Il est bien évident que, quand j’évoquais la légèreté avec la relation légèreté => vitesse => sécurité, il s’agissait de la légèreté du sac à la montée. Une fois en vol, on s’en fout complètement d’avoir du matos qu’on ne porte plus.
Le Raid Chamois aura lieu ce WE de Thônes à Thônes en passant par un circuit éprouvant combinant VTT sur du très boueux le long du Fier, marche (2000m) sur sentiers raides et boueux, rollers sur une piste qui aura séché et deux vols :
- Le premier du col des Frêtes à Duingt, en survolant le lac, avec pour les bons pilotes, si la carrière d’Entrevernes donne, la possibilité de shunter le parcours en rollers et de poser à Doussard. Point de contournement obligatoire : le château de Duingt.
Déco montagne, secours non imposé.
- Le second depuis le déco de Montmin, avec là aussi un cross à faire, pas simple à la mi-octobre mais qui sera peut-être facilité par un vent W léger et une brise légère. Il faudra poser au moins à Alex pour récupérer le VTT (puis retour à Thônes par la route) et si possible bien gratter les Dents de Lanfon pour essayer d’aller poser à Thônes.
Déco officiel, secours imposé, qui sera transporté par l’organisation.
De cette manière, les concurrents avec mini-sellettes et mini-voiles ne sont pénalisés que s’ils rentrent à Thônes en vélo, contrainte assez peu éprouvante en regard des efforts déjà fournis.
Pour éviter les épouvantables contraintes imposées par les autorités et les assurances à toutes les épreuves sportives utilisant l’espace public, l’épreuve ne sera pas chronométrée. Chacun évoluera donc sous sa propre responsabilité.
Il y aura certainement des concurrents masochistes portant des sacs énormes tant en vélo que sur les rollers, et d’autres plus aguerris et plus réalistes portant des voiles ultra-légères dans des sacs minuscules. Qui ira au bout ? A mon avis, pour avoir couru deux fois ce raid, les grandes voiles avec grosses sellettes ne sont pas l’équipement le plus pertinent.
Je suis “passée” en 2009 avec mon Ultralite 19, qui n’est pas spécialement une voile typée cross, au prix d’une bagarre homérique au ras des arbres pour gratter le moindre mètre d’altitude et ne pas aller vacher.
Pour des bons pilotes, c’est certainement moins angoissant et certains étaient “passés” avec la Spiruline 18.
En 2009, j’avais monté le secours ventral de ma sellette Altirando, avec des élévateurs fixés sur les maillons mais bridés derrière mon dos par un bricolage sur la sellette de manière à être suspendue par les épaules en cas de lancer du secours. Comme il y avait une temporisation de 20 minutes, j’avais eu tout mon temps pour mettre le bazar en place.
Lors de la RedBull Elements, tant en 2011 qu’en 2012, les concurrents avaient tous des mini-secours en ventral, à part quelques farfelus en grandes voiles et sellettes lambda.
Ce qui est imposé par une compétition ne l’est pas en vol libre quand on est seul responsable des choix qu’on fait. Je n’emporte pas de parachute quand je prends l’avion ni de bouée-canard quand je passe sur un pont. De même en vol rando, quand je dois survoler le lac d’Annecy ou une rivière lambda, je n’ai pas de bouée ni de masque de plongée avec bouteilles, pas de parachute non plus, et si l’aérologie est très moisie je le sais AVANT de partir, donc je ne pars pas. Si le vent est trop fort au déco, je ne décolle pas. Personne ne s’est jamais mis en vrac en mettant un but.
Avoir peur sous une mini-voile qu’elle dé-suspente ou qu’elle se déchire me semble aberrant : autant arrêter tout de suite de voler si on traîne de telles angoisses.
Quand on se fait monstre secouer en vol rando, c’est qu’on n’a pas su évaluer les conditions de vol, donc qu’on ne devrait pas être en l’air parce qu’on n’a pas le niveau. Dans ce genre d’aventure, la présence d’un parachute de secours peut rassurer, mais la vraie sécurité c’est le sang-froid et un pilotage propre.
Je suis passée par quelques moments d’angoisse, sous ma minuscule Ultralite, je me sentais vraiment très fragile. A aucun moment il ne m’est venu à l’esprit de déplorer l’absence de parachute, j’étais trop concentrée sur le pilotage.
C’est comme ça qu’on ne cède pas à la panique quand les éléments sont un peu contraires.
Bons vols à tous*