que ressentez vous quand vous volez ?

#1

que ressentez vous quand vous volez?

j’ai pratiqué 4 sports aérien, l’avion, le parachutisme, le vol à voile et le parapente et dans les 4, il y a quelque chose de quasiment mystique, je réalise bien sûr que je vole avec les responsabilités que cela comporte mais j’ai comme l’impression d’un état second où je suis bien, en harmonie, dans mon monde, comme dans un cocon qui me protége, et j’ai pensé que cela pouvait être dangereux puisqu’en oublierai je presque les risques ? et puis il m’est arrivé 2 incidents dont je ne tiens pas à développer ici sachant que pour ces 2 incidents, je n’étais pas en faute, je ne dis pas cela pas pour me faire valoir mais pour expliquer que cette notion de bien être ne les a pas provoqués, bref tout cela pour vous dire que j’ai su gérer trés rapidement les 2 situations d’urgence malgrés cet état second, cet état de bien être, difficile à expliquer que beaucoup ici comprendront d’où l’expression “il plane” ou “être sur un petit nuage”.

Alors, voilà j’aimerai si certains peuvent également développer leur ressenti quand ils volent

#2

nous sommes dans une autre dimension pour laquelle nous ne sommes pas programmés! certains n’aiment pas d’autres adorent à plus soif…pour ma part cela tient plus d’un rêve abouti mais éphémère.Ainsi notre temps passé à voler est si court qu’on en redemande à nouveau ; c’est une drogue! Peut-être un sentiment de domination du monde? en tout cas sûrement une chance inouïe depuis l’apparition de l’homme sur la terre.A consommer sans modération c’est sûr…je vous laisse sur ces idées ; je reviendrais plus tard sur ce post. :vol:

#3

pour moi ce qui me marque le plus c’est le fait d’être complètement happé par l’instant du vol :

en devenant volant, la seule chose qui compte est la nécessité de rester en l’air. Comme un animal lutte pour sa survie, je lutte pour rester en l’air, et tout mon corps s’y consacre, y compris la grosse banane qui a poussé au dessus de ma tête ! ^^
Je suis devenu un oiseau, mes préoccupations ne sont plus du tout les mêmes que quand j’étais humain. Se nourrir avec un bon thermique, danser le long des dunes, fuir les nuages prédateurs…

Vous allez me dire “ya bien des moments où l’on ne lutte pas, où l’on contemple simplement”. Mouai mais ça on peut le faire aussi depuis la falaise ou le sommet de la montagne, et du coup c’est plus vraiment un moment de vol.

#4

J’ai retrouvé en l’air les sensations que j’éprouvais dans ma jeunesse en haute montagne, dans les faces nord glacées ou sur les arêtes aériennes en plein ciel. Je me rappelle une sortie de la face N des Courtes à 7h du matin, c’était le premier matin du monde.
J’ai aussi ressenti cela lors de bivouacs en paroi, avec un gaz immense dessous, et dessus un sacré morceau pour le lendemain.
J’ai ressenti cela dans des surplombs du Vercors et des Dolomites.
Je ne peux plus grimper, alors je vole.

[quote]Un jour, La Farine - alias Jacques Batkin - commenta ainsi à son compagnon leur sortie de la face N du Dru : “tu vois mon pote, c’est malheureux de penser que des millions de gens ne connaîtront jamais ça”.
[/quote]
On est bien sur un sommet, après une bonne marche souvent longue et pénible, parfois en plein cagnard, et la descente par la voie des airs en est d’autant plus géniale.
En plein ciel, dans le vent et l’air pur de nos montagnes, on oublie les banquiers, les assureurs, les flics, les huissiers, les copropriétaires et les syndics, les cons et des emmerdeurs qui nous polluent l’existence. On fait corps avec la voile, on est LIBRE.
C’est toute la magie du vol rando et du cross, pour moi qui suis quasiment toujours seule en l’air, sans radio.

Au sol, j’ai ressenti des émotions du même genre le mois dernier (à la mi-novembre) en redescendant un minibus de biplaceurs lors de mon très court passage à Talloires. J’étais seule sur la route, dans les merveilleuses couleurs de l’automne, que la montagne était belle ! J’en aurais pleuré de bonheur.

