Je vous propose d’initier une rubrique qui a du coffre : l’aérologie du Mourtis, ensemble de crêtes complexes situé sur le versant nord des Pyrénées Centrales, dominant les communes du canton de Saint-Béat.
Ce site et ses alentours ont été le cadre de quelques posts… émus! :vrac:
Sa réputation va de “belvédère magnifique” à “site de m… où l’on est partout sous le vent de quelques chose”, en passant par “condensé de toutes les difficulés du parapente” ou “parcours du combattant”. :canape:
Où est la vérité ?
Je vous laisse juge à la lecture ce qui suivra.
L’objectif est d’abord d’essayer de répondre aux questions que vous pourriez vous poser au fur et à mesure de la lecture de quelques essais échantillonnés et des commentaires qui les accompagnerons et que nous essayerons d’enrichir ensemble.
Si la rubrique vit, les images satellite et la lecture de l’incontournable “Voler en thermique” ne suffisent pas, j’essaierai d’en illustrer les points durs.
Pour rentrer directement au cœur des problèmes complexes posés par les massifs du GAR, du CAGIRE, d’ESCALAS et du BURAT, je souhaiterais que nous commencions par les phénomènes de contournement et leur interaction avec la couche d’inversion. En effet, ceux-ci contribuent comme sur nul autre site , à part peut-être l’Ile de la Réunion
, à la complexité et à l’intérêt de l’aérologie de ce magnifique ensemble de massifs, comme suspendus entre la plaine et la haute montagne, mais aussi conditionnent la performance et la sécurité des vols dès lors que l’on chemine entre les différents reliefs.
Serrez vos cuissardes : on attaque !
AEROLOGIE \ Les phénomènes de contournement \ Part.1 : « Mise en jambes »
Deux choses sont à retenir pour la suite :
1- Une masse d’air qui se déplace le long d’un relief « colle » littéralement à celui-ci jusqu’à ce qu’elle rencontre une singularité qui l’en décolle - Imaginez une carte en relief des Pyrénées : par la pensée, versez de la mélasse dedans et inclinez-la. Qu’allez-vous observer ? La mélasse se met progressivement en mouvement, s’écoule de plus en plus vite, puis, quand vous allez renverser la carte, ça et là l’écoulement va décoller de la carte, d’abord au niveau des arêtes ou des pics, et en commençant là où l’écoulement de la mélasse s’est fait le plus rapide. Et bien il en va exactement de même pour les brises thermiques, les brises de vallée quelles entrainent ,ainsi que pour tous les écoulements d’air situés sous la couche d’inversion et très pertinemment désignés par le regretté Laurent COMBES sous le terme d’ « échanges plaine-montagne ».
2- Deux masses d’air de températures différentes ne se mélangent que difficilement lorsqu’elles se rencontrent.
3- L’air ne se volatilise pas au contact du relief et trouve toujours une porte de sortie qui est la plus facile pour lui compte tenu des points précédents.
Ceci étant posé, il faut maintenant imaginer tous les écoulements d’air comme des écoulements en trois dimensions . En effet, dès lors qu’un écoulement rencontre un obstacle, l’air va dévier à son contact, verticalement, s’il n’a pas d’autre issue , ou latéralement , ou en combinant les deux .
Mais cette belle harmonie va rencontrer un os : la couche d’inversion, caractérisée, comme chacun le sait, par une brusque inversion du gradient thermique qui bloque les ascendances thermiques dans les belles journées anticycloniques d’été. :bang:
La couche d’inversion agit comme un couvercle qui va empêcher l’air de s’écouler librement en hauteur. Ce faisant, toute la partie de l’écoulement qui aurait du s’élever va être contrainte de forcer un passage plus bas dans l’écoulement, en heurtant et comprimant des couches de température plus élevées sous-jacentes. Conséquences :
1- il y a saturation de ces voies d’écoulements et accélération de ceux-ci au vent du relief,
2- les effets venturi s’accentuent et deviennent plus turbulents car ils véhiculent des masses d’air en conflit.
C’est là, pour ceux qui sont toujours avec moi, que je vous propose d’associer tout cela à une belle journée ensoleillée.
Hauts versants et longues crêtes exposé au levant ont capté les rayons les plus matinaux du soleil et son maintenant doucement balayées par quelques départs thermiques. Puis les brises de pente commencent à se mettre en place, réveillant peu à peu l’air plus frais, lourd et dense des fonds de vallée qui va commencer a prendre le chemin de la montagne au fil des cours d’eau, remontant les traces des anciens glaciers qui dominaient le Comminges il y a… très longtemps.