Pris par la pluie en vol

Bonjour,
le week-end dernier, nos sommes une bonne vingtaine à nous faire piéger en vol par une grosse averse, aussi courte qu’intense. Tous les pilotes s’empressent bien sûr de poser, mais l’un de nous se retrouve en parachutale et chute jusqu’au sol sur le dos, fort heureusement sans gravité (une visite chez l’ostéo).
De toute évidence son action sur les freins ajoutée à l’eau imbibant sa voile sont la cause directe de son accident.
Mais après coup je prend un peu le temps de m’auto-débrieffer quant aux solutions que j’ai utilisé pour descendre au plus vite à l’attéro.
Il se trouve que j’avais fait un bon “plein” juste avant, et du coup la descente me prit un peu de temps.
Séries de 3.6 mais pas très engagés, puis oreilles (petites) accélérées. puis virages appuyés. Tout s’est bien passé et à part une trace de ma cagoule qui a déteint sur mon front, pas d’incidents.
Mais durant mon auto-debrieff, le doute m’étreint… Ais-je vraiment utilisé les tecnhiques de descente appropriées au vu des conditions?
La pluie a pour principal résultat dangereux, en alourdissant le tissus de nous rapprocher du seuil de décrochage.
Or une action sur les freins à ce moment critique semble pour le moins aléatoire, et que penser des oreilles et de la trainée occasionée, même accéléré le risque de décrochage avec une voile mouillée me semble non négligeable…
Je n’ai pas trouvé de réponse satisfaisante à cette question : Que faut-il faire si l’on est surpris par la pluie (forte) en plein vol? :grat:
Conscient que la bonne question serait plutôt : “comment éviter de se retrouver sous la pluie?”, je me permet tout de même de la poser, car au vu de tous les pilotes s’étant fait pièger ce jour là, je constate que nul n’est totalement à l’abris de ce genre de mésaventure.
Pierø

vu que la seule bonne réponse n’est pas comment se sortir de la merde mais bel et bien “apprendre à ne pas se mettre dedans” … la seule vraie solution est l’anticipation, même si les copains font un vrai beau vol, même s’ils font une vraie distance, même s’il ne leur arrive rien, même si au final l’orage ne craque pas.

Pour info, dimanche dernier je faisais mon 2e vol avec mon nouveau bi
conditions ventées musclées : ça je sais gérer
Nous nous mettons en l’air, joli bout de vol … mais du coin de l’oeil j’observe les nuages qui noircissent. Des tas d’ailes font de superbes plaf, de bons pilotes réalisent de belles distances.
Pour ma part, entre le bi que je ne connais pas encore, la responsabilité de mon passager … je préfère mettre fin au vol.
L’orage n’a pas craqué de notre coté, les conditions sont restées très bonnes (pour les ceux qui avaient le niveau pour les exploiter), si j’avais suivi les ailes qui sont parties en ballade, j’aurais pu aller dans un coin que je ne connais pas, utilisant une ligne de confluence.
mais j’assume et je suis fier de mon choix : ne pas avoir à gérer une descente rapide si jamais l’orage avait craqué.

Plus on est nombreux, plus il est facile de se faire piéger :wink: . Chaque pilote attend de voir la décision des autres et cela peut durer un poil trop longtemps avant que le premier craque et tire à l’atterrissage. Rappelez vous de l’histoire de Ewa Wiznierska qui se fait coincer dans un cunimb. Tous les pilotes en vol ont dit que si ils étaient seuls, ils auraient abandonnés bien plus tôt. Mais en groupe avec la pression d’un entrainement de compétition, ils sont nombreux à avoir poussé le bouchon un peu trop loin.

Il m’est de temps en temps arrivé de voler dans de l’air pourri en me demandant ce que je foutais là mais en restant car les potes restaient aussi. Une fois posé, il était amusant de constater que les autres se disaient exactement la même chose ! :wink:

Donc méfiance plus on est nombreux, plus notre caractère “moutonnier” peut nous jouer de vilains tours !

Pour ce qui est du parachutage des voiles mouillées, je n’ai pas de réponse évidente sur la cause principale. Les hypothèses sont multiples, déformation du profil ou du suspentage, décollement des filets d’air, porosité accrue du tissu mouillé, poids supplémentaire au niveau de la voile ? Ce qui est sur, c’est que les nouvelles voiles sont moins tolérantes à ce phénomène. J’ai volé avec des vieux tromblons sous des pluies battantes, on arrivait trempés comme des soupes mais la voile volait sans soucis.

Certaines voiles ont la réputation (démontrée) de parachuter quand elle sont mouillées. Un des moniteurs de l’école vient de faire réviser sa voile avec contrôle complet en vol chez Certika. La voile est impec, pourtant il n’arrivait plus à décoller quand sa voile s’était mouillée sur la neige du déco.

Ce qui est sur : Il faut éviter toutes le manœuvres qui rapprochent du parachutage. On évite donc les oreilles et les basses vitesses, on accélère dans la mesure du possible.

