les effets de l'adrénaline

effet tunnel (vision périphérique altérée), capacités sensorielles fines altérées, tétanisation, viscosité mentale…l’adrénaline (Edit +la peur) nous joue des mauvais tours en parapente.

Avez-vous déjà été victime de l’adrénaline lors d’une situation critique en parapente?
Avez-vous des méthodes pour y échapper?

j’ai posté cette fiche sur RTO:
http://paragliding.rocktheoutdoor.com/conseils/reconnaitre-controler-effets-adrenaline/

… mais il y a très peu de commentaires sur RTO. Merci LCDV.

Il n’y a pas que des effets négatifs… D’ailleurs l’effet physiologique de l’adrénaline est avant tout pour potentialiser les réactions, être efficace rapide attentif. Je pense que là c’est les effets de la peur dont tu parles pas de l’adrénaline.

[Edit] L’adrénaline est avant tout là pour survivre aux situations de stress pas pour nous inhiber.

je ne suis pas un spécialiste des termes mais mon ressenti est le suivant.

Période de stress dans un coin moisi (vision réduite, tétanisation, viscosité mental, …) puis arrive l’accident de vol, plus de stress un sentiment de bien être je suis décontracté et je suis la procédure calmement pour revenir au vol.
j’ai attribué ce changement net d’état à l’adrénaline, et j’en ai conclu quelle était mon amie, mais ce n’est pas ce que tu sembles dire dans ton article :grat:

merci @Chamalo tu as raison peur et adrénaline vont souvent de pair.

tu as raison, la décharge d’adrénaline est une réponse au stress qui décuple certaines capacités (force musculaire)…
…mais au détriment d’autres capacités plus fines (capacités sensorielles fines). là est le problème en parapente!

Si les hommes préhistoriques avaient fait du parapente nous n’en serions pas là. Malheureusement, pour eux et pour nous, ils devaient plutôt échapper à des prédateurs (=être fort et courir vite) que de gérer des fermetures asymétriques.

Tu crois vraiment que c’est l’adrénaline elle même qui engendre ces effets négatifs? Et pas plutôt la façon de gérer tout ça au niveau du cerveau? L’adrénaline potentialise, et le cerveau doit faire le tri dans toutes les infos qui lui arrive et quand il y en a trop il doit sélectionner, d’où l’effet tunnel. Je crois que tu extrapole un peu trop, car justement comme le dit brandi, si on arrive a gérer l’adrénaline calmement on devient beaucoup plus performant, même sur des choses avec débordement d’info. Maintenant est ce que c’est par ce que si on est calme on a moins d’adrénaline ou par ce que si on est calme on gère mieux les infos, mon avis penche plutôt pour un effet indirect (trop d’info provoque la sélection) et pas d’un effet direct de l’adrénaline.

Mais après avoir lu ton article, tu pondère un peu toi aussi par le fait d’être calme donc ça va.

intéressant @brandi, merci!
a bien y réfléchir je ressens la même chose que toi: sensation de calme lors de l’incident de vol (je n’irai pas jusqu’a la qualifier de sensation de bien être!)

mes sources à propos des effets de l’adrénaline :
http://www.scoop.it/t/securite-en-vol-libre/p/4059753254/2016/02/15/comment-sauver-ma-peau-en-vol-a-voile

(cf p6)

et
http://self-defense-besancon.over-blog.com/article-peur-et-vision-tunnel-119674671.html

Comme je dis toujours : tant que t’as peur, c’est que tout va bien ; lorsque c’est vraiment grave, t’as plus peur.

Les effets associés deviennent en effet grand calme, quasi bien-être, hyper-concentration, sang-froid et mise à l’écart des émotions, extrême rapidité des réactions, le temps s’allonge…Et tout ceci ne fait pas pour autant prendre les bonnes décisions !
Ensuite, quelles sont les hormones impliquées ? Les biologistes doivent le savoir.

Plein d’infos ici http://www.stresshumain.ca/

Faire la grosse bedaine avant le grand vol :wink:

http://www.youtube.com/watch?v=cNf0_etLK6M#t=128

Pour moi, l’effet tunnel ne désigne pas la vision mais plutôt l’altération du raisonnement et l’appréciation des éléments extérieurs.
Sous l’effet du stress, on est conduit à se raccrocher à une solution unique et à rejeter tous les signaux extérieurs et facteurs rationnels qui pourraient nous faire dévier de cette solution.
On se construit en quelque sorte un “tunnel cognitif” bien étanche sur les côtés et qui débouche vers cette unique solution. L’ennemi, c’est le doute et l’incertitude, et on les laisse à l’extérieur du tunnel.

Classiquement, l’effet tunnel c’est le seul arbre de l’atterro que l’on se prend parce qu’on s’est fait un plan mental qui passe théoriquement au dessus, et qu’on continue à suivre alors que le gaz est manifestement insuffisant.
C’est aussi la décision de décoller que l’on prend après des minutes d’hésitation devant divers scénarios aérologiques angoissants. La décision de décoller vient calmer tout ça.

Paradoxalement, l’objectif mental fixé lors de l’effet tunnel peut être un objectif catastrophique voire suicidaire. Mais le côté certain de l’issue a d’une certaine manière un effet rassurant. Plus de doute = moins de stress.
C’est comme ça que dans une école que je connais on a pu voir un élève en panne de radio traverser toute la vallée et aller se crasher dans la forêt en face. Son bout de tunnel à lui était d’aller tout droit tant qu’on ne lui disait pas de tourner.

