Comme vous tous, moi aussi j'ai mes petites manies et mes vieilles coutumes. Comme presque tout le monde je me sens mieux pour prendre l'air depuis un site ou j'ai mes repères, mes habitudes... là où j'ai vraiment le sentiment d'être chez moi, de connaitre la plupart des épineux, des cailloux, les petites bulles qui s'y forment bien à l'abri de la brise avant de prendre leur envol vers les nimbes. Les petites turbulences qui se créent ici ou là en fonction de la force et de l'orientation du vent. Les buissons qui m'ont douillettement accueillis et ou j'ai pus méditer tranquillement sur les aléas de la vie en décrochant mes suspentes suite à des décollages manqués. Le bosquet au sommet duquel fini invariablement mon aile en bouchon lors de chaque gonflage loupé. Ceux avec qui j'ai affectueusement partagé de longues heures de tricot et de broderie quand leurs épines et branches avaient tendrement agrippées le tissus de ma voile suite à des atterrissages "toujours un peu trop longs ou un peu trop courts". A bien y réfléchir, :grat: c'est aussi une remarque que me fait régulièrement mon épouse, ...et pourtant quelque chose je ne pense pas qu'elle ait les connaissances nécessaires en matière de parapente pour juger efficacement... et puis qu'est-ce que cela aurait à voir avec nos discussions du moment ?!... Alors revenons en à nos moutons.
Un site dont j'ai arpenté les moindres recoins... à force de me vacher dans les endroits les plus improbables pour avoir trop insisté à vouloir gratter là ou il n'y a que des rouleaux et autres dégueulantes avariées... Un site que j'ai parcouru en long et en large à la recherche du décollage le mieux orienté : celui là même ou je pourrais le plus confortablement du monde étaler ma voile, la gonfler ... et me vautrer à l'abri des regards moqueurs. :vrac:
Un site à quelques dizaines de minutes de la maison, que peux apercevoir depuis mon balcon lorsque le temps est clair. Où j'y retrouve des camarades de longue date : tous ceux qui m'ont habilement conseillé et enseigné avec bienveillance les pratiques les plus contradictoires lorsque je débutais. Ceux qui ont guidés mes premiers pas à plat ventre, le museau dans les cailloux roulants au gonflage et mes premiers envols à l'horizontal vers les bosquets de quéqués. Ceux qui m'ont fermement retenu par la sellette quand je croyais avoir enfin réussi à leur échapper pour prendre l'air sans encombre ! Un site où je connais tout le monde, et ou tout le monde me reconnait, en se moquant en douce de mes mésaventures.
Et bien ce site que nous connaissons tous, qui semble n'appartenir qu'à nous, et nous tient particulièrement à cœur, pour moi c'est... les Alpilles. [b] Ne commencez pas à rigoler[/b] dans vos poils de barbe en bataille :grrr2: : ce n'est pas parce que Alpilles voudrait dire "petites Alpes", qu'elles ont moins de mérites et d'attraits que les grandes ou que leurs pires ainées : le Massif Central. D'abord, c'est Alpilles avec un A majuscule ! Et puis il en faut des C..illes pour oser se dresser fièrement en travers du couloir du Rhône et faire barrage au vent glacé du nord qui souffle depuis ... pfff... la nuit des temps : le Mistral.
:prof: Ensuite, il s'agit d'un lieu mythique qui à vu naître et mourir un animal de légende. Son histoire à bercé notre enfance collective. Son emprunte à marquée à jamais de son sceau indélébile des générations d'écoliers francophones et leurs instituteurs. Ces chevilles ouvrières et laborieuses de l'éducation nationale et de l'école communale qui y ont puisées une intarissable source de dictées. Cette bête même en qui son propriétaire s'était reconnu, le sourcil abondant et dru éternellement en bataille, la même verve et le même timbre de voix profonde et chevrotante à la fois. J'ai nommé : La Chèvre de Monsieur Seguin, l'ancien patron de la Cour des Comptes. C'est pas rien ! Un titre comme ça, ça vous pose sacrément une réputation de chèvre dans l'Aber Gery - c'est une petite rivière bretonne qui était venue prendre sa retraite dans la région.
Celle-là même, qui à l'issue d'une nuit entière de débauche torride et de folies à se trémousser sur les rythmes endiablés des Gipsy King et de Frankie Vincent, tout en fumant l'herbe des montagnes voisines,... et bien c'est en quittant le célèbre établissement nuit " Le Moulin" où elle avait passé la soirée dans les collines entre les Baux et St Rémy de Provence, qu'elle avait, au petit matin, acceptée de se faire raccompagner par DLK. Il lui avait promis un tour en Renault 5 Tuning, de lui expliquer les mécanismes qui engendre hausses et baisses des bourses, et de lui faire voir le Loup. Pour alléchante que fut cette proposition, elle aurait du se méfier de l'homme qui la lui fit : Doumé Levy Khan, un vieux con voyeur de fonds monétaires internationaux... C'est pas un métier pour un gars honnête çà ! Comme on le sait maintenant, c'est en arrivant dans le quartier des vieux Baux que DLK lui fit des avances : Il lui imposa de revêtir un costume de soubrette et de s'allonger sur son bolide après avoir lever le capot et remis sa capote, sous prétexte de prendre des photos qu'il prétendait faire pour le compte de "Tuning Mag".
