Bonjour à tous !
Je vais essayer de faire court.
Je souffre d’un handicap rare : l’hyperacousie. A un degré extrême. L’hyperacousie est une hypersensibilité au bruit. Chez moi, les causes sont en grande partie génétiques.
Pour illustrer : ma propre voix peut me faire mal (du coup, j’évite de raconter trop de conneries !). Si vous ouvrez un paquet de chips devant moi (vous savez, le bruit de l’alu qui fait crrrrhcrcrshshshsh), c’est comme si vous me donniez 15 coups de poings à la suite dans la tête. S’il y a trop de vent dehors, j’annule ma balade. On se rapproche du sujet…
Ado, je pilotais des avions, mes oreilles ne m’en empêchaient pas encore. Je voulais en faire mon métier.
Jeune adulte, le problème s’est vraiment révélé. Adieu l’avion, la carrière et d’autres choses.
Les années ont passé et en 2012, pris d’une fulgurance, j’ai fait un stage de parapente aux Gets. Je ne remercierai jamais assez l’école pour cette expérience. Mais par manque de temps, je n’ai pas poursuivi l’activité.
En 2015, le handicap s’est franchement aggravé. Adieu encore plus de choses.
A l’été 2016, j’ai dit “Fuck, je vais enfin faire du parapente, ça fait pas de bruit et je vais me sentir vivant là-haut, comme avant !”. Je fais un nouveau stage, dans le Vercors cette fois. Ce stage, en lui-même, est frustrant (jeune moniteur peu sûr de lui, 1 voile pour 2 en pente école, des décollages chaotiques qui foutent la boule au ventre à tout le groupe), mais surtout, j’ai une révélation bien triste : le parapente est trop bruyant pour moi…
Le bruit des trajets en minibus, le bruit de la voile que l’on plie, déplie, le bruit de la voile qui s’arrache du sol au décollage ou qui s’affale, le moniteur à la radio et… le bruit du vent relatif une fois en l’air ! Je passe une très mauvaise semaine, mais je décide d’acheter ma voile pour continuer ma progression, à mon rythme.
Je fais du gonflage et quelques sauts de puce sur des pentes écoles, parfois avec des bouchons d’oreille, parfois sans… Avec les bouchons, je me sens déconnecté de mes sensations et de l’environnement, je ne me sens pas en sécurité et le dialogue avec les autres est quasi impossible. Si j’ai une clé dans les suspentes et que quelqu’un gueule pour me dire d’avorter, je ne vais pas l’entendre. Par exemple.
Sans les bouchons, chaque session est douloureuse, il me faut 1, 2, 3 jours pour m’en remettre. Ou une semaine, ou… C’est trop, après à peine un an et seulement une dizaine de séances, je plaque tout.
Je ne sais même pas si les bouchons d’oreille suffiraient à me protéger du vent relatif pendant un long vol, car le bruit arrive aussi par conduction osseuse et se joue très bien des protections.
Aujourd’hui je vis dans un nouvel endroit et je rencontre des parapentistes, malgré moi ! C’est la montagne, c’est un endroit de rêve pour voler, même l’hiver.
Je me reprends à rêver, donc… Une nouvelle fois (mon côté obsessionnel !).
Au final, je n’ai pas vraiment de questions à vous poser. Enfin, pas directement, mais savoir ce que cette histoire vous inspire pourrait me donner un nouvel éclairage. Peut-être que je ne suis pas le seul non plus à me questionner sur le bruit en parapente.
Si je recommence, je veux me prémunir d’un nouvel échec, y aller de manière plus réfléchie et plus bravarde aussi, peut-être. Sans mettre ma santé en jeu pour autant.
Merci en tout cas d’avoir lu ! C’était pas vraiment court.
A bientôt et bons vols
)
J’ai lu des témoignages de pilotes qui volaient avec un seul bras ou toute sorte de limitation et ils ont réussi, avec une bonne dose de persévérance, à s’éclater dans ce magnifique sport.


Guss