Le discours ambiant anti-sharknose (entre autres) semble avoir bien pris dans le milieu, avec des arguments un peu d’un autre monde lorsqu’on les confronte à l’expérience vécue. J’ouvre ce fil car ça me chagrine pas mal de voir des propos fallacieux repris par des gens parfois de bonne foi mais qui mélangent un peu tout et sans avoir une longue expérience en vol des différents modes de construction des parapentes.
Forcément, je connais bien les comportements en vol des bords d’attaque “à l’ancienne”, plus ou moins sensibles, plus ou moins instables, plus ou moins souples ou tendus. Puis j’ai découvert le sharknose il y a seulement quelques années et depuis, je ne vole plus qu’avec ça.
Pour que ce soit clair, je vais mentionner les noms. A l’époque, je volais avec une Gradient Aspen4. Triple Seven me laisse une Rook (la première) et je vais l’essayer sur le site où j’ai bien mes repères. Waow ! Une révélation ! Ce truc là, une B, volait un peu mieux que ma C ! Avec simplement un léger déficit en vitesse… Concrètement, ça montait plus facile en thermique que mon Aspen 4, ça planait au moins pareil bras hauts et en plus lorsqu’on poussait sur l’accélérateur ça ne s’enfonçait pas vers le sol… mais juste ça accélérait ! Le truc qui avait deux coups d’avance sur le parapente à l’ancienne et qui le démodait instantanément dans mon esprit.
Avec ça j’avais une aile bien homogène, une cohésion totale en vol accéléré, de belles sensations dans l’envergure sans flou, et pas de bruits incessants de froissement.
Si j’écoute les détracteurs, depuis j’aurais du avoir une perte totale de retour d’info, une aile moins sensitive, ne plus savoir gérer les fermetures, puis avoir des fermetures incroyablement violentes avec tout qui tombe massivement, un faux sentiment de sécurité, des cravates à tire-larigo et j’en passe… bref je devrais à minima être gravement accidenté si le sharknose et les joncs ne m’avaient pas tué !
Que nenni je suis toujours là et en bonne santé, du moins physique. Je suis toujours aussi mauvais en thermique mais la performance de ces nouvelles conceptions aide bien. Et la relance autorisée par un bord d’attaque toujours correctement en forme participe grandement au plaisir de pilotage. Des infos, des sensations, j’en ai toujours trop lorsque ça brasse ; et lorsqu’on a intégré l’homogénéité d’ensemble (ce qui est très différent des parapentes qu’on avait “avant”), il est plus facile d’aller chercher l’info qu’on veut. Des fermetures j’en ai peu comparativement aux conditions dans lesquelles on vole mais j’en ai quand même toujours : j’ai flappé un stabilo en Rook2 samedi à Montlambert. L’an dernier j’ai mangé une belle demi-voile en King dans le thermique sous le vent du déco sud à Allevard. Avec le pilotage standard, les réouvertures se font dans la foulée et je n’ai jamais cravaté. Pourtant y’a du vrai shark, du gros jonc partout et pour certains, c’est le mal !
C’est comme pour tout, faire un sharknose et en exploiter les avantages, ça demande les compétences. Et aussi ça ne se fait pas avec les logiciels de papis. Et l’architecture de la voile doit être pensée en fonction. C’est du boulot, du savoir-faire et c’est pas parcequ’on sait faire du Gewurztraminer qu’il faut prétendre que le Pacherenc va tuer celui qui le boit.
Alors, une fois de plus le matériel ne sert-il pas de support à nos convictions et nos contradictions de pilotes ?






et je n’oublie pas les autres (ils se comptent sur à peine plus que sur les doigts de deux mains) qui en tant que jury ou donateurs on permis d’initier un projet qui n’a pas eu d’équivalent jusqu’à il y a trois ans.