Mes premiers vols en autonomie

Après un stage init et deux stages perfs en août à l’école de vol de Barrême, après deux voiles et l’achat d’une voile, la Mojo 4 (celle-là même qui…bref c’est du passé), je me retrouve avec un petit bagage de 20 vols dont 2 de soaring de plus de 30 minutes.
Ce matin, que faire ? Je regarde la météo et décide de partir à 6h30 dans la nuit et d’aller vers Saint André les Alpes, une nouvelle destination, avec mon nouveau matériel flambant neuf; j’attends jusque vers 7h30; personne. je me dis tant pis, je monte au décollage du Chalvet voir ce qu’il se passe. Sur la petite route goudronnée en montant, je vois une voile : c’est le bon chemin !
Je vais jusqu’au bout de la route, (je saurai plus tard que c’est le déco ouest et personne, je reviens sur mes pas et je vois un autre déco (le nord) avec du monde ! Une école (Aérogliss) et d’autres parapentistes qui viennent en navette. J’écoute, je regarde, je demande. Je retrouve une fille - Camille - qui gentiment m’explique où est l’atterro et la zone du cône d’évolution. Un peu de brise, je défais mes affaires et le vois les élèves de l’école partir un à un. Tout seul de mon côté je fais ma prévol. Encore plus concentré que d’habitude car personne ne sera là pour vérifier mes suspentes ! C’est un peu angoissant. Je demande gentiment à un monsieur comment changer la fréquence de la radio et me voilà calé sur la fréquence de l’école pour avoir les dernières informations de vent à l’atterro puisque les élèves sont guidés par un moniteur en bas. Puis j’entends que le vent tourne. Je suis don la petite troupe avec ma voiture en entassant ma sellette et ma voile en bouchon dans la voiture et j’arrive au déco ouest. Les voiles sont étalées, le déco est immense. Je refais ma prévol avec la même minutie; je me pose la question de savoir si je vais faire ce vol en autonomie complète…Et je me dis que je dois juste faire attention aux deux phases essentielles du déco et de l’atterro et que j’ai appris et emmagasiné suffissament d’informations pour y aller seul sans moniteur, sans radio. Certes le site n’est pas connu mais j’avais fait le tour de l’atterro au lever du soleil et suivi des yeux l’approche de deux élèves. J’en ai assez d’attendre et je suis prêt. J’attends qu’un élève parte et je le suivrai :wink: Il est à peine 9h45, les conditions sont calmes et idélaes pour un vol à plusieurs inconnues. Je me lance, la voile gonfle bien et je la regarde, je temporise, je charge la ventrale et je cours !: tout ce que j’avais appris s’est mis en place et … je décolle “merci Mon Dieu, c’est super !!” je décide de suivre la voile précédente mais à un moment il descend, descend pour se poser certainement… je décide de rentrer sur Saint André à l’atterro principal. Je navigue entre les deux crêtes en plein milieu (mon sens de la symétrie ?) Mon altitude baisse, je vois la route, les voitures, mes mains sont en haut. Rein à faire, je descends, j’ai bien pensé survolé le petit pierrier sur la gauche, au cas où … et je décide de filer tout droit car je vois l’atterro. :coucou:

Je passe dans le venturi, la voile est stable, les suspentes bien arrangées, peu de roulis, nickel sauf que je trouve que je descends trop vite… L’atterro est en vue mais je dois survoler les maisons, la ligne téléphonique, la route et enfin le champ. Je ne pourrai jamais jamais de PTU ou PTS ou PTS, je n’ai qu’à espérer que… les maisons sont dangereusement proches, je regarde où me poser si jamais je en tenais plus en l’air, un champ vert sur la gauche, un espace de pelouse entre deux maisons. Je me rappelle le conseil “entre toutes les solutions, choisis la moins pire”. Mon altitude baisse inexorablement et je sais que c’est l’altitude d’entrée dans le champ d’atterrissage d’habitude… Mais là il me reste encore 200 mètres à parcourir. Prêt à virer à gauche ou à viser en face entre les deux murs… Une petite bouffée me fait remonter de quelques mètres ouf…suffisamment pour franchir les maisons, la route, la ligne téléphonique et voilà le début de l’atterro, on va éviter les buissons, je regarde la manche à air, je vire un poil sur ma droite pur être face au vent, je mets en vitesse max, j’oublie de sortir de la sellette mais l’atterrissage n’est pas brutal, juste posé sur la sellette, soutenue par mes deux pieds…Ouf merci l’ange gardien qui veille sur moi ! :eclaircie: je suis posé sans encombre. Camille l’amie de tout à l’heure vient aux nouvelles avec son copain qui m’explique mon erreur : “ça dégueule dans la vallée, j’aurais du choisir de rester près du relief plutôt et d’éviter le venturi”. :tomate:

