenu de mon arrivée ! Voila qui commençait mal pour une enquête discrète sous les couvertures.
Je décide donc d'infiltrer le repère des malandrins, un hôtel situé en centre-ville, et à deux pas de ma planque. Sitôt arrivé, une bière servie , le garçon nous passe de suite le menu... Et ce qui me semble sur le coup être un signe de reconnaissance entre gangs :
"- J 'ai une araignée si vous voulez.
-
Etrange, on dirait pas. Vous semblez pourtant être parfaitement sain de corps et d’esprit, et l’établissement proprement tenu, dis-je l’air un peu surpris.
-
C’est pour manger M’sieur Gilles.
-
Hummm… de l’arachnide grillée dites-vous jeune indigène, c’est sans doute l’une de ces surprenantes spécialités autochtones dont vous vous nourrissez en période de famine, comme ces insectes frits sur les marchés Bangkok en quelques sorte ?
-
?!..
-
Ce sera très bien mon jeune ami, envoyez la tarentule !"
Quelques minutes plus tard, j’ai le monstrueux animal encore chaud dans mon assiette. Je n’en avais encore jamais vue de pareille taille ! Elle déborde largement du plat ! J’en profite donc fort habillement pour entamer la conversation auprès du serveur, le complimenter et m’en faire un allier susceptible de me lâcher quelques informations à même de faire progresser mon enquêtes :
"- Vous complimenterez le chef pour moi : jamais on ne m’avait encore servie de tarentule si bien épilée, pas le moindre poil aux pattes ! Et c’est du boulot, croyez moi, je sais de quoi je parle, j’ai des origines lusitaniennes.
-
C’est de l’araignée de mer chef.
-
Assurément ?! …
-
Oui Monsieur Gilles.
-
Ben merde alors ! Foi de normand, ça faisait un bail que j’en avait pas vu d’aussi grosses… depuis le dernier incident nucléaire au centre de retraitement des déchets de la Hague, pour être précis, c’est vous dire !"
J’avais faillit griller ma couverture. Pour plus de prudence, je préférais donc fermer ma gueule durant le reste du copieux repas, et espionner mes voisins. Très rapidement l’estaminet ( ce qui en espagnol veut dire que, si au départ il n’y avait pas un chat, il en était maintenant rempli… de chats : esta minet ! ) je fut envahi d’étranges étrangers. Nos infos étaient donc fiables, nous sommes de toute évidence au beau milieu d’une réunions de malfrats, de bandits d’envergure internationale. Et malgré leur langage codé, il ne fait aucun doute pour moi qu’ils évoquent à mots couverts leurs méfaits de la journée : treuillage pour parler de vol à la tire, gonflage par vent fort pour évoquer des vols à l’arraché,… tout est parfaitement limpide pour un enquêteur de mon espèce formé à l’école supérieur de la Gendarmerie Nationale !
Le lendemain, alors qu’il ne fait pas encore jour le son du radio réveil me fait bondir du lit. Pas moyen de l’éteindre, et pour cause : il n’y a pas de radio réveil sur ma table de chevet. Ici le radio réveil est collectif, et l’animateur vedette officie sept fois par jour depuis un phare situé en plein centre ville. Il serait bien plus utile de laisser les phares judicieusement disposés sur des promontoires de la côte toute proche et pour l’usage exclusif des navires de passage. Compte tenu du nombre d’épaves qui juchent les plages des environs, ce ne serait vraiment pas du luxe. Mais au lieu de cela, le DJ hurle à qui veut bien l’entendre "Allah douche ! ", c’est l’heure d’un brin de toilette, il a raison, mais il ne pleut pas. Voici un premier indice à prendre en considération par rapport à la France ces derniers temps.
Je ne manque pas d'observer mes présumés coupables lors du copieux petit déjeuné. Ils ont tous les attributs des parfaits malfrats : bronzage en avance sur la saison, la marque des lunettes teintées destinées à masquer des regards biaiseux, d'énormes sacs à butin, langage codé à double sens, voir même parfois en langues aussi étranges qu'étrangères... Ils sont donc de toute évidence coupables. Comme on l'apprend dans toutes les écoles de police, une filature réussie étant une filature ou la personne observée ignore qu'on la suit... je décide donc de prendre les devants et précéder mes cibles, celle-ci n'ayant plus alors aucun moyen de s'apercevoir que je les suis... de devant. Vous me suivez aussi ?Manque de bol, ils ne sont pas partis là ou je les avait devancé. Avouez que c’est dommage après avoir mis au point une telle astuce.
Le soir, de retour à l’hôtel qui leur tient lieu de QG, déguisé en plante verte subtropicale-vénéneuse, je parviens à saisir quelques informations cruciales : ils ont réussis à commettre plusieurs vols remarquables en fin de journée… mais impossible d’en connaitre le butin exact et s’ils l’ont déjà écoulé. Et dire que j’aurais du être sur leurs talons pour les prendre la mains, les pieds et les oreilles dans les sacs. Ces derniers étant suffisamment grands pour y faire rentrer le tout.
Dans la foulée, j’apprends aussi que le lendemain promet d’être un jour grandiose, et que quelque chose se prépare, là même ou je les ai attendus en vain une bonne partie de la journée… Moi qui croyait avoir été mauvais pour le coup, en fait, je suis totalement à la hauteur de mon excellente réputation : J’avais tout simplement déjà un coup d’avance sur mes adversaires !