Les exemples sont légion.

Ce que tu décris, c’est plutôt la viscosité mentale.

C’est une autre façon de nommer le même phénomène, mais l’effet tunnel est plus précis. La viscosité mentale peut être l’effet de l’hypoxie, et dans ce cas ce n’est pas la même chose.
Un exemple d’effet tunnel : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/904357-crash-d-avion-a-san-francisco-a-l-atterrissage-le-pilote-est-son-propre-ennemi.html

Personnellement je parle de deux phénomènes totalement différents.

  • Viscosité mentale : je suis submergé par le stress et je focalise sur le problème sans être capable d’y apporter de solution (le cerveau ne répond plus). C’est la panique dans l’ordinateur central, les processus moulinent follement sans déboucher sur une action. On a reconnu un problème qui provoque une telle émotion qu’on ne peut que rester figé. La puissance de l’alarme te tétanise. C’est la cas classique de l’arbre en pente-école, de la traversée en effet en ligne droite directe dans la forêt ou le relief, de l’élève qui ne répond plus à aucune consigne radio…
  • Effet tunnel : c’est une hyper-concentration sur un domaine limité afin d’apporter toutes mes ressources exclusivement au problème détecté. Le cerveau ne “voit” que ce qui est urgent et toute sa puissance est focalisée pour y répondre. C’est le cas lorsqu’on conduit à vitesse très élevée, c’est le cas aussi par exemple en parapente lorsqu’il faut sortir de la vrille tout en étant à proximité du relief en aérologie thermique. En écartant tout autre considération et en focalisant toutes les ressources, l’effet tunnel aide à avoir le geste technique rapide, juste et précis au bon moment, à condition d’avoir déjà en arrière-plan intégré le scénario de sortie adapté.

L’effet tunnel est positif sous réserve d’avoir préalablement acquis suffisamment de connaissances et d’expérience.
La viscosité mentale est toujours négative.

Viscosité mental: le lapin est figé
Effet Tunnel : il détale à toute vitesse, sans voir qu’il est dans un champ de carotte mais en évitant les pattes du chasseur.

Il semble que nous ne parlons pas de la même chose à propos de l’effet tunnel.

Pour ma part, l’acception que je retiens est celle ci :

L’effet tunnel (ou fixation, ou ancrage) est un blocage cognitif qui enferme l’individu dans un seul diagnostic ou une seule activité. Obnubilé par l’option choisie pour résoudre rapidement le problème survenu, l’acteur est dans l’impossibilité de la remettre en question en fonction de données discordantes. (source http://www.precisdanesthesiecardiaque.ch/Chapitre2/Gestincidcrit.html )

Si dans certain cas ce blocage cognitif est centré sur le bon diagnostic, cela peut s’avérer efficace. Malheureusement, ce blocage n’est pas toujours le cas - loin s’en faut - et cela conduit à des accidents voire à des catastrophes (re-citation : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/904357-crash-d-avion-a-san-francisco-a-l-atterrissage-le-pilote-est-son-propre-ennemi.html )

N’étant ni docteur en physiologie, ni en psychologie et pas plus académicien. Je vais me contenter d’un avis plus simple/simpliste (?)

Dans une situation croissante en termes de difficultés potentiellement dangeureuses. Nous ou dans tous les cas moi, sentons en nous augmenter nos capacités d’analyses, de decisions et d’actions/reactions. Ceci jusqu’à un certain seuil, pas le même pour tous et pas toujour le même pour chacun. Seuil au-delà duquel nos capacités chute jusqu’à, éventuellement nous laisser nous abandonner a un sort qui nous semble alors inévitable. Cette acceptation me semble alors à l’origine de ce possible sentiment de bien-être, de détachement. Dans le même temps, ce détachement nous permet sans doute de façon plus ou moins inconsciente de réactiver nos capacités de reflexions/decisions/actions/reactions et de nous amener ainsi à (bien) agir/reagir. Même si ce n’est que lancer le secours ou… enfin lever les mains.

Alors oui, le stress et/ou l’adrénaline (je vous laisse le choix des mots) peut dans certaines situations compliquées nous sauver les miches mais pas de façon garantie alors même qu’il(s) représente(nt) une part probable importante dans le fait d’être allé se mettre dans la dite-situation compliqué.
Dans le doute, je préfère autant que se (je) peut les éviter, au moins le stress et me satisfaire de (toutes) petites doses d’adrénaline. Pour de plus grosses, les manèges de la foire au trône me semblent plus efficaces et plus… sûres.

J’aurai tendance à assimiler stress/adrénaline à la notion “d’envie” et “d’euphorie” qui peut en découler. Notions dont le positif ou négatif dépends des circonstances et aussi de comment on les gèrent.

Si on n’est pas “vraiment et de façon absolument réaliste” convaincu de savoir les gérer, alors mieux vaut les eviter. Bien sur qu’avoir des envies n’est pas une mauvaise chose mais il faut savoir les transformer en besoin avec realisme et pragmatisme pour ne pas ou vivre une frustration ou vivre… dangereusement.

Edit : Bravo Jean-Marc pour ton investissement dans l’amélioration de la sécurité dans notre pratique.