J’ai appris que les élèves que je suivais au début s’étaient posés au terrain de Moriez et que j’avais sans le vouloir fait la transition réservée aux plus aguerris (dont je ne suis pas encore)
Pendant tout ce périple, mon esprit était occupé. Il n’y a eu que les premières minutes euphoriques d’avoir réussi le décollage et d’avoir profité de la vue sur le lac. Ensuite préoccupé par mon altitude. Mais une fois posé, je me dis que je n’ai pas paniqué, que j’étais prêt à toute éventualité et que j’avais finalement bien fait d’enchaîner les 3 stages en suivant pour accroître mes sensations et capacités d’analyse en éliminant le stress légitime des premières fois (et des suivantes quand ça bouge un peu).
En tout cas une grande fierté, impression d’être totalement libre sur un lieu inconnu et sans aide radio. C’est grisant, euphorisant et stressant. Inquiétant aussi mais diablement efficace pour être encore plus vigilant, ne pas répéter les erreurs.
Je m’en souviendrai longtemps… :dent:

Bravo en tous cas d’avoir été capable de “t’extraire” suffisamment de ton objectif premier (rejoindre l’attero coûte que coûte) pour envisager et te construire des solutions de secours (regarder les vaches possibles).

C’est un excellent réflexe et, à moi en tous cas, ça ne m’est pas toujours facile, et j’ai fait une ou deux erreurs en me laissant obnubiler par le plan initial.

Merci mais disons que je voulais anticiper au cas où ça se passerait mal…et être prêt à atterrir sans me faire mal. J’ai même pensé que le toit du supermarché (plat) pouvait être envisageable sauf qu’il ne supporte peut-être pas le poids d’une personne…

Pour un premier plouf solo, et donc la découverte du “Eh merde, ça ne ce passe pas tout à fait comme prévu, on fait quoi là ?”, tu n’as pas trop mal gérer. :bravo:

On y est tous passé et pas toujours avec autant de réussite. :oops:

Tu as aussi appris que l’impatience à voler (on l’a tous !) n’est pas toujours une bonne chose : peut-être qu’en observant bien les autres tu aurais vu la zone de “dégueulage” et celles ou cela tenait mieux. Avec le temps et l’expérience, le regard s’affine . :wink:

En tous cas, que d’émotions ! :pouce:

L’addition des facteurs de risques n’est jamais une bonne chose.

Faire son premier vol en autonomie sur un site inconnu dans une aérologie vivante, c’est accumuler 3 facteurs. Va y mollo, la vie d’une pilote est longue (si on fait pas l’idiot en cours de route ! :wink: ), tu as tout le temps de découvrir des choses nouvelles plus progressivement.

Plus: “nouveau matériel flambant neuf”…

Ben oui, 1er vol en autonomie, decouverte du site, et nouveau materiel… ca fait beaucoup.
On dit qu’il est raisonable de ne pas faire plus d’une nouveauté par vol… la ca fait plus :smiley:
Faut s’avoir etre patient des fois.
Et sinon du coup cette Mojo ?

