Reportage exclusif de notre envoyé spécial sur la manche Française de Coupe du Monde de Parapente : Jean Poldeut
Un parfum de tempête et de révolution planait le week-end dernier sur le petit monde du vol libre pourtant réputé calme, conservateur et sans vague depuis plusieurs décennies. En effet, avec les neige qui recouvre maintenant toute l’Europe, et malgré un ciel imperturbablement bleu et sans le moindre nuage pendant des mois en saison, il n’est plus guère possible de partir à l’aventure en cross par manque de thermique. Les manches de la PWC qui se disputent sur le vieux continent ne sont donc plus que de longues séances de soarging adossées aux reliefs. Les vainqueurs des dernières éditions n’ont été le plus souvent que les plus rapides du lot : ceux qui parvenaient à ne pas se faire éjecté en arrière des crêtes lorsque les rafales de vent devenaient trop fortes ; le plus souvent largement au delà de 110 km/h.
En revanche; les deux dernières manches ont dues être annulées en raison de conditions beaucoup trop faibles pour que les concurrent puissent se maintenir en l’air avec les 13.5 m2 des voiles de compétition rigides standard dont ils sont équipés en quasi totalité. Les longues accalmies avec moins de40 km/h entre les rafales étaient imparables. Il faut bien admettre que depuis les changements climatiques, la saison de vol est particulièrement réduite et instable entre les ouragans d’été et les longues périodes de calme plat qui caractérisent la nuit polaire.
Et bien cette année encore, au moment ou s’ouvrait la manche Française, et malgré des conditions optimales durant toute la semaine précédente, le vent venait une fois de plus à faire défaut le jour venu au plus grand désespoir des organisateurs et concurrents condamnés à rester au sol. C’est à ce moment qu’à la surprise générale, le jeune Raoul Pidouz, un pilote jusqu’alors inconnu dans le circuit et engagé en catégorie open, a réussi à prendre l’air avec un étonnant proto de sa conception. Et non seulement ce compétiteur encore totalement inconnu du milieu quelques heures plutôt, est parvenu à tenir en l’air au nez et à la barbe de l’élite du parapente mondial clouée sur le plancher des pingouins, mais il s’est même permis de réaliser un gain de 800m et une boucle de 27 km au dessus de la steppe gelée, loin de tout relief !
Comme on s’en doute, une telle performance n’est pas restée sans susciter la curiosité, voir l’incrédulité et une certaine jalousie de la part des autres compétiteurs et des représentants de la Fédération Internationale de Vol Libre qui ont aussitôt refusés d’homologuer la performance. Il n’ont pas manqués de lui reproché d’avoir utilisé une voilure souple à caissons ouverts maintenus en forme par le vent relatif ! Une hérésie technologique, jugée obsolète et reconnue dangereuse en raison des risques de fermetures par les historiens du sport. Un concept totalement disparu de la circulation depuis plus de 30 ans… Ce qui avait, à l’époque, causé la faillite de l’entreprise Porcher. Cette dernière avait pourtant eu ses heures de gloire au début du XXIème siècle en commercialisant des tissus spécifiques pour le parapente et les ballons sonde destinés à la recherche météorologique.
A la demande insistante de Raoul Pidouz et après une étude détaillée des textes, les officielles de la fédération ont bien du se rendre à l’évidence : en 2017 la règlementation avait autorisé l’intégration d’éléments rigides pour plus de 10% des surfaces de voilure dans les parapentes de compétition. En 2021 les ailes à cellules fermées gonflables avaient été autorisées à leur tour, puis finalement en 2029 ce furent les structures totalement rigides qui furent légalisées, du moment qu’elles étaient démontables… Par négligence sans doute, personne n’avait pris la peine de légiféré pour abroger une vieille réglementation (datant de 1978 !..) autorisant ces voilures souples qui étaient totalement passées aux oubliettes jusqu’à cette manche de la PWC 2042.
Ne pouvant accepter leur défaite aussi bien dans les airs que sur le tapis vert, les officielles et compétiteurs de pointe se sont aussitôt penchés sur la conception du proto afin de tenter de découvrir une quelconque forme de motorisation autonome qui aurait pu mettre le trublion hors course : L’enveloppe, à très gros caissons, était constituée d’un film plastique souple dans lequel avaient été intégrés des capteurs photovoltaïques de dernière génération, ainsi qu’un maillage LCD, comme celui des écrans souples des plus récentes tablettes informatiques. Les cellules produisent un courant à très basse tension qui permet d’alimenter le maillage LCD. Ce dernier peut en fonction des choix du pilote dessiner des messages publicitaires, mais surtout changer de couleur pour en adopter une à même de capter au mieux les rayons lumineux et de les convertir en chaleur pour le volume d’air insufflé dans les caissons pas le vent relatif.
Le résultat est impressionnant d’efficacité ! Par une journée comme celle que nous avons eu le jour de la compétition, alors que la température extérieure en plein soleil était de - 12°, à l’intérieur des caissons, la température de la masse d’air s’est élevée à + 52° en quelques minutes lors du gonflage au sol. Elle a même atteint + 85° une fois en vol alors que la température extérieure en altitude n’était plus que de -23° ! Avec un tel différentiel de température, le taux de chute de cet énorme parapente ultraléger pouvait devenir négatif ! Il s’agit donc d’un hybride de parapente et de montgolfière n’ayant recours à l’emport d’aucune source de combustion ou d’énergie extérieure pour monter. Et sur un plan strictement réglementaire, l’aérodyne est parfaitement conforme aux textes en vigueur, depuis plus de 70 ans !..
En effet, sur un plan strictement technique, l’élément moteur du parapente reste bien l’écoulement du vent relatif dans le profil qui lui permet d’avancer, pas bien vite compte tenu du volume important de la voilure et de son énorme CX. Quand au fait de tirer le meilleur parti de l’activité thermique lié aux rayonnements solaires pour générer des ascendances par différentiel de température entre les multiples composantes de la masse d’air, c’est l’essence même du vol libre en thermique, non ?
Pas la moindre propulsion motorisée par une hélice ou un réacteur. A l’évidence, le vainqueur surprise de la manche Française de la PWC 2042 vient bien de créer à lui seul une petite révolution dans le monde des libéristes.
quel belle plume, au moins ça vol pas mais y a de joli récit. karma+
mais si on monte dans une masse d’air immobile, on ressent alors un vent relatif du haut vers le bas… qui intelligemment canaliser par la voilure doit permettre un déplacement horizontale… ou tout au moins réussir à faire cogiter des les chaumières les longues soirées d’hiver. :mrgreen: :mrgreen:

devient encore plus attirante.