Tenir sa voile en turbulence ou garder de la vitesse

Des études scientifiques ont prouvé qu’en cas de stress important, ce n’est plus le cerveau qui commande mais le cervelet (cerveau primitif).
Quand un pilote débutant ou occasionnel se prend un vrac, et qu’on le voit sur-piloter jusqu’à se crasher jusqu’au sol, cela ne veut pas dire qu’il ait été un mauvais pilote? Cela veut dire que sous l’effet du stress, son cerveau s’est déconnecté pour laisser place aux instructions primitives du cervelet qui ne sont pas judicieuses ni pertinentes dans ce cas précis.
En effet, l’homme n’est pas fait pour voler, c’est pourquoi quand il se sent tomber, la première instruction primitive du cervelet va être de lui commander de s’accrocher à quelque chose. Et instinctivement, il va s’accrocher aux freins et commencer à sur-piloter.
Une fois qu’il aura décroché sa voile à force de trop la freiner, il va se sentir tomber en arrière et encore une fois, son cerveau primitif va lui ordonner de mettre les 2 mains sous les fesses pour amortir la chute.
C’est pourquoi l’on voit des vidéos d’accident ou l’on ne comprend pas pourquoi le pilote garde les freins en main sous les fesses jusqu’au sol, alors que, si le cerveau avait pu prendre le contrôle, il lui aurait commandé de lever les bras pour permettre à la voile de revoler.

L’avantage de faire glisser ses mains le long des élévateurs tout en continuant bien sure à piloter, c’est de donner la possibilité au cerveau primitif, en cas de fort stress, de donner instruction aux mains de s’accrocher a l’élévateur, plutôt qu’au frein.
Ce n’est certes pas la manière la plus élégante de contrer une fermeture, mais cela évite le sur-pilotage, et c’est suffisamment efficace dans la plupart des cas.

Une fois que le pilote aura pris de nombreuse fermetures et aura plus d’expérience, les incidents de vol ne généreront plus de stress, et c’est son cerveau (et non plus le cervelet) qui apprendra à gérer la situation en pilotant d’une manière plus appropriée, tel que le recommande nos pilotes expérimentés.

Aussi, je pense que si nous voulons diminuer le nombre d’accidents stupides qui arrivent après une simple fermeture, il faudrait revoir la pédagogie du parapente afin de tenir compte de nos reflex primitifs, en apprenant immédiatement au débutant un système de pilotage basique qui lui évitera le sur-pilotage incontrôlé et involontaire.

Les recommandations de Triple Seven me paraissent tout a fait appropriées:

Je ferme fort ----> la disparition de portance du côté où ça a fermé fait “tomber” le bout de planchette concerné, mon appui disparaît de ce côté ----> mon réflexe est de vouloir me raccrocher à ce qui reste tendu ----> j’utilise ce réflexe pour tenter de balancer mon poids “là où c’est dur” et bien sûr ce n’est pas suffisant pour me rééquilibrer ----> dans le même mouvement, et comme pilotant assis j’ai mes épaules près des élévateurs, je viens crocher avec le coude les élévateurs qui sont restés tendus côté ouvert ----> ceci suffit à enrayer (pas à stopper) la rotation et à initier un début de réouverture de la partie fermée ----> il peut y avoir urgence à mieux garder un cap, ça tombe bien comme ma main n’est pas bloquée (c’est mon coude qui tient efficacement mon poids et mon équilibre) je peux agir par un contre supplémentaire au frein extérieur ----> avantage collatéral, mon coude étant mobilisé par le fait de me hisser pour m’équilibrer, ceci ne me donne qu’un débattement limité à la commande me protégeant dans la plupart des cas du surpilotage ----> je vole (à peu près) droit et (à peu près) vers où je veux et la fermeture est partiellement rouverte ----> je finis d’intervenir au frein sur la partie fermée avec toute l’amplitude franche (mais non maintenue) nécessaire ----> je me rééquilibre progressivement à la sellette et je me décrispe.

