Ben moi c’est le contraire : je n’ai jamais eu le vertige, ni dans des parois surplombantes avec 800m de gaz dessous, ni sous un parapente, ni sur le toit de mon immeuble pour changer des tuiles, ni sur les poutrelles du dernier étage entre les tours 45 et 46 de la fac Jussieu, en 70, avec les CRS au cul. Eux avaient hésité, héhéhé… et je leur avais échappé.
C’est beau la jeunesse !
Pour ceux qui connaissent l’arête de Bionnassay, dans le massif du Mont Blanc, pas de vertige non plus. Il n’y avait pas la place de mettre les pieds côte à côte, il fallait marcher comme sur une poutre de gymnastique avec 60° versant N et 50° versant S.
Il m’est arrivé de me sentir bien fragile sous ma petite Ultralite 19, quand je me suis trouvée en haut d’un thermique qui m’avait montée de 1300m, mais de vertige, point.
Le décollage nord de l’Aiguille du Midi est géant, on a tout de suite 1000m de gaz sous les pieds et 2700m si on regarde le fond de la vallée. Même Corinne n’a pas eu le vertige, alors qu’elle était très mal sur l’arête qui descend du téléphérique, et puis elle s’est habituée et maintenant elle y va sans être encordée, tranquille.
Quand elle a dû changer les bandeaux de rive de son toit, c’est moi qui l’ai fait : pile au bord, en regardant vers le bas, elle ne pouvait pas. Elle me disait que quand elle volait en delta c’était son gros problème, à cause de la position qui fait regarder vers le bas, alors qu’elle n’a jamais eu le vertige en parapente.
Elle n’a jamais eu le vertige non plus dans son ULM (sa fille et moi non plus), avec le paysage “vertigineux” de chaque côté. Par contre, en haut d’une falaise, elle ne peut pas s’approcher du bord bien qu’ayant ce que j’appelle “le pied alpin”.
Steph24 a parfaitement décrit le phénomène du vertige : c’est une sensation d’équilibre instable dû à une corrélation non éduquée entre la vue, les pieds et l’oreille interne. Quand on est assis, on n’a JAMAIS le vertige, et les aveugles ne le connaissent pas non plus. Par contre, essayez de marcher les yeux fermés, voire même de rester debout les yeux fermés : il manque un paramètre d’équilibre et on a rapidement besoin d’ouvrir les yeux pour s’équilibrer. Tout ce que je viens de dire est totalement évident en avion.
Ma fille dit qu’elle a le vertige quand elle met plus de 4cm de talons mais je pense que c’est une blague.
Mon ex avait très peur quand je l’ai emmenée en rando sur de confortables chemins de montagne, elle se cramponnait à tout ce qu’elle trouvait côté amont… et je l’ai rapidement fait passer à des endroits très exposés, nécessitant une grande sûreté de pied. Par contre sur la neige, même en lui faisant une trace, c’était la misère.
Beaucoup de gens ressentent un déficit dans la coordination des sensations - celui que nous avons décrit comme étant cause du vertige - et cela déclenche la peur. Avec de la pratique la peur recule et cela permet de compenser le déficit, donc de ne plus avoir ce fameux vertige si invalidant… en fait on l’a toujours mais on s’est habitué à le gérer. Face à un milieu différent, il reviendra jusqu’à ce que l’apprentissage l’ait atténué.
Pascal avait des vertiges terribles dans sa chambre, il devait se tenir à quelque chose pour marcher. On constata à l’autopsie qu’il avait un hémisphère cérébral plus ou moins atrophié.
Marcel Proust disait aussi souffrir de vertige et il ne quittait jamais la chambre. J’ignore s’il fut autopsié.
J’ai vu des alpinistes chevronnés se sentir très mal sur une ferrata dans les Dolomites.
La sensation de vertige n’est pas méprisable, même quand on n’en a jamais été victime. Comme la trouille, elle est invalidante mais on peut la dominer avec de l’éducation, de l’entraînement, une accoutumance au milieu qui la déclenche. Et quand on ne peut vraiment pas, il n’est pas idiot de faire autre chose.
Salut et fraternité*