PEUR !

Je relance un peu le truc (l’expiration du sondage approche…) par une question.
Ceux qui font de l’accro, ils n’ont pas peur ?
D’abord dans leur pratique spécifique ; ça fait pas peur de partir pour envoyer ou bien on est juste très excité ? Est-ce qu’on prend des trucs pour se rassurer ? (je ne sais pas si ça pourra faire l’objet d’un autre sondage : les produits dopants en parapente…)
Et pour ceux qui font aussi du vol “normal”, c’est pas trop difficile de voler à plat ? Je me suis laissé dire que certains acrobates étaient terrorisés lorsqu’ils devaient subir la masse d’air pour aller en vol d’un endroit à l’autre…

A mon ridicule niveau d’acro, j’ai pas vraiment peur mais je suis tres tendu avant de decoller. Des que je suis en l’air ca va beaucoup mieux.
Et je prends strictement rien pour me rassurer. Pour l’escalade j’ai eu une periode prolongee de fumette a fontainebleau et ca ne changeait strictement rien … heureusement.

Un point de vue comme un autre :

En 40ans d’escalade, je n’ai jamais eu peur bien que n’ayant “volé” qu’une seule fois. Devant un passage difficile, je faisais comme les copains : on se calme, on observe, on se concentre sur le mouvement à faire et on y va.
En montagne, il m’est arrivé de devoir grimper dans du rocher pourri au-delà du raisonnable, notamment en Oisans (Râteau) et dans les Dolomites (Torre Delago, Tofana di Rozès et Piz Lasties). Rien ne sert d’avoir peur, il faut passer, donc on chiade bien l’assurage avec le second de cordée bien à l’abri à un bon relais, on se concentre et on grimpe en finesse.
C’est exactement la même chose avec les skis en haut d’un couloir raide ou sur un déco montagne. Quand on a les dents qui claquent, les fesses qui tétanisent et les genoux qui font bravo, il vaut mieux s’abstenir et avoir la sagesse de mettre un but.
C’est la concentration qui permet d’utiliser l’adrénaline de façon positive

Je ne fais pas d’acro mais quand j’envoie des wings over en fin de vol ou pour agrémenter un plouf du matin, c’est toujours avec beaucoup de concentration, pour bien chiader la synchro et ne pas risquer une fermeture. Je me répète mentalement plusieurs fois la manoeuvre avant de décoller. Ce n’est jamais de la routine.
Je pense que les pilotes d’acro, qui font des figures autrement plus difficiles, sont dans les mêmes dispositions avant chaque vol, et ce d’autant plus qu’ils savent qu’ils vont “exposer la viande”.

Faire de l’acro ou gérer un sketch en parapente, grimper dans du très dur ou du très pourri, cramponner de la glace de regel ou de la neige foireuse, skier parmi les crevasses ou dans un couloir raide, piloter en moto sur le mouillé les genoux par terre, décoller en montagne dans un créneau de vent favorable avec un abîme sous les pieds… autant de sports comportant des risques évidents, qui tous nécessitent - en plus de la technique - une excellente forme physique et mentale, avec beaucoup de concentration.

Ugh !

Allez hop, publication des résultats !

Je note en premier lieu le nombre très élevé de participants à ce sondage : 136 !
Ça me fait plaisir (c’est déjà bien…) et je constate que le sujet déclenche un réel intérêt chez les pilotes. On devrait en parler plus régulièrement, avec la sincérité que nous avons eu dans ce fil et peut-être faudrait il mener une réflexion là-dessus lors de la formation en école…

Si j’additionne les chiffres de ceux qui ont répondu “parfois”, “souvent”, “très souvent” et “en permanence”, j’obtiens un résultat de 86,2 % de pilotes qui connaissent régulièrement la peur en vol.

