Je viens de faire connaissance avec le sentiment post-incident, je me sens coupable , je revis l’incident tout au long de la journée, j’échafaude des tonnes d’hypotheses (et si j’avais … et s’il n’y avait…)
Je me fais un peu violence pour raconter, mais c’est nécessaire pour la sécurité de tous.
Le lieu , bord de mer avec une falaise de 60m parfaitement verticale, la météo , grand soleil, le vent pile de face 40km/h, la voile , skim 15m2 (speedflying)
Tout s’est bien passé pendant 1h , malgré une aérologie malsaine dû au vent fort et à l’activité thermique (la mer est à 11 degré , l’air à 4 degré). Tout a commencé avec un comportement bizarre de la voile, la commande du côté gauche semble plus dure que d’habitude , j’ai le temps de lever la tête , de vérifier le suspentage et l’action de la commande , tout est normal.
Je suis environ à 20m au-dessus de la falaise soit 70m au-dessus du sol, c’est marée basse.
La voile se met à faire du rouli avec un taux de chute important, je ne perds pas le contrôle de la voile, mais elle décroche.
Je reste calme et je m’applique à lever les mains tout en m’appretant à gerer l’abatté qui va suivre le raccrochage.
Je ne lève pas la tête mais j’entends la voile qui faseille, elle ne raccroche pas.
Si elle se remet à voler , elle prendra sa vitesse de vol, soit 50km/h , et comme le vent est nul en pied de falaise je m’attends à devoir gerer un atterrisage costaud, je sors les jambes.
Toujours aucun changement , la voile est en parachutale stabilisée, je ne subit aucun mouvement autre que la chute verticale.
mon point d’impact va être sur une dalle de craie parsemé de rocher, je vise une partie plane , mais je n’ai aucun contrôle sur la voile, elle ne vole pas …
Je tente de poser debout , mais aussitôt le haut du corps se met à peser une tonne et cela fini par un roulé boulé . je barbote dans une flaque avec les vignots et les anémones. Je me relève avec apréhension mais sans soucis, il n’y a aucune douleur je remercie les 17cm de mousse bag de ma selette (accro 2).
Que s’est il passé ?, l’important pour le mental ce n’est pas tant de trouver la vraie raison qui ne sera de toute façon que théorique mais de croire que l’on a compris.
Je connais très bien cette falaise et je sais que lorsque vent est vraiment de face il y a une sorte de cloche sans vent qui se crée au pied de la falaise.
Lorsque le vent est à 20km/h cette cloche ne fait que quelques mètres, à 30 km environ la moitié de la hauteur et à 40km/h 100% de la hauteur soit 50m , tout cela est empirique et n’engage que moi.
Le vent forme un rotor devant la falaise, mais plus le vent est fort plus le vent est nul à l’interieur de cette cloche …
(ce n’est plus vrai dès que le vent est un poil de travers)
J’ai du me trouver dans une descendance qui m’a fait traverser le rotor, je suis passé d’un vent de 40km/h à zero en quelques mètres, la voile n’a pas supporté elle a décroché.
Du coup je me pose des questions sur la capacité aux minis de raccrocher, un parapente classique va shooter devant le pilote pour retrouver sa vitesse, mais là avec un cone de suspentage tres court et elle n’a que très peu de marge , de plus c’est d’au moins 40km/h de vitesse air qu’elle a besoin pour faire coller les filets et si le vent est nul , il faut qu’elle passe de 0km/sol à 40km/sol !
ceci dit la parachutale parfaitement stabilisée m’a permis de m’en sortir sans dommage.
Je n’ai pas pensé une seule fois au secours , je pense que c’est un problème commun des pilotes qui pensent savoir réglé le problème .
Lors de mes premiers incidents de vol j’ai essayé de comprendre avant de piloter, j’ai rapidement compris que ce n’etait pas la bonne méthode. Depuis à la moindre merde je passe bras haut et ensuite je réfléchis , ça a très bien marché jusqu’alors.
Pour la suite en cas de suspition de merde imminente je vais rajouter à mes 'bras haut, bras haut" “secours au cas ou, secours au cas ou” et ensuite je vais traiter le probleme.
Toujours est il devant un mur vertical ne faites pas de soaring en mini !
J’essayerai de mettre quelques screenshot ce soir.
pour simuler (avec FLUENT) des écoulements autour de différents profils de falaises, je suis très sceptique sur le coup de la zone morte qui s’étend jusqu’en haut de la falaise…
(n’oublions pas: une mer à 11/12° et un sol à 4/5°, ça donne comme l’ impression que l’air froid se faufile par dessous le “couvercle” pour alimenter la chaudière)
je pense surtout que tu as trop les référentiels “acrobatique” …