Ouaip, moi aussi je suis étonnée d’avoir lu tout ça.
Sortie d’init, avec 10 vols dans la musette, je suis rentrée à Paris et revenue à Annecy le WE suivant. Une matinée de pente-école avec 8 mini-vols de 15 secondes, un vol de l’après-midi à Montmin, je me sentais assez bien pour aller le samedi matin faire les Dents de Lanfon (en cachant le parapente dans la forêt) puis après être redescendue remonter au col des Frêtes et décoller à midi.
Ce fut mon 12ème vol.
Le 17ème, ce fut en décollant au Varo sur la Tournette, un vol magique au tout petit matin.
Mes moniteurs passaient leur temps à m’engueuler et la sanction finit par arriver, encore sur la Tournette un matin d’octobre, un beau jour pour mourir.
J’ai survécu, avec 10mois sans voler dont 8 mois sur béquilles, après quoi j’ai repris les vols-rando dans les Aravis, en posant presque toujours aux vaches.
Pour accéder au vol rando, le matériel standard est utilisable mais p… que c’est lourd à porter ! Cela va déjà moins mal avec une voile légère comme par exemple la Masala, et encore mieux avec une sellette légère.
Conditions minimales : savoir décoller et se poser, savoir renoncer si les conditions sont trop fortes ou trop moisies, et maîtriser l’aérologie qu’on va rencontrer, donc savoir évaluer les conditions.
Il vaut mieux ne pas débuter seul, et d’ailleurs on ne part pas seul en montagne.
En principe…
J’ai un passé d’alpiniste de très bon niveau et j’ai quand même fait quelques voies en solo, en m’auto-assurant dans les passages difficiles.
Nous sommes très nombreux à Annecy à partir seuls le matin pour monter décoller, je suis souvent toute seule au col des Frêtes et cela a un gros avantage : je peux me mettre le haut à poil pour sécher sans choquer quiconque ni rincer un oeil qui traînerait par là.
Pour avoir pratiqué trop longtemps avec du matériel standard (13kg sur le dos), j’ai fini par investir dans du léger (4kg sur le dos) et cela m’a fait voir les montées sous un autre angle.
J’ai aussi décollé quelques fois dans des conditions malsaines, juste parce que j’avais mal au genou (séquelle de l’accident sur la Tournette) et que descendre à pied ne me motivait vraiment pas… par exemple au Mont Blanc, entourée de nuages avec l’orage en formation sur le Val d’Aoste qui imposait de prendre la fuite rapidos.
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Entre 45 minutes de vol magique et 8 heures à me casser les genoux, les vertèbres et le reste dans une descente de misère, le choix était évident.
Ce fut un vol fabuleux mais stressant au début parce que le cunimb sur l’Italie commençait à tirer. J’avais décollé dans un bref créneau favorable, quelques minutes plus tard cela aurait été impossible.
Et je le referais si ces conditions se présentaient à nouveau. Quand les conditions sont limites, c’est l’expérience qui permet de juger si on y va ou si on met un but.
J’ai “sorti” quelques grandes voies comme ça en cravachant, juste avant le mauvais temps. Je me rappelle une descente du Glandasse sur Valcroissant dans le nuage avec la pluie qui cinglait à l’horizontale, on n’y voyait rien mais j’avais quand même trouvé le passage.
En parapente comme en alpinisme, la technique est essentielle et l’expérience est le principal facteur de sécurité.