Peut-être.
Il y a aussi des facteurs individuels. On voit ainsi dès les premiers gonflages et la pente école les élèves qui ont immédiatement le réflexe de “s’accrocher aux branches” au moindre déséquilibre ou lors de la surprise de la première sustentation.
Je ne sais pas ce qu’en pensent les professionnels de l’enseignement du parapente, mais je ne suis pas certain que l’apprentissage et la pédagogie arrivent à gommer entièrement cette inégalité de départ. Ces personnes-là, que l’on détecte dès la pente-école, seront toujours davantage que les autres en danger sous un parapente à mon avis.
On peut concevoir des palliatifs, tels ceux que tu as décrits, mais cela reste des palliatifs et ces personnes sont à surveiller comme le lait sur le feu.

Je ne doit pas écrire en Français correct car quand c’est Vincent qui te l’explique tu es d’accord avec lui et quand je dis et que j’enseigne la même chose que lui tu es contre ! :grat: :lol:

Dans la méthode décrite ci dessus, à aucun moment le pilote ne ferme ses mains sur l’élévateur. Il est en appui par les coudes et les avants bras, les mains restent actives sur un débattement limité par cet appui.

Si dans la progression, on passe par le stade préconisé par Wimric, il sera très difficile de revenir à un pilotage actif et efficace après avoir incité les pilotes à s’accrocher aux élévateurs. Déjà actuellement mes élèves les plus stressés s’accrochent comme des perdus aux élévateurs dès que cela bouge et on se retrouve avec des voiles flottants comme des bouchons au gré des turbulences (légères les turbulences, on est en école :wink: ).

En fait, tu n’as pas tout a fait le même langage que Triple Seven.(voir ci-dessus)
Néanmoins, je veux bien comprendre que de voir tes élèves accrochés aux élevateurs, en condition calme, au point de ne plus piloter doit t’agacer.
Ou je ne suis pas d’accord avec toi c’est quand tu dis que pour diminuer les accidents causés par les turbulences et leurs conséquences, il serait beaucoup plus efficace de développer l’analyse aérologique des pilotes et de les inciter à revoir leurs marges de sécurité.
Sur le fond tu as raison mais en pratique, développer cette capacité d’analyse chez un pilote demande beaucoup de temps et de patience.
Or, une fois sortie de ton école ou d’autres, le pilote débutant ou occasionnel voudra absolument décoller pour rentabiliser la semaine de vacances qu’il a prise exprès pour cela, ou parce qu’un autre aura fait 500km de voiture le weekend pour se rendre sur un spot.
Tellement heureux de pouvoir décoller et voler à nouveau, il fera l’impasse sur l’analyse aerologique et c’est pourquoi tu trouveras consternant de voir des troupeaux de pilotes se mettre en vol en plein après midi de printemps.
Quand on peut voler quasiment tous les jours comme moi et habiter à 5 minutes d’un spot, c’est beaucoup plus facile de renoncer à décoller quand l’aérologie est mauvaise. Mais compte tenu que ce n’est pas le cas de tout le monde, il faudra te résigner a voir et revoir des troupeaux de pilotes se mettre en vol en plein après midi de printemps, il faudra bien aussi te résigner à apprendre aux pilotes débutants ou occasionnels des méthodes simples et adaptées à leurs réflexes primitifs pour ne pas qu’ils se cassent la gueule à la première fermeture venue.
J’ai bien aimé la méthode de Triple Seven car c’est une variante améliorée de la mienne, et la finalité est la même: éviter le sur-pilotage.
Ce que je trouve dommage, c’est qu’il faille aller faire un stage SIV pour l’apprendre.
Cela devrait faire partie du stage d’initiation.
Pour revenir a tes éleves, ne serait il pas possible, d’apprendre justement à ceux qui s’accrochent désperement à leurs élevateurs en condition calme, de piloter en faisant coulisser les mains le long des elevateurs ? Ce sont probablement ceux là qui ont le cervelet primitif le plus actif et cela les rassurerait peut être de piloter comme cela.
Pour les autres, plus dégourdis, n’est il pas possible de leur faire faire juste une oreille (en conditions calme et sans avoir les freins en main) et de leur demander de s’accrocher à l’élevateur opposée pour qu’il ressente bien l’effet du report de poids sur la partie d’aile opposée qui vole ?
Tous ces petits trucs vont peut être a l’encontre de tes convictions sur la qualité d’un pilotage actif et de rester au contact de l’aile, mais si par cette manière tu peux sauver la vie de certains pilotes encore au stade des réflexes primitifs, et qui n’iront jamais jusqu’au stade d’expérimenté, ce serait déjà extraordinaire.

Je pensais que c’était avec les freins les oreilles ?!