Salut et fraternité*

#5

généralement en l’air, je suis coupé de tout ce qui ne concerne pas le vol, les problèmes terrestres je les ai laissé derrière moi dans la voiture sur le chemin pour le site, je prend plaisir a contempler le milieu dans lequel j’évolue, je cherche les signes qui me guiderons là ou cela monte, je prend plaisir a voir une aile connue décoller, monter ou transiter, voir un plaisir un peu plus pervers a contempler même brièvement l’extrados d’une aile plus perf.
de temps en temps je me soumet a la griserie de la vitesse et des g par quelques wings ou 360, ou descend taquiner les rafales montantes qui griffent la canopée, rêvant de la première sortie du bocal.
puis newton devenant plus fort que mes compétences je retrouve le plancher des vaches la tête remplie d’éther arrachés au ciel, aspirant a la prochaine incursion dans l’immatériel ciel.

#6

karma+ Merci Yeager d’avoir lancé ce fil, où chacun y va de sa fibre sensible avec beaucoup de poésie.

Salut et fraternité.

#7

:coucou:

wouha … la question qu’est-ce que je ressent …
d’abord il n’y a pas un vol mais plusieurs …
le vol idéal (cela fait longtemps maintenant) … je te rejoins complétement sur la notion de bulle … en revanche, moi, j’ai fait le gland (pendu à un arbre) parce que justement je me suis laissé débordé par ce nuage, je n’ai pas réussis à percevoir les feux rouges qui s’allumaient au moment où c’est parti: en vrac, je pensais à une copine qui venait de s’en mettre une … je me disais que ça devait être horrible de se voir tomber jusqu’au sol … sans faire le moindre avec la 1ere claque je me suis prise, le 2e vrac ne m’a pas fait lever le pied … et même une fois en incident, j’ai juste analysé la situation, géré ma cravate, l’aile qui ne voulait pas revoler, la descente, la (non) décision de jeter le secours … tout ça un peu extérieur à moi.

Les beaux vols … je continue à danser dans ma sellette même dans mon lit, malgré après avoir passé plusieurs heures pour la récup et encore plusieurs autres heures pour rentrer chez moi :!:

maintenant, je vole beaucoup moins, je suis moins en harmonie avec mon aile … mais le sentiment de plenitude commence à m’envahir dès le gonflage quand j’arrive à bien le décomposer. Souvent en sortie de déco je suis un peu “vif” mais d’un autre coté, ça me permet de me remettre en phase avec elle (l’aile) … puis quand cette mise en phase revient (assez rapidement) il me reste à trouver comment marche l’aérologie (là j’avoue, j’ai un poil plus de mal avec le manque d’entrainement) …
j’ai vraiment hate de retrouver ce niveau de certitude que j’avais avant, qui me permettait de dire “tiens, avec cette configuration du terrain, avec la brise qui souffle, je vais trouver le prochain thermique là” …
mais d’un autre coté, j’ai aussi un peu de réticence parce que je sais que je pouvais autant aller chercher une bulle au beau milieu de nulle part que tout au fond d’une combe, sous le vent du relief.

Je n’ai pas assez pratiqué d’aviation pour connaître ce même sentiment de plénitude (pis le C150, au niveau maniabilité c’est quand même assez loin de la magic). En revanche j’ai déjà plusieurs fois fait l’amalgamme avec la compétition auto où, à un moment, tu fais corps avec la voiture, tu as largement le temps d’analyser tout l’environnement, les mouvements de la voiture, la position des concurrents … et les virages s’enchainent sans peine, sans forcer … sans même tenter de faire un chrono, pourtant il est bel et bien explosé à la fin :dent:
sauf que -en voiture- je n’ai jamais ressenti qu’un match à 2 (la voiture et moi) et cet accord se trouvait à 2. En parapente, c’est un vrai “bal” à trois : le parapente et moi d’abord … puis le couple parapente-pilote avec l’aérologie ensuite.