Tout à fait d’accord avec le post de Piwaille. :pouce:

[quote=“Patrick Samoens,post:3,topic:45788”]
Déformations : ok
Décollement des filets d’air : ça c’est la conséquence
Porosité : elle doit plutôt diminuer quand le tissus est mouillé (et de toute façon personnellement j’y crois pas)
Poids : 0,1 mm d’eau ça fait 100g/m2. On peut facilement doubler le poids de la voile et peut-être même remplir le bord de fuite
En plus le tissus mouillé peut coller sur lui même, ce qui va compliquer le (re)gonflage du bord de fuite et le gonflage au déco ou après les oreilles ou un vrac.

Pour info, les planeurs fuient aussi la pluie, même si elle est probablement moins dangereuse pour eux elle entraîne une dégradation catastrophique de la finesse (dégueulante causée par la pluie + probablement une augmentation de la viscosité apparente de l’air à cause des gouttes qui viennent se “coller” sur les ailes + augmentation de la rugosité des surfaces à cause des gouttes collées).

pas forcément ! sur les tissus déperlant, les gouttes de pluies créent des obstacles qui empêche le parcours “lisse” des filets d’air

pareil : si le tissus s’imbibe, il peut s’allonger et donc les mailles entre les fils (me souviens plus du nom des 2 fils perpendiculaires) peuvent devenir plus grosses …
bref y a vraiment pleins de trucs qui se passent quand on mouille une aile (moderne - effectivement avec les vieux tromblon, on jouait sous la pluie, le grésille etc …)

bonjour a vous, je ne sais pas si c est a cause de la pluie,mais hier malgré un temp dégueulasse au pyla,pluie gros coup de vent,certains ont pris de gros risques une chute de 40métres pour un jeune homme de 33ans trés grievement bléssé et transporté d urgence par élico,c est quand méme souvent ici les accidents,le sable ne ferait pas peur?

J’avais pourtant cru anticiper ce genre de réponse dans mon énoncé, mais peut-être est-il effectivement bon d’enfoncer le clou et de rèpetter une ènième fois : “Il ne faut pas se mettre dans la mouise, en l’occurrence ne pas voler sous la pluie ou des nuages par trop menaçants.”
Ok la cause est entendue et totalement partagée (comment pourrait-il en être autrement?!)
Il se trouve que je fais partie de ces pilotes qui n’hésitent pas à renoncer devant des conditions qu’ils jugent limites, et que j’ai fait mien depuis longtemps l’adage : “Il vaut mieux regretter d’être au sol, que de regretter d’être en l’air”.
Cependant, ce w-e, cette ondée très passagère (à peine 3 minutes puis retour au grand bleu) dans un ciel de beau temps tout à fait propice au vol, m’a surpris et avec moi d’autres pilotes pas tout à fait débutants. Manque d’anticipation, euphorie du vol après des semaines de pluie, effet de groupe, défaut d’analyse, et sûrement d’autres facteurs à charge auxquels je ne pense pas sont à l’origine de cette mise dans la mouise, mea culpa…
Mais là n’est pas le propos, la question est : Si ça arrive, quoi faire?
À ce moment précis peut-importe si c’est de notre faute ou pas, il est nettement plus utile de savoir comment on en sort.
Le debrieffing viendra après, et c’est aussi en faisant des erreurs que l’on progresse non?
Pierø

:coucou: piero … tu avais mis les précautions oratoire de circonstance , pas de souci :trinq:

je vais te répondre autrement alors
soit on voit le rideau de pluie et en fonction on tente d’y échapper (descente, fuite en avant … selon les circonstances)
soit l’aile est déjà mouillée et … :grat: avec les ailes modernes je ne sais sincèrement pas quoi faire. Je ne peux que plussoyer Patrick : j’ai rincé la fidji sous quelques beau orages, j’ai détrempé la bonanza dans des nuages liquides (j’ai meme rempli les caisson de poudreuse en vol)… (je ne sais plus si la magic y a échappé, la RSF elle n’a as eu le temps)
avec la pure, si elle devait se mouiller, je ne sais pas comment réagir :shock: je pense que je serais un maximum à l’écoute de mon aile pour sentir comment elle “vire”.

Pour les planeurs, j’avais vu une vidéo en soufflerie d’écoulement d’air sur un profil sec puis sur un profil “sale” puis sous la pluie, c’était quand même impressionnant les différence!
je vais voir si je retrouve quelque chose !
a+

Et puis voler avec une voile mouillée, ça l’abime à vitesse grand V.

patrick t’a répondu , garder de la vitesse (mais ça ne fait pas descendre)

une fois sous la pluie battante , je penses que j’hésiterais entre les 360 engagés , ou oreilles accélérées dans les deux cas c’est la sortie qui pose problème pas la phase de descente.

j’opterais sans doute pour les oreilles accélérés jusqu’au sol, un cas de parachutale il sera plus facile de lancer le secours.

mais dans tous les cas ne pas toucher aux freins et ne pas relâcher les oreilles si elles ont été faite, j’ai le cas d’un vieux tromblon mouillé qui a décroché au moment de la réouverture.

je n’ai jamais vu ce que ça pouvait donner, mais un secours tiré sous la pluie, j’ai quelques doutes quand à son ouverture dans un temps raisonnable.