Pas de radio réveil le lendemain matin, le DJ devait être enroué. Peu importe, mon assistante et moi même sommes sur le qui vive dès l’aube… enfin, presque pas plus tard. Une bonne partie du gang à déjà filé lorsque nous arrivons dans le hall de l’hôtel. Du coup, je dois cuisiner le dénommer Damien avec maestria. Sans même s’en apercevoir, il me lâche tout en quelques secondes : le lieu du forfait, les complices, le plan d’attaque, la procédure de replis au cas ou cela tournerait vinaigre,… enfin tout quoi.
L’équipe de voleurs aussi anglais que britannique est rapidement localisée : pas la moindre discrétion avec leurs énormes sacs à butins et leur mauvaise conduite (à gauche)… Et puis figurez-vous qu’ils mettent à sécher des draps de couleurs vives au sommet de la colline, voila qui fait mauvais genre en terre d’austérité islamique ou pratiquement toutes les femmes sont aussi sobrement que sombrement voilées. Tant pis pour la faute de goût, une infiltration réussie n’étant jamais qu’un sacerdoce d’abnégation et de renoncement de soi même… je me fond dans le paysage et me joins à eux muni des mêmes attributs.
Me voila pris dans le tourbillons criminel, c’est une véritable déferlante de braquages : je commets en leur compagnie pas moins de 5 vols dans la journée sans même avoir à redescendre dans la vallée, sauf pour aller faire la sieste à la plage sur les coups de midi, il faut aussi penser à la couverture de mon assistante. Et le pire dans tout ça : aucune des victimes n’ose porter plainte ! Avec une pareille loi du silence, comment voulez vous qu’on puisse enfin mettre ces malfrats à l’ombre pour de bon. D’ailleurs, même lorsqu’on met tout ce beau monde à l’ombre, ça ne dure pas bien longtemps et les vols continues. La corruption sans doute… je ne vois que ça. D’un autre coté, je n’ai toujours pas trouver ce qu’ils dérobaient et à qui cela pouvait bien faire défaut.
Dépités par ce triste constat d’impuissance, nous rentrons à notre modeste planque, un loft tapissé de marbre de 615 m2 du quartier d’affaire de Mirleft. A notre arrivée à l’hôtel, la bière et le soleil ont eu raison de la raison déjà vacillante des douteux sujets au verbe haut qualifiés de l’adjectif de british. En complément de l’objet directe de mon investigation, point d’autre information ce soir je n’obtiendrais.
Vendredi, c’est à dire non pas le jour du poisson, ou alors juste les queues en circulant en ville, mais le dimanche. Ben oui, quand c’est vendredi en terre d’Islam, c’est déjà le jour du seigneur, le début du week-end quoi. Si vous comptez bien comme moi, ça fait 48 heures de décalage horaire, ce qui est énorme pour une seule journée ! Par chance, ayant les facultés d’adaptation du caméléon, je supporte très bien le jet-lag. Ce n’est pas le cas de l’assistante, qui encore repue de son diner de la veille peine à ouvrir l’œil.
Comme chaque matin, on commence par faire les tour de nos indics, et c’est comme ça que Damien nous passe un message totalement crypter, une info de première main à décoder que je vous livre tel quel : " Vendredi c’est jour du poivron. Pas la peine de se presser, ce matin en venant c’était Nord-Est. Si il y a un créneau je t’envoi un SMS."
En clair, il faut comprendre : “Il semblerait qu’aucun mauvais coup ne soit prévue pour l’instant. Vas pousser tes investigations dans les bas quartiers Nord-Est de Moscou, tu en apprendras certainement plus. Je reste à l’écoute de mes informateurs, et si j’entends du neuf, J’envoi un télégramme à ton assistante”.
Nous nous exécutons aussitôt, sauf que le Nord-Est de Moscou, même en Dacia de fonction, c’est un peu loin. Du coup on se rabat (au Maroc quoi de plus normal ) sur Tiznit. Le flaire sans doute, parce que coté créneau, on est pour le moins gâté : 5 km ininterrompus de créneaux sur le mur d’enceinte de la vieille ville… et pas un seul des antiques taxi que l’on trouve au pied du mur n’est correctement garé : tous en bataille ! Quand on connait les vertus créneaux et qu’on en a 5 km à disposition, on se dit que c’est vraiment du gâchis !
Mon assistante, m’entraine dans les ruelles les plus sombres du secteur la truffe collée au ras du sol. De toute évidence elle est sur une piste sérieuse, elle a flairé quelque chose… et ça ne rate pas : On se retrouve bientôt beau milieu de centaines petites échoppes de receleurs de bijoux ! Les devantures brilles de mille feux. En investigatrice consciencieuse, elle décide de les interroger tous sans exception. Quand je vous disait qu’elle avait un don pour ce genre d’enquête !
Ses conclusions, et en matière de bijouterie je lui fait confiance, sont aussi brillantes que la quincaillerie qui nous entoure : C’est pas du toc, mais c’est pas pour autant de la production dans le style local traditionnel. On croit savoir maintenant de quoi est constitué le butin des bandes organisées que nous poursuivons, et comment ils l’écoulent. On en sait suffisamment pour retourner les coincer.


La discrétion est le propre de l’investigation 