Deux extraterrestres ne connaissent pas la peur (1,4 %). Là comme ça tout de suite je ne vois pas grand chose à en dire (si vous avez des idées…)

Une personne vole avec la peur au ventre. Ce serait intéressant de savoir comment sa situation va évoluer… En tout cas il n’est pas le seul puisque rapporté à à une base de 10 000 pilotes, ils seraient 70. Mais quelque chose me dit qu’ils sont bien plus que ça en réalité…

En tout cas, il me semble que pendant de trop nombreuses années, évacuer le sujet en le niant a fait du tort à presque tout le monde. Pourvu que ça change…

Peut-être des rois de l’analyse. Ils évaluent parfaitement les conditions et leur évolution, et ne se mettent en l’air que quand c’est adapté à leur niveau! :soleil:
Il va sans dire qu’une fois en l’air, ils ne font pas l’erreur d’aller se coller dans un coins foireux et pilotent avec suffisemment de maîtrise pour ne pas redouter le vrac :vrac:

Pas toujours complétement vrai.
La dernière fois que j’ai eu la trouille, c’était lors de mon premier essais d’une mini-voile. La vitesse me faisait peur alors qu’il n’y avait pas de danger.
Mon “cerveau animal” percevait un danger imaginaire parce qu’il se trouvait dans une situation inconnue.
Là où tu as raison, c’est qu’il est possible dans une certaine mesure de ne pas sombrer dans la panique, de passer en “mode survie” de mettre de côté le cerveau animal et cette trouille pour laisser le “cerveau intelligent” travailler au mieux.

penses-tu que ce déni soit dû à un phénomène de groupe?

Oui.
Un des angles d’attaque sous lequel je vois le truc c’est que le parapente est formaté sur un schéma sous-jacent préhistorique.
Les minables performances des débuts impliquaient qu’il fallait se mettre dans des aérologies démoniaques pour rester en l’air. Donc le vol libre était une affaire de guerriers et il était hors de question d’accepter de faire place à l’évocation de la peur.
Cette attitude s’est propagée tout au long des générations de pilotes, même si nos conditions d’évolution dans la masse d’air ont bien changé, ainsi que les qualités requises (qui sont plutôt tout en finesse et en technicité actuellement) pour faire un bon pilote.

Mais l’attitude globale du groupe reste terriblement pesante sur l’individu. Et, une fois de plus, au détriment de tous.

Je comprends pas trop ta remarque, il me semble qu’on a réalisé dans la discussion que c’était lié à une question de définition. Niko a même dit qu’il aurait bien voté “rarement” sans l’assertion qui suivait. Pour moi ce serait “parfois” si on parle plutôt de stress ou de tension. M’enfin pour toi si on utilise un autre terme que peur c’est parce qu’on veut se cacher qu’on a peur, donc je vois plus trop quoi dire… Euh, au pif… J’ai peur? :mrgreen:

Bon, j’avais répondu comme la majorité silencieuse, et je vais me livrer un peu pour étayer le débats (et ayant du mal à synthétiser ces brefs instants sans exemples).
Les deux seuls fois où j’ai vraiment eu peur c’était lors de décos:
En jeune padawan et voulant faire un vole montagne, je descends dans la pente car il y a trop de vent au sommet. On étale dans une pente très soutenue, je gonfle mais préfère refuser le déco: la voile se repose mais bien de travers. Là, mauvaise analyse du jeune pilote: pas de problème, je la regonfle de la où elle est et elle reviendra sur ma tête. Vent fort et rafaleux, pente très soutenue, voile sur le coté: deux par deux il n’y aurait pas eu de soucies mais les trois ensemble ça à frôlé l’accident: une rafale commence à charger la voile, effet spi sur le coté, difficulté à allé vers la voile pour la décharger et aucune possibilité de la mettre en drapeau via les freins (il aurait fallu plusieurs tours). Du coup, je vais vers elle en attrapant tout ce que je peux, une pensée me traverse l’esprit “N’est-t-il pas possible de me décharger de ce chiffon”: grosse peur à partir de ce moment. Bref, je cours vers la voile sans réussir à la stopper: impossible de refuser le vol, mieux vaut l’accepter: j’arrête de tenter de remonter la pente et part travers pente pour repasser sous la voile: la voile monte et je vole, ou plutôt j’ai un demi tour de twist sous une demi aile a un mètre du sol. L’aile garde à peut prés son cap et se regonfle (merci Huapi). En regardant derrière moi, je vois que je vais vers un éperon rocheux. Se détwister ou agir: agir. J’effectue un quart de tour sellette à la main, en attrapant l’élévateur au dessus du twiste (attraper seulement les D ou le frein auraient sans doute été plus sûr). Bref, je me dirige maintenant vers la vallée, me détwiste, rejoint l’épaule où mon pote s’est refait et zérote pendant dix minutes le temps de me calmer avant de réussir à monter le rejoindre…
Plus récemment, sur un déco bien alimenté avec un légère cassure: quelques pilotes attendent que ça se calme, je me dis que ça passe et déplie, tente un déco en pseudo cobra mais l’aile monte vite et lors de la tempo je quitte le sol à moitié twisté. Dans le flux plus verticale, la voile demande plus de vitesse et aimerais un peu plonger. Je commence à lui rendre la main mais je n’ai pas encore envie de percuter dans le rappel pendulaire (la cassure est pas très haute). La peur de l’impact au ventre, je tourne la tête pour voir la marge que j’ai: ça va passer mais faut pas trop la laisser plonger non plus. j’adapte mon pilotage, m’écarte du relief et enchaine avec un petit vol thermique.

