Nous avons testé pour vous !
Je fais partie des cobayes qui ont suivi la nouvelle formule biplace en Rhône Alpes qui consiste, sur parrainage, à entrer dans un stage “initial” de 6 jours de formation plutôt qu’en pré-formation, suivi d’un examen final sur 3 jours à passer minimum 2 mois et maximum 18 mois après le stage initial. Un petit récit donc de cette expérience enrichissante qui s’est déroulée du 12 au 17 Mai 2014 …
JOUR 1
On fait connaissance, chacun se présente, point sur les assurances, … bref les formalités administratives. Ça commence un peu à parler de biplace (on est là pour ça pardi !), mais on attaque par un vol solo à Aiguebelette histoire de vérifier le niveau de chacun.
11:30, arrivée au déco. On nous annonce que si le bateau avait été disponible, ça aurait été une matinée SIV (histoire de mettre un peu la pression !). Déco ! Philou est vigilant et ne manque rien : papier et stylo à la main, on sent que ça peut fumer au débriefing si l’on n’est pas soigneux et bien carrés. Ça thermique déjà et on peut tenir en l’air jusqu’au moment où l’on est appelés un par un pour les premiers exercices. Au menu : tangage, wings, 360 sortie chandelle au cap, perte d’altitude, PTU et tout est déjà surveillé et noté par Cédric en bas qui n’en manque pas une miette.
Débriefing, bouffe et nous voilà partis pour une après-midi de pente-école en biplace. Chacun prend ses marques, le moindre mouvement parasite est observé et corrigé, les casques dégorgent de sueur mais après quelques heures nous voilà prêts pour le jour 2.
JOUR 2
Il pleut ! L’occasion de s’acquitter de la partie théorique. Oui oui, c’est nouveau, il nous faut repasser le QCM niveau BPC. L’occasion de corriger les corrigés de la FFVL car la réglementation a changé depuis les versions 2010 ! La journée sera ensuite dédiée aux échanges autour de la pratique biplace (matériel, cadre légal, gestion des passagers, particularité de la pratique du biplace en général, etc.). Plusieurs questions ouvertes seront également posées oralement.
JOUR 3
Nord fort annoncé, le rendez-vous est donné tôt à l’école, direction Montlambert. Silence dans le minibus pendant la montée, on sent que la pression monte. C’est l’heure des premiers décollages biplaces, sous le regard averti de Philou qui n’a toujours pas perdu son papier et son stylo. Les visages sont tendus, on se lance, ça passe pour tout le monde (ouf, jour 3 et tout le monde a encore ses guiboles). S’en suivent les premiers exercices en biplace : tangage, perte d’altitude, PTU et posé. Débriefing, on change de pilote et on remet le couvert.
L’après-midi les conditions forcissent sur Montlambert. On se replie sur Chamoux. Ca ronfle fort dans la vallée, la brise est bien installée et les peupliers sont chahutés. Philou qui connaît le site mieux qu’un Homme peut connaître sa femme nous annonce que tout roule, on monte. Pour ceux qui connaissent Chamoux, pas vraiment de marge d’erreur pour la sortie du décollage, on se rend vite compte qu’on a intérêt à garder notre cap proprement si on ne veut pas se transformer en deux belles boules de Noël.
Les premiers décollent, ça a du mal à sortir de la combe mais ça passe. On emboite le pas, l’occasion de tester les trims sur les différents biplaces. Après quelques exercices, on se rend vite compte que finalement, une belle brise bien soutenue, c’est quand même ultra confort pour poser un pax en douceur. On se méfie du gradient et on respecte bien la base de la PTU en entrée de terrain pour éviter de tracer des tranchées dans les champs. Tout le monde est posé, nouveau débriefing et check météo. C’est annoncé, encore du Nord pour demain, le jour 4 ressemblera donc au jour 3.
JOUR 4
C’est instable. Les émagrammes ne se sont pas gourés. Montlambert le matin pour un premier vol et ça deviendra vite trop fort pour en faire un deuxième sereinement. On se replie rapidement sur Chamoux. Deux biplaces décolleront sur les 4, pour la simple raison qu’on s’est retrouvés sous un gros noir très peu accueillant, avec les précipitations qui vont avec. On a tous connu cette situation, mais dans une vallée comme à Chamoux, avec de la bonne brise et un passager entre les cuisses, le cunimb’ qui remonte la vallée et qui nous verrouille au Nord-Ouest semble encore moins sympa que d’habitude. On descend aux oreilles tant qu’on ne prend pas la flotte et qu’on a de l’avance sur le nuage, puis direction le bleu pour la perte d’altitude, mais le nuage va plus vite que nous. Même à deux pilotes confirmés, on ne fait pas les malins à ce moment-là. L’amortissement du Bêta 4 sous lequel on vole et dont certains se plaignent est finalement le bienvenu et devient assez rassurant dans ces conditions assez inconfortables. Je détrime à fond pour tenter de garder de la marge au vent du nuage et BIM, départ de frontale heureusement très léger et sans incidence (vraiment bien ce Bêta 4 !). Mon passager ne sentira rien. Je décide d’engager la descente car de toutes façons le nuage va bien plus vite que nous et ça monte de partout, certes doucement, mais ça monte. On se pose sous la flotte, on plie à l’arrache et nous voilà bien fatigués pour le jour 5 après ce vol “sensation”.
JOURS 5 & 6
On restera finalement toute la semaine sur les sites de Montlambert le matin et Chamoux l’après-midi, car le Nord ne faiblira pas. Les exercices en l’air varient : tangage avec virage dynamique et sortie au cap, maniement du passager avec les genoux, ce genre de choses. J’avais toujours entendu dire qu’un biplace ne se pilote pas à la sellette ; l’exercice de roulis au oreilles nous prouvera le contraire !
C’est enfin l’heure du débriefing final. On passe tour à tour avec les moniteurs qui donnent le droit ou non de voler avec tous types de passagers, sous réserve parfois de réaliser encore quelques vols en école.
CONCLUSION
J’ai eu l’impression que cette Qbi a été bien plus exigeante que les précédentes (si je me base sur les dires d’amis qui l’ont passée sous l’ancienne formule dans d’autres écoles) mais c’est après tout ce que je recherchais en tant qu’élève biplaceur, considérant que beaucoup de formations biplaces dont j’ai entendu parler étaient assez laxistes, ce qui ne colle pas avec ce que j’attends en terme de mise en sécurité des passagers.
Je remercie donc vivement les écoles de parapente d’Aiguebelette et d’Aiguebelle mais surtout Cédric et Philou qui ont su nous faire comprendre l’engagement et la responsabilité que représentent l’emport de passagers en parapente, mais qui nous ont également permis de tout remettre en question vis-à-vis de notre pratique du parapente. Cette recherche du détail nous a tous fait énormément progresser tout au long de la semaine.
Titulaires du BPC, n’hésitez plus, on a essayé, on valide.

a Philou si tu passe chez lui
:sors:


Et peut-être même que je retournerai en Tarentaise avec le soleil, histoire de voir à quoi ressemblent les sommets