Salut, je n’étais pas sur place lorsque l’accident mortel est arrivé au port de lers, je suis arrivé en même temps que l’hélicoptère. Mais je peux confirmer que les conditions etaient bien calmes à 11h00 (j’ai parlé avec plusieurs moniteurs qui avaient leurs élèves en l’air au même moment ). Ce n’est donc malheureusement pas une légende urbaine…
“l’enquête est en cours” … et dire que comme d’hab, on ne saura jamais rien des conclusions … ça me rend dingue !
Comment peut-on fermer (ça je vois), partir en autorot (ça je vois moins avec une aile supposée “sage”, une ventrale réglée comme il faut et un pilote un tout petit peu actif) et se tuer en air calme ??
Quant à la fatalité énoncée par Jean-Nono, je n’y crois pas un instant (et le jour où qqun me convainc, je retourne au ping-pong).
Je reste “épaté” de voir des CR de vols ces derniers jours sur la région de Grenoble et particulièrement en mettant ça en parallèle avec les prévisions, balises, webcams locales et ressenti de pilotes locaux.
On ne saura probablement jamais effectivement. On peut imaginer qu’il a eu un malaise, qu’il a voulu faire les oreilles mais s’est trompé d élévateurs, ou il a tiré que d’un côté et il est tombé dans les pommes en se penchant du côté fermé… c’est vraiment troublant
ca devient/reste de la legende si on s’en tient à une causalité “air calme” => “autorot” => “mort”
y a forcément (au moins) un facteur déclencheur : action du pilote ou crise cardiaque ou piege aerologique ou rupture du materiel.
et comme souvent les suites de l’enquete ne sont pas connues, on va revoir surgir des recits de “air calme” => “autorot”.
donc il se peut effectivement qu’on ne connaisse pas les causes exactes, mais attention à ne pas non plus trop simplifier.
moui … “on” connait les causes ?!
mais est ce que vraiment cette connaissance était partagée par ceux qui sont parti au tas, et par les prochains qui vont y aller ?
ou bien est ce qu’on continue à edulcorer le “partage”, sous pretexte de pas vouloir etre anxiogène ?
comme tu le dis, les kamikazes-competiteurs-invertébrés sont probablement sous représentés dans l’accidentologie.
mais restent les autres à qui l’on doit une (in)formation décente.
En faisant des erreurs…ça a failli m’arriver en septembre à la Forclaz :
17h conditions très calmes (ça tiend à peine), déco avec le frein qui passe dans les arrières (première erreur pendant la prévol), c’est calme, je ne veut pas m’écarter du relief pour avoir une chance de tenir, je lâche la commande pour (j’imagine) une seconde, pour la déméler. A ce moment je traverse une turbulence, je vois l’aile partir devant avec une seule commande en main…et paf fermeture à 70%, autorot twisté instantanée, secours, qui n’a pas le temps de s’ouvrir, arrivée dans les sapins centrifugé. Aucun bobo au bonhomme (l’aile ne peut pas en dire autant) mais hélico pour me sortir de cette fâcheuse posture.
Je vole depuis longtemps, je sais bien qu’il ne faut pas lâcher ses commandes près du sol, mais après une saison ou j’avais beaucoup volé dans du costaud j’ai baissé la garde dans ces conditions qui semblaient inoffensives. C’est là qu’est le danger, comme pour les automobilistes qui ont statistiquement plus d’accidents par beau temps de jour que de nuit par mauvais temps, par ce que leur vigilance baisse.
Nous essayons de ne pas faire d’erreur et le parapente en pardonne beaucoup mais malgré tout l’erreur est humaine et le parapente ne pardonne pas tout, quand les deux se combinent ça vire très vite au drame.
Bref je ne sais pas ce qui s’est passé dans ce triste accident, mais se tuer en air calme est malheureusement possible.
Mes condoléances à tous ceux qui le connaissaient.
merci pour le recit, tj instructif.
ca ressemble à de l’air calme mais sous le vent, non ?
parce qu’une fermeture à 70% faut quand meme que la turbulence ne soit pas tres calme ?!
c’etait quoi comme voile?
Le régulateur qui avait tout vu a estimé que j’avais traversé un truc pas catholique mais dans mon ressenti même pas juste un petit thermique pas très progressif sur les bords, rien d’ingérable avec les deux commandes en main, mais que je ne pensais pas rencontrer dans ces conditions ou tout le monde galérait pour tenir.
L’aile était une petite aile de freestyle, mais je pense qu’en laissant l’aile partir devant et fermer massivement peut importe que ce soit une A ou une D, l’issu aurait été la même.
Je ne peux blâmer ni les conditions ni l’aile, que moi qui ait faillit payer cash ma légèreté.
Oui je ne pense pas que ça soit l’endroit pour analyser mon accident, je voulais juste illustrer que l’on peut se mettre au tas dans des conditions calmes.
Sinon en air “parfaitement” calme lorsqu’on teste une aile, on peut aussi faire du tangage pour voir et se manger une frontale ou un décrochage et dans la panique toujours possible qui suit, surpiloter jusqu’au sol.
Ou encore, envoyer les troicisses “pour voir” et se mettre en moins d’un tour en neutralité spirale, perdre connaissance sur la violence de l’accélération et aller ainsi jusqu’au sol…
Pas mal de possibilités existent.
Beaucoup de monde quand même porte le message du vol “safe”.
