Salut kk 
Il y a un certain nombre de pilote qui sont dans ton cas, donc j’y vais de mon pavé :mrgreen: .
Pour moi, le terme “niveau technique”, lorsqu’il n’est pas spécifié par un certain nombre de paramètres qui dépendent du jour (aile, type d’aérologie, fatigue, etc…) ca veut pas dire grand chose, c’est un vague concept global qui signifie “connaissances”…
Je pense que la cause première de la peur en vol à un instant t, c’est l’incapacité de savoir ce que va faire l’aile à l’instant t+1. Si c’est le cas, effectivement, difficile d’envisager sereinement un vol! Ton cerveau voit ca comme de la roulette russe, et instinct de conservation oblige, il t’ordonne d’aller te poser. :mrgreen:
Poses-toi la question sur ton vol de demain quand tu voudras aller poser si tu es capable d’avoir une idée de ce que va faire ton aile à l’instant t+1.
-Si tu y arrives, je sèche et ne comprend pas de quoi tu peux avoir peur…
-Si tu n’y arrive pas, que tu n’es pas capable de voir quelle trajectoire elle va prendre, jusqu’où elle peut aller sans qu’elle ne risque de fermer, quel mouvement elle s’apprête à faire et comment te préparer à le contrer etc… si tu développes un certain nombre de symptômes (jambes crispées, commandes + basses que d’habitude, regards répétés vers ta voile), mon avis, c’est que tu n’as pas le “niveau technique” pour voler avec ce type d’aile dans ce type de condition dans ton état de concentration.
Cela ne signifie pas pour autant que tu prends des risques inconsidérés. Simplement, ca travaille dans la tête et le plaisir n’est pas forcément au rendez-vous. Il faut bien comprendre que cela arrive à tous les pilotes.
Quelle solution? Les stages? ouais… Sinon, tu peux commencer par décomposer dans ta tête les mouvements de l’aile au dessus de toi… Ce sont souvent les mêmes qui se reproduisent pour une aile donnée, cette compréhension des mouvements non souhaités de l’aile va t’amener à leur anticipation (ou devrais-je dire pour être exact à un contre quasi-instantané sur l’amorce de mouvement).
A notre niveau, nous disposons de 4 paramètres avec lesquels jouer pour “anticiper” ces mouvements d’aile:
-commande gauche
-commande droite
-sellette gauche
-sellette droite
Les meilleurs rajoute une 5ème commande avec l’accélérateur.
Avec le temps, on optimise la gestion de ces 4 paramètres afin de garder l’aile le plus possible au dessus de la tête. A la fin, (à considérer que la “fin” existe…), cette optimisation devient automatique. Chaque mouvement d’aile dû à une perturbation aérologique déclenche la parade adaptée.
Dés lors que le pilote rencontrera un pétard, une trainée, une dégeullante, ses reflexes lui permettront d’envisager sereinement les secondes à venir et le cerveau ne se mettra plus en mode “survie direction attero”… et la peur disparait…
Tu vois ou je veux en venir: “le niveau mental” est directement conditionné par le “niveau technique”.
NB: Je le recommande à chaque fois que je peux: le vol en dynamique laminaire proche du relief avec de petits exercices de tanguage, roulis, puis wings, touch, etc… Deux intérêts pédagogiques primordiaux:
- l’élimination des “impuretés aérologiques” qui permet “d’isoler” l’influence d’une action pilote
- la proximité du relief qui permet de “zoomer” sur l’influence des actions du pilote.
Les résultats en terme de précision de pilotage sont bluffants!
La transposition de ces acquis se fait très rapidement lorsque l’on passe dans une aérologie plus musclée. Un léger temps d’adaptation (2 ou 3 vols de quelques heures) puis on retrouve ses repères et on tire tout le bénéfice de ce que l’on a appris.
-le troisième interêt est purement jouissif: le soaring c’est le pied! :mrgreen:
Les pilotes parlent souvent de “feeling”, il ne s’agit ni plus ni moins que d’automatismes générés par leur cerveau suite à la réception visuelle ou physique (tension dans les commandes ou la sellette) d’un phénomène aérologique transitoire.
Voili voilou. ca vaut ce que ca vaut. Mais c’est ma façon (très rationnelle certes) de voir le pilotage.