On s’est demandé comment notre ami a pu s’offrir 500m de chute en autorot sans réagir, en oubliant deux paramètres importants dans ce genre de sketch :
1 - Même quand on vole à peu près bien, avec déjà un peu d’expérience, l’autorot est un exercice terrifiant tant cela accélère fort puis tourne vite. J’écrivais sur mon site, le soir de mon 1er SIV :
[quote]Cela tourne à une vitesse épouvantable, c’est plus violent que le 360. Je suis en pleine panique, je relâche la fermeture pour sortir, je pars en digue-digue et je stabilise… et il faut recommencer. Adrénaline.
[/quote]
2 - La “viscosité mentale”. Quand cela arrive à un pilote novice, qui ne réagit pas immédiatement, la panique et la vitesse de rotation qui fait perdre tous les repères peuvent produire une déconnection du cerveau. Quand on est en SIV, il y a le moniteur qui donne des instructions dans l’oreillette - il arrive parfois qu’il ne soit pas entendu - mais quand on est seul ?
Même avec beaucoup de sang-froid et un peu d’expérience, je me suis dégonflée en SIV début juin au moment de mettre la voile en autorot, le souvenir de la panique de 2009 était encore là. Le lendemain, il a vraiment fallu que je me botte le cul pour y aller, sortie évidente au contre-sellette sans mettre de frein. J’étais contente d’avoir vaincu mon stress mais c’était quand même terrifiant et c’est à la vidéo que j’ai su que j’avais fait 4 tours. Pendant l’exercice, j’étais concentrée sur ce que me disait David à la radio, les yeux braqués sur un voilier en bas et les dents serrées, cramponnant mon faisceau d’élévateurs pour ne pas relâcher la fermeture. J’ai trouvé l’autorot plus angoissante que la spirale engagée, la spirale aux grandes oreilles et même le décrochage. Je ne suis pas près d’étudier la SAT !
Un petit mot enfin au sujet de la Koyot, une voile sage et sympathique, pas une brouette :
Je m’étais inscrite à un stage cross à la Pentecôte 2010. Nous étions 7 stagiaires et il n’y avait que moi sous une DHV2, ce qui me valut de décoller la dernière à Montmin pour un petit tour du Lac. J’entendais à la radio les autres qui annonçaient s’être posés et bientôt nous n’avons plus été que deux en l’air à pouvoir traverser le lac : une fille sous une Koyot, qui avait trouvé un thermique mou et qui avait pu prendre assez d’altitude, et moi qui m’étais fait dégueuler plusieurs fois et qui avais trouvé un autre thermique improbable.
Avec l’Artik, j’avais pu monter très haut sur le Roc des Boeufs et prendre assez de gaz pour boucler en raccrochant Rovagny. Avec sa Koyot, la fille s’était bien battue et Pierre-Paul l’avait accompagnée, ils avaient traversé sur Doussard très bas, dans des rouleaux velus (je les entendais à la radio) et la Koyot n’avait pas fait une moindre fermeture.
C’était sympa de voir voler côte à côte, 400m au-dessous, la Magic V de Pierre-Paul et la Koyot verte de Sandrine. Elle avait de la lumière dans les yeux après ce vol réussi de haute lutte.
C’est certes un cross tout à fait banal, mais pour un premier cross, en conditions pas terribles, sous une voile qui n’est pas faite pour ça et avec à tout casser 80 vols au compteur ? D’accord, il y avait PP avec elle, mais elle s’était battue près de 3 heures, elle n’avait pas lâché le morceau comme les autres. Moi aussi je m’étais battue, mais avec 300 vols et une voile taillée pour le cross, il n’y avait pas de mérite.
Ugh !