#8

c’est assez compliqué à expliquer.
ce que je ressens le plus, c’est le manque de vol, ça c’est sur. je me met à regarder le ciel et je coince en mode autiste.
et quand j’essaye de mettre des mots sur les sensations, c’est le moment du décollage qui sort en premier, celui qui fait parfois crier certains d’entre nous wooohooooo enfin de retour ! et cette sensation, même si c’est le 5 run de la journée, c’est toujours le même. En vol, c’est toujours différent, mais c’est le prolongement de ce moment, et pendant un long vol, pendant les moments de relâchement, c’est la prise de conscience de notre taille ridicule par rapport à la masse d’air, de roche ou d’eau qui me frappe à chaque fois.
Et puis, le moment de l’attero, celui où tu regarde le ciel en te disant que c’était bon, carrément bon, même si c’était un petit plouf, et que dès qu’il fera jour demain, ton sac sur le dos, tu va pouvoir y retourner.

quand à comparer à la moto, ben c’est étrange, mais la prise de risque étant ce qu’elle est plusieurs fois (de nombreuses en fait) je me suis dit à des vitesses hautement prohibées que si par hasard un lapin/sanglier/mec-bourré/whatever traversait la piste à ce moment là, tant pis, j’aurais bien vécu. Là, en parapente c’est hors de question, j’ai bien trop de vols à faire encore et encore et encore.
comparer avec la voile, loin au large parti pour plusieurs jours en solo, ce n’est pas le même rythme, c’est plus une façon de vivre l’autre temps, celui ou tu ne fais “rien”. je pourrais naviguer pour toujours, mais le vol est tellement plus exigent qu’il accapare tout dans l’instant présent.

mama mia ! dans quelle merde on s’est fourré avec cette came là…

#9

longtemps avant le vol: l’envie
Juste avant le vol: entre envie et stress
Pendant le vol: entre stress et plaisir
Après le vol: plaisir

#10

çà se résume en 3 mots pour moi : Le laché prise , instant magique et cependant renouvelable

#11

Un grand sentiment de liberté… en 3 D.

#12

Idem :wink:

#13

-Une libération, parfois brutale, d’énergie.
-De l’euphorie, entre transe et soulerie, à cause des sens au max de leur éveil et du rythme “free-jazz” du vent.
-Un combat, pour moi le plus intéressant : contre soi-même.
-L’extraction urbaine : de la bouse de vache aux barbules, champs ou montagnes dans la rétine, soleil et vent contre la peau, c’est un gros bain de nature indispensable.
-L’extraction de ma condition d’humain : la basicité de la pratique, le côté archi simple “action/réaction” me permet de me retrouver dans une peau d’animal, de faire fonctionner mon cerveau reptilien, gérant des pulsions simples et résolvant des problèmes de survie.
-Et à contrario une danse, un mouvement libérateur, quasi un moyen d’expression.

Au final, trés peu de blabla, la parole est inexistante, annihilée par le corps seul qui intéragit avec son environnement, seul langage “légitime”. Ce ne sont finalement que des sensations, des plus sophistiquées aux plus primaires. Tout le contraire d’un forum :slight_smile:

#14

sympa ce topic, jai la chance de pouvoir voler dans pas mal de machine différente, mais le parapente tient une part primordiale dans mon cœur.

je trouve toujours ca fabuleux de pouvoir se mettre en l air avec ce morceau de tissus qui 10minutes avant était encore gentiment plié dans son sac.
cet instant magique où tu arrives sur le déco (sauvage de préférences) après une bonne marche de bon matin, tu es seul sur ce terrain tu regardes le moindre signe pour analyser les conditions, tu sens une douce brise te caresser le visage, les rayons du soleil également, tu sais que ca va être bon !
tout tes problèmes sont loin, seul cet envie de décoller compte, ton cerveau ce met en mode vol, tu t’appliques pour bien préparer, vérifications, le palpitant est toujours au rendez vous. La bouff est là c’est le moment…

:bang: :bang: faut vraiment que je revol didioux !

