Essai Skyman Sir Edmund 17
Sellette réversible cuissarde Icaro Apus
Lieux : Cézallier
Conditions : soaring, restit’, thermiques
Dates : 7 et 8 avril 2017
Francis me fait l’honneur d’essayer en primeur la Skyman Sir Edmund 17, toute fraîche arrivée en France. Une simple surface qui marche sur les mono-plates-bandes de la Skin.
Sont-elles une alternative aux doubles peaux ?
Très belle finition. Le bord d’attaque est bien « armé » de ses joncs. Plus que sur les conceptions traditionnelles, on ressent toute la force exercée sur cette partie de l’aile. C’est lui qui « tient la maison ».
Le tissu, bien l’ultraléger, inspire confiance, l’enduction est souple et, d’après le touché, en quantité. Je crois que c’est un double coating.
Le blanc joue un effet prismatique qui décompose la lumière du soleil. On aperçoit le spectre des couleurs par transparence quand l’aile est entre le pilote et le soleil. Pardon d’être coquet, mais c’est très joli.
Tissu léger + mono-surface = le moindre pli sur le profil est visible. On voit à quels endroits la traction entre les coutures et le tissu n’est pas uniforme. Mais par rapport au visuel sur d’autres ailes, la découpe et l’assemblage me semble excellentes car les plis sont modérés.
Au sol. Comme pour la Skin, c’est l’aile la plus facile a gérer que je connaisse. Elle s’autocentre et s’arrête toute seule au-dessus de la tête. La prise en charge est bonne. Et 2nde bonne surprise, elle reste plutôt bien en place, au sol.
On peu tout de même à mon sens relativiser le comportement des mono-surfaces au déco. Il est excellent. Mais une Pi² ou une Griffin, c’est déjà simplissime !
A noter, finalement, le plus difficile est de l’affaler, tant l’aile est tolérante. On a l’impression qu’il n’y a pas de point de décrochage.
Un seul caisson et c’est là mon regret. A petit PTV (58/59 KG environ), on devine une tendance des stabilo à accordéonner légèrement. Sensation absente sur le milieu d’aile, sans doute grâce à la cellule fermée.
Plus déroutant, bras hauts, l’arrière de l’aile flappe, grosso modo à partir des C. Phénomène accentué en phase accélérée. Je pense que cela vient de la charge alaire trop faible pour donner de la tension à la structure.
Ce n’est pas très agréable et surtout, générateur de perturbations qui doivent nuire aux performances de l’aile.
En augmentant l’incidence avec un peu de commande, ce phénomène disparait. Idem, quand le facteur de charge augmente dans les virages bras hauts à la sellette. C’est ce qui me fait dire que c’est un problème de poids.
Le virage est d’ailleurs un de ses points forts. Précis, dosable et instantané. La Sir Edmund monte très bien en ascendance. Par contre, chargé « lourd »…ça doit envoyer du bois !
Sur trajectoire, le tangage est hyper-amorti. Ça en serait presque dommage. Il manque un peu le côté ludique et joueur. Mais plutôt securit’. Finalement c’est un comportement qui me rappelle un peu la Spiru III 16.5 light.
Bras hauts à côté d’une Alpina 2 + Gin Genie aux 2/3 de fourchette, le collègue me met 4 km/h dans la vue environ et entre 0.2 et 0.3 m/s en taux de chute.
Pour ce qui est du fameux et décrié, manque de ressource de ces ailes, ça n’a pas attiré mon attention. C’est très correct, voir presque dans la normalité. Mais encore une fois, mes basses vitesses étant plus faibles, je n’ai pas forcément l’impression de flarer, ni le besoin de provoquer une ressource importante.
Volume et encombrement. Sans surprises : le poids d’une bouteille d’eau (de 1L5) et un volume de 4 bouteilles environ. Ceci dit : bien pliée
Et ce n’est pas si simple, tellement le tissu soyeux aurait tendance à glisser. Voilà qui parait paradoxal.
Bon finalement, ça sert à quoi ? Un super jouet « fond de coffre » pour qui a un budget pour une aile supplémentaire. Elle sait faire plein de choses (biensur, le site de décollage improbable, mais je la voit bien aussi à la dune ou à la neige, sans caissons à vider). Mais pour pilote soigneux ou qui la voleront peu ou qui ont intégré une durée de vie…qu’il faudra suivre dans le temps. Après tout, on n’a que peu de retours pour le moment vu le jeune âge de ces ailes.
A noter, une version en matériaux non-allégés sortira chez Independence (Skyman étant la branche «hyke and fly »). Elle se nommera Tensing, décidément les noms d’alpinistes sont à la mode.
Perso et à mon immense regret, pas pour moi cette aile. Je suis trop léger et dans le Massif Central il me faut affronter le vent. Aujourd’hui il y a des doubles surfaces très abouties (ils la feraient pas en 15m² ???).
Il en reste le concept extraordinairement novateur. Je suis curieux de voir ce que Mika nous prépare pour son modèle ITV.
Un immense merci à lui et à Francis pour ce prêt.