Mis à part ces deux exemples (ou jokers comme certains pourraient les appeler) je n’ai jamais vraiment ressenti de peur en volant et vous rejoint dans la recherche lexical:

  • Peur irrationnel (ou provenant d’une logique trop rationnel dans mon cas):
    Se trouver très haut au dessus d’un massif nous fait nous sentir tout petit face à l’immensité de notre aire de jeux mais cela ne m’a jamais procuré une quelconque peur ou appréhension ou autre.
    Mon premier 360: avec pas mal de gaz au dessus de Luchon, c’était une bonne occase d’engager des premiers 360. J’enfonce la commande, ça tourne comme d’hab, un peu plus de commande, un virage un peu plus prononcé, et d’un coup ça commence à envoyer des watts. La peur m’a fait tout relâcher: mais jusqu’où ça va envoyer??? En fait l’accélération est transitoire et assez brève mais le cerveau extrapole: si l’accélération continuait comme ça, ça deviendrait trop violent, d’où la peur infondée. C’est maintenant une manœuvre que j’apprécie mais que je fais peu (usure de la voile…).
  • Appréhensions:
    Ce n’est pas la peur au ventre mais on a conscience que les choses pourraient mal se passer; on en a conscience, on les envisages mais on ne sais pas si ça arrivera. J’aime bien voler en étant maître de tous les éléments mais il y arrive qu’il aie une part d’incertitude dans l’aérologie réelle d’un lieu…
    Mon premier exemple se passe chez surfair et concerne ma première (et unique pour le moment) cascade d’incidents: Lors d’un tour du bocal, j’étais allé voir si le thermique de l’antenne était si malsain que ce qu’on en disait… Avec encore aucun SIV à mon actif et une nouvelle voile, j’ai eu droit à une belle fermeture sur une aile, puis l’autre, puis l’autre… Et j’ai sérieusement pensé au secours. J’ai pas eu “peur” (la voile à finie par se ré-ouvrir, je suis allé voir ailleurs) mais le seul fait de penser sérieusement à sortir le secours entraine une certaine appréhension (je n’ai pas l’occasion de le sortir souvent ne volant pas avec une voile de compétition).
    Un autre exemple concerne l’évolution de la nébulosité: j’avais déjà eu l’occasion d’en parler lors de mon récit sur mes vols dans les dolomites cette été mais quand il n’est plus possible d’évaluer la hauteur de nuage et qu’on a l’impression que ça se soude (qui plus est dans un lieu que l’on ne connait pas) on envisage que ça peut dégénérer. On ne sait pas dans combien de temps ça risque de partir en co****** et même si ça va vraiment dégénérer mais on sait qu’il y a un risque (cette fois là j’étais allé me poser pour voir l’évolution, ie les nuages se disloquer). Il n’y a pas peur mais appréhension d’une possible évolution de la situation. Ceux qui y croit un peu plus peuvent attendre un peu trop et constater que la situation à trop évoluée alors qu’ils sont encore en l’air. pour ceux là, cela pourrait être une réelle peur, en repensant à l’expérience d’Ewa et des autres…`
    Il y a aussi les aérologie pourries ou on s’y met en se disant que ça ne sera pas top mais pas vraiment pourrie (elle est où la combe à Piwi??). Mon plus récent exemple concerne la compète de la Mure. Pour aller chercher le grand Férand, je me dis qu’il n’est pas nécessaire d’assurer le plein et qu’en se jetant sur les faces sud de l’Obiou (un peu sous la brise) ça va remonter tout seul en ligne droite. Après m’être jeter derrière la crête au dessus de Courtet (bien en dessous de la crête de l’Obiou) je me suis trouvé un peu con: Décors très minéral, aérologie un peu anarchique, avec les autres qui transitent tranquillement à la crête et des possibles bulles qui pourraient venir foutre le bordel dans ma voile. On a pas peur, on sais que des bulles teigneuses peuvent nous frapper, mais on ne sait pas vraiment jusqu’où leur pugnacité pourrait nous entrainer… Finalement rien de violent ne survient et je noyaute un truc un peu plus loin pour rejoindre les autre à la crête. Le soir, quand j’apprends qu’il y a eu un secours près du grand Férand et qu’elle a posé en plaine falaise j’y repense: j’étais près à une aérologie exigeante, mais si elle avait été trop violente pour moi que serait-il devenu?: secours. Mais faire secours dans un tel lieu ne résoud pas tous les problèmes, ce n’est pas une jolie forêt. Peut être aurais-je-du ressentir de la peur alors que mon analyse (voyant le secours comme salvateur d’un possible gros sketch) n’a entrainé qu’un peu d’appréhension…

