Salut averne
Plein de choses intéressantes ont déjà été écrites par Gilles, olivierR, brandi, …
Je te livre mon vécu
Certaines peurs sont salutaires.
Comprendre permet de nourrir ton esprit, ton mental, mais cela ne règle pas les peurs.
Perso je vole depuis 10 mois principalement dans les Alpes vers St Hil.
Le thermique je le découvre à chaque fois.
Des fois çà monte tout seul, des fois c’est tout haché, des fois çà se divise, çà se resserre ou çà s’élargit, des fois çà monte peu, des fois çà monte des briques, çà se déforme, çà se couche sous l’effet du vent et çà se déplace …
Un truc qui m’a terriblement aidé c’est de me faire guider à la radio par un moniteur dans un thermique, je faisais exactement ce qu’il me disait et j’ai compris comment noyauter, ovaliser, me recentrer, aller chercher le thermique, voir les signes extérieurs …
Récemment, depuis 2 mois, j’ai coupé le son du vario car le son me stressait terriblement quand je prenais du +3 +4 voir plus. Depuis il m’arrive de prendre des grosses ascendances à +5 sans aucun stress et, de plus, je suis beaucoup plus attentif à mes sensations (sellette, élévateurs, mouvement de la voile). Il n’en demeure pas moins que je peux stresser quand je reste trop longtemps dans des conditions thermiques et à ce moment là je me sauve en vallée et je vais me poser.
J’aime bien cette idée qui a été évoquée sur ce fil de temps resté dans les conditions thermiques mais je pense qu’il faut l’adapter à ton mental de l’instant. Perso il m’est arrivé de rester une heure ou deux dans des conditions toniques et des fois au bout de 20 minutes je pars car je ne me sens plus à l’aise, plus à ma place.
Avant chaque vol, je me recentre sur mes intentions. Je suis là pour me faire plaisir et pour tenter d’être quelques instants en harmonie avec l’élément air. J’essaye de ne jamais oublier que je suis toléré dans l’élément. J’ai des objectifs à étapes sans jamais oublier le plaisir (intention de base pour moi). Exemple sur St Hil ; je chemine jusqu’aux antennes, si çà le fait et que je me sens bien, je continue jusqu’à château nardant, je refais un point avec moi-même, si çà le fait je continue vers St Eynard … Il y a deux semaines les conditions étaient correctes pour crosser, n’empêche que j’ai fait demi-tour à château nardent après avoir fait le plafond à 1320m (soit suffisamment que pour transiter) car je voyais plein de voiles tanquées le long des falaises du St Eynard et que je n’avais pas envie de voler dans tout ce monde. Je suis revenu dans le bocal et j’ai joué à travailler mon placement dans le thermique, tenter de le visualiser, faire le plafond, redescendre à 400m, regratter et refaire le plaf … Finalement j’ai volé plus de 2 heures. A chaque fois que je remontais dans ce gros thermique en face du déco sud et bien les conditions étaient différentes … rien n’est permanent (et çà pour le coup c’est permanent ;-
!
Plus je vole, plus je développe mes sensations. C’est au bout de 60/80 vols que j’ai commencé à sentir vraiment de quel côté était le thermique, depuis peu sentir le bout d’aile qui va fermer, sentir les différences de tensions dans les commandes et relier la sensation à ce qui se passe sur ma voile sans la regarder … J’ai moins peur quand je me fais brasser, quand je prends une fermeture, j’ai pris confiance en ma voile (ALPHA 5 EN A) même si elle me gave par vent de face où je plombe comme un fer à repasser, je la ressens mieux de jour en jour, j’ai appris à me vacher donc je tente plus de choses, quand je ne sens pas de voler je ne vole pas même si d’autres sont en l’air et que les conditions sont fumantes …
J’aime le parapente pour son côté kinesthésique, pour cette relation avec cet élément invisible qu’est l’Air.
J’ai encore la trouille dès que j’ai plus de 1000m de gaz en dessous de moi, ce n’est pas rationnel et tout le monde te dira que plus tu as de gaz, plus tu es en sécurité et bien moi pour l’instant les falaises me rassurent. J’en ai parlé à un moniteur qui m’a dit que cela lui faisait la même chose à ses débuts et que cela est passé un an ou deux après.
Cela fait partie de mon travail dans cette activité, aller voir mes peurs, continuer à lâcher prise, revisiter mes croyances et les transformer. J’ai commencé le parapente mi-septembre 2014 car j’avais peur de voler et en même temps j’en avais très envie. A 51 ans je me suis dit que je ne pouvais pas continuer à vivre avec cette peur, je me suis donc inscrit à des stages et depuis j’apprends à voler mais aussi j’apprends avec cette activité à aller au delà de mes peurs à mon rythme.