Quelques éléments factuels qui devraient inciter à ne pas tergiverser trop longtemps en matière de renouvèlement de nos secours :
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la notion de « parachutes basses vitesses adaptés au vol libre » est tout à fait relative : des vitesses supérieures à 100 km/h en auto-rotation sont couramment relevées et l’on a répertorié quelques cas de chute libre.
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les ouvertures en SIV ou durant un accident devraient être toujours suivies d’une révision complète du secours - Suivant le choc encaissé et la nature des suspentes, si la toile résiste en général très bien, il peut être nécessaire de remplacer complétement celles-ci
Et l’on ne parle pas des secours ayant traversé des arbres…
Le CEVAP (service para aujourd’hui DGA TA) a effectué des essais poussés pour prédire le vieillissement de ses matériels et les résultats ont été sans appel
Extrait du CR des Journées CLEY 2007 que j’ai eu le plaisir d’animer :
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Le capitaine JPK (para d’essai - expert judiciaire - instructeur DGA et FFP) présente deux types de démarches de réception concernant les parachutes : programme de qualification, impliquant plusieurs parties dans le cadre d’un protocole d’accord ou chaque contribution est pondérée et discutée, ou certification, la norme en matière d’équipements civil, impliquant seulement l’industriel qui est à la fois juge et partie.
Dans ce dernier cas, le CEV est prestataire lorsqu’il est chargé d’évalué un parachute de
secours.
Le CEV (aujourd’ui DGA TA) apporte sa capacité à définir des procédures de test, à identifier les paramètres conditionnant le fonctionnement des équipements et à évaluer l’influence de ceux-ci.
Il précise à ce stade qu’un industriel n’est pas tenu de définir une durée de vie pour son
matériel.
De fait, si les principaux éléments issus de cette expérience font apparaître une bonne tenue générale dans le temps, notamment pour les harnais et la bouclerie parachutiste, qui sont largement dimensionnés, il apparaît parfois des dispersions industrielles préoccupantes au cours des années qui suivent la certification, le plus souvent au profit de solutions moins onéreuses qui laissent planer un doute sur l’attitude de l’industriel.
Le retour d’expérience est essentiellement venu de l’activité militaire qui a depuis près de trente ans collecté des informations relatives au vieillissement et suivi avec assiduité ses matériels.
En plus de campagne de vieillissement accéléré sur les matériels les plus récents, le CEV effectue régulièrement des campagnes de test sur des parachutes ayant 15 à 25 ans.
Pour un premier échantillon étudié, il s’est agi de parachutes qui n’ont jamais été mis en oeuvre et ont été stockés à l’air à l’abri de la lumière.
Un deuxième échantillon d’essai était constitué de parachutes utilisés en conditions réelles mais n’ayant subi aucune ouverture.
Si les résultats de ces essais n’ont pas montré de défaillance sensible sur la longueur des lignes, les zones altérées par les assemblages des suspentes ou les toiles ont lâché le plus souvent les premières.
Les résultats de ces essais montrent en effet que l’on constate en moyenne au bout de quinze
ans une chute de la tenue mécanique de - 30% sur les suspentes <jusqu’à 40% dans certains cas> et - 10 à 12 % sur les tissus.
[…]
Pour ce qui est de l’influence des conditions de stockage, des essais de conditionnement en « cocon » sous vide ont été menés sans succès. Il semble que le procédé produise des microfissures en contraignant les matériaux sous des rayons de pliage réduits sous l’effet de la pression.
A la lumière des essais effectués et de l’expérience, les facteurs identifiés comme les plus influents sur le vieillissement ont été l’oxygène et l’humidité et l’on a pu clairement mettre en évidence l’importance d’une fréquence d’aération élevée des voiles.
Au cours de ces vingt dernières années, le retrait des équipements comprenant des composantes végétales puis la suppression des élastiques caoutchoucs au profit d’anneaux élastiques revêtus et de velcros, a incité à espacer les temps entre reconditionnements, de trois mois initialement à douze mois aujourd’hui.
La tendance serait aujourd’hui de rabaisser celle-ci en dessous de six mois. En effet, d’autres
phénomènes continuent de grever le fonctionnement des secours, tels que des collages des
enveloppes des sacs de déploiement avec les harnais.
Ces constats, comme celui de ne maîtriser qu’un nombre réduit de paramètres influant sur des
phénomènes complexes <l’influence de l’altitude varie suivant les modèles>, ne peuvent qu’encourager à persister dans le choix de marges importantes dans les tests <les masses totales qui sont majorées 20% pour les essais> et à règlementer les contrôles <les plieurs sont seuls habilités aujourd’hui par la FFP à intervenir sur l’intégralité du matériel>.
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