Depuis.... disparue, plus aucune trace d'elle ni de sa copine : l'âne, c'est clair dans la crèche. Et elles n'ont jamais touché les droits sur les premières de couv' du périodique haut en forme et en couleurs. Si c'est pas un scandale ça !
Alors si vous venez dans la région, et qu'avec votre accent "estrângé" reconnaissable à des kilomètres à l'Aronde comme à la Volkswagen, on essayait de vous faire passer une vessie de chèvre pour une lanterne provençale, ne vous laissez pas abuser. Il s'agirait sans aucun doute d'une tentative d'abus de confiance, et vous seriez alors face à une pale copie : la chèvre de Mr Sagouin... qui, elle, n'a rien de remarquable puisque qu'elle se contente de brouter la garrigue en dépit du bon sens.
Les Alpilles, c'est aussi le domicile d'un autre animal de légende chez les parapentistes : L'aigle de Bonelli. Un rapace à la chaude réputation, maigrichon, pas bien plus gros que ça, il fut abandonné sur le bord de l'autoroute A54 par son propriétaire : un italien du nom de Bonelli comme on s'en doute. Il était gondolier de son état, et en partance en Espagne pour les vacances d'été avec la Mama. Outre le fait qu'il parle avec les ailes comme tous ses compatriotes, ce qui lui interdit de communiquer en vole... sinon il se casserait la gueule, et c'est peut-être bien là la cause principale de sa rareté, la spécificité de ce volatile latin est de ne pas respecter les interdictions de vol dans l'espace aérien surplombant les zones de reproduction des parapentistes ! Alors qu'on sait très bien qu'un couple de parapentiste a toutes les chances d'interrompre sur place le coït en cours et d'abandonner sur le champs ses futures embryons, même pas décongelés, s'il est dérangé durant ses ébats amoureux, l'aigle de Bonelli persiste à venir le survoler en pleine période de reproduction.
Et tout cela malgré les mises en garde de la FFVL, de l'ONF et de la Ligue de Protection des Volatiles ! Faut-il qu'il soit têtu l'animal !
Avouez que c'est un comble de la part d'un animal à qui on n'en ferait pas autant... tandis que les ornithologues, eux, n'hésitent pas à venir investir son nid pour baguer ses petits à peine sortis de l'œuf ! C'est ouf ! Et est-ce que l'aigle il va emmerder les ornithologue durant leur coïts? Non.... et nous non plus d'ailleurs, alors... Et puis d'abord, comme le disaient à juste titre Michou et Thierry Le Luron en fin connaisseurs des emplumés : " c'est pas en se faisant introduire sur le pourtour méditerranéen, et chez les grecs en particulier, une deuxième, voir une troisième fois, qu'on favorise à coup sure la reproduction des volatiles".
Nous y reviendrons plus tard.
Les Alpilles en face nord, c'est aussi LE site ou ont eu lieu des records du monde toujours inégalés à ce jour : 56 et 57 heures à planer dans les effluves d' herbes de Provence en fleurs, seul ou a plusieurs! C'était en avril 1952 et 54 ! Ce type de pratiques à ensuite été mis hors la loi... à peu prés au même moment qui à vu la lutte des pouvoirs publiques contre la French Connection et le clan Guérini s'intensifier. Y aurait-il un lien de causes à effets ? Toujours est-il que le durcissement actuel de la réglementation pour le vol à voile correspond à une nouvelle vague de tracas judiciaire pour les membres de la famille Guérini. L'histoire se répèterait donc...
Comme je vous ai dit tout à l'heure qu'on y reviendrait plus tard, et que justement, il commence à se faire plus tard, alors revenons y !
Le responsable de l'aménagement des premiers sites de décollage des Alpilles est le célèbre Glaude L'émir Amasse, descendant d'une longue dynastie d'émir Amasse moyen-orientale de la plaine de la Crau. Bien avant même la création du parapente, ce séducteur aux jarrets bien charpentés, avait pour habitude d'entrainer ses nombreuses conquêtes dans les collines qui entourent la cabane des Opies. Il agissait sous prétexte de leur faire admirer le couché de soleil sur l'unique steppe naturelle d'Europe dont le fourrage unique en genre est certifié AOC grand cru, il proposait aux belles de pouvoir jouer avec les oreilles du loup qui aurait bouffé la chèvre du père Seguin. Le malin n'hésitait pas ensuite, à la faveur des dernières ardeurs du soleil, à leur donner assaut des siennes. Ils roulaient ainsi dans la garrigue, leurs deux corps emmêlés au milieu des bouquets d' Argelas sous le regard indiscret de l'aigle de Bonelli. C'est de la sorte qu'ils défrichèrent de larges espaces dégagés avec une magnifique vue sur la plaine propices aux... envols.