Norbert

Oui les amis, je conçois que cela fasse pas mal de facteurs nouveaux… j’essaierai d’en tenir compte la prochaine fois. C’est une aventure en fait à chaque fois !!
Concernant la Mojo 4, pas de problème en vol (l’aérologie est laminaire aussi pour l’instant). Je commence à intégrer le débattement des commandes. Toujours un peu de mal avec sa vivacité de montée une fois qu’elle a dépassé 30° (paresseuse au début de la montée). Je suis allé faire du gonflage face voile cet après-midi après mes deux ploufs solos du matin :soleil: (encore des émotions au décollage avec une clef…, un recentrage raté et un décollage avec vent de travers mais c’est passé !). La Joy était plus intuitive et facile à monter… La sellette par contre est super : réactive, confortable.
Une question se pose : je ne veux pas brûler les étapes et je ne veux pas finir à l’hosto mais pour progresser, il faut bien s’enlever tous les garde-fous commodes non ? (plus de moniteur, plus de radio…). Ce matin, deux parapentistes confirmés m’ont aidé et donné confiance mais ce ne sera pas toujours le cas… Quant aux vols eux-mêmes, plus de hauteur, contournement de la montagne en collant à 10-15 mètres et plus de vallées, un peu de roulis à la sortie du venturi mais PTU/PTS nickels et atterros dignes d’un bon (en courant dès que je touche le sol ! première fois que je fais ça…) Et pour les ascendances et les premiers petits thermiques ? comment “apprendre” (en sécurité). Je n’avais personne avec moi pour mes deux vols de ce matin, trop loin (et trop hauts). j’ai mené ma barque comme je le pouvais…

karma+ M@tthieu, il me semblait bien que ton récit me disait quelque chose :wink: , on s’est parlé samedi à st andré (je m’appelle Franck et je fais 2 mètres) lors de ce premier vol en autonomie, on en parlait avec un ami (matthieu) lui aussi présent, pour un premier vol en autonomie chapeau car de ce déco, on ne voit pas l’attéro et le vol peut paraître long avant de le voir et de savoir que l’on y arrive en finesse :mrgreen: , continues de te faire plaisir en volant :vol:

:coucou: et oui tu as même eu le droit pour te récompenser ( et quelle récompense) de faire un tour en Duster pour remonter chercher ta voiture.Ouaaaaah la chance :trinq:

Ah les gars, le monde est petit :wink: vive internet !! J’ai passé le bonjour à Stéphane de votre part. Le Duster - une première - MERCI !
Le soir, c’était trop fort, j’ai arpenté le déco pendant 1h30 et j’ai décidé en regardant certains se faire arracher au décollage de ne pas déplier ma voile. Je ne regrette pas même si en, haut cela avait l’air plus calme. J’ai refait deux ploufs ce matin : un depuis le déco nord et le deuxième depuis le déco ouest (un peu aidé par de gentils parapentistes car vent de travers). J’ai moins perdu d’altitude (en restant au-dessus des arbres à 10-15 mètres) mais j’ai hésité entre vitesse max et finesse max… DU coup j’ai juste gardé le contact et sur le deuxième plouf, j’ai même repris de l’altitude au niveau des maisons (ça a du bon l’expérience…) MLES et Yeager au plaisir (ainsi qu’à Matthieu). Ha^te de prendre les premières ascendances et thermiques…

Avec les voiles actuelles la finesse max se trouve en général dans la même position que la vitesse max, alors hésiter entre les 2, je ne comprends pas bien ???

Marc Lassalle

:roll: Pfff… Y’a vraiment pas de quoi s’en vanter : pour un grand, 2 mètres, c’est pas si terrible que ça. :sors:

PS, je pense que Mathieu devait vouloir dire meilleur taux de chute, mais chûûûûût… :ppte: :ppte: Il vole à son rythme, c’est le principale. :bravo:

Peut-être as-tu voulu dire que tu hésitais entre finesse max et taux de chute mini, ce qui a effectivement un sens !

:trinq:

Marc Lassalle

[quote]Une question se pose : je ne veux pas brûler les étapes et je ne veux pas finir à l’hosto mais pour progresser, il faut bien s’enlever tous les garde-fous commodes non ? (plus de moniteur, plus de radio…). Ce matin, deux parapentistes confirmés m’ont aidé et donné confiance mais ce ne sera pas toujours le cas…
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[quote]Et pour les ascendances et les premiers petits thermiques ? comment “apprendre” (en sécurité).
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Salut Mathieu concernant tes deux interrogations ci-dessus j’ai à peu près les mêmes. Voici les réponses de mon moniteur:
Comment apprendre à piloter sans se mettre en danger?
En faisant du pilotage au sol.
Comment aborder le thermique en sécurité?
Pas de vol thermique avant d’avoir fait un siv.
Alors je sais je sais bcp vont hurler. Mais l’idée n’est pas si absurde…
Et puis si comme moi tu veux quand même commencer gentiment avant de faire un siv. C’est une question d’horaire. commence par te mettre en l’air vers 17h puis essaye 16h30 ou 16h le jour d’après. Si tu t’es pas trop fait bastonné et que tu as pu enroulé du pas trop méchant essaye plus tôt encore le jour d’après.
Attention tout de même c’est pas parce qu’on prend confiance qu’on se met pas dans des conditions qu’on ne sait pas gérer.
Bien à toi.
Fly safe