Dans le parapente mon plaisir se trouve dans cette simplification du vol, on est loins des prises de tête, de l avion et même du planeur, on travail sur des petites échelles (en tout cas pour moi :oops: ) on se balade sur un versant, on vas inspecter le moindre rocher. Et quand c’est l heure de poser, 3 petits S et c’est le kiss landing.

En avion c’est différent en particulier dans le milieu dans lequel j’évolue, c’est pas facile de prendre du plaisir quand tu es la haut pour une mission. Du coup la motivation, l aspect vol, sera plutôt ressentit dans la plaisir du beau geste, un peu comme un artisan travaillant des matières noble, dans un belle atterrissage, une belle intégration d’un terrain, ou bien en voltige, la tenue des paramètres.

Après un peu comme flaille je crois qu’une part de stress surement plus d attention doit toujours être présente, le monde aérien reste inhospitalier en particulier sous chiffon, c’est surement se léger risque maitriser qui est si attractif et grisant.

#15

Salut,

J’ai écrit un article assez long intitulé “Contempler ou Conquérir ?” justement sur ce sujet.
Cet article a été publié dans le n° 65 de Parapente Mag en 1999.
Je l’ai encore en format Word.
Est-il possible de le mettre à disposition quelque part sur ce forum ?

Marc Lassalle

#16

hello,
ce que j’aime dans le vol libre c’est la polyvalence, la facilité, être dehors, les possibilités, les sensations de pilotage que ça peut procurer(voltige,speed flying), découverte de nouveaux coins, voler avec des gens différents, allier sport et vol,performer(compet, cross), …tout ça me parait illimité.

Sinon , la question est bonne : le ressenti , ce que ça m’apporte ?:
sentiment de liberté, se recentrer sur soi , faire quelquechose de sain, être serain, vivre le moment présent, observer.

Voler est un moyen de lacher prise avec le monde terrestre (sollicitations permanentes, speed, dangers, stress, bruit, contraintes,relations toxiques,mal être,difficultés diverses…)
Quand tu voles tu ne peux rien faire d’autre à part être en l’air et gérer ça. Donc le lacher prise de la vie quotidienne se fait involontairement et procure un bien être certain.
Il est trés difficile de lacher prise volontairement en restant dans un milieu qui te sollicite.

je m’aperçois de ça quand je pose, ça a fait du bien de voler et je reprend un sac à dos un peu lourd de la vie quotidienne avec un esprit un eu plus léger.

jéromeC

#17

Un mélange de calme - plénitude et de tension avec tous les sens en éveil, car aussi doux que puisse parfois être l’air, tout est toujours susceptible de basculer en quelques fractions de seconde sans avoir rien vu venir. :grat:

C’est peut-être cet éveil des sens, le fait d’être constamment sur le qui vive après les tensions et la décharge d’adrénaline de la prise de décision puis du décollage qui permettent de mieux savourer les moments ou tout va bien dans le calme,… avant de devoir se concentrer sur l’approche ?.. Suis-je bien clair ?.. :oops:

#18

ce qui est clair c’est la grosse différence d’appréciation de vol selon la personne : ainsi le sentiment de plénitude est rarement atteint dans le “baston” mais plus les conditions de se calment plus le plaisir est grand ; sans oublier que beaucoup de pilotes ne volent pas en thermiques.Pour ma part le vol en soaring avec les copains c’est le pied.En thermique c’est souvent la compète et rarement le partage…

#19

j’ai beau être pilote d’hélico professionnel, le parapente m’apporte un sentiment de liberté incomparable.

Quand je suis sous mon aile, je vis des instants que rien ni personne ne peut me prendre ni me gâcher.

Le vol en parapente est devenu une drogue…

#20

Ce que je ressens quand je fais du gonflage, les deux pieds au sol, c’est avant tout une sensation de puissance, meme si ca parait exagéré. C’est le fait de maitriser la voile en statique, surtout quand le vent est fort.
Dés que je suis en vol, que je sois en situation de concentration, ou de contemplation, ce qui pointe derriere alors, c’est ce sentiment de se sentir VIVANT, vivre a 100%.