L’année écoulée ayant malheureusement été très riche en accidents et incidents qui auraient finir en catastrophes, au sein de notre club et dans son environnement proche, l’équipe dirigeante s’est dit que nous devions agir. Aller plus loin que les simples recommandations habituelles qui ne semblent plus avoir d’effet.
Nous avons donc essayé une autre méthode : l’étude objective et détaillée de cas concrets lors de notre réunion mensuelle. C’est à dire : présenter de la topographie des lieux, les prévisions météo et l’aérologie constatée sur place, le comportement des pilotes, le matériel utilisé, etc… Cela afin d’analyser, avec l’accord et la contribution des victimes ainsi que le recul nécessaire, les circonstances des accidents. L’objectif n’étant pas de mettre en évidence la faute de qui que ce soit, mais plutôt de mettre en lumière les circonstances précises qui ont conduit un pilote à se trouver en danger. Ceci afin que chacun puisse prendre conscience de ces situations à risque, pour mieux les éviter, et faire évoluer les comportements individuels.
Lors des discussions ayant suivi l’examen de deux cas concrets concernant des pilotes de loisirs expérimentés et plutôt « raisonnables » dans leurs pratiques, nous avons entendu de nombreux participants en tirer la conclusion suivante : « Ils étaient au mauvais endroit au mauvais moment ».
Que l’on puisse dire cela sur le moment, pour ne pas accabler la victime ou ses proches, je le conçois volontiers. Mais lors d’un travail d’étude objectif à froid… Comme s’il s’agissait d’une fatalité, imparable. D’évènements totalement imprévisibles et inéluctables. Que l’on ne puisse rien y faire, voir même considérer que cela fasse totalement partie intégrante de l’activité !?.. Et cela, alors que dans les exemples étudiés, des éléments factuels, bien présents et visibles sur place avant l’accident, mettaient en évidence une combinaison de plusieurs facteurs de risques connus de tous, permettant d’évaluer un niveau de danger non négligeable, ou en forte évolution. Une analyse que les concernées ont parfaitement réalisée, malheureusement après coup.
Un certain nombre de pilotes présents à la réunion faisaient preuve d’une forme d’acceptation, de banalisation, de la mise en danger en occultant (volontairement ou non) le respect de certaines règles de base et de bon sens en matière d’aérologie liée au vol libre. Comportement qui m’a heurté dans ma volonté de contribuer à réduire l’accidentologie et la mise en danger. Comment réduire le nombre d’accident si le risque semble « normal et accepté » ?
De là, une autre phrase toute aussi choquante à mon sens est revenue à plusieurs reprises : « Pour progresser il faut prendre des risques ». :affraid:
:grat: Comme si la progression dans le pilotage était simplement synonyme d’augmentation du niveau de risques pris et accepté. A mon sens, un pilote ne progresse que lorsqu’il est capable d’améliorer ses performances à même niveau de prise de risque, ou en le diminuant. Si la prise de risque augmente dans la même mesure que les performances, il n’y a pas de progression, tout juste une augmentation de la prise de risque, avec un jour ou l’autre les conséquences que l’on connaît. :evil:
A l’origine de cette dernière phrase, il y a certainement une confusion entre, d’une part :
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La prise de risque stratégique ou tactique, comme peut le faire un compétiteur lors d’une épreuve à fort enjeu par exemple, en choisissant une option différente, qui, si elle s’avère payante, fera la différence.
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Et d’autre part, la prise de risque physique pures et simple liée à une réduction des marges de sécurité. Réduction qui pourra peut-être s’avérer payante une fois… ou au contraire coûter définitivement très cher.
Toujours à mon sens, pour le pilote lambda, véritablement progresser, c’est : à performance égale ou supérieure, réduire son niveau de prise de risque. Quant à la fatalité, elle n’a pas cours en parapente. Ce n’est qu’une mauvaise analyse, le non-respect de règles de bases, ou le manque de connaissance. Dans tous les cas, des choses qui sont évitables.
Cela concerne chacun d’entre nous, moi y compris, qui semble ici me poser en donneur de leçon, je suis loin d’être toujours fier de mon comportement au quotidien. :oops: Je me dois de savoir raison garder, cela ne pourra que me faire progresser, et plus longtemps encore.
Le débat et la réflexion sont ouverts.



très bel état des lieux sur la mentalité générale de notre microcosme Vol-Libre et tans-pis si cela fait hurler dans les chaumières quelques rebelles.