En résumé:
Si on omet les appréhensions qui ne sont pas vraiment des peurs mais des alertes bénéfiques pour voler en toute sécurité car elles nous préviennent qu’un danger existe et nous permettent d’adapter notre vol face à ce danger/risque, je dirais qu’il y a trois cas de peurs en pratique parapente:

  • La peur irrationnelle: On a peur mais cette peur n’a aucun fondement. Il faut arriver à se détacher de cette peur pour voler plus serein car elle n’a aucune raison d’être…
  • La peur instantanée: Comme mes exemples de déco ou lorsque qu’en enroulant un thermique le long d’une paroi on se demande si ça va passer lorsqu’on se retrouve face à la falaise: pour les décos, bien faire attention à l’accumulation de facteurs aggravant, pour le reste garder des marges correctes.
  • La peur de la situation: Je ne l’ai pas vraiment ressenti (voyant le secours comme un garde-fou) mais suite à la rédaction de mon dernier exemple, je pense qu’elle devrait être mentionnée: Quand apparaît un doute sur notre capacité à gérer l’aérologie et que le secours ne pourrait résoudre la situation (absence d’arbres, d’alpages, de prairies…). Ici, le remère à la peur et une meilleur anticipation pour éviter ces situations pourries…

Ugh

[quote]Mon plus récent exemple concerne la compète de la Mure. Pour aller chercher le grand Férand, je me dis qu’il n’est pas nécessaire d’assurer le plein et qu’en se jetant sur les faces sud de l’Obiou (un peu sous la brise) ça va remonter tout seul en ligne droite. Après m’être jeter derrière la crête au dessus de Courtet (bien en dessous de la crête de l’Obiou) je me suis trouvé un peu con: Décors très minéral, aérologie un peu anarchique, avec les autres qui transitent tranquillement à la crête et des possibles bulles qui pourraient venir foutre le bordel dans ma voile. On a pas peur, on sais que des bulles teigneuses peuvent nous frapper, mais on ne sait pas vraiment jusqu’où leur pugnacité pourrait nous entrainer… Finalement rien de violent ne survient et je noyaute un truc un peu plus loin pour rejoindre les autre à la crête. Le soir, quand j’apprends qu’il y a eu un secours près du grand Férand et qu’elle a posé en plaine falaise j’y repense: j’étais près à une aérologie exigeante, mais si elle avait été trop violente pour moi que serait-il devenu?: secours. Mais faire secours dans un tel lieu ne résoud pas tous les problèmes, ce n’est pas une jolie forêt. Peut être aurais-je-du ressentir de la peur alors que mon analyse (voyant le secours comme salvateur d’un possible gros sketch) n’a entrainé qu’un peu d’appréhension…
[/quote]
humm, ca me rappelle quelque chose ca ! c’était bien pourri sur la crête au dessus vers 2000m, des cisaillements sacrément violent qui m’ont occasionné deux belles fermetures. C’est la première fois ou j’ai bien flippé et comme disais mon collègue, c’est des moments où “avec une olive dans le cul tu fais 1l d’huile…”
Et j’ai pensé la même chose, faire secours la, au dessus d’un immense pierrier raide, moyen. Et en plus j’étais à cet endroit ci, pas très haut par rapport au sol (peut être 100-150m). J’ai lu aussi le récit de la personne qui a fait secours la bas le dimanche, ca craint…