Pour en revenir au débat, je pense que donner un faux sentiment de sécurité aux débutants (et je le suis) n’est pas une bonne chose et dangereux. La formation n’est peut être pas a porter de tout le monde ( prix etc… ) mais voler en club est déjà un bon compromis et permet de profiter de conseils.

Ca serait contre productif de donner des rustines pour pallier a la dangerosité du monde du parapente et je pense que ca aurait l’effet inverse " ah je sais que si ca donne grave je prends les elevateurs et c’est bon " et du coup, ceux qui restent au sol prendront peut être l’initiative de décoller.

Une solution ça serait peut être de rendre obligatoire un brevet pour voler seul ( ça peut faire grincer des dents mais bon …)

Pas certain que le brevet pour voler soit la solution aux mauvais réflexes de pilotage… Combien de gens ont leur permis et font n’importe quoi en situation d’urgence sur la route?

La solution ce sont les SIVs, la prudence, l’anticipation et la mantalisation de ce qui peut arriver, pour essayer de réagir au mieux quand ça arrive et surtout l’expérience…

Peut etre que le permis est mal foutu aussi , j’ai jamais appris a réagir en urgence au permis voiture alors que le permis moto a une phase plateau avec slalom et évitement ( qui m’a déja sauvé une fois )

Un brevet validé avec tant d’heure théorique + pratique et stage SIV peut être une solution ( bonne ou pas j’en sais rien )

Après je suis évidemment d’accord que la formation aujourd’hui est vitale et que, même si j’en suis sur, wimric pense a bien, son idée ne va pas dans le bon sens

Heu, merci mais c’est pas ma méthode, je ne l’ai pas inventée, c’est juste la méthode de tout le monde depuis longtemps. C’est à dire que personnellement j’ai toujours lu ce genre de choses et vu les moniteurs l’enseigner…

Je n’en suis pas certain du tout (tout ça se discute). Lorsque tu as 8 élèves en initiation, tu en as maximum 2 qui reviendront un peu pour continuer jusqu’à un certain point et peut-être un qui finira un jour par passer son brevet de pilote.
Le public en initiation vient “faire un truc sympa pour les vacances avec des copains”, “essayer le parapente” essentiellement ; et au mieux on a quelques personnes qui ont “envie de voler”.
Dans beaucoup d’écoles actuellement, l’initiation est déjà un truc très technique avec des exercices assez avancés dès le premier vol, etc. Ça me semble pas loin de la surcharge. A l’heure actuelle je serais peut-être pour faire de l’initiation très basique, la plus simple possible, juste le fait d’entrouvrir les portes d’un univers merveilleux. Mettre les aspects techniques en arrière plan et insister sur l’aspect loisir de pleine nature, le milieu ouvert, l’aérien, les sensations en conditions calmes optimales, la démarche mentale…
Ceux qui reviendraient seraient mieux préparés à la technicité de la suite.

C’est déjà ce qu’on nous apprend en école ça… En tout cas c’est ce que j’ai eu. De la théorie, des fermetures du tangage, de la météo, du sniffage de conditions au déco… Bref tout ce qu’il fallait pour sortir du nid et apprendre à PLUS TARD devenir un pilote, grâce à l’EXPÉRIENCE.

Donc si le permis de voler est un tampon de l’école sur le carnet de vol attestant de ce qu’on a fait ca n’aurait pas fait de moi un apprenti pilote différent ni empêché un de mes co-stagiaire de se mettre la tronche dans la falaise quelques mois après…

Dans les bonnes écoles on nous donne déjà les billes pour devenir un pilote, reste à savoir ce qu’on en fait après…

Attention, je ne dis pas que le " permis de voler " est une bonne chose; je dis juste que pour moi, c’est mieux ca, que des fausses astuces de sécurité.

Le truc de wimric est de sortir de situations dangereuses des gens non préparés ( car aujourd’hui tu peux voler en règle sans aucune formation ), avec des petites astuces; et c’est pour ca que je dis qu’un " permis de voler " a plus de sens car il oblige a la formation ( qui pour moi restera toujours la meilleure chose a faire )

Maintenant ce " permis " c’est peut etre une grosse connerie :stuck_out_tongue:

tiens un bon exemple ou le réflexe “je m’accroche aux élévateurs” aurait surement été mieux:
http://www.paraglidingforum.com/viewtopic.php?p=p485500&sid=99daef69b2da93c5e60773af38534b16#p485500

Merci Finlard, encore une excellente demonstration de sur-pilotage qui a induit un deuxième décrochage.
La voile a repris son vol lorsqu’il a perdu, par chance, sa commande droite.
Il reconnaît qu’il aurait mieux fait de reporter son poids sur le coté ouvert plutôt que d’avoir sur-piloté.

