Récit parapente n°2
Le Revard, été 2013.
Frayeur au Revard !
Quelques temps après notre weekend à Passy, sujet de mon premier récit, nous devions aller voler, et en profiter pour emmener un de mes amis de longue date, rencontré au collège, faire ses premiers pas dans le vide. Dès qu’il nous a rejoints, mon père, mon oncle, et moi, nous partons au point de rendez-vous millénaire des parapentistes lyonnais : le Mc Do de Bron. Nous y trouvons Nystao, et décidons de prendre la route direction le Revard, site situé à l’Est du lac du Bourget, et au Nord de la croix du Nivolet (bien connue des savoyards).
Enfin arrivés au décollage, mon père (biplaceur) explique à Dylan la procédure du décollage en détail. Nous prenons beaucoup de temps avant de déplier les ailes, car les conditions n’étaient pas vraiment claires au décollage : vent de cul, qui revient progressivement face, et le reste pendant trente secondes avant de repasser cul sans crier gare. Il faut dire que les conditions météo n’étaient pas vraiment idéales pour le Revard : même si ça volait, le principal problème étant la présence de la couche d’inversion au niveau du décollage.
Pour ceux qui ne connaissent pas, la couche d’inversion est une couche sur laquelle la température augmente avec l’altitude au lieu de diminuer. Elle a le plus souvent pour effet de stopper les courants ascendants, générant ainsi de nombreuses turbulences, les thermiques s’étalant de manière désorganisée sur ce « plafond ».
Nous voyons au décollage quelques biplaces commerciaux tenter de décoller. Pour la plupart, ils y arrivaient après deux ou trois échecs, et leur manière de quitter le sol n’était pas vraiment gracieuse. Eux ont l’inconvénient de devoir faire ces biplaces pour manger, ils ne pouvaient pas se permettre d’attendre comme nous.
Après une bonne heure d’attente, mon père se décide à y aller. Le gros biplace s’élève dans les airs, et pivote sur son axe de lacet pendant la prise d’élan à bien 30° de l’axe du décollage. Le décollage sera sportif, mais après les nombreuses heures de gonflages que j’ai à mon actif, je sais que cette phase ne peut que bien se passer.
Je décide alors de décoller face voile. Elle monte gentiment, s’arrête au dessus de ma tête. Je me retourne après avoir vérifié son état, et commence ma prise d’élan. Il a fallu courir un peu, mais rien de bien contraignant. Me voila en l’air, pendu dans ma sellette, après un décollage exécuté à la perfection.
Je décide alors de m’installer confortablement dans ma sellette pour profiter de mon vol et rejoindre Dylan et mon père, partis s’amuser au dessus de l’ancien téléphérique. Au moment ou j’essaye de basculer sur le dos pour m’assoir, j’entend un genre de « Splash », mais ne sens rien dans ma commande, n’étant pas concentré sur cette dernière. Avant même de lever les yeux pour voir ce qu’il s’est passé, je me sens tomber sur le côté droit de ma sellette, et l’aile amorce un gros virage vers la droite. Je vois à ce moment qu’au moins la moitié de mon aile n’est plus ouverte. Je réalise également, au moment ou je décide de contrer, que ma trajectoire m’amène sur la falaise. Volontairement, je décide alors d’accentuer mon contre, et de déporter la totalité de mon poids sur la gauche, ceci ayant pour effet d’amorcer un gros virage sur la gauche, me permettant de passer à sans doutes moins de deux mètres de la falaise dans un mouvement de balancier. La voile rouvre à ce moment là, et à peine j’ai le temps de crier « ouf », que s’échappe un « MERDE ! » de ma bouche. Me voilà en face de deux arbres côtes à côtes, attendant bras ouverts d’attraper un parapentiste. J’effectue alors une petite correction de cap pour espérer avoir la chance de passer entre les deux, et voilà mon souhait accompli : moi, je passe entre les troncs, et ma voile, doit passer au niveau de la cime de ces derniers. Aucune suspente n’a accroché le feuillage, quel coup de chance !
Me voilà bon pour tirer tout droit vers l’atterrissage, oreilles suivies de 360 engagés pour rester en l’air le moins longtemps possible, et c’est le hors terrain, dans un petit champ entouré d’arbres juste au sud de l’atterrissage officiel. Après tout, posé vivant, posé content. Je mets la voile en bouchon et rejoins le véritable atterrissage à pieds, avant de voir arriver le biplace de mon père.
En voilà un pour qui le vol s’est bien passé : après une bonne demi-heure de vol, quelques wing-over suivis de beaux 360 engagés, je vois le sourire de mon pote de loin. Comme quoi, le parapente peut tout être : violent et horrible, mais aussi (et surtout), agréable et passionnant !