Il ne fait pas plus de doute que ce soit bien lui qui, le premier, offrit à la jeunesse locale l'opportunité de s'envoyer en l'air depuis les Alpilles sans les désagrément d'une exubérante végétation urticante,... et offrit par là même une clientèle abondante et régulière aux ostéopathes et gynécologues locaux.
Prés de soixante ans plus tard, notre vigoureux gaillard et son petit outillage personnel sont toujours sur la brèche : il a été récemment nommé responsables de l'aménagement des sites de décollage officielles et officieux du secteur ! Il continue donc de tailler inlassablement avec le petit instrument qui à élu domicile à perpétuité au fond de la poche de son short. Il officie encore et toujours sous le regard lubrique du rapace suscité, qui semble y avoir pris goût depuis qu'il s'est fait réintroduire dans le secteur. Qu'elle santé de fer pour un homme qui n'est pas de bois et qui ne laisse pas de marbre !
Il arrive encore parfois que quelques autres couples de parapentistes en quête d'intimité partent un peu plus loin des les Alpilles, vers les barres rouges ou la cabanes des Opies, pour tenter de s'envoyer en l'air. Mais les tentatives de reproduction sont le plus souvent avortées et sans succès : la faute aux pesticides qui les rendraient stérile et leur ferait perdre le sens de l'orientation des bouffes thermiques. Tout comme les abeilles. Et puis toujours le regard indiscret de ce foutu rapace !
Ce cadre fait de roches claires et sèches jaillissant de la garrigue, qui prennent des teintes rouge orangé belles à en mourir au couché du soleil, cet environnement exceptionnel et les rares volatiles sauvages que l'on y trouve encore, sont fragiles. Ils doivent impérativement être préservés dans le cadre de la sauvegarde de notre patrimoine ! Fort de ce constat incontournable, l'Etat, dans son immense bienfaisance et sa grande mansuétude n'a pas hésité à faire du massif un "Parc Naturel Régional sous l'égide de saint Natura 2000" !
Cette noble institution a décrété entrer en lutte pour la sauvegarde, coûte que coûte, des volatiles à plumage synthétique en voie de disparition dans les Alpilles : les Parapentus Nobilis sylvestres et leurs sous espèces.
Tout à commencé il y a plusieurs décennies avec l'introduction accidentelle par l'Education Nationale d'un couple de volatiles rhônalpins à consonance jurassique. A l'issue de l'une de ces migrations totalement inexplicables, et dont seule l'administration a le secret, la première nidification à eu lieu du coté d'Eyguières . Le couple était porteur d'une souche particulièrement contagieuse du virus de la grippe à bières, contre laquelle la faune locale n'était pas immunisée. Bien vite l'épidémie se rependît, touchant très rapidement un remarquable spécimen Raoul des montagnes et son parasite canin, un piaf et sa mouette rieuse, un goéland, un macareux, un gypaète barbu, une escadrille complète de marmonneurs, un Daniel endémique, un Roland sautilleur, ... et bien d'autres encore.
Face à cette épidémie ayant touché presque exclusivement des mâles, et ces derniers atteignant aujourd'hui des âges largement canoniques, la preuve : on les retrouvent le plus souvent aux heures chaudes de la journée en train de caqueter et de se chauffer les plumes sur les perchoirs installés en bordure de l'aire d'atterrissage, mais rarement plus haut. il était temps de réagir!
En effet, il est de plus en plus rare qu'ils aient encore la force d'entreprendre l'ascension du chemin de croix qui monte jusqu'au site de nidification qui leur à été aménagé sommairement. En agissant de la sorte sous le regard lubrique de l'aigle de Bonelli , ils laissent planer plus de doutes sur leurs capacités reproductrices, et leurs capacités à planer tout court.
L'administration bienveillante à donc vigoureusement réagi, avec tout l'a propos et le discernement qu'on lui connait, en tentant, ces dernières années, l'introduction de nouveaux spécimens : un Colibri nordique, un Volipède des Balkans, et encore plus étonnant, un Nain déplumé à p'tite z'aile et un Grand Fou du bassin d'Entressen.
A l'exception du gentil Colibri.... encore que des mâles !... C'est ballot, non ?
Connaissant le coté farouche des femelles chez les volatiles de tout poils, avec et sans plumes, et sans compter la timidité et la réserve naturelle des mâles, l'administration des volatiles devrait se douter que : tant que ce pervers d'aigle de Bonelli sans foi ni loi s'autorisera à survoler quand bon lui semble l'espace naturel de reproduction des parapentistes, la survie de l'espèce dans les Alpilles ne serait être assurée! Avouez que ce serait bien dommage de les voir disparaitre de ce magnifique écosystème auquel ils sont si liés et indispensables. Non ?
:prof: Alors, ce site magnifique et sa faune si sympathique méritent bien un petit effort, non ?
CQFD. Merci qui ? 8)
splendide, je me suis régalé

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