Je mets le lien direct YouTube de la video pour que tout le monde puisse en profiter

http://www.youtube.com/watch?v=vuc31uIkeqo

Sacré M@tthieu,

Après le fofo ici, puis Rock the Outdoor, maintenant le fofo anglais, bientôt… le DHV ou le JT de TF1.

Va falloir que je m’applique avec mon anglais appris avec Elvis, pour voir si les angliches pensent autrement que nous à propos.

Après, Wimric si tu es honnête, tu admettras que la seule manière pour M@tthieu d’assurer sa sécurité sur ce vol, aurait été de passer ailleurs. Bref, d’avoir les connaissances et reflexions nécessaires pour anticiper les circonstances et adapter son plan de vol en conséquence.

Le parapente n’est justement pas une activité que l’on peut simplifier à l’infini.

Ne pas l’accepter finit par se payer, parfois et malheureusement, chèrement ! (Pépé la Morale, 11/02/2016)

P.S.; @ Wimric, juste pour info, cette vidéo nous a déjà donné l’occasion sur le fofo de débattre sur 8 pages ces 8 derniers jours et les constats (pourtant demandés) ont visiblement refroidi un peu notre ami M@tthieu qui ne vient plus débattre, ce qui est dommage, préférant chercher d’autres avis ailleurs.

Oui pour débattre là dessus c’est -->. :wink:

Mais a peu près tout a été dit je pense…

C’est pas M@tthieu qui a posté sa vidéo sur PG forum… qu’est ce que tu peux être “mauvais” par moment mon pauvre wowo…

:floodstop: ACTION MODO MECHANT (Grrrrr) :floodstop:

C’est ainsi que suite à ces bons mots pleins de sympathie et de bonne humeur, nos deux amis sont partis flooder ailleurs!
http://www.parapentiste.info/forum/flood/flood-pong-20-wowo-vs-samepate-round-275-t43064.0.html

Pour être honnête, tu as raison, mais une fois que le mal est fait, il est bon de savoir s’en sortir. Et Jérôme Canaud va dans le même sens que mon analyse, quand il dit: "Ne pas hésiter à avoir des appuis fixes pour éviter que le corps parte dans tous les sens (se guider sur les élévateurs, ne pas écarter les mains, en marche arrière se « tenir » au niveau des maillons »

C’est amusant comme en lisant exactement les mêmes phrases on peut comprendre des choses différentes. A aucun moment je ne lis qu’il faudrait s’accrocher aux élévateurs et ne plus piloter son aile en cas de problème.

Ma lecture est :

  • Avoir des appuis fixes, c’est comme l’a expliqué Vincent de Triple Seven, prendre appui avec ses avants bras sur les élévateurs pour ne pas valdinguer et garder un pilotage actif et mesuré. Rien à voir avec se tenir fermement aux élévateurs en cas de problème.

  • S’accrocher aux maillons EN MARCHE ARRIÈRE, est vraiment un situation spécifique où la pression des freins et la précision de la position à maintenir est importante. C’est effectivement la ‘méthode officielle’ de pilotage de la marche arrière, mais je ne vois pas de raison d’en faire un exemple à suivre pour le pilotage en turbulence.

Ce qui ne va pas vraiment dans le sens de ton analyse. :wink:

Parick,
Tu es bien patient.Félicitations

Wimric
Tu semble continuer à vouloir généraliser des conseils qui sont fournis pour des situations particulières.
Dommage, ça ne va pas t’aider.

En effet ! Tenir les maillons en marche arrière par exemple, ce n’est qu’une indication théorique. Selon la voile et le ptv, la position peut être plus haute ou plus basse…
Ou même en sortie de décro dyn., on va d’abord chercher plus bas avant de retrouver une position “maillons”.
Bref il n’y a pas de recette miracle, ou de position de main pré établie, c’est l’adaptation qui compte.

Adaptation, un maitre-mot avec anticipation en parapente, à ne toute fois pas confondre avec improvisation.