Mais le problème n’est pas dans l’émetteur mais dans le récepteur. Notre message est inaudible car pas assez sexy et trop contraignant. L’info est là, personne ne veut la voir ni l’entendre. Il y a trop de dissonance entre la réalité et nos fantasmes. Alors on refuse d’entendre les analyses et préconisations qui ne correspondent pas à notre vie rêvée de personne volante.
J’informe personnellement des gens en direct de tout ce que j’ai vu, vécu, analysé. Ça ne change absolument rien. Ceux à qui le message correspond auraient de toute manière eu la “bonne” démarche, les autres n’entendent rien et foncent et ils rigolent de toi.
Ce loisir est simplement à ton image.
Il y a quelques années, après une bonne journée de vol, je décide de redescendre dans la vallée en volant plutôt qu’en voiture. Nous sommes en juillet, il est 20 h 30, plus un souffle d’air à l’attéro, je vole freiné, lentement. J’hésite pour choisir mon sens de posé lorsque la voile s’incline légèrement d’un côté, se sera donc de ce côté que je ferais ma PTU. J’enfonce la commande, trop, et part instantanément en autorot, je contre côté ouvert, trop aussi, et décroche la demi aile qui volait encore. Ça se finit par une ouverture de secours après l’avoir jeté à 50 m sol. Pas de bobo, mais par contre une énorme tension pendant très très longtemps, dés que la voile bougeait un peu.
Tout ça pour dire, que même quand les conditions paraissent calmes, l’on peut sur réagir à un événement anodin et provoquer une cascade d’incidents par manque de concentration, alors que peut être, en conditions thermiques plus musclées, l’on ne se serait même pas aperçu que la voile bougeait, tout simplement parce que l’on aurait été en mode pilotage actif.
y a comme une ellipse narrative là non ?
ce que je ressors de ces exemples, c’est qu’il y a une explication rationnelle … (genre impossible de toucher aux commandes ou l’inverse, trop toucher aux commandes)
pour avoir essayé en SIV, certaines ailes partent difficilement (sprint, nk1, fides, anakis …) : grosse fermeture (certes provoquée), ventrale desserrée et (en anticipation) penché dans la sellette du coté où on ferme => ça consent à partir (mollement au départ puis violemment ensuite))
on sort un peu de la “légende” de l’autorot qui arrive toute seule !
Attention a ne pas trop s’en remettre à la sécurité passive de l’aile en SIV, ce n’est qu’un tour de manège pas représentatif de la violence des réactions en situation réelle.
Dans la vraie vie quand tu fermes en général c’est sur un mouvement dynamique (de l’aile ou de l’air), et ça change tout.
Certains SIV font tester les fermetures déclenchés dans un mouvement de tangage, c’est déjà plus réaliste.
Tipapy ça ressemble à une vrille plus qu’à une autorot.
franchement, ca me semble très difficile d’aller dans ton sens !
on a d’un coté quelques recits un peu étayés, qui mentionnent souvent "je ne croyais pas que c’etait possible … "
et de l’autre, une nébuleuse de “légendes”, ou, pour citer BenHoit d’ “ellipses narratives”.
Exact, autant pour moi, c’était une vrille, mais c’était surtout un enchaînement de conneries par manque de concentration et sans qu’il y ait un pilote sous la voile. Par contre, dans “la vraie vie”, ça part beaucoup plus vite que pendant un stage SIV, et si l’on n’est pas un bon pilote (c’est mon cas) l’on ne décrypte pas correctement les signes annonciateurs.
Lorsque l’on décortique un accident après coup, on y trouve toujours une explication rationnelle. Le type qui s’en colle une grosse dans un endroit où il est passé 2mn avant où il n’y avait rien et où il n’y aura plus rien 10mn après, c’est hyper rationnel : il s’est prit une méchante frappe à parce que à ce moment là il se trouvait sous le vent d’une une grosse pompe qui pétait pas très loin.
Oui mais moi j’appelle ça quand même un coup de pas d’bol parce qu’à quelques minutes près, le même gars le même coin le scénario peut être totalement différent.
L’exemple de la structure "je ne croyais pas que c’etait possible … " est intéressant.
Le gonze qui se vraque et qui dit "je ne croyais pas que c’etait possible … ", est-ce que c’est parce que l’info n’existe pas ou parce qu’il n’a pas voulu ou su l’entendre ?
L’activité est suffisamment vieille pour que tout ce qui nous arrive en vol soit déjà arrivé à quelqu’un d’autre qui a raconté que c’est possible. Certaines personnes écoutent les récits des autres et lisent passionnément toute la littérature qui existe sur leur passion. D’autres, majoritaires, sont seulement intéressés par partir voler.
Lorsque je débutais, j’écoutais comme un gosse émerveillé les récits de cross de JP (dont j’ai déjà parlé, celui qui n’a pas pu faire secours avec le proto à Tony Bender) où il racontait qu’il avait vu sa voile sous ses pieds ! Moi à cette époque, juste "je ne croyais pas que c’etait possible … ". Je croyais qu’il mentait par exagération (en fait il allait juste se mettre dans des vrais sous le vent chaud pourris ) car je ne voyais pas comment un parapente pouvait au pire aller au pire plus loin qu’à l’horizontale… Je n’allais pas vraiment en thermique à l’époque et j’ai eu besoin de 2 ans de maturation pour arriver à entendre cette vérité.
Heureusement que je n’y allais pas encore car quelqu’un qui ne comprend pas qu’on peut tomber dans sa voile n’a rien à faire en thermique s’il veut ne pas se faire mal…