Après une vache moisie, je voulais partager ma réflexion sur quelques pièges qui ne m’ont pas paru évidents à détecter sur le coup.
Je précise le contexte -facteur humain- qui n’a peut pas contribué à une bonne prise de décision (ou à sa remise en cause):
- conditions aérologiques difficiles
- fatigue
- compétition
Mais on se méfie beaucoup moins de soi que du reste !
-En direction d’une zone alimentée par une bonne brise de vallée et où je vois deux ailes qui semblent monter, je choisi une prairie au pied de cette pente au cas où je ne remonterais pas.
Elle est bordée d’arbres du coté pente et à son extrémité, et plutôt dégagée coté vent avec une petite route qui conduit à une ferme et un axe d’approche perpendiculaire au vent mais qui semble dégagé. Elle est un peu étroite mais sa longueur me semble tout à fait acceptable (j’ai déjà fait bien pire en somme).
Ce choix effectué, je fixe toute mon attention à observer ce qui se passe sur cette pente qui est ma dernière chance de rester en l’air.
Chaque coup d’oeil sur mon pré ne me fait pas changer d’avis: c’est correct pour une vache.
En m’approchant je me fais appuyer comme je m’y attendais un peu, par un vent qui descend d’un relief peu marqué perpendiculaire à ma trajectoire. Comme prévu mais un peu plus…
J’arrive donc très bas sur cette pente mais la proximité de mon champ me pousse à tenter de raccrocher malgré tout, en dynamique.
Comme je ne remonte pas, je me jette sur ma prairie qui comportait deux beaux pièges:
- Sa topographie est plate au début puis franchement montante, ce qui m’a donné l’illusion qu’elle était beaucoup plus longue qu’elle ne l’est en réalité.
- Une ligne électrique entre la ferme et un poteau collé à la forêt traverse perpendiculairement le début de la zone… adieu mon approche dégagée.
Les dimensions de mon attero passent soudainement du statut “accueillant mais restons concentrés” à celui de " va falloir sérieusement s’en occuper" !
Approche réduite, vent, gradient probable…ma seule solution est le pumping car ma trajectoire me promet un accueil boisé ! Je suis à 5 ou 6 m de haut. Les basses vitesses dans ces conditions c’est super inquiétant mais pourtant j’opte pour cette solution… Cela s’avère malgré tout efficace et je pose, un peu dur mais sans plus, sur une partie en dévers, un peu avant d’arriver sur les arbres.
En touchant je glisse et m’abîme le poignet.
Enseignements:
1 - Vu du ciel, un terrain en pente semble plus plat, et surtout beaucoup plus grand, qu’il ne l’est réellement.
2- Une habitation isolée a toutes les chances d’être alimentée par une ligne électrique aérienne. Un arbre ou une lisière de forêt peut cacher le poteau qui aurait servi à la détecter de plus loin.
3- Le pumping ça marche. Pour ma part cela ne restera malgré tout qu’une solution ultime.
4- Une option choisie est souvent suivie jusqu’à son issue. On appelle ça le biais de confirmation. Remettre sans cesse ses choix dans la balance n’est pas naturel surtout dans le feu de l’action.
Souvent en cross, une fois une vache choisie, on se libère de cette tache pour s’atteler à remonter en cas de point bas ! Pour ma part, le temps et la réflexion nécessaires à ce choix risquent d’être plus importants désormais. Toutefois jamais je ne me serais retrouvé dans cette posture en cross…
J’ai maintenant quelques semaines sans vol pour réflichir à tout ça !
Voilà, si mon expérience peut être utile aux autres.
Bons vols !