La peur reste tout de même lié à la maitrise technique de son parapente, ou de ses skis ou autre. Dans un couloir très raide, Tardivel ne ressent pas la même peur qu’un skieur lambda. La ou l’un serait tétanisé, le pro sera simplement concentré et stressé, mais n’aura pas “peur”.

La plupart des bons pilotes qui était en compét à courtet n’avais surement pas peur, moi oui après ma deuxième fermeture. Je me suis vite barré en vallée

Pareil …
Une autre réflexion me va bien : la peur est également proportionnelle au niveau de maitrise/confiance, …
Ce qui me va bien aussi c’est que sur 136 votants on soit une infime minorité à etre dans ce cas là, … un chiffre de 10 % aurait pu etre inquiétant, … mais là, 1.5% c’est peut etre aussi à mettre en perspective avec les niveaux de pratique, le nombre d’heure de vol, le niveau d’engagement, le matériel etc, …

Tiens, du coup je vais lancer un sondage :stuck_out_tongue:

Dans mon cas, je crois pas que ce soit une question d’engagement, de matos ou autre. Par contre je crois qu’un pilote qui a une pratique en adéquation avec son niveau et qui ne laisse pas trop de place à l’irrationnel n’aura sans doute pas peur en vol (dans le sens où moi je l’entends, vu que dans le sens de Surfair on peut pas y couper :mrgreen: ).

Super intéressant tout ça, y compris l’intervention bien complète de Seb.
N’est-ce pas qu’il est malsain ce thermique ? :mrgreen: !

Comme ça dure dans le temps, je ne me rappelais même plus que c’était vous, Mathieu et Niko, qui n’avez jamais peur.
Pour répondre : non, je ne crois pas que la peur soit une question de définition. Sur ce genre de concept largement partagé, si on part sur des histoires de définition c’est qu’on cherche à finasser (c’est ce que je crois parce que c’est souvent ce que je pratique…).
Par exemple, si tu me demandes si telle voile est “maniable” et qu’elle ne l’est pas vraiment, je vais commencer à finasser en te disant "ça dépend ce qu’on entend par maniabilité… tu définis ça comment ? etc). Si par contre elle l’est clairement, je vais te répondre direct “Ah oui ! ou Nickel ou C’est le feu” et je vais développer…
Alors sur la peur, si on commence à demander ce que c’est que la peur, soit on veut finasser par refus de s’appliquer le terme, soit on veut des précisions car on ne connait pas la peur.

Je répète que je peux sans problème croire cette dernière hypothèse. Pourquoi n’y aurait-il pas des gens qui ne connaissent pas la peur ? Moi je la connais, vous vous ne la connaissez pas, c’est là que je suis un peu coincé pour aller plus loin…

De même que des concepts comme “débrancher le cerveau”, moi ça me dépasse, j’en suis incapable.
Et si la peur est irrationnelle et émotionnelle, ne plus avoir de cerveau ne la supprime peut-être pas.
Quant à ne pas laisser place à l’irrationnel, si tu es sujet à l’irrationnel je ne vois pas trop comment ne pas lui faire place.