OULA…

“Pas de thermique avant d’avoir fait un SIV”: c’est sans doute un peu extrême… même si je comprends l’idée: dès le moment où on vole en thermique, il faut être prêt à se prendre des fermetures. Pourtant, si on choisit des conditions pas trop fortes (et ça c’est possible, surtout si on est un minimum encadré), et si on sait comment réagir en cas de fermeture (avec une aile école: ne rien faire à part garder son cap), on peut quand même aborder sereinement le vol en thermique gentils sans avoir tâté de l’autorotation, non?
Ton moniteur, là, il refuse les élèves en perf 2 s’ils n’ont pas été se mettre en vrac au-dessus du lac?

Et pour ta “question d’horaire”, je m’insurge. Un jour n’est pas l’autre, et il n’y a pas de plus grande erreur que de croire que les conditions du mardi seront identiques à celles du lundi à la même heure!!!

[quote]Et pour ta “question d’horaire”, je m’insurge. Un jour n’est pas l’autre, et il n’y a pas de plus grande erreur que de croire que les conditions du mardi seront identiques à celles du lundi à la même heure!!!
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MMMh j’aurai dû peut être rajouter: en évaluant les bouffes thermiques au déco pour voir si les conditions sont équivalentes…

[quote]Ton moniteur, là, il refuse les élèves en perf 2 s’ils n’ont pas été se mettre en vrac au-dessus du lac?
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Non il fait travailler des wings (pas over) du tangage les approches et d’autres exo de pilotage, il fait changer de site, fait des vols de restit’ et te dis d’aller enchainer les ploufs jusqu’à avoir 80 ou 100 vols et il t’emmène en SIV.

Pourquoi pas… il y a une certaine logique là-derrière.
Mais il coûte cher ton moniteur :wink:

Perso, je pense que les accidents des débutants ne sont pas nécessairement dûs à un manque de SIV!
Cela dit, pour certains pilotes au mental un poil fragile, savoir fermer son aile avant de voir son aile se fermer, peut éviter certains “traumas”…

C’est vrai qu’un vrac a un côté traumatisant au départ, la première fois que je me suis pris une demi-aile sur la tronche je suis allé poser direct alors que la ré-ouverture fut instantanée et que j’étais loin de tout obstacle. D’un autre côté il n’y a pas besoin d’être en SIV pour apprendre à fermer son aile. Prévol (entre autre) fait faire des exercices de fermeture asymétrique très tôt dans la progression (avec les deux A extérieurs, d’abord fermeture/ouverture directe, ensuite fermeture maintenue avec contre-sellette dès le départ puis fermeture maintenue en se laissant tomber sur un demi-tour puis contre-sellette) et ça démystifie pas mal le truc même si c’est bien différent d’un vrai vrac non sollicité.

[quote]Mais il coûte cher ton moniteur
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Non pas forcément, l’idée c’est de faire ses armes en volant en club et de revenir le voir…
Mais c’est sûr que de toutes les façons il sait bien que tu vas quand même les essayer les gentils thermiques. L’idée c’est surtout de dire: attention aux conditions fortes de millieux de journée parce que tu ne sauras pas gérer une sortie du domaine de vol… Et puis il reste pas mal de choses pour s’amuser et progresser doucement, le soaring, la restit’, les gentils thermiques de fin d’après midi… Tout en travaillant les exos qu’il t’a enseigné.
Perso je trouve l’idée pas mal même si je crève d’envie de me mettre dans des conditions un peu plus fortes qui me permettrons de voler plus longtemps.