Oui je sais que pour les pilotes confirmés, tout ça n’est que menu fretin; j’en suis bien conscient mais j’ai envie de m’extasier dans ce quelque chose de magique : voler, s’élever, voyager. Au fur et à mesure que je franchis les étapes, je découvre des trucs que je ne soupçonnais pas comme si le chemin se dégageait au fur et à mesure que l’on avance. Un espèce de brouillard opaque qui disparaît peu à peu mais pas trop, afin que je ne sache pas ce qu’il y a au bout. Alors évidemment, c’est merveilleux : de voir des villes et villages que j’avais l’habitude de sillonner en moto ou en voiture devenir des objets lointains et petits; essayer de reconnaître tel ou tel village, telle ou telle route…
J’ai toujours été fasciné quand je prenais l’avion de voir au décollage les choses devenir des modèles réduits, les voitures des jouets, puis entrer dans les nuages, en sortir et avoir ce beau ciel bleu permanent. Là ce que je vis depuis quelques jours, c’est pareil sauf que je suis le pilote et je vais où je veux (enfin presque ROTFL ) et je sens l’air, le vent. Et je regarde ma voile et me dis que je ne dépens que de quelques mètres carrés de tissu plus ou moins bien malmenés en gonflage sur pente école mais toujours stockés avec amour et précaution dans le salon.
Et là toutes les images des étapes reviennent depuis la première pente école. Mais je ne soupçonnais pas que tout ce long apprentissage (à continuer - je le sais et je le veux !) de gonflage dos voile, puis face voile, par vent faible à fort -voire trop fort), toutes ces heures en l’air (j’ai comptabilisé 42 heures), tous ces vols, toutes ces aventures et péripéties n’avaient d’autre but - malgré moi - que de me préparer à voyager d’un point A à un point B, à m’élever près des nuages…
Je n’avais pas de but précis autre que voler mais je vis un rêve depuis quelques temps où je m’affranchis peu à peu de la rigueur intellectuelle et mentale nécessaire d’un décollage réussi pour aller là-haut avec les oiseaux !
Hier deux choses m’ont sauté à l’esprit, une espèce de routine : regarder l’état du vent, les voiles en l’air leur comportement (quoique…), un dernier coup d’oeil à internet (historique balises, sites météo au cas où quelque chose aurait changé), et une bulle qui s’installe : casques, gants, prévol, sellette, cockpit, un dernier regard à la manche à air et me voilà parti.
Avant c’était plus laborieux, plus d’hésitations, de questions interminables intérieures. Une préparation très (trop lente - bonjour les créneaux ratés). Et là l’automatisme aidant, le brouillon disparaît peu à peu. Le soir, un pote m’a serré la main en disant “tu t’es préparé très vite, es parti très vite et tu es monté très rapidement” comme s’il y avait eu un appel de là-haut !
Le deuxième choc étape, c’est en regardant le soir, les piou-piou dont je faisais partie il y a quelques mois, en décollage dos-voile et tout ça m’est revenu à la figure. Ils faisaient des ploufs et je sentais que c’était à la fois une époque passée mais aussi présente. Sensation bizarre de côtoyer le présent et le passé. Je me vois encore décoller pas proprement (et il y en aura malheureusement encore d’autres !), me torturer l’esprit pour des suspentes que je trouvais irritantes, des poignées dont je ne savais pas quoi faire, des vérifications à tout va (pas tout le temps pour un résultat optimum - certains me l’ont montré à juste titre). Bref, en voyant ces élèves et en discutant avec deux d’entre eux, je me voyais et je leur ai dit que le plus beau arrivait et que le plus beau arrivait chaque jour, jour après jour car on repousse ses limites, ses connaissances, sa perception, ses compétences.
Un avait déjà acheté sa voile d’occasion et l’autre se demandait s’il fallait franchir le pas. je suppose que vous savez ce que j’ai répondu. Un qui allait décoller demandait au moniteur “la radio, elle marche là car je n’entends personne, sinon je ne décolle pas” - ah la voix rassurante du moniteur et le premier choc du premier vol seul sans radio ! c’était hier le sevrage)
Des promeneurs du Dimanche de Pâques posaient des questions du genre “comment il fait pour tourner, comment il fait pour atterrir, il va se mettre dans les arbres” - mais non
) et ce que j’ai vu, entendu m’a fait réaliser qu’au-delà de toutes ces pages “blogs”, au-delà de toutes les expériences heureuses et moins heureuses, des conseils, des critiques, des prises de tête, j’avais la chance dans ma très petite expérience de faire quelque chose qui apparaissait comme magique aux yeux des candides, comme je trouve toujours magique de pouvoir s’élever dans l’air, de monter, de crosser, d’aller ici et là.
karma+ pour le mot rafraîchissant et bon vieux temps :mrgreen: car oui je suis émerveillé et la seule chose que j’ai réussi à dire à ces spectateurs du ballet des voiles, c’est “essayez, vous verrez vous deviendrez drogués”

vous faites ça tous les jours. Rien de bien sensationnel à se mettre sous la dent !

Sinon au Mont Poupet, ça tabassait apparemment pour un pote qui vole en Mentor 3 mais moi, je trouvais qu ça allait…même si agité. Alors je ne sais pas… De toute façon, j’apprends à chaque vol, ça c’est sûr ! Mais j’ai encore envie de raconter longtemps mes vols 