Mon avis de dinosaure de la Dune.
Je suis Bordelais et je vole à la Dune du Pilat depuis la fin des années 80. A l’époque avec une Astérion 9 caissons, actuellement avec une Aircross Usport.
Comme ailleurs, le choix d’une voile n’est qu’affaire de compromis. Tout dépend de comment on aime voler.
Si on veut fait le zazou - waggas, traces en bare foot etc…, une voile bien vive et bien chargée est préférable évidemment.
Si on est de nature contemplative, on reste avec sa bonne voile passe-partout.
Si on veut être au dessus de la mêlée, on a tendance à se mettre en bas de fourchette pour favoriser un meilleur taux de chute.
Sur ce dernier point par exemple, la stratégie de quelques piliers de la Dune consiste à utiliser un gun de compétition en bas de fourchette. Le jeu est tentant car cela permet même en plein été de passer au dessus de la mêlée. Le problème est qu’il n’est pas certain que tous les pilotes qui jouent à ça aient les capacités pour réagir correctement en cas de gros pépin - et bien qu’en bord de mer l’aérologie n’est pas toujours laminaire.
La question de la vitesse est à mon avis un faux problème. Quelle que soit la vitesse d’une voile, on trouvera toujours une aérologie trop forte.
J’ai vu par exemple un pilote d’une 19m2 bien chargée se faire reculer. Pourtant, un vilain grain arrivait de la mer, et il était assez évident qu’il y avait un risque de rafales imminent.
A contrario, il m’arrive de voler tout seul sous mon biplace lorsque les conditions sont anémiques. C’est parfois le seul moyen de rester en l’air … mais j’avoue que c’est un peu de la triche.
Une voile rapide est jugée comme un élément de sécurité par le pilote grégaire : quand il voit les voile “lentes” commencer à être scotchées ou à reculer, il se dit qu’il a encore une petite marge. Evidemment, lorsque le même pilote se retrouve seul, ça n’aide pas beaucoup.
Côté finesse : cela a de l’importance principalement pour voler sur le secteur de la grande dune, qui est très peu pentu, ainsi que pour transiter entre le secteur Gallouneys et les campings où il y a un point bas à franchir.
D’expérience, il est extrêmement rare de “tenir” sur la grande dune avec une voile de finesse inférieure à 9. Personnellement, j’ai vraiment senti le break lorsque j’ai utilisé des voiles au dessus de 9. Cela a considérablement élargi mes possibilités de vol. Il y a quelques années, ce domaine était réservé aux ailes de compétition. Maintenant, les B récentes y ont accès.
Dans tous les cas, quel que soit le type de voile adopté, 2 éléments me semblent indispensable :
- pouvoir passer sereinement dans la trainée d’une autre voile, fut-elle celle d’un biplace. C’est en effet horripilant de voir des refus de priorité des pilotes qui cherchent à tout prix à éviter les trainées. Si on vole à la Dune en saison, il faut accepter cette partie du jeu, sinon on reste au sol.
- pouvoir utiliser tout le débattement de son accélérateur sans hésitation en cas de besoin. Une bonne partie des reculades que j’ai pu observer étaient le fait de pilotes tétanisés qui auraient pu s’en sortir en réagissant de façon apropriée.
Enfin : je vois avec horreur dans ton dernier post que tu envisages de venir à 50 avec ton club ?
Le principal problème de la Dune, c’est la surfréquentation, et de façon collatérale les comportements irresponsables qui vont parfois de pair.
Autant la Dune peut être un lieu absolument magique, autant cela devient infernal lorsqu’on se retrouve au milieu d’un école de 20 débutants bataves, un autocar de teutons en goguette et un groupe de 15 pilotes Franciliens n’ayant pas volé depuis l’été précédent. Tous ces gens pris individuellement seraient des gens de bonne compagnie, mais la massification n’arrange rien.
N’hésite pas par exemple à contacter le club local (La Teste Pyla Vol Libre) si tu viens avec un groupe important, ne serait-ce que pour prévenir.
PS : Pilat est le nom gascon, qui veut dire en grosso-modo un tas (de sable en l’occurrence), Pyla est le nom francisé qui a été adopté lors du développement touristique d’Arcachon à la fin du XIXe siècle.