Un point de vue comme un autre :
En 40ans d’escalade, je n’ai jamais eu peur bien que n’ayant “volé” qu’une seule fois. Devant un passage difficile, je faisais comme les copains : on se calme, on observe, on se concentre sur le mouvement à faire et on y va.
En montagne, il m’est arrivé de devoir grimper dans du rocher pourri au-delà du raisonnable, notamment en Oisans (Râteau) et dans les Dolomites (Torre Delago, Tofana di Rozès et Piz Lasties). Rien ne sert d’avoir peur, il faut passer, donc on chiade bien l’assurage avec le second de cordée bien à l’abri à un bon relais, on se concentre et on grimpe en finesse.
C’est exactement la même chose avec les skis en haut d’un couloir raide ou sur un déco montagne. Quand on a les dents qui claquent, les fesses qui tétanisent et les genoux qui font bravo, il vaut mieux s’abstenir et avoir la sagesse de mettre un but.
C’est la concentration qui permet d’utiliser l’adrénaline de façon positive
Je ne fais pas d’acro mais quand j’envoie des wings over en fin de vol ou pour agrémenter un plouf du matin, c’est toujours avec beaucoup de concentration, pour bien chiader la synchro et ne pas risquer une fermeture. Je me répète mentalement plusieurs fois la manoeuvre avant de décoller. Ce n’est jamais de la routine.
Je pense que les pilotes d’acro, qui font des figures autrement plus difficiles, sont dans les mêmes dispositions avant chaque vol, et ce d’autant plus qu’ils savent qu’ils vont “exposer la viande”.
Faire de l’acro ou gérer un sketch en parapente, grimper dans du très dur ou du très pourri, cramponner de la glace de regel ou de la neige foireuse, skier parmi les crevasses ou dans un couloir raide, piloter en moto sur le mouillé les genoux par terre, décoller en montagne dans un créneau de vent favorable avec un abîme sous les pieds… autant de sports comportant des risques évidents, qui tous nécessitent - en plus de la technique - une excellente forme physique et mentale, avec beaucoup de concentration.
Ugh !