Moi j’ai peur en parapente, la plupart du temps (et beaucoup plus qu’en escalade). Il y a cependant des degrés et quelques vols ou moments de vol où je suis parfaitement serein mais c’est rare.
Quand je monte au déco, je suis rarement détendu, et quand je fais du vol rando en famille dans des endroits que je ne connais pas, je suis tellement dans l’appréhension que ceux qui m’accompagnent (non-volants) me trouvent fermé et peu disponible.
C’est aussi dû à mon type de pratique: je fais des petits cross en solitaire, au petit bonheur la chance, et sans avoir un gros bagage technique ou une bonne connaissance des lieux. C’est un peu flippant, mais les autres formes d’activité (soaring, vol sur site), ont tendance à m’ennuyer à la longue. Finalement, c’est la peur elle-même que je recherche, et je ne suis jamais aussi satisfait que quand je me suis fait chahuter et que je suis passé quand même. Si je n’avais pas peur, je ne suis pas sûr que je ferais du parapente.
Evidemment, il faut que cela reste un peu contrôlable. Je ne cherche pas la panique totale, ni d’ailleurs l’appréhension diffuse liée à des aérologies foireuses (ni violentes ni rassurantes). A la rigueur, je préfère la baston déclarée à une aérologie que je ne comprends pas, inconsistante.
La peur et le bonheur de tracer sa route vont chez moi de pair alors j’accepte la première tant qu’elle est supportable.

OK Surfair, je vois mieux ce que tu veux dire.

En fait, je crois que pour moi la différence entre peur et p. ex. tension ou stress se situe vraiment au niveau rationnel/irrationnel. Je me souviens par exemple, un jour où je faisais de la spéléo, d’avoir eu peur de manière presque panique dans un petit goulot où j’avais un bras devant moi et l’autre derrière, sans arriver à le repasser devant et avec les épaules bien engagées. Ensuite je me suis calmé et raisonné en me disant que de plus gros étaient déjà passés par là, et bien sûr c’est passé.

Dans le même style, j’ai un pote qui a de grosses appréhensions quand il a bcp de gaz ou quand il y a un nuage un peu joufflu dans le même ciel que lui (suite à une visite de la ouate il y a qq années). Pour moi c’est clairement de la peur, alors que le fait d’être tendu dans un passage difficile me parait ressembler plus à de la concentration qu’à de l’appréhension.

Concernant la place qu’on laisse à l’irrationnel, je ne dis pas qu’on puisse la contrôler, c’est même clair qu’on ne maîtrise pas ça et qu’on n’est pas égaux devant l’irrationnel…

:coucou:

J’ai fait un poil de ménage… c’est tout parti au Flood.
Le ménage a été fait de façon arbitraire, imparfaite … mais sans peur de vos réaction :stuck_out_tongue:

http://www.parapentiste.info/forum/index.php?topic=16030.0

ça c’est pas con !

Références,

Il y a des gens qui se shootent (ou se stimulent) à l’adrénaline, et il est vrai que c’est un grand bonheur quand on a réussi à vaincre sa peur et à passer.
Paul Preuss (1886-1913) avait décidé de toujours redescendre par où il était monté. Il est mort très jeune.
Eugen Guido Lammer (1863-1945) allait se mettre dans des situations infernales, le danger l’excitait et le rendait frénétique. Son aventure dans la face W du Cervin avec le sauvetage de Lorria, puis son séjour au fond d’une crevasse, n’avaient pas altéré son moral : “cela ne peut pas être suffisamment mauvais pour m’empêcher de continuer”. Lammer est mort dans son lit, à un âge respectable.
Jean Mermoz (1901-1936) serrait les fesses le jour où il ouvrit une route aérienne entre Dakar et Recife, par le Pot au Noir… et puis un jour son Oiseau Blanc ne s’est pas posé.

Corinne se fait parfois très peur, sur un “cocodéco” ou avec un vent défavorable, mais jusqu’ici elle est toujours passée, parfois à l’arrache et le plus souvent parfaitement, dans le créneau.

Il y a comme ça des gens qui ne cherchent pas forcément le danger ou la peur, mais qui ont besoin de se mesurer avec eux-mêmes, de se lancer des défis. Tous les sports dits “de risques” répondent peu ou prou à cette problématique.
Cela dit je ne méprise pas les gens qui jouent au ping-pong, au volley, au golf ou à la pétanque.

Ugh !