Il m’est arrivé de voler plusieurs fois sous la pluie en planeur. Les performances sont dégradées (cela dépend pas mal des planeurs, ex sur le Janus on perd bien 50% de finesse,et je peux vous dire que c’est vrai! alors que sur un bois et toile c’est minime) dues a la perturbation du profil, mais il n’y a pas de danger de parachutales.
Je me souviens d’une fois être montée sous un gros cumulus qui précipitait et d’avoir “séché” mes ailes devant le nuage dans une zone ou ca zerotait avant de repartir en transition.
Mais bon y a pas que la pluie, mes moucherons collés au bord d’attaque ca penealise aussi !

Un truc rigolo aussi c’est de voler sous la neige… meme si elle n’accroche pas les ailes, elle perturbe pas mal d’écoulement et on a des fois des reactions un peu bizarres au commande ou c’est plus mou voir du buffting a vitesse plus reduite.

Norbert

Bonjour,
ca c’est l’histoire qui m’a traumatise, et qui me poursuit encore. Quand j’ai commence le parapente, en club de plaine en France, mon instructeur tres tres tres oriente securite m’a raconte l’histoire de Ewa pour bien me faire comprendrer les dangers lies au CumNimb. J’en avais vaguement entendu parler quand cela s’etait produit, mais je n’y avais pas prete plus d’attention que cela, ne volant pas a l’epoque. Conclusion : j’ai du faire un petit bloquage, et aujourd’hui encore la trouille du gros noir (le nuage hein… :fume: ) est pour moi viscerale.
Je vole depuis 2 ans en Malaisie ou les conditions climatiques sont souvent tres nuageuses (jusqu’a ce que la pluie l’emporte souvent dans l’apres-midi), et il est tres frequent que je ne decolle pas ou que j’aille me poser quand je vois que ca s’accumule sur les flancs du mont Kinabalu, alors que les pilotes locaux volent encore un bout de temps avant que la pluie n’arrive. Il semble, a leurs dires, que les nuages pompent moins que sous d’autres latitudes et donc que les risques soient moindres, mais pour moi ca reste trop limite.
Il n’est donc pas rare que les gars se posent sous la pluie, avec des voiles parfois bien rincees, parfois meme en biplace, mais jusqu’ici jamais de casse. J’ai arreter de croire que je pourrais les raisonner un peu, il semble que ce soit moi qui ne comprenne pas l’aerologie… Et puis le cote fataliste des asiatiques fait que ce genre de discussion est souvent sterile…

En planeur, outre la dégradation des performances, le vrai piège, c’est l’augmentation de la vitesse de décrochage ; je pense (pas testé encore :affraid: ) que ce doit être pareil sous un parapente, avec une plage de vitesse fortement réduite.
Gilou

Ça augmente mais pas forcement bcp et la encore ca depend des planeurs… Et puis le décrochage en planeur (sauf sous certains pièges d’une époque) n’a rien a voir avec celui des parapentes. :ange:
En parapente, je pense que c’est plus lié a une déformation des tissus qui prennent mal leur forme car mouillés que perturbation du profil vis a vis des gouttes d’eau.
Mais effectivement ca m’intéresserait de savoir, non pas pour expérimenter mais pas curiosité ! :grat:

Norbert

Je dirais, garder plein de vitesse : ne pas mettre de frein, accélérer, 360.

Et surtout, éviter les oreilles. Car avec une voile pleine d’eau, elles pourraient ne jamais se rouvrir… et accélérer la mise en parachutale.
C’est ce que j’ai lu dans un vieux parapente mag. Un gars racontait que ça lui était arrivé, et qu’on lui avait expliqué que les oreilles étaient la dernière chose à faire (pendant qu’il rangeait son secours).

ok, je vais y mettre mon grain de sel.

La premiére des choses si on se retrouve avec une voile mouillée, est de voler au minimum accéléré 1/3, voir moitié.
La voile étant plus lourde, elle risque bien plus les parachuttales (comme la réputation de la peak 1 quand elles sont trempées.)
Evidement ne pas voler accélérateurs au taquet, pour éviter un profile trop piqueur, et donc risque de fermetures où le tissus va coller comme une ventouse et etre bien plus lent à réouvrir. (je parle par expérience avec une fermeture trempé de chez trempé qui s’est rouvert treeees lentement.)

Pour poser avec une voile trempée, il faut aussi poser avec le barreau un tiers, moitié. toujours pour les meme raisons. un gars près de chez moi a fait une belle vrille à plat au goal d’une compete où tout le monde s’était fait avoir par la pluie.

Voila.
C’est ce que je fait.

Mais le mieux est de contourner le nuage… :vrac: :tomate: